Isis - In The Absence Of Truth

Chronique CD album (01:04:48)

chronique Isis - In The Absence Of Truth

Isis… Voici un groupe qui m’est actuellement difficile de cerner et qui me perturbe à chaque sortie : trouvant souvent le contenu de chaque disque inégal, j’en ressors à chaque fois quelques morceaux totalement incroyables, qui valent à eux seuls l’estime inéluctable que j’ai pour eux. J’ai connu Isis il y a 8 ans déjà avec "The Mosquito Control" et "The Red Sea" dont est issus l’excellent "The Minus Times". Mais j’étais déjà partagé par la qualité des titres. Puis vint en 2000 le pachydermique Celestial (avec ces interludes qui faisait pressentir l’ère Old Man Gloom) avec son titre incroyable du même nom (Celestial, donc), dont certains riffs n’ont absolument pas vieillis ("Deconstructing Towers"), mais le reste de l’album ne m’avait jamais vraiment convaincu plus que ça, le trouvant le plus souvent un peu trop pataud.

 

Arrivée d’Oceanic en 2002, le disque pour lequel j’ai le plus de respect, et c’est peut-être ici qu’Isis à posé les fondements du genre en compagnie de Cult Of Luna. Ici aussi, si j’y trouve des défauts me faisant parfois zapper certains passages, cet album possède les envolées les plus incroyables que j’ai pu entendre jusqu’ici: "Carry" et "Weight". A partir de là commence la trilogie logique d’Isis, avec en 2ème pièce angulaire Panopticon : même si cet album suit une évolution toute légitime, il perpétue les lignes bien formée d’Oceanic en pondant des titres qui tiennent plutôt bien la route comme "Syndic Calls" ou "Altered Course". Cet album est pour moi plus homogène, mais légèrement moins passionnant. Après cette énumération non-exhaustive, voilà qu’arrive In The Absence Of Truth.

 

Alors qu’en est-il? Une chose me frappe assez rapidement, c’est la structure des morceaux. Peut-être que je ne voulais pas l’admettre auparavant, ou simplement que cela ne me gênait pas (encore), Isis dévoile toujours un scénario ayant déjà servis depuis des lustres, à savoir: petites guitares, montée planante, batterie minimale sur les toms, puis déferlante de guitares et d’hurlées, puis on fait varier légèrement la sauce et on atteint les 8min. Vous me direz que Cult Of Luna dans le genre font pire, c’est vrai, mais je n’ai jamais trouvé ceci rébarbatif chez eux, parce qu’ils arrivent à faire passer la pilule sans que l’on s’en rendre compte.

 

Alors quoi? Hé bien je pense que si ça me dérange chez Isis c’est simplement parce qu’ils sont moins cohérents dans l’ensemble. Le second point qui me dérangent, c’est la voix: ok je vous vois venir, mais non, ce n’est pas parce qu’il y a une nette prédominance de voix claire et mélodique tout au long du disque (aspect qui était plus discret auparavant, voir quasi absent des premières productions). J’adore les voix claires (…And You Will Know Us by the Trail of Dead, At The Drive In, Misery Loves Co., Ventura, Chokebore, Madrugada, The Standard, etc… etc… bref, des groupes à fortes personnalités) et c’est justement ça le problème : non franchement, soyons lucide, la voix d’Aaron Turner ne casse pas trois pattes à un canard ! Ça chante plutôt juste, mais c’est tellement bateau. Bien souvent ça se résume à un accord – une syllabe – une note vocale. C’est ultra limité, c’est chiant, et ça me gâche tout le plaisir. J’aime les chanteurs qui (ap)portent un univers avec eux, et qui ont des couilles dans la voix, mais cet univers là est aussi plat que mon écran. Parfois Aaron Turner s’autorise quelques futilités, mais ça reste bien maigre. Dommage, parce que l’initiative n’est pas si mauvaise, ça aurait apporté beaucoup d’ouverture à leur musique. Mais chaque passage clair m’insupporte.

 

Malheureusement (ou heureusement pour eux) force est de constater qu’Isis a un tel succès d’estime que ça passe sans difficulté auprès des auditeurs convaincu d’avance. Ok, je me fais une raison.

 

En dehors de ceci, qu’en est-il? La musique, même si elle se fait de plus en plus légère à chaque album, n’est pas désagréable en soit, même si je trouve le son global parfois inégal (quand ça devrait éclater, ça reste parfois un peu sur la touche). Le batteur Aaron Harris, même s’il a toujours tendance à nous servir les mêmes plans, s’est nettement affirmé. Et les petites incursions de doubles pédales ne sont pas des plus déplaisantes. Le groupe sonne à l’accoutumée parfois un peu Pink Floyd, parfois King Crimson, et ce n’est pas un mal. D’ailleurs le groupe sait en tirer partit en gardant sa propre personnalité. Toutefois ils auraient presque un peu tendance à se faire trop influencer par les groupes avec lesquels ils jouent, et je pense en particulier Tool (1’000 Shards). Le bassiste n’en sera d’ailleurs pas épargné, le son de sa basse commence vraiment à sonner comme celle de Justin Chancellor et ce quasiment sur tout les titres (n’oublions pas que ce dernier avait joué en tant qu’invité sur le titre "Altered Course" de Panopticon). On avance par tâtonnements dans le disque, il défile gentiment et l’ennui guette.

 

Que faudra-t-il pour éveiller mon attention? La réponse est "Firdous E Bareen", qui ne se trouve malheureusement qu’à l’avant dernière position. L’attente fut longue, et le résultat pas ahurissant, mais ce titre dispose d’un atout intéressant : le groupe à su rajouter des effets et des pads avec parcimonie, ce qui apporte de la fraîcheur et de l’inventivité sans dénaturer la patte du groupe. Bien vu, mais c’est un peu tard. Certains morceaux peinent à nous montrer ce qu’ils ont dans le ventre, à l’image de "Holy Tears" ou "Over Root And Thorn", où l’on doit se taper 5 bonnes minutes peu passionnantes avant d’avoir quelque chose de consistant et d’intéressant sous la dent.

 

Leur disque sonne un peu à l’image du groupe en live: je me souviens de la première fois sur scène, il y a de cela quelque années déjà, Isis avait encore toute sa fougue. Maintenant les ricains se contentent de jouer leurs morceaux tels qu’ils sont sur disque, à la note près, lisse et sans aspérité, et c’est devenu terriblement linéaire. Alors oui je m’ennuie un peu avec ce disque, j’ai de la peine à me réjouir de le mettre dans mon lecteur, et pourtant je peux vous dire c’est pas faute de l’avoir écouté en long et en large.

 

Bon, c’est pas dramatique non-plus, il y a de très bons moments (2ème partie de "Holy Tears", "Firdous E Bareen", "Dulcinea" & "Garden Of Light"), ça joue très bien, mais ça ne m’enthousiasme pas plus. Néanmoins un espoir persiste en dehors de cet album, à l’écoute de ce "Low Tide", le groupe prouve qu’avec cet exercice de style il arrive à trouver du souffle et du charisme. Et c’est tout le bien que je leur souhaite. Alors qu’Isis fut un groupe trop méconnu dans ses grandes heures, il devient paradoxalement un peu trop surestimé. Alors l’estime inéluctable que j’ai eue pour eux jusqu’à présent est peut-être en train de s’effriter…

photo de Sam
le 26/04/2007

6 COMMENTAIRES

viking jazz

viking jazz le 27/04/2007 à 01:59:23

plus longues tes chros Sam, plus longues !..
globalement du meme avis, mais je nuancerai plus mon jugement...quoique la pochette est assez moche...

swarm

swarm le 27/04/2007 à 03:40:33

Assez d'accord avec tout ça... Je savais pas trop pourquoi j'arrivais pas à me passionner pour Isis depuis Oceanic... Je crois que la réponse est dans ta chronique, très bonne par ailleurs.

Sam

Sam le 27/04/2007 à 04:39:58

merci les gars! Oui je sais, j'essaie d'atteindre le bas de page, mais je dois m'y faire une raison, j'y arriverai jamais... ;-) Je suis désolé pour la lecture fastidieuse, mais je crois qu'en fait lorsque je n'aime pas quelque chose, j'aime bien dire pourquoi, et être sur de ne pas être "mal compris" pour éviter de vexer les "adorateurs"... Mes chros avec une mauvaise note sont toujours plus longues que celles avec un bonne note :-)

mat(taw)

mat(taw) le 27/04/2007 à 09:04:31

Pour ma part j'avais surkiffé Panopticon et Oceanic fait partie de mes CD's de chevet et, au risque de paraître trop consensuel je me suis lassé très vite de ce "In the absence of truth" un peu fade.

kollapse

kollapse le 02/05/2007 à 13:55:23

Sans s'élever au rang des 2 précédents et chef-d'oeuvres que sont "Panopticon" et "Oceanic", je trouve tout de même cet album fort réussi. Un album homogène, aux titres forts ("dulcinea", "garden of light"), et puis le groupe évolue, évite la redite, ce qui est louable. J'espère qu'ils feront mieux avec le prochain mais je ne suis pas pour autant déçu par ce dernier album.

frolll

frolll le 20/01/2011 à 01:21:33

Je fais pas exprès, mais ma note sera la même que viking jazz :o
La chro est quand même un peu de mauvaise foi je trouve... remarquez, je suis tout sauf objectif quand on parle d'ISIS, donc bon...
Enfin, un point reste : clairement, c'est pas l'album de la passion.

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