Asphyx - Deathhammer

Tout est là.

La mise en avant ces dernières années des musiques « lourdes », dites « stoner » ou « doom », a permis de redonner de la lumière au death « old school ». Enfin, j’ai envie de dire. Car oui, et même si nous avons aussi droit au revival « glam » et « thrash », le death-metal des années 80-90 est fondamental pour qui aime le « métal » des années 2010 où les groupes extrêmes, « black » et « death », se sont regroupés sous une formule « black n’ roll » / « death n’ roll ». Ce retournement de cuir nous ramène tout simplement au son de ce fameux « death old school » - plus particulièrement suédois - et permet à des groupes de l’époque, comme Asphyx – pourtant des Pays-Bas - , de ressortir les guitares et de montrer qu’ils n’avaient pas dit leurs derniers mots. Et surtout qu’ils n’ont pas de leçons à recevoir de la nouvelle garde.

Ici c’est gros, c’est gras, mais néanmoins dynamique et surtout « in your face » (you fucking bastards) ! Après des albums fondateurs du genre fin des années 80 / débuts des années 90, une séparation en 2000, un concert de come back en 2007 au Party San Festival, un album mortel de réunion (minus un guitariste fondateur) en 2009, nous voilà aujourd’hui avec un des meilleurs albums 2012 dans la catégorie Death « Old School »,  à savoir, Deathhammer.

Si tous ces « vieux » groupes réunis alors dans une même case peuvent aujourd’hui être grossièrement différenciés (Entombed = son/approche « à la » Motörhead-Venom, Dismember = mélodique « à la » Iron Maiden…), Asphyx se caractérise par l’utilisation régulière dans ses compos de riffs rythmiques mid-tempo thrash « à la Slayer » et surtout par des morceaux entiers, longs, lents, heavy « comme la mort » (d’un côté c’est un peu normal), mais bien plus lourds que par exemple leurs potes d’Obituary ou Bolt Thrower. Cette approche est d’ailleurs clairement annoncée dans le titre de l’excellent CD/DVD sorti en 2008 : Live, Death, Doom. Une approche qui va bien au delà d'un simple "death" lent.

C’est bien cette dernière spécificité qui donne du volume à l’ensemble rendant ce Deathhammer prenant du début à la fin. On passera de morceaux uppercuts très rapides, à d’autres aux passages/breaks plus lents, mais tranchants, à s’en décrocher la nuque, à des morceaux rampants, sales, agonisants. Dans tous les cas les attaques sont mortelles. Les compositions sont tout simplement excellentes et on ne pourra que féliciter l’introduction du nouveau guitariste, ramené de Hail Of Bullets. Parce que oui nous voilà à parler des Hail Of Bullets qui eux aussi pratiquent un death old school de la mort. Leurs points communs avec Asphyx ne s’arrêtent pas avec le fait de partager le même guitariste, mais le fait de partager le même chanteur, le grand Martin Van Drunen. Ce gars a chanté dans Pestilence, Comecon, sur une tournée de Bolt Thrower mais surtout sur la majorité des albums d’Asphyx et sur ceux donc de Hail Of Bullets mais aussi du tout nouveau groupe, Grand Supreme Blood Court, formé autour d’Eric Daniels, guitariste culte d’Asphyx qui n’avait pas répondu présent à la reformation du groupe. Tout ça nous fait sans conteste de Van Drunen le représentant du death métal des années 2010. Et bons dieux il assure ! Un chant puissant qui profite des nouvelles technologies mais qui reste crade. Ses fins de phrases sont tout simplement reconnaissables, elles raclent le gravier. Un peu comme du Tardy, mais en plus puissant et intelligible.

Clou dans le gâteau, le titre "Deathhammer", véritable hymne au death-old school par la musique et surtout par les paroles (que je vous invite à consulter ici), qui impose Asphyx comme LE groupe à suivre et Van Drunen comme meilleur chanteur du genre.

R.Savary

le 22/03/2013