Death Breath - The Old Hag

Chronique Maxi-cd / EP (07:14)

chronique Death Breath - The Old Hag

Evidemment, ceux qui ont découvert le Metal extrême avec le support actif de Deezer et Spotify – et qui ont donc dès le début eu accès sans le moindre effort aux albums d'Under The Church, Lik, Demonical, Entrails, Puteraeon, Wombbath, Organic, Burial Remains, Defy The Curse, Gods Forsaken, Bastard Priest et autres Baest – ne peuvent connaître cette sensation horrible qu’est le manque de HM-2. Mais en cette lointaine époque où nous étions encore jeunes et beaux et où la symbolique limite de l’an 2000 n’avait été franchie qu’il y a peu, il n’était pas évident d’écouter grand-chose de frais une fois épuisées les discographies du carré d’as Entombed / Dismember / Unleashed / Grave. Alors certes, on pouvait quand même trouver tout plein de bonnes choses à se caler dans les enceintes... Mais bordel pourquoi personne ne voulait plus retourner faire vrombir ses compos dans les caves humides des studios Sunlight ?

 

Sauf que même en plein désert, on trouve parfois quelques accueillantes oasis. Et dans le Sahel des 2000s où les guitaristes avaient décidé de délaisser les infrabasses basaltiques et où le Death Metal avait renoncé à traîner ses riffs dans les marais putrides habillés de brouillard malsains, il restait pourtant possible de se rafraîchir les oreilles à deux sources contredisant l’aridité de la scène : celle de l’incontournable Bloodbath, ainsi que celle de l’outsider Death Breath. Ce dernier, animé par la volonté de Nicke Andersson (Lucifer, The Hellacopters… mais surtout Entombed !) et Robert Pehrsson (ex-RuneMagick, ex-Deathwitch) se contenta de sortir 2 EP et un album avant de laisser à nouveau le sable occuper ses positions… Mais crénom, que son Stinking Up The Night a compté à l’époque ! Et combien on a pu faire voler de têtes imaginaires en écoutant son ébouriffant « Heading For Decapitation » !

 

On comprend sans mal que, après 15 longues années à voir les aînés de Bloodbath enchaîner les succès critiques et les places avantageuses sur les affiches de festivals, et autant de temps à entendre les fans répéter en boucle « Stinking Up The Night fait définitivement partie de mes albums cultes ! », il ait été difficile pour eux de continuer à bouder et à prétendre que non, Fontaine, je ne boirai pas de ton eau. Cela a dû finir par les démanger salement, et les pousser à laisser Chtulhu ressortir de sa boîte pour… 2 morceaux, oui, je sais, c’est court, d’autant que ceux-ci ne durent que 7 minutes une fois mis bout à bout. N’empêche : quels morceaux ! Car ceux-ci débordent de l’énergie et des juteuses aspérités de ce mélange imparable entre 1) un proto-Swedeath brut de fonderie, 2) des accents plus Rock’n’Roll qui rappellent qu’Entombed a également sorti Wolverine Blues, 3) l’impulsivité du Punk et 4) la rugosité des débuts de la scène Death US (tiens au passage, info :  Scott Carlson, Mr Repulsion himself, crache à nouveau dans le micro). Aaah qu’on est bien sous ce déluge grésillant, à essuyer le feu nourri de l’ancienne pièce d’artillerie qu’on aurait eu tort de croire trop vieille !

 

The Old Hag, c’est tout d’abord un morceau-titre qui n’en fait pas des caisses côté disto’ magmateuse, mais qui revisite brillamment les marécages épiques où les illustres aînés ont effectué leurs plus brillants faits d’armes. Alors évidemment, une vieille goule scrofuleuse y crache le fond de ses bronches et tout son fiel pendant quatre minutes, mais cela ne suffit pas à imposer une ambiance glaçante de fond de caveau tant la batterie est survoltée et les guitares brillent de mille feux à l'arrière, certaines poussées twins quasi-Heavy propulsant même le titre à des altitudes provoquant l’admiration plutôt que l’effroi. Mais le Swedeath et les pustules old school n’ont que faire des dorures : c’est ce que rappelle un « Forest of Disgust » plus primaire et punky durant l'intégralité des 3 dernières minutes. Sauf que, bien que rustaud comme un red neck trumpiste et sec comme un tibia d’iroquois, ce titre ne peux s’empêcher de séduire du fait d’accroches simples mais imparables – et même, non ?, si !, de petits soli bien sentis.

 

… C’est ce qu’on appelle une Leçon, avec un Hell majuscule !

 

Bordel, si 7 minutes c’est diablement court après 15 ans de disette, on reconnaîtra au groupe que pas une seconde n’est gaspillée ! Quelle patate ! Quel plaisir ! Impossible d’empêcher un sourire mauvais d’imposer des contorsions jokeriennes à nos zygomatiques… Inutile de vous dire qu’on ne peut s’empêcher de saliver quand on lit sur la page Bandcamp où ces divins décibels nous sont proposés les mots suivants : « Does this mean the second full-length album is coming soon? Only "The Old Hag" knows! ». Autrement dit : « Est-ce que tout cela présage la sortie d’un 2e album ? Seule la vieille harpie de la pochette [et un responsable promo aussi pro que vicelard] pourrait nous le dire… »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: le proto-Swedeath’n’Roll punky n’est pas mort, vive Death Breath ! Seize ans après Stinking Up The Night, Nicke Andersson et Robert Pehrsson sont enfin de retour. Et vu à quel point les deux titres de The Old Hag sont inspirés et efficaces, on ne peut s’empêcher d’espérer une suite rapide dotée d'une tracklist plus généreusement garnie !

photo de Cglaume
le 06/09/2022

4 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 06/09/2022 à 18:27:00

Manque de HM- 2 boss tout ça.

sepulturastaman

sepulturastaman le 06/09/2022 à 18:54:50

Mais on est toujours beau.

cglaume

cglaume le 06/09/2022 à 19:29:34

🤣

cglaume

cglaume le 06/09/2022 à 19:58:19

@Crom Oui de ce point de vue c’est loin d’être “fat”

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