Dog Fashion Disco - Erotic Massage (remake)

Chronique CD album (52:54)

chronique Dog Fashion Disco - Erotic Massage (remake)

On est d’accord: les réenregistrements de vieux albums, c’est tout moisi. Moisissime le Kings of Metal MMXIV de Manowar. Moisibus le The Final Sign of Evil de Sodom. Bof-bof le Re-Kill d’Annihilator (m’enfin, après tout, ce dernier n’est qu’un CD bonus)…

 

Certes.

 

N’empêche, croyez-le ou non, au milieu de l’océan de médiocrité et d’opportunisme consubstantiel à l’exercice (ça fait toujours bien placé à l'endroit adéquat) existent des ilôts d’excellence. Si si. Et si le Still Cyco de Suicidal Tendencies n’a, en son temps, pas suffi à vous en convaincre, le Massage érotique V2.0 que vient tout juste de nous proposer Dog Fashion Disco – pour les 20 ans de ce qui est leur premier album – devrait définitivement dé-manichéiser votre perception de la chose.

 

Alors c'est vrai, les idées, l’étincelle, la folie: tout était déjà là en 1997, sur l’édition originale d’Erotic Massage. Par contre côté son, aïe: c'est rachitique, approximatif… On verrait presque osciller en cadence la porte basculante du garage où a été captée la prestation. Et si certains morceaux ont bien tout ce qu’il faut où il faut pour étinceler au soleil, on sent bien qu’un coup de vernis et de peau de chamois pourrait carrément démultiplier leur impact. Ok, avec le recul et ce dernier CD entre les mains, c'est facile à dire... N'empêche, crénom!

 

Alors pour le fan des Américains qui ne connaitrait pas le premier vagissement discographique de son Toutou préféré, cette réédition prend de fait la forme d’un excellent successeur à Ad Nauseam, en peut-être plus frais, plus immédiat, plus cuivré aussi. Il y retrouvera cette Fusion Metal/Rock barrée qui caresse autant qu’elle menace, et qui invite sur le ring – à ma droite – punk-rockers, coreux, fans d’Indus, thrasheurs, Stoner freaks croûteux, et – à ma gauche – crooners gominés, zicos de rade cubain, Ska band, soliste de piano bar, ainsi que de pleins régiments de cuivres complices, histoire de célébrer tous ensemble une grand-messe en l’honneur du dieu Nawak, dans l’esprit d’un Faith No More particulièrement déluré.

 

Sur les morceaux n'ayant bénéficié que d'un remodelage de surface, le groupe « se contente » de multiplier par 100 le volume sonore (sans perdre nullement son âme), de gratter quelques imperfections trop voyantes et, à l’occasion, d’ajouter de nouvelles orchestrations et bonus judicieux. C’est par exemple le cas de l’emblématique « The Christian Dance Song ». Mais parfois le ravalement est beaucoup plus profond. L’exercice se voit alors généralement signalé par un léger changement de titre. C’est ainsi ce qui arrive à « Lost in Anacostia » qui gagne 25 secondes et passe d’un registre estival légèrement insouciant à un « Anacostia » plus inquiétant, zébré de saccades synthétiques, et rehaussé d’un excellent piano. C’est le cas de « Vernal Equinox » qui devient « Lucifer (Vernal Equinox) » et se voit complètement transfiguré: allongé de 4 minutes, le morceau perd son harmonica et sa touche bucolique pour se transformer en une grosse bulle de savon paressant sur un moelleux matelas de piano. Et dans la série il faudrait encore citer « Content » / « Dis-content » ainsi qu'« Oral Spunk » parmi les plus gros et plus brillants recadrages.

 

Maintenant, si l’on élude le contexte « réhabilitation de monument historique », Erotic Massage se déguste « simplement » comme un excellent album de plus, sur lequel seul « Lucifer (Vernal Equinox) » et « Lookin’ For Love (Still Looking) » pourront éventuellement laisser de marbre, du fait d’un typage Roudoudou / Broadway un peu trop marqué. Sur cette galette de choix on croise cette fois encore, à intervalles réguliers, les fantômes de Faith No More et Mr Bungle (« The Christian Dance Song », « Wait », « Communion »…), on fait la course avec Prong (« G. Eye Joe »), on sirote un rhum en costume blanc (« Anacostia »), on badine en mode Punk Rock avec Plastic Bertrand et Mindless Self Indulgence (« China White »), le summum du plaisir étant atteint lors de la célébration optimaboule « Communion », ainsi que sur son double plus rigolard « Oral Spunk ».

 

… Vous disiez? ré-enregistrement = perte de temps? Arnaque pour fans stupides et friqués? C’est parfois vrai. Sauf que la version 2017 d’Erotic Massage est le parfait contre-exemple à cette affirmation. Ce qui n'est pas si étonnant: après tout, dans le monde du Nawak Metal, on est entre gens bien, pas vrai?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Bien plus que le bête réenregistrement du premier album de Dog Fashion Disco, la version 2017 d’Erotic Massage est une exceptionnelle entreprise de réhabilitation qui pourra être prise comme un lifting de génie par les plus vieux fans et comme un putain de nouvel album par les plus jeunes.

photo de Cglaume
le 18/09/2017

1 COMMENTAIRE

nipalvek

nipalvek le 04/02/2019 à 06:01:26

Mon (in)fusion des journées de m... à noter que A Corpse as a Corpse est un morceau défonçage en règle !

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