Electric Wizard - Come my Fanatics...

Chronique Vinyle 12" (50:48)

chronique Electric Wizard - Come my Fanatics...

Come my fanatics sonne comme une invitation à une messe démoniaque, antipathique et pourtant fascinante. Les gouttes de transpiration perleront sur le crâne du profane qui découvrira quelles terrifiantes et surréelles affaires se trament dans le secret de ces horreurs indicibles.

 

C'est crade, c'est lent, ça sent le fond de chiottes recouvert de merde comme dans Trainspotting. Mais en même temps, un groove rampe à travers ces quelques riffs lentement égrenés. Electric Wizard présente là son vrai visage, dégeulasse, vomissant de haine, s'emplissant de drogue. Ah ça, on s'éloigne fortement du premier album qui marquait plutôt plutôt vers du Black Sabbath ou du Cathedral (autant visuellement que dans la musique d'ailleurs), du côté qui est encore assez sympa, fun, et on se dirige clairement vers une exploration des abysses infernaux.

 

La batterie sonne toute minuscule, pas toujours callée, cependant la basse et la guitare sont mises extrêmement en avant, préfigurant une prise de position de la part de l'ingénieur du son qui sera propre au style de musique qui était en plein développement à cette époque. Pourtant la prise de son, à la base, n'est pas de toute première qualité. Le dopage fourni par le master, s'il ne flattera aucune oreille d'ingénieur du son expert, ravira nos oreilles avides d'hymnes cancérigènes sortis d'un sous marin nucléaire soviétique. Jus Oborn, au chant, ne se foule pas à peaufiner ses prises, et torche le tout d'un ton arrogant de junkie qui vient de faire le plein.

 

Cet album est rempli de grosses claques, enchaînant un perfect du début à la fin. Chaque titre a sa propre personalité, de l'immédiat "Return trip" jusqu'à l'instrumental apocalyptique "Solarian 13", naviguant entre un Doom psychédélique et un sludge de zombie ("Sons of nothing"). Chaque titre évoque quelque chose de puissant, sournois, invisible... Les plus fervents parlent de références à E.A Poe, de HP Lovecraft, du réveil des grands anciens, d'autres à des vieux films d'horreur comme "La colline a des yeux" et d'autres films de la Hammer. Mais en plus de tous ces aspects, c'est planant, exaltant, en atteste "Doom mantia", hymne au riff sabbathien désoeuvré et jouissif duquel on ne ressort pas indemne. "Wizard in Black" quant à lui réveille un côté rock'n'roll, cosmique, mystique, sulfureux.

 

Nous sommes là en présence d'un album magistral du style, qui m'est passé tellement de fois dans la tête qu'il en devient difficile d'expliquer la profondeur; mais je suis persuadé que les fanatics sauront de quoi je parle... Ces moments où le temps s'évade, comme dans la traversée de l'espace profond qu'est "Ivixor B/Phase Inducer". Le fait est qu'Electric Wizard, dans cet album, trouve toujours LE riff, celui qui colle parfaitement à l'atmosphère qu'ils veulent distiller. Leur batteur Mark Greening (qui rejoindra en 2003 Ramesses puis reviendra dans le groupe en 2013) est ici approximatif, surprenant, il se place dans des rythmiques lancinantes avec toujours des breaks tribaux, roulements de toms qui appuient le riff. Mais le fait qu'il soit approximatif, le fait que le son soit surdopé n'empêche en rien la qualité de cet album car les morceaux ressortent avec tellement de profondeur qu'ils se suffisent à eux-mêmes.

 

Le démon prêche ici sa doctrine du mal, de la drogue, du rock'n'roll et de la dépravation sexuelle. La haine et la violence sont sournoises, perverses. Je recommande donc de l'écouter fort.

 

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photo de Carcinos
le 16/03/2014

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