Nervochaos - All Colors Of Darkness

Chronique CD album (32:57)

chronique Nervochaos - All Colors Of Darkness

Après la chronique tardive de Eye in Hell, l’avant-dernier album des vétérans de Vulcano, je croyais naïvement avoir enfin une vision à peu près complète du panthéon des grands noms du Metal extrême brésilien : Sepultura, Overdose, Ratos de Porão, Krisiun, Sarcófago, Rebaelliun, ainsi que Nervosa plus récemment. Et Vulcano, donc. Ce qui fait une belle brochette, déjà. Sauf que la seule chose dont on peut être sûr quand on commence à fouiller un peu une scène locale, un genre, ou un réseau de tunnels Viêt-minh, c’est que lorsqu’on croit avoir réussi à cartographier raisonnablement la chose, on risque fort d’être en fait passé à côté de kilomètres de boyaux inexplorés peuplés de hordes sanguinaires prêtes à vous faire subir les derniers outrages. Et en effet, au détour d’un promo négligemment posé dans un recoin de ma boîte mail, je suis tombé nez à nez avec Nervochaos, formation de São Paulo âgée de plus d’un quart de siècle et dont le All Colors of Darkness aujourd’hui au centre de nos attentions n’est rien de moins que le 10e album.

 

En même temps c’est vrai qu’un pays 3 fois plus peuplé et près de 13 fois plus vaste que la France a largement le potentiel pour abriter des trésors difficilement accessibles à l’œil et l’oreille gaulois.

 

Ce qui frappe quand on écoute All Colors of Darkness, c’est à quel point il en émane une énergie et une urgence plus caractéristiques des jeunes combos fougueux que des vieux routiers grisonnants. Mais c’est vrai que, quand on y regarde de plus près, en dehors d’Eduardo Lane qui s’évertue à marquer la cadence depuis les tout débuts et de Quinho qui gratouille la 6-cordes par intermittence depuis 2010, il ne s’agit en fait là que de relativement jeunes recrues, arrivées dans les rangs du chaos nerveux depuis 2019 au mieux. Mais qu’importe la génération tant qu’on a l’ivresse ! D’autant que la cachaça contenue dans ces 11 titres aussi courts que féroces a largement de quoi coller un coup de fouet au plus congelé des skieurs surpris par une avalanche.

 

« OK lapin, il sort au bas mot 30 albums de Death Metal par jour, et on a déjà les derniers Septicflesh, Misery Index, Exocrine, Decapitated et Origin à réceptionner... Pourquoi faudrait-il en plus  considérer le cas de Nervochaos ? »

 

Parce que All Colors of Darkness fait partie de ces albums précieux qui – à l’instar des skeuds de Death metal que nous autres, les vieux, acquérions fiévreusement dans les 90s – proposent des morceaux bien différents les uns des autres, autant d’entités toutes furieuses, toutes accrocheuses, toutes distinguables les unes des autres… Et bordel de nos jours ce n’est que trop rarement que l’on peut faire un tel constat ! Ajoutez à cela une zone de compétence s’étendant du Death/Grind punky de Napalm Death aux leads victorieusement orientales de Nile (cf. « Beyond The Astral » par exemple), et passant par la fougue guerrière d’un Vader sud-américain, et vous aurez une bonne idée des raisons pour lesquelles il ne serait pas inapproprié de laisser un filet de bave s’échapper d'entre vos babines retroussées.

 

Et s’il est effectivement question ici de morceaux à la personnalité trempée, le tableau s’avère en fait bien plus brillant que cela : car parmi ces 11 titres courts et puissants se terrent de bons vieux missiles hautement jouissifs, de ceux qu’on attend avec impatience pour pouvoir défier l’ennemi les yeux dans les yeux, les naseaux frémissants et la lame impatiente. « Wage War On The Gods » d’abord, qui se fait annoncer par des leads claironnantes avant de distribuer les baffes avec autant de virulence qu'un gang de champions de MMA équipés d'armes de guerre ! Sur le morceau-titre on se prend une volée d’aiguilles brûlantes lancées en salves continues et extrêmement denses, la chose étant aussi violemment piquante que délicieusement mélodique. Si « Suffer in Seclusion » possède un premier abord un peu trop slimy, c’est pour mieux tromper son monde avant de nous attendrir vertement le steak et d’allonger un refrain large et puissant particulièrement croustillant. Bien campé sur la ligne d’arrivée, « Camazotz » finit quant à lui de battre les grumeaux de nos oreilles à grands coups de fouet vigoureux. Et comme on ne dit pas non à un digeo après un bon repas (à un Diego par contre...), les Brésiliens nous servent ensuite une reprise Grind du « Demonomania » des Misfits, avant d’aller subtilement métalliser la sombre Country de ce bon vieux Hank William III sur un « Three Shades of Black » joliment encouillifié (... mais point trop non plus – d’ailleurs l’exercice est étonnant sur un tel album !).

 

Il y a des fois où l’on est naturellement poussé à tortiller du croupion au moment de noter un album, notamment quand ce dernier est plein de "si" et de "mais"... Avec All Colors of Darkness par contre, pas de longs débats : direct, puissant, varié, bandant, ce millésime 2022 est un haut fait d'armes qui vaut aux vétérans de São Paulo une nouvelle médaille militaire largement méritée, enrobée dans une note joliment galbée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: personnellement, si au bout d’un quart de siècle et de 10 albums je sortais encore des albums de la trempe de All Colors of Darkness, je flipperais que de gros labos pharmaceutiques veuillent me disséquer afin de trouver le secret de la vie éternelle ou de mettre au point une formule améliorée du Viagra. Parce que ce sacré nom d’album pète le feu, arrose sévèrement, tout en changeant régulièrement de pied d’appui et en versant suffisamment de mélodies pour nous rendre multiplement addicts. L’une des grosses surprises « Death à l’ancienne sur charbons ardents » de 2022, sans aucun doute !

 

photo de Cglaume
le 18/08/2022

4 COMMENTAIRES

sepulturastaman

sepulturastaman le 18/08/2022 à 08:22:32

Un truc à ber-tom amoureux

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 18/08/2022 à 12:13:49

Bon y'a une reprise de Misfits alors je vais écouter malgré le fait que j'ai entendu un titre qui ne m'avait pas transporté.

cglaume

cglaume le 18/08/2022 à 17:14:43

En matière de transport, le pépère offre un bon petit co-voiturage de la mort. Après pas sûr que tu sois très Blablacar Metal 😁

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 18/08/2022 à 18:34:56

Alors à part le son moderne, le bouzin fait son effet. Je ne peux pas le nier. C'est bien Nervous Breakdown, Furax as Axe et Punk as Pafunk.

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