Neurosis - Enemy of the sun

Chronique CD album (01:01:41)

chronique Neurosis - Enemy of the sun

Bon... Gros fossé entre cet album et Soul at Zero malgré leur contigüité dans le temps (un an). Comme d'hab' me direz-vous (et vous n'auriez pas tort) mais cette fois c'est la révélation. Je m'explique : cet album est un monument à tout point de vue et je vais lui mettre la note maximale. Dans leur album précédent, Neurosis affirmait son originalité, sa différence et son talent ; ici il n'est plus question d'affirmer quoi que ce soit tant le résultat est négatif, monolithique et univoque. Fini la variété, les plans un peu douteux et les tâtonnements : de la première seconde jusqu'à la dernière on se fait littéralement écraser, atomiser, désintégrer. Bon, je vais arrêter les énumérations à renforts d'adjectifs définitifs car je sens que je vais vous gonfler assez vite et on va plutôt rentrer un peu dans le détail.

 

La première piste, « Lost » donc, débute avec un sample répétant à l'envi « are you lost » (sur fond de Charles Trenet, hé! hé!) et introduit le premier basse/batterie du disque. A renfort de chant clair et de larsens stridents, la sauce prend lentement et nous emmène à la première explosion (euphémisme) de l'album. Les riffs nous rappellent un metal hardcore très en vogue dans les 90's mais joué à un tempo extrêmement lent, la batterie, nettement plus tribale que par le passé, insuffle un vent de chaos absolu dans les compos, la basse fait trembler la terre, et les constructions vocales assument un rôle rythmique et hypnotique. On retrouve toujours une tonne de samples de plus en plus effrayants et angoissants. De même on peut entendre les restes des arrangements complexes de Souls at Zero via des petites touches de piano, de violon et de chant féminin par ci par là, mais cette fois il n'est plus question d'enrichir les chansons mais bien de renforcer la tendance nihiliste et apocalyptique du disque.

Ainsi, la deuxième piste de l'album, « Raze the stray », s'ouvre avec le violon de Kris Force (membre d'Amber Asilum et habituée des albums de Neurosis) et un chant clair très Dead Can Dance  (période the Serpent's Egg pour les puristes). Le début de Enemy of the Sun se caractérise par ce côté très dépressif dans les ambiances et les mélodies mais si la violence, la noirceur et la lourdeur s'étendent du début à la fin du disque, on remarque tout de même une dynamique dans les compos. Ainsi, on passe d'une tristesse absolue au début du disque au chaos et à la destruction vers le milieu (« Cold ascending », « Lexicon »): les riffs sont de plus en plus noyés sous une masse de samples innommables, la rythmique se fait de plus en plus hypnotisante, les pistes sont plus courtes. Et on arrive au titre éponyme du disque, véritable libération après toute la violence exacerbée des pistes précédentes: chuchotements angoissants, bruits inquiétants comme après la fin du monde puis magistrale explosion, plans majestueux, bidouillages électroniques vertigineux, rythmiques toujours plus hypnotiques. Neurosis enfonce le clou avec la sépulcrale « The time of beasts » qui voit le retour des trompettes de l'album précédent bizarrement débarrassées de leur côté kitsch pour une apocalypse finale impériale. L'outro, « Cleanse », quant à elle, voit le batteur s'éclater avec un sampleur pour seul compagnon sur plus d'un quart d'heure.

 

Enemy Of The Sun, est intemporel et demeure un des meilleurs albums de Neurosis (s'il fallait en élire un meilleur, ce serait peut-être celui-là, qui sait...). En tout cas, s'il n'est le meilleur, il est le plus sombre, le plus effrayant... Celui qui porte le mieux son nom en bref. Chose malheureusement trop rare chez Neurosis, la pochette est phénoménale. Notons, une fois de plus, que sur la réédition chez Neurot, on a droit à une démo inutile de « tTakehnase » et une version purement électronique de « Cleanse » en live, très angoissante.

photo de Swarm
le 24/04/2007

1 COMMENTAIRE

frolll

frolll le 20/01/2011 à 02:19:49

10. Intemporel. NEUROSIS.

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