Znous - Znousland 3

Chronique CD album (33:53)

chronique Znous - Znousland 3

Cela fait un bon quart de siècle que le « Metal oriental » a intégré cette grande mosaïque des genres dont la diversité permet d’abreuver nos oreilles de métalleux/ses sans jamais les gaver. Alors oui, j’ai mis des guillemets autour de l’appellation, non pas pour déprécier le style, mais justement parce que celui-ci n’en est pas un à part entière. Si officiellement il s’agit d’un sous-genre du Folk Metal, la vérité c’est que bien souvent, dès qu’un album contient 2 mots d’arabe (ou sonnant comme tels) et un break avec des percus, on lui colle par défaut le qualificatif « Metal oriental », que les fondations dudit album soient Black, Death, Thrash, Prog ou autre. Alors que franchement, quel rapport entre Myrath et Melechesh ? Quoi qu’il en soit, cela fait pas mal de temps que l’on n’avait pas assisté – depuis notre fauteuil français – à l'émergence d'un nouveau nom porteur de cette étiquette qui soit susceptible de fédérer au-delà du public régional. Autant, plus bas en Afrique, Arka'n et Loharano nous ont récemment régalés de guitares aux rugissements subsahariens. Autant aux alentours de la Méditerranée, la scène semblait peiner à enrôler de nouvelles recrues.

 

Mais ça c’était avant.

 

Car du fond de la patrie de Myrath, Vomit the Hate et Hemlyn un vent de renouveau semble vouloir se lever. Si vous demandez à votre GPS de vous conduire à la source de cette bourrasque bienvenue, celui-ci vous parlera de Redeyef, à l'ouest du pays, pas très loin de la frontière algérienne. C’est là que vous trouverez Znous, groupe qui flirte avec le fond des classements alphabétiques, mais qui se trouve plus proche des sommets quand il s’agit de redonner un petit coup de boost à ces mélodies à la fois chaloupées et musclées qu’Holy Records nous avait fait découvrir à l’époque de Sahara et Athenian Echoes.

 

Depuis 2019 – qu’on imagine être proche de son année de naissance – la formation a systématiquement profité du mois de septembre pour livrer une nouvelle sortie majeure. Après Znousland1 et Znousland2, c’est aujourd'hui au sein de Znousland3 que nous sommes logiquement invités à poser nos valises, ce dernier opus étant présenté – malgré sa durée plutôt courte – comme le premier album officiel du groupe (… après ce qui s’avérait donc être 2 EP). On parlait dans le premier paragraphe de la variété des genres pouvant être rencontrés sous l’étiquette « Metal oriental » : Znous est l’incarnation parfaite de cet aspect multi-facettes. Car s’il annonce être un groupe de Hardcore/Punk/Metal – ce qui brasse déjà assez large – et qu’on retrouve souvent au niveau de ses guitares des accents Groove Thrash musclés à la Sepultura (période Chaos AD), la formation tunisienne préfère ne se fermer aucune porte. Et si certains pourraient profiter de cet éclectisme pour placer le mot « hétérogénéité » dans leur chronique (dans certaines rédactions cela peut rapporter gros, surtout sur une case mot compte triple), ici une telle approche aurait plutôt tendance à provoquer des sourires de satisfaction. D’autant que celle-ci ne nuit nullement à l’unité de ce 3e guide touristique au pays des 1001 riffs.

 

Arborant ostensiblement des perçus façon Tambours du Bronx ainsi qu’un déhanchement de charmeur de serpent, « El-Mansiette » ouvre la marche en misant sur ce qui différencie le plus clairement le groupe des riffeurs du dimanche que l’on trouve en Macronie. On pense à Khalas, à Acyl… Puis, quand le growl se met à faire trembler les murs du temple, aux tout premiers Arkan et Orphaned Land. Accrocheur, rythmé : l’auditeur obtient exactement ce que la pochette lui promettait. Sauf que quand on évolue au milieu des dunes, il ne faut pas s’étonner que le paysage change régulièrement de visage. Et c’est justement ce qui arrive dès « Swed Ellil », morceau appuyant fort sur les saccades, jusqu'à exhaler la froide odeur d’un Meshuggah, voire d’un Fear Factory du désert. Froideur rapidement compensée par un superbe assaut de Black Metal blasté. Histoire de bien faire comprendre que l’aspect mécanique de ce titre n’était pas qu’une singularité ponctuelle, Znous enfonce le clou sur un « Het Ch3oul » qui le voit se cybériser brillamment, au point de rappeler les Turcs de Seth.Ect.

 

… Et ce que je ne vous dis pas jusque-là – rattrapons-nous fissa ! –, c’est que ces morceaux sont non seulement convaincants, mais même carrément bonnards !

 

Le groupe appréciant les contrastes, il profite de « Esmi Mabrouk » pour s'offrir une pause sombre. Un peu trop sombre à mon goût d’ailleurs, la suie et les lamentations shriekées dégoulinant de ce titre en faisant de disgracieuses tâches noires sur mon jaune pelage (… un chroniqueur goûtant plus le Doom ou le Gothique devrait, lui, apprécier l’exercice). Heureusement « Top Rojle » porte particulièrement bien son nom puisqu’il renvoie illico le groupe au top en question, la vigoureuse course que nous propose ce titre mariant de la plus brillante des façons chœurs à la Acyl et Funk à basse slappée. Rhaalovely maximus de ce côté-ci de l’écran ! Et ce ne sont pas les 2 derniers titres officiels de l’opus qui feront descendre ce dernier dans notre estime puisque « Sidi El-Ensen » est une affriolante danse du ventre dans de verdoyants jardins, cette pause horticole étant accompagnée d’un chant féminin qui accentue le parallèle avec Orphaned Land. Quant à « Kigulu », il s’agit de l’adaptation maison du générique local de Dragon Quest – j’avoue ne pas connaître l’anime en question, et encore moins son générique tunisien... Mais en écoutant l’original ici on voit combien Znous a réussi l’exercice aussi brillamment q’un Toehider (remember ?).

 

Si on peut bien sûr débattre de si oui ou non ce nouvel opus permet effectivement à Znous de devenir calife à la place du calife sur le trône du « Metal oriental », on ne pourra en tous cas pas nier qu’avec de tels atouts il a au minimum de quoi y tenter et y réussir un coup d’état. Et ce qui est sûr c’est qu'à Znousland il a déjà les pleins pouvoir ! Alors foncez dès à présent sur son Bandcamp pour écouter tout ça, et ne négligez surtout pas les EP précédents (...on essaiera d’en reparler ici) !

 

PS : l’album est proposé avec 2 bonus, « Free Fire » et « Sidi Arbi 2 », qui butent tout autant ! La marque des grands…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: avec l’arrivée de Znous dans le game, les barons du « Metal oriental » vont avoir du souci à se faire. Car vu l'aisance et la réussite avec lesquelles il marie le folklore tunisien aussi bien au Black qu'au Death, au Metal cyber-syncopé qu'au Groove Metal sepulturien – et même au Funk Metal – le groupe ne va pas se contenter longtemps de la place d’outsider !

photo de Cglaume
le 04/10/2021

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