Toehider - Children of the Sun Part 2: Another Collection of Under-appreciated Cartoon Themes from the 70's, 80's and 90's
Chronique mp3 (20:23)

- Style
Récré A2 metal prog - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2012 - écouter via bandcamp
Insouciant, nawak, enlevé, optimiste, frais… C’est vrai que finalement, au-delà de son côté « Je tâte le terrain sans trop me mouiller », l’EP Children Of The Sun premier du nom – qui déjà ne comprenait que des réinterprétations de génériques de dessins animés – s’est avéré un reflet fidèle d’un pan majeur de la personnalité artistique de Toehider. Cartable sur le dos, les pieds dans le sable, ce sacré garnement de Mike Mills s’y était senti si bien que ça le démangeait de remettre le couvert. D’où Children Of The Sun part 2, EP à la fois mal et bien nommé vu que, s’il est vrai qu’Esteban, Zia & co sont cette fois aux abonnés absents, le fond reste ici le même que lors du 1er épisode: offrir une 2nde vie à des génériques poussiéreux qui – damned, c'est vrai – le valent bien.
Et puisque les australiens s’en retournent fouler le même chemin qu’en 2009, nous allons nous-mêmes suivre cette logique en vous proposant, comme sur la chronique du petit précédent, l’approche « dessin animé par dessin animé », histoire de rappeler de manière exhaustive les univers cartoonesques associés à chacun des 12 titres de l’EP.
L’aventure commence d’une manière un peu biaisée pour nous autres, petits froggies, avec « Danger Mouse ». C’est que là où les australiens ont été bercés par un sympathique refrain – ici repris à la mode heavy « youpla » metal pompier – l’air qui se jouait à l’époque dans « Croque Vacances » (si je ne dis pas trop de nimportequoiteries) faisait plutôt « Dare-Dare Motus, souris aéro-DYNAMIQUE !... ». Donc on se retrouve un peu déboussolé… M’enfin pas bien longtemps, vu la pêche communicative que tient le groupe sur ce morceau!
Mais 36 secondes ça passe vite, et tel le plus violent des albums de grind, on enchaîne à fond les ballons sur les 57 secondes et les super héros de « Defenders of the Earth » (« Défenseurs de la Terre » par chez nous). C’est donc en mode Manowar meets Queen que l’on voit tout à coup débarquer Flash Gordon, Mandrake, Lothar et le Fantôme – que pour ma part j’avais complètement oubliés – pour aller foutre une bonne rouste à l’infâme Ming.
Puis, première des micro-pauses « animations » (vous savez: ces petits sketches à la « Chapi Chapo » & co) que nous réserve l'EP avec « A.E.I.O.U. », série dont le concept se base sur des dessins réalisés à même le sable – et que je ne pense pas avoir jamais vu en France. Quoiqu’il en soit le court (28 secondes) générique associé évoque un mélange Ultra Zook / Lapins Crétins méchamment barré. Sympathiquement nawak !
Ensuite, afin de ne pas trop nous fatiguer avec l’incessant zapping qu'impose le format riquiqui des musiques de dessins animés, Mike Mills se lance sur « Duck Suite » dans une thématique « canard » avec un très bon enchaînement « Comte Mordicus » / « QuaqQuo » / « Myster Mask » / « La Bande à Picsou ». Et le résultat se trouve être carrément sympatoche, si si, le morceau passant successivement d'un hard rock transylvanawak, à un peu de funk youpla à grosse distorsion, à un ragga-rock assez excellent, pour finir enfin sur une musique bondissante (démarrant un peu à la « Footloose »!), sorte d'hymne pour aventuriers en culottes courtes avec sac « Banga » sur le doc (...m'enfin vous savez de quoi on cause parce que vous connaissez déjà la musique de La Bande à Picsou, pas vrai?). Très bon, à tel point d’ailleurs que le groupe reprend parfois cette séquence en live.
Troisième des micro-pauses « animations » (ah oui, j’ai oublié de vous dire: c’était aussi le cas de « QuaqQuo », le canard en papier), c’est en bermuda que débarque « The Red And The Blue », générique évoquant un duo de Toons à la Laurel et Hardy évoluant sur fond de musique groovy à chemise hawaïenne. Pour la petite histoire, cette animation en pâte à modeler nous vient d’Italie… Mais je ne me rappelle pas l’avoir déjà aperçu de ce côté-ci des Alpes…
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que Toehider, ce n’est pas qu’un ramassis de punks à gros nez rouges. Le groupe a toujours eu une facette « Chamallow & Edredon en plumes d’oie » faisant la part belle à des morceaux plus doux, plus délicats. Et c’est avec « Gandhara » que le groupe remplit ici son quota de gros câlins musicaux. Zéro batterie, guitare acoustique, plus la voix de Mike… Le résultat est vraiment magnifique, même s’il laissera les fans de harsh noise sur leur faim. Pour la petite histoire, ce titre faisant office de générique de fin pour la série japonaise « Monkey » était à l’origine interprété par Godiego, groupe dont Shanghai (autre formation australienne) a récemment fait une reprise sur son EP The Battle For Mount Analogue. D’ailleurs « Gandhara » est sorti en 45 tours en Grande-Bretagne avec en face B… « The Birth of the Odyssey ~ Monkey Magic », le titre repris sur le fameux EP de Shanghai... On dirait bien que ces 2 groupes from Oz-land ont mangé leurs Chocapics devant les mêmes programmes!
Après la Roudoudou song « Gandhara », Mike Mills vient réveiller doucement l’auditeur avec le gros rayon de soleil reggae qu’est devenu entre ses mains expertes le générique d’« Arthur » (Les Minikeums, vous vous souvenez?), et pour le coup on trouve que cette minute passe bien trop vite! Heureusement elle est suivie par l’excellente madeleine de Proust « Docteur Snuggles » – dessin animé qui, je l’avoue, avait disparu au plus profond de mes souvenirs, mais que ce générique à la jovialité communicative, devenu ici un mélange Badamoumesque des univers de Queen et du « Love Is All » de Roger Glover & Ronnie JamesDio, extirpe comme par magie du fin fond de mon inconscient... Et bordel que ce genre de trip régressif est rafraîchissant!
Maintenant que l’on est à nouveau bien réveillé, les australiens nous balancent le générique de fin des « Super Nanas », qui devient pour le coup un titre « Teenage punk » aux chromes rutilants, dans la grande tradition de ce à quoi les bougres nous ont habitués. Puis on saute sur l’espèce d’interlude incongru – presque un long jingle plutôt – qui sert d’identité sonore à « Roobarb and Custard », dessin animé qui, il me semble, n'a jamais titillé le moindre tube cathodique dans nos vertes contrées.
Sans doute le plus obscure des dessins animés abordés sur cet EP, “Chimborazo” laisse même muet mon ami Google. Je ne saurais donc vous en proposer une illustration colorée pour vous amuser la pupille, ni vous dire si celui-ci est d’origine serbo-moldave ou une production australienne locale. M’enfin ce qui compte, c’est que Toehider transforme son générique en hymne grandiose, qu’on résumera en un lapidaire mais informatif « Queen compose la B.O. du Roi Lion ». C’eut pu être le final parfait pour l’EP, mais le groupe a tenu à finir sur le court et théâtral thème de « The Trap Door », autre inédit par chez nous, qui n’est pas vilain mais quand même un peu pâle après son grandiose prédécesseur.
Alors certes, le public français se sentira peut-être un peu moins concerné par Children Of The Sun part 2 que par le 1er opus du même nom, peu des dessins animés auxquels les australiens rendent ici hommage ayant connu les honneurs des Club Dorothée, Récré A2 et autres Vitamine (animé par Karen Cheryl, remember ?). Mais c’est justement l’occasion de se rendre compte à quel point Toehider est capable de se réapproprier brillamment des morceaux pour les faire sonner de manière parfaitement cohérente avec son univers musical habituel. Alors si vous êtes fans du côté le plus barré des australiens, plongez-vous avec délectation dans ce bain de jouvence radical aussi foufou que brillant.
La chronique, version courte: sortez les Choco-BN et les Spring Gum, Toehider retourne piocher dans son cartable pour en sortir un flot bouillonnant de titres aussi foufous qu’insouciants, pour le plus grand plaisir des fans de la « nawak touch » que Mike Mills ne dégaine pas si souvent que ça, finalement.
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