HELLFEST 2023 - Le week-end de Vincent

HELLFEST 2023 Le week-end de Vincent (dossier)
 

 

Procession : n.f. cortège solennel accompagné de pratiques rituelles (chant, prières…).

 

Stricto sensu, le terme de procession est tout de même adéquat si l’on veut définir l’ambiance de ces quelques heures précédant l’ouverture des portes du site niché dans le Val de Moine. Les raisons de ce pèlerinage vers le Hellfest sont multiples.  Quand certains viennent pour les têtes d’affiches et ne quitteront pas les Mainstages, d’autres passeront l’intégralité du séjour à s’ambiancer au camping. Certains ne seront là qu’en simples touristes, parce que «  le Hellfest, quand même, il fait au moins y avoir été une fois dans sa vie », quand d’autres passeront les quatre jours à courir d’une scène à l’autre, pestant contre ces physiciens du CERN qui n’ont toujours pas réussi à résoudre ce paradoxe d’ubiquité permettant d’être à deux concerts en même temps. Vous l’aurez deviné, chez coreandco, on fait partie de la dernière catégorie. Après cette sociologie des publics ( Pierre Bourdieux et Pierre Grignon n’ont qu’a bien se tenir!), place aux choses sérieuses.

D’aucuns diront que l’affiche de cette édition 2023 était décevante, mais à y regarder de plus près, il y avait largement de quoi se faire plaisir. Elle n’était certes pas aussi attractive que celle de l’année dernière, peut être aussi moins attendue, mais ces quatre jours ont été auditivement jouissifs, et c’est bien là le principal. De la désinvolture de Soul Glo aux frénésies de Eyes, en passant par l’aisance de Candlemass, le menu était certes plus concis mais pas des moins apprécié.

 

Jeudi

 

Après une déambulation hasardeuse au city square dans l’attente de l’ouverture des portes ( le côté « boutiques et animations » ne m’intéressant guère ), j’accède enfin au site en toute tranquillité.  Oui, faire débuter le festival à 16h30 permet aux personnes qui, comme moi, ne peuvent pas se permettre de venir la veillle, de s’installer en toute quiétude.Le flux massif se déverse et s’organise naturellement sur le site, s’agglutinant devant les diverses scènes et bars. Premier changement notable. Le déménagement de la Valley, qui a migré près de la Warzone est remplacée par le Sanctuaire, la boutique officielle du festival. Cette dernière est littéralement prise d’assaut et une queue se tenant jusqu’à la Temple se forme pour ne disparaître que trois jours plus tard avec l’épuisement de tous les stocks. Le côté trademark du festival est ici bien visible.

 

Les premières ondulations sonores se font ressentir sous la Temple avec les amérindiens de Blackbraid et leur black chamanique qui n’est pas si DIY que l’on pourrait penser. C’est le pressentiment que j’avais eu en écoutant leur galette, Blackbraid I, qui s’est renforcé en les voyant live. Le côté « sorcier Mohawk » tient plus du folklore pastiche surfant sur une vague en vogue qu’ une réelle profondeur spirituelle dont la mise en résonance avec les préceptes du black metal aurait pu être délicieuse. Ça n’en reste pas moins agréable à écouter ( et voir ). Le set est dynamique et on y retrouve la rage du raw BM ( ce qui nous permet de rentrer directement et pleinement dans ces quatre jours de festivités) mais sans avoir l’exubérance et l’originalité escomptée.

 

Changement total d’ambiance avec Kamizol-K et leur hardcore brut de décoffrage sur la Warzone. Gagnant du tremplin Voice of Hell, le sextet lyonnais vient défendre Exile, son premier album, et par là même nous prouver qu’ils ont toutes les raisons d’être ici.

Sans se démonter, Kamizol-K vient tranquillement mais sûrement échauffer les cervicales d’un public venu en masse se serrer entre les guérites et les barbelés. Le groupe bicéphale n’est pas là pour poser, comme nous le dit si bien 8oris, mais pour casser des mâchoires ET des dents. Une chose est sûr et certaine, les Lyonnais donnent tout ce qu’il ont ; la fierté et le plaisir d’être sur cette Warzone se lit et surtout s’écoute.

Retour sous la Temple pour les New-Yorkais d’Imperial Triumphant qui, en quatre ans ( leur dernière prestation qu’il m’ait été donné de voir était leur passage au Tyrant 2019 ) ont gagné en assurance, et donc en mobilité. Leur jeu de scène a nettement évolué et devient plus vivant, ce qui n’est franchement pas du luxe. Les trois demi-dieux aux parures dorées font montre de plus d’interaction, de communication. Le trio américain nous déverse un black intello et élitiste auquel je ne suis toujours pas réceptif, malgré les années passant ; mais ce n’est que mon appréciation. L’aspect noise s’affine au fil des albums et des années et devient de ce fait  un tantinet plus digeste. Il y a un donc un intérêt certain à les voir en live, mais malgré cela, Imperial Triumphant est bien trop adipeux ( et pédant ) pour moi.

 

Direction la Valley, nouvellement implantée au Nord de la Warzone pour les Écossais de Dvne et leur post/prog tracé au cordeau. Venus remplacer Birds in Row après leur annulation, les gars du Grand Nord viennent défendre leur dernier rejeton Etemen Aenka. Leur plaisir d’être ici est pour le coup bien visible. N'étant pas un fan inconditionnel du genre ( l'incrustation de voix clean est un exercice bien trop périlleux pour que cela soit efficace et percutant de manière systématique), c'est d'une oreillle "croyante mais pas pratiquante" que je les écoutes dérouler leur set. Plaisant donc, mais pour les aficionados du style.

 

 

candlemass hellfest 2023

 

Direction l’Altar avec les maîtres du Doom, les incontournables Suédois de Candlemass. Je ne sais pas si c’est dû au retour de Johan Länquist sur le devant de la scène mais l’atmosphère est particulièrement sereine. J’allais dire joviale, mais pour qualifier des doomers, il y a plus pertinent. Sereine donc. Après 35 années passées à écumer les scènes du globes, une certaine assurance se fait sentir (c’est un euphémisme, vous l’aurez compris) pour un résultat absolument jouissif. La prestation est sobre, simple mais va à l’essentiel : l’humain. Un unique back-drop et un set de lumière sans extravagance composent le decorum. Candlemass nous la fait donc à l’ancienne ( quoi de plus logique?) et vient ici pour une réelle rencontre avec le public. Public qui lui le rendra bien lorsque les grands noms de sa discographie seront joués. Un live qui vient s’inscrire dans mon top 3 du week-end.

 

Léger pas de trois pour finir sous la Temple et entamer le set de Dark Funeral. Nappé de brouillard, les Suédois proposent un set à leur image. Droit dans leurs bottes, énigmatique, distant. Parfait pour profiter des dernières lueurs du jour agonisantes. Heljarmadr, statique, débite ses vociférations sans une once d’animation, enveloppé dans les gerbes de feux et d’étincelles. We are the apocalypse, nous raconte-t-il. Le(s) bougre(s) en a(ont) tout du moins l’attitude.

 

dark funeral hellfest 2023

 

C’est la nuit tombée que je traverse a nouveau le site, emplit de ces psychédélismes lumineux pour voir AmenRa sous la Valley.

Très peu de surprises sur ce set, mais pourquoi s’en plaindre, puisque c’est AmenRa qui est au commande.  AmenRa fait du AmenRa, et c’est très bien comme ça. Colin Van Eeckhout passera son temps dos au public alors que le reste du groupe est nappé de noir et blanc par les projections cinématographiques. Pas de surprises donc, mais du plaisir. Plaisir de se faire emmener aussi facilement dans les tréfonds de l’âme humaine. On a beau connaître le tour de passe passe, on se fait toujours avoir. Alors à quoi bon lutter ?

 

Exténué par cette première journée et ce premier saut dans le bouillon, c’est les yeux mi-clos que je retourne au parking Est pour recharger les batteries, humaines et alcalines.

 

 

Vendredi

 

La nuit étant porteuse, non pas de conseil mais plutôt d’un bon repos compensateur, c’est frais comme un gardon et plein d’entrain que j’attaque cette deuxième journée.

 

llnn hellfest 2023

 

On commence avec les Danois de LLNN sous la Valley et les premiers pas de Viktor Kaas au chant. Premiers pas qui s’avèrent être des sauts (littéralement!) tellement la symbiose est avérée. Le groupe prend un malin plaisir à malaxer leur dernier rejeton, Unmaker, rallongeant les pistes et prenant des libertés de composition. C’est en soi, la raison d’un live non ? Ou du moins une bonne partie. Les quatre de Copenhague prennent ici leur pied, c’en est flagrant.

 

Un petit café en vitesse avant de se laisser tenter par la Warzone et Peter Pan Speedrock que je découvre ici même. C’est gras, péchu et direct ( comprenez légèrement bas du front). Ça sent clairement les stripteaseuses, la coke et les bastons de fond de rades. Le frontman, entre deux appels aux circle pit, chante sur les « senioritas ». Si si, senior. Cela reste bien agréable le temps d’un set, mais je n’en ferai pas ma discographie, m’voyez ?

 

Retour devant la Valley pour une toute autre ambiance, beaucoup plus sensible et parnassienne avec les Américains d’Helms Alee et leur rock envoûtant à la poétique urbaine et bruitiste. La lourdeur tellurique de la basse est en adéquation avec les conditions climatiques  de cette journée appelant la fin du printemps. Lourde et rayonnante. Leur set est au final un moment à part dans le festival, une parenthèse unique et permettant de prendre un peu de hauteur avec, paradoxalement, beaucoup de lourdeur.

 

helms alee hellfest 2023

 

On enchaîne avec les Genevois de Nostromo qui viennent nous laminer sous l’Altar avec leur metalcore gonflé à la testostérone. Net, puissant, concis. La mise en boite est sans fioriture. N’étant pas un inconditionnel du genre, le set passe tout de même très bien. C’est sans transition que je me rends sous la tente Press pour épauler le camarade de la rédaction, pardon le grand rédac-chef, pour  l’interview de Kamizol-K que vous pouvez retrouver ici.  A peine le temps de se prendre un casse dalle et reprendre des forces que je suis à la bourre pour Der Weg Einer Freiheit sous la Temple, bien évidemment. Le son pas forcément parfait viendra quelque peu gâcher le petit bout de live qu’il m’ait été donné de voir. Je rattrape ce petit loupé sous la Temple avec Vreid et son melodic black metal/black’n roll atypique qui pour le coup permettra de s’encanailler quelque peu.

 

Direction la Valley pour Greg Puciato et son projet solo de synth-wave core qui ne m’a clairement pas emballé. Le gaillard, certes bien à l’aise avec le public, nous balance un mélange dont la sauce ne fera... aucune émulsion. Du moins du point de vue strictement personnel puisqu’au vue des aficionados remuant dans tous les sens  devant la scène, ce side projet à l’air de plaire à certains. Faisant appel à différents genres, j’ai le sentiment qu’il les abordent en surface sans prendre le temps d’en extirper l’essence. Malgré les faits d’armes du natif de Baltimore, cela manque de cohérence.

 

Tant pis, je me rattrape sous l’Alatar avec les Autrichiens de Belphegor et leur blackened death rigoriste, le trio étant venu défendre The Devils. De rigueur il en font preuve oui, tant dans le decorum que dans leur moral anticléricale, ce qui nous donne un set absolument magistral, féroce et grandiloquent. Qu’attendre de plus ?

 

belphegor hellfest 2023

 

Je clos ma journée avec Triggerfinger et le charismatique Ruben Block. Charismatique oui, car du charisme, il en faut pour porter une chemise telle que la sienne tout en dégageant autant de style. Ou alors c’est une des caractéristiques intrinsèque de l’humour belge. Toujours est il que c’est tout de même plaisant de se laisser aller au rythme de ce rock de crooner. Retraçant une bonne partie de leur discographie. Du mythique album éponyme au dernier (mais déjà bien vieux) Colossus.

 

C’est donc sur ces bourdonnements crunchy que termine ma (longue) journée et mets les voiles en direction du parking Est. Une douche nocturne et la viande est mise fissa dans le torchon. Une viande exténuée certes, mais détendue et bichonnée à la musique de qualité.

 

 

Samedi.

 

Réveil express, un tantinet à la bourre sur le planning. Le petit quart d’heure de marche avant d’arriver sur le site fait office de sas de « compression » et permet de pleinement se réveiller afin de se pointer  à l’espace press pour l’interview des Danois de LLNN. Les gaillards, plus que bavards, nous taillent la bavette pendant une bonne demi heure. L’exercice linguistique de bon matin est diablement efficace pour agiter les neurones. Je me pointe donc  sous la Temple l’esprit vif et  les esgourdes affûtées.  Et il fallait bien ça pour les Italiens de Hierophant, qui, dans la même veine que Belphegor, sont bien  déterminés à réveiller les morts de la veille. Déroulant Death Siege, les Italiens nous inondent de noirceur poisse devant une fosse se remplissant petit à petit.

 

 

Changement d’ambiance avec le HxC power-violence de Zulu, sur la Warzone bien entendu. Les Los Angeliens nous donnent ici leur propre définition du terme « concis ». Le set de 20 min était certes de toute bonne facture, mais cela fait cher l’A-R. 14H d’avion pour 20min ; le ratio est explosé. Mais on ne peut pas trop en vouloir aux gringalets (le terme est juste) vu la qualité de la prestation. Sous de faux air de premiers de la classe, les gars sont simplement venu t’atomiser la plèvre et te faire monter le cardio dans les tours façon stakhanoviste. A peine une piste terminée qu’ils reprennent leur besogne. Court mais intense donc. Tout le monde ne peut pas se vanter de tels exploits.

 

 Après les sueurs données par le relent de chaleur de la street californienne, c’est au souffle glacé et éthéré de Kalandra de me rafraîchir, sous la Temple. Le jeu de lumière bleuté tout le long du set ne me fera pas chasser l’idée de me trouver dans un glaçon stratosphérique. L’ambiance brumeuse, voluptueuse, et ce malgré des approches  parfois plus dynamiques, nous envoies très loin dans les cimes nordiques et spirituelles.

 

A peine le temps de se prendre un libanais sur un coin de table que les Britanniques de Svalbard se font doucement entendre. Choix étrange que de les programmer sur la Temple, mais en soi, cela ne change rien à leur set qui est, pour le coup, quelque peu parasité par un son pourrave. C’est un problème assez récurrent sur cette scène. Cela n’empêchera pas Serena Cherry de nous communiquer sa bonne humeur. Après nous avoir fait valdinguer entre puissance abrupte et mélopée dépressive, ( après tout, on était là pour ça) le groupe nous offre, en conclusion,  l’exclusivité de ‘Faking It’, issu de leur prochain méfait. En guise de remerciement, le public chantera un « happy birthday » au bassiste. Ambiance conviviale sous la Temple donc. C’est suffisamment rare pour le noter.

 

svalbard hellfest 2023

 

Retour devant la Warzone pour les Danois de Eyes et son frontman cramé du ciboulot avec qui ont a taillé le bout de gras le matin même avec l’ami Moland lors de l’interview de LLNN. Viktor Kaas (ainsi que Rasmus Furbo) faisant partie des deux formations. La petite frayeur météorologique étant passé ( l’orage n’ayant décider de nous gratifier de quelques gouttes sans nous déverser sa haine dessus) les Danois, initialement prévus sur la Hellstage,  auront l’honneur de la Warzone après l’annulation de Mindforce. Viktor Kass semble possédé de tous les diables traumatiques existants ce qui est en parfaite contradiction avec leur bassiste absolument statique. Le fils caché de Jamy Gourmaud ne décole pas d’un iota. En soi, cela ne change rien à la musique, mais la scène est assez loufoque. Cela n’empêche pas les Danois de nous démonter la tronche et de s’en féliciter.

eyes hellfest 2023

 

Retour sur la Temple pour une fois de plus se rafraîchir avec le one-man band écossais de Saor qui passe en formation sextet pour l’occasion.

Il n’en restera pas moins une prestation assez intime et unique de ce black atmo tendance celte.

 

C’est en ayant la désagréable sensation de ressembler à Sysiphe que je retourne devant la Warzone, effectuant inlassablement le trajet dans un sens comme dans l’autre.  Cette fois ci, c’est pour reprendre une touche de HxC avec les potes de Zulu, j’ai nommé :  Soul Glo. Imprégnant leur punk HxC de rap au phrasé atypique, les quatre de Philapelphie nous fracassent le crâne à coups de d’electro/noise entre deux battages de fûts à te déchausser la dentition, le tout clairesment de riffs poppys et aériens. Les compères Californiens profitent du set en backstage. Pierce Jordan interrompt ce dernier pour s’allonger sur scène, aussi à l’aise que dans son canapé, et ainsi disserter sur la question raciale. M’est avis qu’il n’est pas net, le bonhomme. Les psychotropes, c’est moches, m’voyez ? (Non). Les bavasseries faites et le set repart de plus belle. Mais cette fois, la question  de la ségrégation est abordée de façon, plus brute, voyez ?

 

soul glo hellfest 2023

 

Sysiphe est de retour sur son sempiternel chemin pour Myrath, que j’avoue ne pas connaître. Du prog tunisien, sur le papier, ça doit valoir le détour. Sur le papier, car bien mal m’en a pris. Le côté Gérard Majax en grande pompe et fanfaronneries façon bolywood, ça n’a pas fait mouche chez moi. Et je me demande sincèrement chez qui ça peut faire mouche. A par chez les fans de Gérard. J’ai essayé, j’ai insisté, mais j’ai échoué. Je n’ai pas réussi à apprécier. Ce sera donc très rapidement que je passerais sous la Temple.

C’était donc le moment idéal pour faire une coupure. Reposer le corps et l’esprit à l’ombre d’un bois.

 

La journée se terminera sur Clutch sous.. ... la Valley. Les vieux cow-boys classieux viennent ici nous faire montre de leur savoir-faire en terme de rock stoner. Beaucoup de monde s’est amassé afin de se mettre les classiques des Memphisiens dans les esgourdes. C’est donc d’assez loin que je verrai Neil Fallon et ses compères dévider leur réserves à classiques, cartouche après cartouche.

 

Clutch hellfest 2023

 

Retour au bercail accompagné d’un flot de festivalier aussi exténué que moi. Ce n’est pas ce soir que je trainerai et file direct à l’essentiel. Un lit confortable pour se requinquer.

 

 

Dimanche

 

Quatrième et dernier jour qui  débute par un réveil au son de la (grosse) pluie martelant la carrosserie du camion. Se faire réveiller par la pluie, en festi, c’est jamais bon. Impossible de mettre un pied dehors sans risquer de tremper le matériel et de se choper une sale bronchite complexiforme. (cherchez pas dans un dictionnaire médical, le terme n’existe pas, mais vous voyez le genre). C’est une fois l’accalmie en vue que je prends la route de la Temple pour voir les quelques dernières notes The Old Dead Tree et leur décorum aux milles luminescences. C’est donc loupé pour TODT et m’engage de suite dans le bois pour me rendre  sous la Warzone et débuter réellement la journée avec Brendan Murphy et ses petits copains se regroupant sous la bannière de End. Et pour le coup, c’est la grosse claque matinale, (oui, d’accord, méridienne) qui fait du bien. Le supergroupe du New Jersey nous insulte copieusement malgré les vétérans du circle-pit œuvrant sous la flotte.  Le pied-bouche en pancho, c’est tout un art.

 

END hellfest 2023

 

J’enchaine avec un autre supergroupe, sous la Valley, mené par Karl Agel. Legion of Doom, qui est le mélange de Saint Vitus, The Skull et Trouble. Autant vous dire que  les cépages alentours ont vibré en infrabasse.

 

 

N’ayant rien de prévu sur le créneaux suivant, je me laisse le plaisir de la découverte et fie au texte de présentation pour finir par me laisser tenter par la cold wave de She past away. Le duo turc représente bien les couleurs du genre ( en teinte de gris, donc) et nous démontre, tout en retenue leur désamour de ce monde.

 

Je quitte l’ambiance fantomaticosuicidaire pour le dynamisme rageux du trash allemand d’Holy Moses, sous l’Altar. Autant vous le dire tout de suite, Sabina Classen à toujours la même dynamique qu’a ses débuts… … il ya 40 piges. C’est même plus que ça. Le temps l’a rendu plus agressive, sans pour autant perdre de son humour, à l’instar de cette longue intro de lover.

 

Retour sous la Valley pour voir Mutoid Man et leurs premières foulées au Hellfest Sans m’être jamais trop penché dessus, c’est donc dans un esprit de relative découverte que je m’y colle. Le résultat est… quelconque. Vu le name dropping dont le groupe jouit, je m’attendais tout de même à quelque chose de plus sensationnel et percutant. Je regarde donc le set avec tout de même une certaine forme de plaisir, mais sans accroche particulière.

 

Je pars donc sous la Temple et me laisse, pour la troisième fois de la journée, aller au hasard des découvertes. J’aurais voulu utiliser le terme de sérendipité, histoire de faire l’intello, mais je peux même pas le faire parce qu’une fois de plus, le hasard ne voulait pas de moi aujourd’hui. La scène voisine de l’Altar accueillait Lord of the lost qui œuvre dans une electro/pop/indus bien trop joyeuse pour être crédible. Les Allemands font office de metalcoreux du BM et pour le coup, ce n’est pas spécialement jouissif. Je tiens à signaler, pour ceux qui ne me croiraient pas, qu’ils ont fait jumper la Temple. Expérience à ne pas retenter. Vraiment.

 

Je finirais par Paradise Lost, qui vient nous embrumer l’esprit avec son doom aux récitatifs sournoisement malsains et ses chapes de plombs qui te restent dans le crâne. Le set des cinq suicidaires d’Halifax fera, à l’inverse de leurs comparses allemands les précédant, mouche. L’heure passe bien trop vite, les anglais balayant largement leur (longue) discographie, de Shades of God  à Obsidian.

 

Paradise lost hellfest 2023

 

 

Le week-end se terminera complètement rincé à contempler le show de Slipknot sur un des nombreux écrans du site, tout en commençant à faire le bilan du week-end de quatre jours qui vient de défiler à une vitesse sans nom. Beaucoup de réussite, forcément. Malgré ce qui pouvait s’en dire, il y avait largement de quoi se faire plaisir lors de cette édition 2023. De grands classiques, de Candlemass à AmenRa en passant par Holy Moses ou Clutch, l’affiche en était parsemée. Les attentes ont été comblées en ce qui concerne les sorties récentes et internationales qui m’avaient tapé dans l’oreille et que j’avais hâte de pouvoir contempler live : du power-violence de Zulu au black de Belphegor en coupant par le post-hardcore de LLNN ou à la poésie d’Helms Alee. La besace à souvenirs est ma foi bien remplie. Ce fut aussi l’occasion de faire de bonnes découvertes ( je pense ici à Peter Pan Speedrock ou Soul Glo), mais aussi de moins bonnes ; je ne reviendrai pas spécialement dessus, ce sont les aléas de tous festival.

 

Ces quatre jours se sont donc placés sous le signe de la qualité, du plaisir et de la découverte, aussi hasardeuse fût elle, ce qui nous pousse, bien entendu, à attendre l’édition 2024 avec impatience.

 

 

photo de Vincent Bouvier
le 16/08/2023

15 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 18/08/2023 à 07:29:47

Chouette report ! Juste un petit mot pour dire que la photo de Hierophant ne passe pas a priori...

Xuaterc

Xuaterc le 18/08/2023 à 08:48:05

Excellent report, varié à souhait, merci mec.

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 18/08/2023 à 23:31:44

Merci les gars!

(@lapin: merci de la remarque, je m'en occupe dès mon retour du Motoc')

Freaks

Freaks le 19/08/2023 à 08:10:45

Merci pour le report Nounours.. Très cool!
Juste pour Puciato, je crois n'avoir jamais phasé sur aucun de ses sides project.. Quand bien même la qualité du chant et le charisme du p'tit nerveux ;)
Vraiment dommage pour le son de Svalbard :( 
Bref! Cimer! Ça a dû être intense pour plein de raisons..
Bon motocult!

el gep

el gep le 19/08/2023 à 09:43:10

Oui, oui, cool report, mais bon tu fais preuve de très mauvais goût en faisant l'impasse sur les Melvins et Fishbone et... Birds In Row (hou-hou! yeach! lol!).

Moland

Moland le 19/08/2023 à 09:58:34

Melvins c'est pour moi haha. 
Birds in Row, en revanche, ont annulé leur participation. Au bénéfice de Dvne

el gep

el gep le 19/08/2023 à 10:32:04

Oui je sais pour Birds In Row, c'était une blagounette (nulle).
Cool pour les Meulhvins !

Moland

Moland le 20/08/2023 à 17:15:11

El Gep, en parlant des Melvins, t'aurais pas chroniqué leur dernier album, qui figure dans mon top2022 ?

el gep

el gep le 20/08/2023 à 17:58:21

Béh non, je ne chronique plus, ou juste pour rire.
En fait, je ne l'ai pas, je l'ai écouté une seule fois sur youtube, comme ça il avait l'air bien, on ne le trouve pas à un tarif acceptable (frais de ports depuis les US), pas de distribution européenne aux dernières nouvelles (pas sorti chez Ipecac comme d'hab', mais chez Amphetamine Reptile, comme d'hab' pour les sorties annexes, disons).
Donc voilà, ça m'a bien fait chier alors pour l'instant pas de chronique, non.
Mais si tu te sens d'écrire le chapitre, hum, 67, t'as le droit, hein, dis ?

Moland

Moland le 20/08/2023 à 18:06:52

Dommache... je ne l'ai qu'en version numérique mais j'adeure. En revanche, je ne suis pas un exégète du groupe comme toi alors je ne m'y risquerai pas. Et j'ai une todolist longue comme le titre de 45 minutes dans le dernier album de Swans. Dommache,  donc, ça m'aurait intéressé de te lire à ce sujet. 

el gep

el gep le 20/08/2023 à 18:16:34

Bah un jour peut-être...
Sinon je ne me rappelais pas l'avoir vu dans ton top 2022 et j'ai vérifié, non. coquin, va !
Il doit être dans ton top officieux ou dans ton top 50 j'imagine.
J'ai des potes qui les ont vus au printemps, à part des soucis de son indépendants de la volonté des Melvins, ça avait l'air chouette cette tournée, malgré un bassiste qui en énerve plus d'un avec son attitude too much.
Musicalement, de toutes manières, j'ai beau me taper des vidéos de concerts de toutes époques, j'ai bien du mal à les imaginer faire un mauvais concert, c'est assez hallucinant niveau constance de qualité. Pis la seule fois où je les ai vus où c'était pas terrible, c'était juste à cause de la sonorisation, avec un bon, c'était sûr que ça niquait tout, comme d'hab'.

Moland

Moland le 20/08/2023 à 19:51:07

Mon top chez COREandCO est tronqué. Le top complet est sur mon Facebook. 
Je ne les ai vus qu'une fois. Cette année au Hellfest. Et ce fut l'un des meilleurs de cette édition. Le bassiste, moi, il m'éclate et c'est du pain béni pour les photos. 

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 21/08/2023 à 10:40:00

Blackbraid n'a aucune velléité shamano-spiritruelle, c'est probablement pour ça.
Nostromo metalcore ? Clairement pas du tout.
Pour Zulu : pas surpris

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 21/08/2023 à 10:41:14

Et Peter Pan is alive ? Trop bien !

Moland

Moland le 21/08/2023 à 20:21:31

El Gep : mon vrai top2022. Avec Melvins dedans.
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=pfbid0K28TPE8mMnJDVbv5p2fsHDMD5LECztZvCS8RxJeaDeNJRLWVF7pqc4fRLe9ZYeDLl&id=588413861

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