HELLFEST 2023 - Le week-end de Moland

HELLFEST 2023 Le week-end de Moland (dossier)
 

 

Après une double édition historique et tonitruante, histoire d’enterrer la pandémie en grandes pompes, retour à la normale en 2023 pour le Hellfest. Quoique. On hérite tout de même d’une demie-journée bonus, de quoi ajouter quelques noms alléchants pour donner tort aux esprits chagrins qui ne parviennent pas à lire entre les lignes de la programmation pour en extraire ses qualités. Du reste, nous ne parlerons pas ici des polémiques qui ont défrayé la chronique, à juste titre, mais nous nous en tiendrons à la musique et aux aménagements fort notables sur le site, comme le festival a coutume d’en apporter chaque année. Adonc, sur le plan de la programmation, les détracteurs, les mêmes qui critiquent le festival quand il met en vente ses pass avant même la 1e annonce de son affiche, allant jusqu’à dire que ledit festival prend les gens pour des cons (sic) mais qui se placent parmi les 1e à acheter leur billet pour l’édition suivante du Roadburn, à peine celui-ci ayant refermé ses portes, oublient que 2023 nous aura régalés avec des groupes comme BotchMelvinsToday is the DayAmenraDozerHelms AleeWeedeaterFull of HellPrimitive ManCandyNostromoDvnePusciferKing BuffaloVoivodMeshuggah, voire Iron Maiden, au rayon des têtes d’affiche à ne pas bouder qui valent tous les Metallica du monde… Nous reviendrons dans le détail de ce menu fort alléchant…

 

Au rayon des nouveautés sur le site, impossible de passer à côté du Sanctuary, imposante bâtisse construite sur le modèle d’un temple grec, sur l’ancien emplacement de la Valley. Censée désengorger les longues files d’attente aux stands de merch officiels, il aura au contraire généré une affluence monstrueuse durant quasiment 3 jours, jusqu’à épuisement des stocks. A titre perso, j’y renouvelle ma casquette militaire, mais cette année, je ferai l’impasse, découragé par la foule. Si le Sanctuary a poussé de terre, c’est donc pour expatrier la Valley, loin dans l’enclave occupée par la Warzone. Si celle-ci n’a pas bougé d’un pouce, elle se retrouve en face de la scène dévolue au stoner, au post-metal et au post-hardcore, la statue de Lemmy marquant la frontière entre les 2 ambiances, dominant l’ensemble avec ses volutes de nicotine nonchalante. La nouvelle Valley présente une différence notable : auparavant couverte et plutôt dans une configuration en longueur, elle se retrouve à présent en plein air et davantage en largeur. Si le son général reste plus que correct, en journée, certains shows pâtiront de la lumière du soleil, sachant que les genres musicaux qui sévissent sous la Valley, d’ordinaire, se prêtent volontiers à une ambiance confinée propice à l’introspection et à la transe. M’est avis que ce schéma sera appelé à évoluer dans les années futures. Non loin de la Valley, un peu en retrait, voire caché des regards, se dresse une œuvre monumentale tout droit venue du Burning Man : la Roue de Charon, créée par Peter Hudson. Celle-ci entame une tournée européenne qui passe donc par Clisson. La roue tire son nom du passeur de la mythologie grecque qui assure la traversée du Styx aux âmes des morts. Actionnée par des cordes que les festivaliers sont invités à actionner, au prix de colossaux efforts, elle tourne et fait ainsi défiler les squelettes chacun dans une position du rameur dont le mouvement se trouve décomposé par autant de ses répliques. A la nuit tombée, des lumières stroboscopiques éclairent les squelettes, et lorsqu’on fixe son regard sur le même point, on voit alors Charon prendre vie et ramer, littéralement. Impressionnant.

 

 

Jour 1

 

 

La journée bonus de cette édition se résume en réalité en une demi-journée, puisque le festival lance les hostilités à 16h30 au lieu de 10h30 pour les jours suivants. Première curiosité : Blackbraid, groupe de black metal amérindien très en vogue parmi les blackeux. Sans révolutionner le genre, ni sombrer dans les revendications politiques qui pourraient servir à se vendre davantage, le groupe délivre une musique fort plaisante, tout en hargne et en puissance. Comme souvent pour les groupes ouvrant le bal, celui-ci ne bénéficie, hélas, que de 40 minutes à peine pour chauffer le public. Il mériterait de revenir sur nos terres pour un set plus conséquent. Mais on remerciera le Hellfest de nous avoir permis de le découvrir en live. Car c’est aussi ça, le Hellfest : donner une tribune à des groupes qu’on n’a pas forcément l’occasion de voir ailleurs la même année.

 

Cette première journée, en guise de mise en bouche, nous réserve néanmoins de grands noms, comme les vétérans de Today is the Day. Noise rock mythique, donc, pour inaugurer nos premiers pas devant la scène de la Valley. Steve Austin semble heureux de se retrouver sur ces planches et montre qu’il n’a rien perdu de sa puissance créatrice. Malheureusement, une panne d’électricité interrompt la prestation, et en observant les mimiques des techniciens échangées avec les musiciens, rien ne laisse espérer une reprise dudit concert. C’est donc la mort dans l’âme que je translate à la Warzone voisine pour découvrir les éructations revanchardes et potaches de Poésie Zéro qui aligne au gré de titres à l’esprit punk les piques lancées contre à peu près la Terre entière : tout le monde en prend pour son grade. Le public lui-même, le Hellfest qui « ose programmer Johnny Depp et Machine Gun Kelly »… Le second degré reste de mise, même si le 1e sourd derrière. Entre-temps, la bande à Steve Austin aura finalement retrouvé les faveurs de la Fée Electricité pour reprendre là où elle en était et ainsi terminer son set.

 

En bon militant pour l’indépendance de la République démocratique socialiste de la Valley libre, nous squattons les lieux pour nous délecter de sa programmation de bon aloi. Jugez plutôt : les Ecossais de Dvne sortent du banc de touche, remplaçant une défection pour notre plus grand bonheur. Chez CoreandCo, nous avons eu le plaisir de chroniquer leurs 2 premiers albums et d’interviewer Victor, le Frenchy de la bande, alors autant dire qu’on comptait parmi le public conquis d’avance. Même si le set aurait gagné en puissance et en émotions s’il avait été prévu en soirée (c’est là qu’on commence à voir les limites d’une Valley à ciel ouvert), il se montre convainquant, le groupe enchaînant les morceaux de bravoure de son post-metal progressif. C’est à la nuit tombée que cette 1e journée s’achèvera avec un monumental show des Belges d’Amenra. Pour quiconque a déjà assisté à un concert du groupe, rien de nouveau. Colin commence habillé pour finir torse nu, la plupart du temps dos au public, littéralement en transe. Toute la douleur introspective suintant de son corps aussi expressif que son chant torturé. Rien de nouveau, donc, mais toujours cette force dans la performance qui emporte un public en parfaite communion avec le groupe.

 

 

Jour 2

 

 

Ce vendredi se place sous le signe d’un marathon entre la Valley et l’Altar, la scène dévolue au death metal, au metal core et autres genres qui déchaussent les molaires et brisent les os. Nous commençons avec les Danois de LLNN, qui nous ont accordé une interview fort ludique, notamment en évoquant l’origine de leur nom, une histoire abracadabrantesque autour du jeu vidéo Doom. Forts de leur nouveau chanteur, Victor Kaas (aucun lien de parenté connu avec Patricia) qui, derrière ses allures d’étudiant sage, se montre complètement habité par une folle sauvagerie, ils nous rappellent que leur dernier album en date, Unmaker, est une pure merveille de post-hardcore industriel qui s’appuie sur des samples expérimentaux autour desquels les titres gagnent en dimension organique sur scène.

 

Avec le souvenir de leur passage au Roadburn, quelques semaines auparavant, nous enchaînons avec Candy et l’ultraviolence de leur musique, emmenée par un chanteur lui aussi en lâcher prise, dans un autre genre de langage du corps. Curieusement, alors que le groupe avait remporté notre label de la bagarre en terre batave, leur concert semble plus sage, toutes proportions gardées. La faute à l’effet de surprise au Roadburn ? Le plaisir de les retrouver n’en demeure pas moins intense. Retour à la Valley pour découvrir pour la 1e en live Helms Alee et leur noise rock de bon aloi. De toute façon, un groupe comptant dans ses rangs une batteuse ne peut pas décevoir. Il s’agit là d’une loi universelle qui ne souffre aucune discussion. La série continue avec les Helvètes de Nostromo qui offrent un show généreux qui fera bouillonner la fosse. Aucun répit, alors que l’après-midi commence, avec Primitive Man qui enterre la Valley sous une chape de plomb. La règle des 3L prend vie sur la scène : long, lourd, lent. Pour le coup, qu’importe que le concert soit programmé en journée, la chaleur ambiante participe de l’atmosphère étouffante que le groupe crée à base de riffs aussi puissants et dévastateurs qu’un rouleau compresseur. Le groupe a signé une collaboration avec un autre groupe tout aussi puissant, dans un autre genre, plus sauvage : Full of Hell. Ça tombe bien, celui-ci se produit juste après dans l’ombre de l’Altar. Pour le coup, c’est ce groupe qui remporte la médaille de la bagarre. De la folie pure, ce mélange de grind, de death et de noise, emmené par un Dylan Walker possédé, aux yeux exorbités par la sauvagerie qui sort de ses entrailles et dont il éclabousse le public en virevoltant aux quatre coins de la scène. Zéro temps mort, aucun répit, l’ultra violence de leur musique saisit le public par les tripes et joue allègrement à la corde à sauter avec. En comparaison, Der Weg Einer Freiheit, dans la Temple voisine, paraissent bien sages. Ce jour-là, la lourdeur et les kilos de gras, on les trouve à la Valley. Weedeater nous gratifient d’un show savoureusement sale, Dave Collins, le chanteur bassiste (tenant son instrument à la verticale) aux allures de redneck aviné menaçant le public de sa folie déjantée, jouant avec une bouteille de whisky, distribuant les doigts d’honneur complices tout en assenant des riffs aussi lourds que tranchants. Jouissance totale.

 

Avant l’apothéose de cette journée magnifique, on calme le jeu avec Greg Puciato, ex chanteur de The Dillinger Escape Plan, en mode plus mélodique et plus sage que ce qu’il servait au sein du groupe dont on se souvient encore de l’ultime passage au Hellfest, puis avec les vétérans de Def Leppard, sur la mainstage, qui alignent les tubes d’albums sortis entre 1981 et 2022 avec une maîtrise qui force le respect, de Love bites à Rock of ages, en passant par Hysteria et l’hymne Pour some sugar on me… Et donc, nous achevons cette journée avec la cerise sur le gâteau : le grand retour des mythiques papes du metalcore Botch qui, derrière leurs allures de profs de fac, délivrent un concert absolument fabuleux, généreux en diable, 23 ans après leur dernier passage en France. Un événement en soi, qui suffit à lui seul à conférer à ce millésime 2023 un caractère exceptionnel. Pour que cette journée soit parfaite, il fallait donc slalomer entre les concerts de Machine Gun Kelly, de Mötley Crüe (il paraît qu’on a assisté à un désastre en règle) ou encore Sum 41.

 

 

Jour 3

 

 

La journée commence avec notre fameuse interview de LLNN. Les bougres nous parlent de Eyes, formation dans laquelle officient les bassiste et chanteur du groupe. Ils se montrent excités comme des acariens au salon de la moquette, puisque, initialement prévus sur la petite scène située en dehors du site des principales scènes, dans la Hellcity Square, ils ont appris que, remplaçant Mindforce, ils se retrouvent surclassés dans la Warzone. On regrettera juste que cet entretien nous ait privé de la prestation de Decasia, excellent groupe de stoner. Notre marathon commence avec les Californiens de Zulu qui doivent bien cacher leur frustration de ne bénéficier que de 30 minutes pour faire gigoter la horde de la Warzone. Autre frustration : celle de voir King Buffalo qui nous ont régalés l’an passé de plusieurs excellents albums de stoner progressif programmés aussi tôt en journée, le soleil de la Valley ne jouant pas en leur faveur pour envoyer le public tutoyer l’infini. Tout sourire dehors derrière sa longue barbe, Kirk Windstein emporte le même public avec le sludge légendaire de Crowbar, avant qu’on aille se prendre la mandale du jour, distribuée par Eyes, donc. Le contraste est saisissant, entre les looks d’étudiants des musiciens, du bassiste, stoïque, au chanteur Victor, dont les pantomimes possédées rappelant celles d’un certain Ian Curtis, dans une veine plus azimutée, emporte tout sur leur passage, en passant par le bassiste de LLNN ici officiant à la gratte, et l’énergie déployée sur scène. Assurément la découverte live du jour, voire de toute l’édition 2023 du Hellfest. On ne remerciera jamais assez la défection de Mindforce qui aura permis au groupe de se produire dans des conditions optimales sur la scène de la Warzone.

 

Avant de revenir devant nos scènes favorites, nous nous devons d’aller traîner nos guêtres du côté des mainstages, car aujourd’hui s’y produisent des groupes absolument incontournables. A commencer par la bande à Maynard James Keenan : Puscifer. Le frontman charismatique de Tool, l’un des 5 meilleurs groupes de toute l’histoire du bricolage, justifie sa présence ici : ouais, spa du metal, ce qu’on vous propose, mais OSEF, on est là. Du reste, si moult festivaliers sortiront de ce concert absolument pas conquis ni par la mise en scène du show ni par sa musique, nous nous délectons, pour notre part, de ce concert tant attendu, restituant en live moult titres du dernier chef d’oeuvre en date du groupe : Existential Reckoning, l’un des meilleurs albums de 2020, tous genres confondus, construit autour d’une sombre histoire d’enlèvements par des extra-terrestres. Des Ovnis, donc, pour un concert lui-même en forme d’ovni au milieu du reste de la programmation. Force est d’admettre que de toute façon, Puscifer est un groupe unique, à part, incomparable, qui, fatalement, dénote avec tout autre. On se souvient de son dernier passage au Hellfest. Le groupe était alors baigné dans une esthétique de catch mexicain. C’était déjà bien loufoque. Ici, des agents du gouvernement en costard cravate entament des chorégraphies improbables avec MJK et Carina Round, l’envoûtante chanteuse du groupe. La setlist fait la part belle au dernier album, véritable manifestation de l’élégance du cynisme, celui avec lequel le groupe pose un regard désabusé sur l’état du monde post pandémie. Le groupe se montrant rare en Europe, n’en déplaise aux esprits chagrins, sa présence au Hellfest relevait de l’événement à ne pas manquer.

 

Contrairement à ce concert, que nous avons mitraillé en long et en large sous toutes les coutures, des quatre concerts suivants, vous n’aurez aucune image. Tout d’abord, je me place dans la file d’attente des photographes pour le show suivant, celui de Arch Enemy. Lorsque la vague dans laquelle je me situe se voit enfin autorisée à aller devant la scène, un responsable de l’organisation nous enjoint de rebrousser chemin, les 3 premiers titres du concert ayant été joués… Frustration, donc… De quoi nous échauder. D’autant qu’il s’agit de trouver un spot acceptable pour assister dans de relatives bonnes conditions au concert de la tête d’affiche du jour : Iron Maiden. Le trouver et ne plus en bouger, et donc, assister aux concerts précédents sans les shooter. Après Arch Enemy qui fait du Arch Enemy, c’est au tour de Porcupine Tree de prendre possession des mainstages, laissant sur le carreau, tout comme Puscifer, une grande partie du public. Trop lisse, trop sage, spa du metal…

 

Pour notre part, quitte à ne pas pouvoir les immortaliser, autant s’asseoir sur l’herbe, lever les yeux au ciel et entrer en communion avec les éléments. D’où on puisera la force de subir le groupe suivant : Pouvoirloup. Le groupe grimé comme pour une comédie musicale de kermesse de collège possède son public, dont on ne fait pas partie. Qu’importe, subir ses riffs insipides et ses mélodies dispensables relève du mal nécessaire pour pouvoir frissonner aux premières notes de Caught somewhere in time. C’est que pour ce grand retour au Hellfest, la bande à Eddie the ‘Ead a concocté une setlist privilégiant les titres de son chef d’oeuvre sorti en 1986. Msieudames : Iron Maiden, donc. Pour qui a déjà vu sur scène la Dame de Fer, pas de surprise, on sait à quoi s’attendre : en l’occurrence, du grand spectacle, de l’énergie intacte, une générosité à tous les postes, et des tubes à la pelle. Alors oui, Janick Gers laisse toujours l’impression d’effectuer ses exercices d’aérobic, oui, Nicko McBrain zappe des roulements et autres breaks, se contentant de marquer le tempo, lui-même globalement ralenti sur la plupart des titres, oui, Adrian Smith interrompt en cours de route un de ses soli, non, on n’aura pas droit au drapeau britannique sur le classique The Trooper, mais dans l’ensemble, la bande à Steve Harris a encore de quoi impressionner. Bruce Dickinson, dans un français impeccable, aligne les saillies en présentant les chansons, parfois se perdant dans des délires avec la langue, témoin cette improbable association d’idées : « Sea of madness. madness, founess, Louis de Funes, Fantomas ! » C’est que malgré le poids des années, le groupe donne encore l’impression de s’amuser sur scène et fort d’un répertoire pléthorique, il peut, au gré des tournées, jongler avec les titres les plus emblématiques de sa carrière ou ressortir du placard des monuments oubliés. C’est ainsi que, sous le signe de Somewhere in Time, nous avons droit aux versions live de Stranger in a strange land et sa ligne de basse groovy en diable, Heaven can wait et ses hohohoooo taillés pour être repris en choeur par la foule en délire, Wasted years ou encore l’épique Alexander the Great, le tout au milieu de classiques comme The TrooperFear of the dark ou Iron Maiden et d’extraits du dernier album en date (chronique ultime chez CoreandCo) qui passent très bien l’épreuve du live : The Writing on the wallDeath of the Celts ou encore Days of future past… Pas le concert le plus réussi de Maiden, le groupe que j’ai du voir le plus de fois dans ma vie, mais une setlist de toute beauté qui confirme que le groupe peut encore justifier sa place parmi les plus grands.

 

Alors que les Canadiens de Voivod (autre groupe dont la présence au Hellfest contribue à ériger cette édition au rang de millésime de qualité) s’illustrent dans un show de toute beauté, alignant des monuments (mais tous leurs titres n’en sont-ils pas?) de leur répertoire comme Killing technologyMacrosolutions to megaproblems, ou encore Trashing rage, dans un Altar scandaleusement et criminellement à demi rempli, une masse impressionnante de festivaliers se presse dans et aux abords de la scène attenante, la Temple, en vue du concert suivant des Mongols de The Hu. Impossible de circuler dans le périmètre, ça déborde jusque dans l’Altar. C’est en jouant des coudes qu’on se fraie un chemin vers la Valley pour aller danser avec Clutch et la chaude voix du charismatique Neil Fallon. On terminera la soirée avec les papes du djent : Meshuggah. Alors que le concert commence, devant une foule compacte, la file des photographes ne bouge pas d’un pouce, la sécurité ne semblant pas encline à céder le passage. Plusieurs titres s’enchaînent sans qu’on sache s’il convient d’attendre, inconfortablement installés dans le passage, tandis que la salle semble vouloir imploser en accueillant toujours davantage de monde, ou s’il vaut mieux pas laisser tomber pour s’engouffrer dans la mêlée et ainsi mieux apprécier le spectacle. Finalement, tandis que certains confrères jettent l’éponge, on nous laisse nous glisser dans le pit photo juste le temps d’une chanson. Avec leurs éclairages tout en contre-jour, autant dire que tirer des clichés exploitables en si peu de temps relève du défi… Ce qui n’enlève rien au plaisir d’assister audit concert. Meshuggah en live, c’est la leçon, la claque, la master class. Belle façon de clore cette journée.

 

 

Jour 4

 

 

Nous le savions depuis l’édition de l’an passé, qui nous aura fait vivre une météo de tous les extrêmes, de la canicule au déluge, nous préférons la chaleur à la pluie. Ce matin du dernier jour, cette dernière s’invite à la fête, et c’est ainsi que nous zappons moult groupes qui faisaient mentir les esprits chagrins sur la prétendue pauvreté de l’affiche : Doodseskader (avec le bassiste d’Amenra dans ses rangs), WolvennestEmpire State Bastard (avec du Dave Lombardo dedans), EndTreponem Pal ou encore Halestorm… Notre journée commence avec un choix qui s’accompagne d’un renoncement : préférer le stoner énergique et mélodique de Dozer au post-punk de She Past Away. Grand bien nous en a pris : les Suédois mettent l’accent sur les titres catchy de leur dernier album, assurément un des meilleurs du genre sortis en 2023, qu’on retrouvera dans mon top de fin d’année. Ceux-ci passent très bien l’épreuve du live. De Ex-human now beast et son refrain accrocheur à Mutation/Transformation qui ouvre l’album mais sonne comme une fin de concert (ça tombe bien, celui-ci clôt judicieusement ledit concert) avec son final dantesque, en passant par Dust for blood et son riff entêtant et son groove dansant, le groupe séduit son auditoire et l’emporte avec lui dans sa farandole de fuzz musclé.

 

Petite incursion à la Temple pour découvrir en live une des formations du prolifique Mat McNerney (CodeHexvesselDodheimsgard) ici dans une veine post-punk virile : Grave Pleasures. J’avoue avoir mis du temps à entrer dans ce concert, tout en étant conscient de sa qualité, mais il me semblait qu’il montait lentement en puissance. Au final, belle découverte mais qui ne me laisse un goût de reviens-y. C’est de loin qu’on assiste au concert de Dance with the Dead dont la musique s’inspire des films d’horreur, dans une dynamique technique et pêchue fort bien maîtrisée. Petit passage au concert de Rise of the North Star, non pas pour le groupe, qui nous laisse de marbre, mais pour l’ambiance si particulière de la Warzone, histoire de glaner quelques clichés de crowdsurfers. Il est alors temps d’aller se prendre sa monumentale fessée de la journée. Nous avions prévu de n’en voir qu’un bout, histoire de pouvoir enchaîner avec soit Slipknot, soit Testament, 2 valeurs sûres en live, (nous zappons Pantera, visiblement l’événement de cette édition : nous appartenons à cette partie du public qui n’a jamais compris la hype autour de ce groupe), mais ils nous ont happés : ils, c’est les Melvins. Une setlist riche de 16 titres à la fois puissants, psychédéliques et enfiévrés, avec au milieu 2 reprises d’Alice Cooper (Second coming et Ballad of Dwight Fry) et une de Flipper (Sacrifice). Buzz et son inénarrable tignasse fait pleurer sa guitare, tandis que Steven Shane McDonald, tout en élégance dans son costume rouge, multiplie les poses lascives quand il ne bondit pas dans les airs. Ça serpente avec une souplesse reptilienne, ça rampe avec la lourdeur des enfers, ça transpire par tous les pores : le concert se gorge de sexitude et envoûte jusqu’à la dernière note.

 

Après un tel déferlement de plaisir, impossible d’enchaîner, on tient là le point final idoine de cette magnifique édition d’un Hellfest qu’on aurait pu croire en demie-teinte mais qui a livré son lot de jouissance auditive et visuelle. Alors, quand la vente des pass pour l’édition 2024 sera ouverte à nouveau, on foncera les yeux fermés. Comme d’habitude.  

 

 

photo de Pidji
le 27/09/2023

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