Huata - Interview du 01/04/2012

Huata (interview)
 

Quand j'ai écouté votre album ma première réaction c'est merde c'est moins stoner, tain il sonne même carrément doom-trad par moment... Puis tiens on avait demandé du chant clair on en a, on a demandé de l'orgue on en a. C'est pour nous faire plaisir ?

La direction musicale que nous choisissons est absolument indépendante de l'avis du public. Le fait qu'ils apprécient la musique que nous jouons pour nous-même à la base n'en est que, je pense, plus sincère de leur part. Et le fait que le style que nous pratiquons actuellement soit considéré "en vogue" n'a strictement rien à voir avec une quelconque intention de notre part de nous fourvoyer pour attirer un public. Les disciples d’Huata ont tous un passé musical prononcé pour ce style qui remonte à plus loin que le début de cette "vogue". Nous avions envie de créer Huata avec cette idée d’identité, cette direction musicale. Cela n'a pas plu à certains impies aujourd'hui partis pour aller jouer de la pop ou du post rock, ou encore du hardcore moderne, soit des styles bien plus en vogue et médiatisés justement que le nôtre.

 

Pourquoi avoir choisi une orientation plus traditionnelle ?

Nous ne trouvons pas en fait que notre orientation soit traditionnelle musicalement parlant, à moins que tu ne parles de l'aspect "vintage". Une partie de nos influences sont tirées en effet du vieux rock des années 60-70, comme pour beaucoup de groupes actuels finalement : Black Sabbath, Led Zeppelin, Magma, Coven, Black Widow etc. Mais n’ayant pas vécu cette époque et cette genèse, cette effervescence de la musique électrique nous ne pouvons pas réellement nous identifier à celle-ci. D'une certaine manière, nous ne considérons pas que notre orientation artistique soit traditionnelle ni même actuelle, nous observons ainsi le passé en lui donnant la puissance qu’il mérite grâce aux moyens techniques et à l’esthétique d’aujourd’hui.

 

Et aux grincheux comme moi qui sont déçus du côté stoner/doom moins prononcé vous leurs répondez quoi ?

Eh bien, il n'est pas dit que nous ne souhaitions pas y revenir. Nous avons à présent une idée musicale que nous souhaitons approfondir afin d’aboutir au maximum toute la potentialité de certains aspects de notre son. Cette idée semble pour nous être le cœur de l'identité du projet que nous avons en ce moment, ou du moins c’est notre perspective actuelle sur l’esthétique de notre musique. Ce n'est cependant pas une identité qui se doit de rester cloîtrée dans le cocon d'un seul style, ni de ne jamais y revenir. Et avec un peu de recul, la "gamme" de styles que nous reconnaissons dans ce que l'on joue ont des liens de parenté non négligeables, et qui offre une musique qui nous paraît abondamment variée finalement, tout en restant cohérente.

 

D'ailleurs chez vous les compositions ça ce fait comment ?

La quasi-totalité d'Atavist of Mann a été composée à deux, à la suite de l’EP qui a vraiment soudé le cœur d’Huata : Ronan et Benjamin. Quand nous avons commencé à retrouver un line-up l’album était déjà bien entamé, et Alexis l'a adapté à la batterie facilement. Il ne nous restait plus qu’a mettre en place les morceaux et à en travailler les structures en répète. Pour les paroles de l’album nous avions des thèmes que nous souhaitions exploiter et Benjamin en a écrit la quasi-totalité en collaboration avec Ronan une fois les morceaux composés. Seul « Lords Of The Flame » a été composé suivant la structure du récit.

 

Pour quelle raisons il y a une reprise à  la fin du disque ? Et pourquoi avoir choisi  Black Sabbath de Coven (et pas quelque chose de plus connu)?

Tu es le premier à faire mention de cette reprise figures-toi ! Pour l’anecdote durant l’enregistrement d’Open The Gates Of Shambhala, nous écoutions ce morceau et avions imaginé une façon de le jouer en Doom, ou en tout cas de le réadapter à notre manière. Nous apprécions l'idée de reprendre des morceaux des années 60-70 en les adaptant à notre style et a notre époque, souvent en ralentissant le tempo, la tonalité, etc. Ceci a, à notre sens plus de pertinence et d’intérêt que de reprendre du Black Sabbath ou du Electric Wizard par exemple, puisque ces groupes présentent déjà une esthétique commune avec Huata.

 

Il n'y a pas eu de problème à  enregistrer ce titre ? Notamment pour les droits d'auteurs, ou une certaine réticence du groupe concerné ?

Nous avons tenté de contacter Jinx Dawson pour les royalties concernant Coven, mais elle ne nous a pas répondu. Nous avons donc publié notre album en marquant sur l'album que nous lui reconnaissions la composition du morceau original.

 

Si oui comment Coven à  réagit à  votre reprise ?

Si un jour Jinx Dawson réagit par rapport à cette reprise, nous serions ravi de lui reconnaître les droits lui revenant, et de lui donner ce qui lui sera dû, si elle le demande. Si nous avons repris ce morceau, c'est bien parce que la musique de Coven nous plaît. Nous ne pouvons donc que les en remercier.

 

En concert Jouez-vous des reprises ?

Pas pour le moment.

 

La stabilisation du line-up ça vous apporte quoi ?

La même chose qu'à tous les groupes qui fonctionnent, je suppose, on peut compter sur chacun. Depuis le départ de l’ancien guitariste par exemple nous n’avons jamais fait autant de concerts et eu autant d’opportunités de jouer et de nous exporter.

 

Vous sortez Atavist of Mann chez De Arte Magica (groupement de cinq distro/label) quelles en sont les raisons ? Une version cd est-elle prévue ?

La première raison est bien entendue financière, sortir 500 doubles vinyles coûte un bras et un seul label indé n'aurait pas pu investir autant d'un coup pour un petit groupe comme nous. Nous avons donc démarché autant de labels que possible pour arriver à  nos fins et au final c'est une bonne chose pour la diffusion en Europe de notre musique (Angleterre, Autriche, Espagne et France) Il y a bien une version CD de prévue (en digipack via De Arte Magica et en boitier cristal pour les shop d’Angleterre via Mordgrimm), on l'attend avec impatience !

 

C'est pas un peu compliqué cette histoire de De Arte Magica  à  gérer pour les labels ?

En fait, les labels ont géré le minimum dans l'histoire, c'est nous qui avons chapeauté tout ça pour la sortie d’Atavist Of Mann et il faut avouer que ce n'est pas notre rôle (ne serait-ce que par manque d'expérience déjà) ce qui nous a par exemple coûté un plan foireux pour le pressage du LP (beaucoup de retard, le prix du devis qui augmente d'une centaine d'euros en quelques mois, etc.) car nous ne savions pas trop comment gérer tout ça. On espère trouver un gros label un de ces quatre qui pourra s'occuper de toute la partie technique du processus car nous avons perdu beaucoup d'énergie à  coordonner la sortie du LP et honnêtement nous en sommes assez fatigués et n'avons plus envie de nous occuper de cet aspect.

 

Quelles sont les raisons qui poussent un groupe en 2012 à  sortir des k7 ?

L'objet avant tout qui permet d'élaborer un package spécifique qui colle parfaitement à  Huata et ce pour un moindre coût. Ce n'est pas du tout une question d'être "true", c'est juste que le format se prête bien au type d'objets que nous avons envie de présenter à  notre public: fait main, chiadés et qui correspond à notre univers. Merci ZZP !

 

Ca fait deux sorties que vous mettez des nana à  poil sur vos pochette pourquoi ? Et vous changez de modèle ? Sont-elles consentantes ou vous les droguez pour qu'elles oublient ?

Concernant la première sortie, les photos qui nous servit ont été récupéré de séries de photos des rituels d’Alex Sanders prise en 1966, mais pour Atavist Of Mann nous souhaitions faire nous même ces clichés et avons eu de la chance de trouver notre modèle. On peut déjà vous promettre qu’il y en aura plus sur le prochain ! En tout cas ce n'est ni par misogynie ou par perversion que nous usons de femmes nues, d'un côté l'imagerie occulto-porno des années 70 apporte caractère et kitch à l’identité visuelle du groupe et ensuite la symbolique de la femme renvoie à  la fécondité, à  la nature et globalement à  une forme de vénération ancestrale pour ne pas dire païenne de la pérennité des valeurs transmises de façon ataviques.

 

Qui lit/regarde des revues russo-érotico-ésotérique dans le groupe ? et dans quel but ?

En fait il s'agirait plutôt de livres traitant de sujets tels que l'occultisme, l'ésotérisme, la mythologie, la doctrine secrète, la magie et la cosmogonie. Ces livres remontent souvent aux années 50 à 70 et sont écrits de manière hallucinée et recoupent plusieurs croyances pour les synthétiser. Nous sommes très inspirés par ces récits et écrits pseudo-scientifiques pour fonder notre propre doctrine et alimenter nos textes. Par contre c’est plus du côté du cinéma que l’aspect sf-érotico-occulte 70’s se retrouve dans nos inspirations, comme les œuvres d’Alejandro Jodorowski par exemple.

 

KKP, des potes à  poil en photo, des potes derrières l'objectif, traitement de l'image par un membre du groupe ; c'est important pour vous de rester en petit comité ? ou c'est par manque de moyen ?

Eh bien c'est avant tout parce que nous apprécions de travailler ensemble dans cette direction que nous restons en petit comité. Puisque nous pouvons travailler correctement et arriver à fonctionner entre connaissances, et au passage économiser des efforts et de l’argent, c'est très bien ainsi. Même si nous ne sommes pas contre un élargissement de nos contacts afin d’apporter des sensibilités différentes et complémentaires à l’élaboration artistique d’Huata, le fait de travailler de l’intérieur permet d’une un contrôle total sur ce processus et de deux de cibler au mieux les besoins esthétiques du projet.

 

L'ambiance, la chaleur qui règne entre nous est importante par dessus tout pour la cohésion et le respect de l'idée artistique de chacun.

 

La mise en scène c'est important pour vous (les bures, satan, et tout le cirque) ?

J'ai envie de dire, pourquoi parler d'un cirque quand chacun de nous vit perpétuellement dans un zoo ! Oui la mise en scène est importante, le fait de rentrer dans le costume nous permet de rentrer dans le concert, et donc dans la messe. Lorsque nous jouons, nous sommes vus, et nous ne sommes pas là pour afficher notre visage, nous voulons que cet aspect d'égo soit dépassé par l'imaginaire du spectateur.

 

Notre choix de porter des bures a été souvent critiqué et parfois avec un grand sens de l'objectivité et de façon très constructive. Mais si la musique importe avant tout, il n'en reste pas moins que l'aspect scénique et le contenu lyrique en sont indissociable.

 

Vous avez joué au Roadburn, parlez nous un peu de ça, et comment vous en êtes arrivé là  ?

C’est grâce à Fernando de l’association Bloodrites qui, après avoir été contacté par Jaap, l'organisateur du Mudfest en hollande à propos d’Haxo un side project de Kris lui a cité Mars Red Sky, Year Of No Light et Huata comme meilleurs groupes français de doom et affiliés. Sur ce nous avons été invité et Walter, l'organisateur du Roaburn était présent le jour de notre prestation en tant que DJ pendant les changements de plateaux.

 

Apparemment il n'avait pas encore entendu parler de nous, et il avait hâte d'écouter notre album suite à notre concert. C'est au retour de notre tour que nous avons reçu un email de sa part disant qu'il avait écouté le LP et qu’il voulait tout simplement nous inviter au Roadburn. Il en a ainsi parlé à Michel Langevin de Voivod, qui organise le line-up de l'événement Au-delà Du Réel cette année et c’est ainsi que nous avons été ajouté à l'affiche pour notre plus grand bonheur.

 

C'est pas un peu la consécration avant la gloire de participer à  cet événement ?

Si, totalement. Nous sommes très heureux de jouer là bas et si cet événement nous ouvre encore des portes, nous n'hésiterons pas à foncer pour répandre la sainte parole du Doom !

 

Sur votre blog vous dites largement dépasser la règle des 105 décibels si on vous les impose en hollande vous revenez ou tant bien que mal vous prenez sur vous et joué quand même ?

Etant donné que nous sommes déjà revenu du Roadburn, nous pouvons déjà te dire que ce n'est pas arrivé malgré la remarque de l’ingé son « That’s already twice the maximum »

 

D'ailleurs pourquoi vouloir jouer impérativement si fort ?

Nous ne cherchons pas a jouer le plus fort possible, nous envisageons juste un volume suffisant pour sublimer notre son. Les vibrations et les basses fréquences à fort volume font partie intégrante selon nous de l’expérience esthétique que l’on doit avoir d’Huata afin de donner toute leurs ampleurs à nos rituels soniques. Si nous jouions au maximum de nos capacités en décibel, ce serait alors au détriment de l'équilibre de volume entre nos instruments, ce serait alors inutile musicalement parlant. Nous ne cherchons pas à détruire les oreilles du public, nous voulons que le son l'enveloppe pour mieux le transporter dans notre messe.

 

Vous allez maintenant passer au questionnaire "ou" :

 

Fée verte ou chouchenn ?

Chouchenn, c’est avec ce breuvage que nous communions sur scène.

 

Electric Wizard Ou Goatsnake ?

Electric Snake et Goat Wizard...

 

Traverser la vallée de la mort avec du Negative Reaction dans l'autoradio ou pécher le poisson chat dans les bayous en écoutant FU-Manchu ?

Déjà c'est dans la vallée de la mort qu'on devrait écouter Fu Manchu et dans les bayous qu’on devrait écouter Negative Reaction.. Et ça ne sera aucun des deux, nous sommes très bien à manger du Kouign amman chez nous près du feu.

 

Stonehenge ou brocéliande ?

Même combat.

 

Viol après sacrifice ou torture avant sacrifice ?

Viol torture et sacrifice avec consentement.

 

Fuzz ou flanger ?

FUZZ !

 

Orgue hammond ou orgue de Staline ?

Hammond faut pas déconner...

 

Vinyl ou CD ?

Les deux.

 

Rennes ou Birmingham ?

Shambhala.

 

Grands Anciens ou grand malin ?

Grands.

 

John Baizley ou Alphonse Mucha ?

Roger Dean.

 

Sunn o))) ou Matamp ?

Sunn O))) ET Matamp.

 

Rise Above ou Southern Lord ?

A quand la fusion internationale des deux ?

 

Bourdonnement du cosmos ou larsen sidéral ?

Bourdonnement sidéral du larsen cosmique.

 

photo de Sepulturastaman
le 02/05/2012

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Devil's days à Barsac les 9 et 10 mai 2025
  • Seisach' 6 les 17 et 18 octobre 2025
  • ULTHA au Glazart à Paris le 27 juin 2025