Liévin Metal Fest (Nostromo + Junon + Karras) le 17/03/2023, Arc-en-ciel, LIEVIN (62)

Petit point historique :

Le Liévin Metal Fest est, comme son nom l'indique fort judicieusement, un mini-festival de metal qui se déroule à Liévin, dans le Pas-de-Calais.

Autrefois sur deux jours, cette sixième édition a dû se contenter d'une soirée, mais la qualité prévaut sur la quantité. Les noms parlent d'eux-même : les locaux de Junon, les anciens avec leur nouveau groupe Karras, les légendaires (si si !) Nostromo.

Le tout pour 6 balles ! Pour bien te prouver qu'il n'y a pas de faute de frappe, je te l'écris en toutes lettres : SIX euros. Faut prévenir Bruno Le Maire que le meilleur bouclier anti-inflation est dans le 6-2.

La bière est à 3€, et Junon lance la soirée devant une salle qui se remplit encore tout doucement.

Junon, je connais par coeur. Enfin, ayant été fan de General Lee sous Chirac, c'est ce que je pensais. Ayant bien poncé l'EP (chroniqué ici) c'est ce que je pensais.

Mais non.

L'EP jouit d'un bon son, mais il peine à retranscrire la puissance sonore frappante (au sens littéral et imagé) du groupe.

Infoutu de me souvenir à l'heure qu'il est de leur setlist, je peux simplement affirmer que ce que je connaissais était magnifié ("Carcosa" et "Flood preachers"), et que ce qui m'était inconnu sera magnifique. Junon sortira bientôt un témoignage discographique plus long (un LP quoi, mais je trouve la formulation élégante) : on en parlera sans doute parce que ça s'annonce excellent [encore mieux que ce que je pensais].

En 45 minutes les six core-marades (c'est rigolo comme nom-valise non ?) ont eu le mérite de chauffer une salle en mode diesel et de donner un ton à cette soirée : une musique intense, un peu de violence amicale et une bonne ambiance.

Alors que sur la scène ça s'active pour le changement de plateau, entre 55 et 3000 spectateurs (approximativement hein, je n'ai jamais su bien évaluer) descendent leur bière. Les metalleux, sont tout de même vachement enjoués pour des asociaux misanthropes. De mon côté, étant un trve (et n'ayant pas d'ami surtout), je rejoins mon coin des losers en tentant de me donner une contenance, scrollant aléatoirement le fil d'un quelconque réseau social où les gens se mettent en scène dans des vêtements bien trop moulants.

Karras débarque sur scène. Ma récente découverte s'était faite au boulot : la gueule sur un tableau excel casse-bonbons (jamais compris comment ça marchait ce logiciel) j'avais vite décroché. Pas le bon moment, pas le bon endroit pour le death-grind bas-de-front du trio. L'expérience renouvelée quelques jours plus tard en voiture permit à la magie d'opérer : la musique rugueuse du groupe m'avait donné envie de rayer la gueule sur l'asphalte du conducteur de la voiture devant moi qui avait mis 1/2 seconde pour démarrer à un feu, les piétons se faisaient tous copieusement insulter, je m'imaginais rouler sur les utilisateurs de trottinettes qui ne mettaient pas de casque.

En live, cet accent rugueux est alourdi par une bonne couche de gras et un début de concert durant lequel on ne laisse pas une seconde à l'assistance de respirer ou d'applaudir : quand on fait du death-metal primaire / grindcore cassoulet ce rythme échauffe pas mal les esprits d'un public plutôt réceptif.

Et faut bien l'avouer : ce trio de mecs aux CV bien remplis ne produit rien de bien fût-fût, mais c'est efficace (des riffs bien sentis, des rythmiques qui donnent envie de remuer son popotin) et bien bourrin. Il suffit de retirer son cerveau - rien de compliqué pour un metalleux - et de profiter du moment.

Les 45 minutes passent, évidemment vite quand on fait du death-grindcore, avec en prime une reprise de Nasum, histoire - s'il le fallait vraiment - de karcheriser un peu plus les oreilles.

Diego Janson (Excellent frontman - Basse et Chant - rappelez vous de Sickbag !). Etienne Sarthou (Batterie - Ex-Aqme) et Yann Heurtaux (Guitare - Mass Hysteria) font un bon vieux retour aux sources qui a décrassé quelques articulations et offre une cure de jouvence au genre.

Re-changement de scène, je colle un 78 points à mon adversaire du jour au scrabble pendant que les autres rient.

Je m'interroge ensuite : qui a choisi DJ Halan pour combler le vide musical du changement de plateau ?

Le zouk du DJ martiniquais ne me fait pas remuer le booty, mais l'arrivée des Suisses me motive un peu plus alors que le Doliprane ne fait plus effet.

J'avais déjà crié (métaphoriquement) mon amour du groupe en 2017 même si le groupe vient défendre Bucephale : 7 morceaux du petit dernier pour lequel je peinais (jusqu'à ce live) à dire que je l'aimais.

Un petit écart sur Narrenschiff, un autre sur Eyesore, un pincement au coeur avec une reprise de Knut (en hommage au chanteur parti il y a un an), 2 sur Argue et autant sur Ecce Lex.

Le groupe balaie sa discographie, ne baisse quasiment pas de rythme, sauf sur le très bon "Katabasis", prouvant qu'il peut également exceller en jouant lentement.

La violence de "Rude Awakening" qui semblait me piétiner le corps et l'intense "Sunset Motel" resteront mémorables quand, après un double rappel, les lumières se rallumaient.

Une soirée qui m'a enchanté...et un peu attristé.

Junon est un groupe relativement jeune, mais ses musiciens ont 20 ans d'expérience, tout comme Karras. Quant au premier EP de Nostromo il date de Juillet 2000.

Dans la fosse, c'est le même problème : les poils de barbe sont de plus en plus souvent grisonnants et les lycéens / étudiants sont si rares qu'ils dénotent presque dans la foule.