Touché Amoré + Trauma Ray + Yarostan le 18/02/2025, Le Trabendo (+ escapade Love Letter au Supersonic), Paris

Touché Amoré + Trauma Ray + Yarostan (report)

N'ayant pu attraper une place pour voir Touché Amoré lors de leur récent passage à Lyon, il m'a fallu abdiquer et accepter de monter une fois de plus vers la kapitale, cette fois donc pour aller voir la bande de Jeremy Bolm défendre sur scène leur récent album Spiral in a Straight Line.

 

Mais – petite digression et fin des exagérations – c'est la veille de ce concert que cette soirée a véritablement commencé, car sur les informations avisées et en la bonne compagnie du camarade Moland Fengkov, le spectre du hardcore mélodique qui planait sur Paris ces jours-là a mené nos pas vers le SuperSonic, théâtre ce soir-là d'un événement en Off du Post in Paris, gratos et avec en tête d'affiche les Bostoniens de Love Letter. Si ce nom vous est inconnu, sachez simplement qu'il s'agit d'un orchestre composé du chanteur de Verse entouré des musiciens de Defeater.

Accompagnés ici des Belges de Dad Magic puis des New-Yorkais de Heavy Hex, assurant une soirée tout en montée en puissance, les titres de Everybody Wants Something Beautiful passent sans problème l'épreuve du live, pour des compositions dont on sent bien qu'elles émanent d'un groupe qui bénéficie d'un sérieux background, et avec un Sean Murphy derrière le micro qui assume une position d'orateur, avec des textes déclamés de façon souvent proche du parler, malgré les évidentes explosions plus typiquement hardcore. Associé à la patte résolument 'post' et facilement reconnaissable de la branche Defeater du groupe, c'est un beau succès que cette soirée devant un public conséquent mais pas complet, probablement du fait que Love Letter ne sont pas un nom très connu, excepté pour qui va fouiner les nouvelles excroissances de membres de groupes qui, eux, sont des classiques du genre.

 

Love Letter

 

Love Letter au Supersonic

 

Une ellipse de pas loin de 24 heures plus tard et c'est cette fois devant le Trabendo que le cœur me porte, pour une soirée qui s'annonce riche en émotions, alimentées par des océans personnels agités.

Première surprise en arrivant : un troisième groupe est programmé, et d'autant plus inattendu qu'il s'agit des copains de Yarostan. Je n'avais strictement aucune idée qu'ils seraient présents, et c'est une bonne surprise.

 

Salutations de rigueur, petit passage au bar et découverte de la salle (et oui, première fois pour moi pauvre provincial que je mets les pieds ici, comme au Supersonic hier ou à l'Elysée Montmartre pour Botch l'année dernière), qui affiche complet mais à guichet limité à 500 places (sur 800 à pleine capacité), et les lumières s'éteignent pour laisser apparaître les Marseillais sur scène.

 

Yarostan

 

Yarostan au Trabendo

 

Bien en place, avec un son lourd comme on les aime et une setlist sept morceaux, dont deux inédits provenant d'un nouvel album a priori à venir d'ici juin (et les autres provenant de leur album II et de leur 4-way split), Yarostan et leur post-hardcore/post-metal agrémenté de phases plus aérées ont fait une belle impression auprès du public. « Les Mains Vides » fonctionne particulièrement bien ce soir, je trouve.

Avec trois guitares (sans compter la basse) et quatre voix, cela permet d'aller chercher de chouettes arrangements, tantôt très lourds et martelés, tantôt élaborés plus finement, et donc une belle variété de propositions, avec des nouveaux morceaux qui se permettent d'aller arpenter des territoires qui jusque là n'avaient pas encore été tant parcourus par les Provençaux.

Et avec un stand de merch + bouquins et brochures à prix libre (vinyles et fringues compris), cela fait bien plaisir de voir des groupes continuer à promouvoir une approche DIY. Dans le même esprit, on peut faire remarquer que les instruments à corde du groupe sont réalisés par l'un des guitaristes dans les ateliers Old Tree, si jamais vous étiez là et vous demandiez ce qu'étaient ces modèles de guitare.

Bref, une belle prestation pour Yarostan, pour ce qui était peut-être leur plus grosse date à ce jour, et c'est mérité. Vous aurez peut-être l'occasion de les voir lors de leur tournée qui aura lieu en juin.

 

C'est ensuite à Trauma Ray, de moi inconnu·e·s mais apparemment assez attendu·e·s (et présenté·e·s par un des guitaristes de Touché Amoré comme étant le meilleur groupe du monde) de s'emparer des planches, pour leur première tournée sur le Vieux Continent et défendre leur dernier album Chameleon. Un peu moins ma came mais avec une belle énergie, mêlant une sorte de « grungecore » shoegaze avec de nettes tendances Deftones pointant ici et là, le show sera là encore réussi, même si du fait de ma méconnaissance totale de leur discographie, je n'en profite pas comme d'autres ont l'air de le faire dans la salle. J'en profite pour aller déposer mon verre au bar en fin de concert, car ce n'est pas le genre d'objet qu'on veut avoir entre les pattes pour un concert de Touché Amoré (et le nombre de verres éclatés sur le sol que l'on découvrira en toute fin de show me confirment que c'était un bon mouv').

Petite excuse, mes photos de Trauma Ray sont encore plus pourries que les autres qui illustrent cet article, la faute à mon téléphone de la plus haute technologie, j'en suis bien désolé mais du coup je n'en ai aucune de valable pour illustrer.

 

Touché Amoré donc. Première fois pour moi, et presque une sensation de trac. Est-ce que ça va être aussi bien que ce à quoi je m'attends ? Il faut dire que leur dernier album Spiral in a Straight Line, dont vous avez peut-être lu la chronique que j'en ai faite pour sa sortie, ne m'avait pas en tous points convaincu, en partie parce que je n'avais pas pu avoir accès aux paroles, qui sont essentielles pour prendre la pleine mesure de chacun de ces morceaux, et leur portée à travers des réinterprétations personnelles.

Petite frayeur (enfin, n'exagérons rien) au moment de l'arrivée sur scène : Jeremy Bolm (le chanteur) arrive à peine à parler et est visiblement à la peine, ça sent la bonne vieille crève des familles. Il annonce donc qu'il va avoir besoin de toute l'aide possible du public, car sur les plus de 1200 concerts qu'ils ont fait au cours de leur carrière, ils n'en ont annulé qu'un seul, et que celui-ci ne serait pas le deuxième (et nous avons eu de la chance, car quelques jours plus tard, le concert à Southampton est lui annulé).

 

Touché Amoré

 

Touché Amoré

 

Dès le premier titre « The Nobody's », à peu près toutes les (mes) craintes sont dissipés : ça va être super, les titres de ce nouvel album passe bien en live (ce sera le cas ce soir de « Hal Ashby » et « Force of Habit »), et du public fusent les paroles en un bel élan collectif, avec un beau bordel qui se forme devant la scène. De plus, au final la voix de Jeremy est tout à fait honnête au moment de chanter : comme quoi, il y a une histoire de technique là derrière. Et si on s'attendait bien à voir dégainer une chemise brillante et exubérante de la part du guitariste Nick Steinhart, comme à son habitude, c'est cette fois l'ensemble du corps et de la tête de sa guitare qui brille de mille feux. Classe dans un kitsch qui se dépasse pour se magnifier.

A partir de là, c'est tube sur tube, comme tous les concerts de Touché Amoré. « New Halloween », « Come Heroine », « ~ », « Rapture », « Reminders », « Harbor » que je suis vraiment extrêmement content d'avoir pu voir en live, « Honest Sleep »..... pour une vingtaine de morceaux au total, venant s'engouffrer vers un inévitable « Flowers And You » en fin de set (avant le court rappel « Amends »).

Un set marqué par de nombreux stage-dive, dont une tentative de Jeremy lui-même, des paroles et des refrains chantées à l'unisson à s'en péter la voix, des émotions à la fois personnelles et collectives qui viennent être hurlées ici, ensemble, à partager ces instants précieux qui font du vague-à-l'âme un élément qui permet de faire communauté en l'exorcisant à plusieurs. J'avais annoncé aux potes qu'il était bien possible que je verse ma larme à un moment ou un à autre. Et si ça n'a finalement pas été le cas, c'est simplement que tout ce qui est contenu dans ces quelques gouttes d'eau salée s'est exprimé par un autre canal, plus vocal, collectif aussi. Peut-être aussi que la sueur a vidé mes réserves internes d'eau, qui sait.

Ça doit être assez fou d'avoir un public comme celui-là. Et je ne parle ici pas spécialement du public parisien, mais de celui de Touché Amoré dans son ensemble (ainsi que celui du hardcore de façon plus générale, pensons Have Heart, Modern Life Is War, etc), quand des centaines, des milliers de personnes partout dans le monde hurlent vos paroles en cœur et en y mettant toute leur passion, leur propres émotions, en faisant des morceaux que vous avez écrit une part de leur propre vie. Je n'imagine même pas à quel point ça doit être bouleversant parfois.

 

Touché Amoré

 

Touché Amoré

 

Et les lumières se rallument. Une bonne partie de mes morceaux préférés du groupe ont été joués ce soir. Mais en même temps, ils ont tellement de tubes qu'il était sûr et certain que l'on passerait une bonne soirée. Le trajet de retour en métro qui s'ensuit, déjà pas bien reluisant en temps normal, en paraîtra d'autant plus morne. Mais si mon corps était transporté dans ces tubes en métal, ma tête était restée à naviguer sur les canaux du hardcore. C'était beau d'être là. Merci Touché Amoré.

photo de Pingouins
le 05/03/2025

4 COMMENTAIRES

Jackson Firebird

Jackson Firebird le 05/03/2025 à 16:13:12

Groupe fantastique en live, une de mes plus belles claques au Hellfest !!!!

Moland

Moland le 05/03/2025 à 16:32:17

Je l'attendais, ce live report. :) Comme si on y était. On sent l'odeur de la sueur entre les lignes et on y entend les battements de cœur. 
Next : GY!BE !

Pingouins

Pingouins le 08/03/2025 à 11:40:31

Ouiiii c'était tellement bien !
Et GY!BE était vraiment super aussi :)

Moland

Moland le 09/03/2025 à 10:37:05

Live report à venir 

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