Inferno metal festival 2019 - Jours 1 et 2

Inferno metal festival 2019 Jours 1 et 2 (dossier)
 

 

DAY 1 : DE LA DÉCOUVERTE DU FEST AU LIVE DE DIMMU.

 

Logeant à 10 mn à pied, je me suis laissé guider par le flux de plus en plus nourri de gros gros vilains jusqu’à l’entrée du fest où plusieurs golgothes me cachaient la lumière du soleil. Une fois le bracelet posé, j’ai eu droit à un goodies bag, griffé « Indie Recordings », où m’attendaient autocollants, bons de réducs pour les restos du coin et surtout le sampler 2019 proposé spécifiquement pour l’Inferno par Norsk Urskog. Son écoute s’est révélée très décevante. Il était temps de m’approprier un peu plus les lieux, jaugés à environ 1 500 personnes par jour. Aux stands classiques pour le merch (200/250 Kr le t-shirt) et les signing sessions (Dimmu Borgir, Urfaust, Vomitory, Ragnarok, Taake, Carach Angren), s’ajoutaient des ateliers de tatouage et d’art expositions (Christian Sloan Hall, Cornelius Jakhelln de Solefald, Dehn Sora ou encore Christophe Szpajdel, le « Lord of the Logos »). Mais reléguée dans un coin du Rockefeller, cette partie-là a eu du mal à vivre, en tout cas lors de deux premiers jours. D’autres fests étaient là pour leur com’ (Wacken, Summer Breeze, Midgardsblot), La belle salle à deux étages donnait accès à un restaurant sur le toit, proposant de la bouffe tout à fait convenable et pas trop cher. Le « Dimmu Burger » a eu le plus de succès. Je me demande bien pourquoi… Des pointures du metal extrême y animaient par roulement l’« Inferno DJ Crew » de 17h à 1 h du matin, à l’instar de Thomas Eriksen de Mork le jeudi, d’Erik Unsgaard de Sarkom le samedi ou d’Apocalypse de Nachash le lendemain. Un nombre impressionnant de bars étaient positionnés dans – littéralement – tous les coins du Rockefeller et du John Dee, proposant même de l’eau et des bouchons protecteurs à volonté (cool n°1). J’ai pu naviguer aisément dans tout le bâtiment, ne sentant la pression de la foule réellement que lors du live de Dimmu. Les niveaux supérieurs possèdent pas mal de places assises, pour écouter en position plus confortable (cool n° 2).

 

Le "Dimmu Burger"

 

Côté musique – ben oui ! –, les deux premiers groupes, norvégiens, prévus au programme de ce jeudi ont permis d’échauffer les esgourdes, tout en donnant le ton pour l’ensemble, à savoir Svarttjern assumant depuis 2003 un BM old-school et Shakma, jeune formation qui a sorti son premier album en 2018 et dont la musique thrashy lui permet déjà de se faire un nom sur la scène nationale. Pas mal. Pour reprendre le titre de l’album d’Aura Noir en 1996, cet Inferno a été fondamentalement "Black Thrash Attack" puis, dans une moindre mesure, Doom à l’exemple des locaux de Superlynx. Quelques musicos sortiront de ce modèle, pour ne pas dire de ce moule : je pense notamment au stoner rock de Witchcraft, dont la live psychédélique a non seulement offert une pause à mes oreilles, mais aussi m’a agréablement surpris par sa base rythmique maitrisée et la performance de ses deux chanteurs. Et je n’ai pas été le seul à apprécier : ces Suédois n’ont pas du tout fait figure d’intrus ici. La nuance post- qui fait la force de la scène BM en France semble moins présente en Norvège. Hermétique ? Pas tout à fait. Les Norvégiens d’Avast, accompagnés des Britanniques de DVNE et surtout des Lituaniens d’Au-Dessus ont rappelé à d’aucuns l’intérêt de mêler sludge et/ou post-metal aux compos agressives et vénéneuses du Black.

 

Le programme balance ensuite vers des valeurs sûres, avec :

  • les excellents Black Dahlia Murder, que j’avais déjà apprécié lors du Motoc 2018 (surtout son nouveau guitariste depuis 2016, Brandon Ellis, impressionnant par sa technique et sa célérité) et qui ont joué à Oslo leurs classiques (dont le génial "Nightbringers", sorte de symbiose entre Arch Enemy et Cannibal Corpse),
  • les parrains/papis norvégiens d’Aura Noir, qui ont expédié avec talent leur set à la vitesse de la lumière,
  • et les Hollandais d’Urfaust, dont le super-ultra-mega Doom m’a quelque peu ennuyé (pas d’Inculter pour moi, fallait bien bouffer !).

 

Cette journée était marquée par deux temps forts : Au-Dessus et Dimmu Borgir. Le premier s’est avéré plutôt décevant et ça été une surprise désagréable, car il s’agit d’une des pépites de la scène Black européenne que Les Acteurs de l’Ombre parviennent pour l’heure à conserver dans leur roster. Les Lituaniens – ils sont accoutumés du fait – règlent rapidement le son sur le plateau, mais là le placement des instrus a été vite expédié, si bien que le combo basse-batterie a tout emporté. Les guitares de Simonas et Jokubas étaient trop peu audibles. C’est d’autant plus dommageable que ce problème s’est fort peu reproduit par la suite (Bloodbath est une notable exception, j’y reviendrai) : le son de l’Inferno a été bon, pas trop fort, la base rythmique rarement surmixée. Un point fort à mettre au crédit de l’orga. Mais, pour en revenir à Au-Dessus, la salle blindée (400 personnes easy) a semble-t-il apprécié, surtout la superbe prestation vocale de Mantas ; je ne me fais donc pas trop de soucis pour eux, convaincu que je suis qu’ils trouveront, après leur passage réussi au Hellfest 2018 et avant leur départ en studio pour de longs mois, d’autres occasions (Ouf, ils ont été très bons au Motoc 2019 !) pour se refaire.

 

Les Lituaniens d'Au-Dessus

 

Le second, quant à lui, était au rendez-vous, alors qu’ils étaient attendus au tournant. C’était over-blindé ! Est-ce qu’ils ont joué Eonian ? Ouaip, ils ont servi cette soupe immonde mêlant Disco et BM surorchestré à quatre reprises (sur un total de 13 morceaux), rendue ici relativement plus digeste par l’ambiance extraordinaire qui régnait dans le Rockefeller. Donc, Dimmu en Norvège, enfermé avec 1499 métalleux : ça le fait baby ! Même si le jeune claviériste a eu parfois du mal à suivre, le set est passé crème, comme papa dans maman, grâce notamment à une mise en scène soignée. L’ensemble m’a presque fait oublier l’absence de Vortex. J’ai dit presque… On a même eu droit pour la fin du set un « Mourning Palace » joué avec le batteur Kenneth Akesson, alias Tjodalv. Nice !

 

Dimmu Borgir

 

Résumons :

- Le confirmé (''je fais le taf et je le fais bien'') : ex-aequo Dimmu Borgir et The Black Dahlia Murder 

- La surprise : Witchcraft 

- La claque : aucune !

- La (petite) déception : Au-Dessus

 

Quelques setlists :

The Black Dahlia Murder

1. Widowmaker

2. Jars

3. Contagion

4. Statutory Ape

5. What a Horrible Night to Have a Curse

6. Nightbringers

7. Funeral Thirst

8. Kings of the Nightworld

9. Everything Went Black

10. I Will Return

 

Witchcraft

1. Deconstruction

2. No Angel or Demon

3. The Alchemist

4. Democracy

5. Wooden Cross (In Can’t Wake the Dead)

6. It’s Not Because of You

7. Witchcraft

8. Ghosts House

 

Dimmu Borgir

1. The Unveiling

2. Interdimensional Summit

3. The Chosen Legacy

4. The Serpentine Offering

5. Gateways

6. Dimmu Borgir

7. Puritania

8. Ætheric

9. Council of Wolves and Snakes

10. The Blazing Monoliths of Defiance

11. Kings of the Carnival Creation

12. Progenies of the Great Apocalypse

13. Mourning Palace

 

DAY 2 : DES PRESTATIONS INÉGALES

 

La première journée a été un échauffement. La seconde débute très tôt, à 15h30, avec le court set proposé par les jeunes Norvégiens de Sepulcher au bar Kniven, tout proche du Rockefeller. Le cadre – une cave sombre et poisseuse – offraient l’écrin idéal à un Death old school thrashisant, agrémenté de quelques allers-retours très Black. Ne m’attendant à rien, j’ai eu droit à ma première claque du fest. S’adossant à une approche volontairement retro, dont le chant faussement désuet d’Andreas, les jeunes de Sepulcher – deux albums à leur compteur en 2015 et 2018 – ont proposé une performance intense, nerveuse, qui est allée à cent à l’heure. L’écoute du dernier opus Panoptic Horror, que je me suis empressé d’acheter, ne rend pas hommage à l’abrasivité d’un live défoulant, qui n’a laissé aucun répit à l’audience.

 

De leur côté, les concerts proposés ce jour-là sur le John Dee (Superlynx, Caronte, Skogen et The Ruins of Beverast) n’ont vraiment pas été à la hauteur, surtout le second, des Italiens, trimbalant un stoner doom qui était proche de me faire saigner des oreilles. Du set des premiers, je retiendrai davantage la performance de la voix lumineuse de Pia Isaksen que le doom atmosphérique un peu chéper proposé devant un public anesthésié. Mais la présence de cette musicienne doit être soulignée, tant elle a dû se sentir bien seule en coulisses, alors que la gente féminine composait un gros quart du public. Problème récurrent des festivals de metal.

 

Me suis-je davantage régalé sur la mainstage ? Et bien, pas de suite, puisque le live de Ragnarok était proche de la catastrophe. Devant durer près de 45 mn, il a été raboté pour des raisons inexpliquées de plus de 10 mn ! Ce n’est certainement pas pour des raisons techniques car le jeu de feux et lumières était bien moisi. Eux qui souhaitaient fêter à l’Inferno leur quart de siècle d’existence et présenter de nouveaux morceaux, c’est raté ! Seul moment à près sympa : l’arrivée en guest du chanteur de Taake, Hoest, pour "Blackdoor Miracle". Heureusement, le Death/Black heavy et occulte de Tribulation allait enfin mettre un peu de consistance dans un day 2 qui s’annonçait bien décevant. En fait, la qualité n’allait plus quitter le Rockefeller jusqu’à la fin de la soirée. Les Suédois ont cueilli de suite le public avec les très bons "Melancholia", "The Lament" et " The Motherhood of God", sans jamais lâcher leur prise par la suite en assénant un set qui avait pas mal tourné jusque-là et qui à mon avis tournera pas mal encore dans les mois à venir (ils sont cet hiver en première partie de la méga-tournée européenne de Ghost). Dans tous les cas, son guitariste androgyne Jonathan Hultén a été l’auteur d’une prestation musicale et théâtrale remarquable.

 

Tribulation

 

Théâtraux, les Suédois de Vomitory ne l’ont pas été, mais ils ont été bons les vieux bougres, du haut de leurs quasi trois décennies d’existence ! J’ai été ravi de les voir pour la première fois, suite à leur réunion en 2017 pendant le Summer Breeze Fest. Au menu : un Death intraitable, bien gras et sanguinaire autour d’un gros set de 13 morceaux, dont les très frais "Regorge in the Morgue", "Raped in Their Own Blood" et – mon préféré – "Terrorize Brutalize Sodomize". Venaient ensuite les cagoulés de MGLA. Formés en 2000 à l’occasion d’un projet studio en duo, ils ne sont devenus un groupe live que depuis 2012. Cela faisait quelques années que je souhaitais les voir en concert : leur grosse heure menée tambour battant, sans break quasiment entre les 9 morceaux, a été très convaincante. Bien que raide et – forcément ! – peu expressif, les Polonais ont répandu leur Black avec force. Une impression de maîtrise s’est dégagée de leur prestation, une maîtrise qui a saisi le public, emballé par le show comme le groupe lui-même d’ailleurs !

 

Les Scandinaves en nombre dans le Rockefeller piaffaient d’impatience en attendant la montée sur scène d’Hypocrisy, l’un des fer-de-lances du Swedeath. J’ai été un peu étonné de lire que ce groupe allait headliner cette journée de vendredi (ils n’étaient même pas la tête d’affiche, par exemple, lors du Sylak 2019), mais il faut souligner que c’était leur première fois à l’Inferno. Donc, pour marquer le coup… Finalement, ça l’a fait ! Commencé en ronronnant avec "Fractured Millennium", le set a cueilli son public surtout à partir de "Valley of the Damned", première morceau de l’album de 2009 A Taste of Extreme Divinity dont les derniers riffs sont irrésistibles. Nous avons eu droit ensuite à un véritable potpourri, digne de leur best of de 2012, avec du vieux et du récent Hypocrisy. Le frontman et poly-talentueux Peter Tägtgren est vraiment charismatique, même si son growl a eu du mal à tenir la distance des 14 titres enquillés en plus de 80 mn… Mais les fans de la première heure semblaient ravis. C’est bien là l’essentiel…

 

 

Résumons :

-Le confirmé (''je fais le taf et je le fais bien ') : Vomitory, MGLA et Hypocrisy ex-aequo 

-La surprise : Tribulation 

-La claque : Sepulcher

-La déception : Ragnarok (la plus grosse du fest) 

 

Quelques setlists :

Sepulcher

1. Haunting the Spheres

2. Delirious

3. Abyssal Horror

4. Corrupting the Cosmos

5. Towards an Earthly Rupture

6. Corporeal Vessels

 

Superlynx

1. Vapour

2. Hex

3. These Children that come at us with Knives

4. Indian Summer

5. Becoming the Sea

6. New Moon

7. Scarerow

8. Breath

9. Center of the Sun

 

Vomitory

1. The Voyage

2. Gore Apocalypse

3. Ripe Cadavers

4. Perdition

5. Revelation Nausea

6. Regorge in the Morgue

7. Madness Prevails

8. Rotting Hill

9. Serpents

10. Terrorize Brutalize Sodomize

11. Primal Massacre

12. Chaos Fury

13. Raped in Their Own Blood

 

MGLA (vous vous débrouillez pour décoder !)

1. EIF I

2. EIF IV

3. MDLOSCI II

4. WHTN I

5. EIF II

6. GROZA III

7. WHTN VII

8. EIF VI

9. EIF V

 

Hypocrisy

1. Fractured Millennium

2. Valley of the Damned

3. End of Disclosure

4. Adjusting the Sun

5. Eraser

6. ? (j’sais pô)

7. Pleasure of Molestation / Osculum Obscenum / Penetralia

8. The Fourth Dimension

9. Fire in the Sky

10. Killing Art

11. Buried

12. War-Path

13. The Final Chapter

14. Roswell 47

photo de Carcinos
le 27/09/2019

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