Miscreance - Convergence

Chronique CD album (31:37)

chronique Miscreance - Convergence

Dites voir, ils ne commenceraient pas à accumuler un sacré nombre de bons points chez Unspeakable Axe Records ? Parce que depuis 2-3 ans ça en débite de la sortie beautifulo / techno- / rétro ! Matez plutôt :

* le Prog Thrash velu d’Algebra avec Pulse? et bientôt Chiroptera

* le Tech-Death mélodique gorodien d’Obsolete avec Animate//Isolate

* le Technodeath schuldinerien de Suppression avec The Sorrow of Soul Through Flesh

* la Beneath The Remains groupie mania de Besieged avec Violence Beyond All Reason

Et maintenant le premier album de Miscreance ! OK, le Death rampant de Nucleus (cf. Sentient) ne nous avait pas autant convaincus… Mais ça c’était avant – en 2016, autrement dit il y a une éternité !

 

Avec Convergence, le label américain fait à nouveau un pari gagnant. Car il s’agit là du tout premier album d’un groupe de jeunes Italiens aussi inconnus qu’affutés techniquement, qui se révèlent être d’aussi fins compositeurs que d’incorrigibles fétichistes ayant manifestement passé beaucoup de temps à renifler les sous-vêtements de Death, Atheist, Cynic, Pestilence & co. Mais leur son, leurs riffs – et leur dégaine, qui sent fort le goûter Fanta / Choco BN d’un Chuck Schuldiner ado tripant sur les albums de Nasty Savage – trahissent avant tout une admiration sans borne pour celui qui a déroulé tout l’éventail des possibles deathistiques, de Scream Bloody Gore à The Sound of Perseverance. Et si l’on ne trouve jamais sur ces huit titres d’emprunt trop violemment flagrant, la forte influence exercée par le Dieu vivant de Tampa n’en reste pas moins indéniable. Evidemment, la forte ressemblance entre les chants d'Andrea Feltrin et de Chuck incite naturellement à effectuer cette comparaison, pourtant le parallèle est tout aussi criant quand on s'en tient à des considérations purement instrumentales. Pas besoin d’aller plus loin que le premier titre pour s’en rendre compte. Rendez-vous à la marque des 40 secondes : cette descente mélodique de guingois, elle n’évoquerait pas les étoiles de Human scintillant au rythme de la basse de Steve DiGiorgio par hasard ? Et ce riff fier et conquérant qui décolle peu après la barre de la minute, vous êtes d’accord : c’est signé ! On nage en plein dans cette lointaine période où Chuck s’était entouré des meilleurs, pour partie glanés dans les rangs de Cynic. Et dites voir, au bout d’une demi-minute sur « Incubo », vous n’avez pas l’impression d’entendre une version alternative du riff de « Pull The Plug » vous ? C’est clair que s’ils essayaient de nous faire gober qu’ils n’ont jamais entendu parler de Death, on les renverrait vite fait à l’un de leurs plus célèbres compatriotes dont l’extrémité s’allonge dès qu’il enjolive la vérité – non non, pas Rocco.

 

Si Miscreance met brillamment sa schuldinerophilie au service de compo’ réussissant à ne pas trop ressembler à des titres déjà existants, il trouve aussi son salut dans l’exploration d’autres discographies. Ainsi les détours empruntés sur « Alchemy » et « My Internement » font-ils penser aux trajectoires improbables d’Atheist, mais aussi à la cosmologie tortueuse exposée par Pestilence sur Spheres. Et cette fausse fin, aux deux tiers de « Fall Apart », animée par des voix au débit haché, elle ne vous rappelle pas le Loudblast de Sublime Dementia ? Et ces chœurs rugueux à 2:20 sur « No Empathy », ils ne seraient pas un emprunt direct au plus urbain des Thrash ?

 

Même si l'on n'est doté que d'un tout petit appétit, Miscreance réussit sans mal à nous régaler. Que ce soit via sa basse sublime, qui rêvasse littéralement à partir de 3:20 sur « No Empathy », ou encore à 3:06 sur « Flame of Consciousness ». Que ce soit lors d’instants de grâce pure – au ralenti, à 4:07 sur « Incubo », ou à l’occasion d’un solo sur rythmique cavaleuse, à 3:39 sur « Fall Apart ». Et plus généralement grâce à cette aptitude à proposer ce qui pourrait tout à fait être de très bons nouveaux morceaux écrits par le grand Chuck lui-même. Toutefois on ne s’emballera pas trop. Parce qu’il faudrait quand même manifester plus de personnalité pour mériter une note plus rondelette. Et parce que certains morceaux (« Fall Apart », et plus encore « My Internement ») ressemblent encore un peu trop à des Frankenstein fabriqués en mode puzzle plutôt qu'à de ravissantes petites créatures conçues de manière naturelle, en faisant appel aux organes reproducteurs de muses dans la force de l'âge. Mais c’est le lot de la plupart des albums collant de trop près aux basques de classiques aisément identifiables. Alors si d’aventure vous étiez clients de ce genre d’exercice, vous trouveriez difficilement mieux que Convergence en la matière. Et vous risqueriez fort d’élire ces brillants Italiens Miss Creance 2022 loin devant ces dauphines qui, elles aussi, rêveraient d’être Chuck à la place de Chuck.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: on savait déjà l’Italie capable de proposer du Death technique de haute volée (cf. Sadist, Illogicist, Gory Blister), mais Miscreance vient en remettre une couche en axant son approche sur une admiration sans limite pour le Technodeath originel en général, et sur la discographie de Death (notamment la période 90-93) en particulier.

photo de Cglaume
le 06/10/2022

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 06/10/2022 à 18:39:57

Ah c'est ça qu'est trop bien ?Absolument pas ma cam.

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