Shaolin Death Squad - Intelligent Design
Chronique CD album (50:35)

- Style
Nawakvant-garde metal progressif - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2006 - Lieu d'enregistrement WCS Media
écouter "A Story Lives Forever"
Le jeune fan fébrile encore tout ému par la découverte des 3 monuments discographiques Bungliens va forcément – s’il est équipé et pugnace – atterrir à un moment ou un autre sur un forum spécialisé, dans l’espoir qu’une assemblée de cyber-métalleux présumés pointus en la matière lui indique les groupes incontournables à écouter afin de prolonger ces moments d’extase frapadingues procurés par le gang des Patton, Spruance & co. Et s’il n’est pas tombé sur Doctissimo ou www.jeunessespompidoliennes.org, il y a de très fortes chances pour que – au milieu des Dog Fashion Disco, Tub Ring, Nuclear Rabbit, Estradasphere et autre Sleepytime Gorilla Museum – on lui souffle à l’oreille le nom de Shaolin Death Squad.
Parce qu’en 1 EP, 2 albums et moult prestations scéniques lourdement costumées et a priori anthologiques (notamment lors de tournées en compagnie de TDEP, Therion ou encore SGM), le groupe texan a acquis une solide réputation d’incontournable de la sphère Nawak. D’où un gros vide à combler dans les colonnes de ce webzine dont la base de données – qui peut se targuer d’être déjà joliment fournie en formations de Turlututu-ChapeauPointu Metal – se fait une fierté d'ingérer goulument tout ce qui ressemble de près ou de loin à un album de metal barré. Et pour rattraper cet impardonnable retard et, donc, écrire le 1er chapitre de « A La Recherche Du Temple Shaolin Perdu », quoi de plus logique que de s’attarder sur Intelligent Design, 1er album longue durée de ces artistes ceintures noires en maniement du katanawak? (… parler du tout 1er EP? On le fera plus tard, bande d’éternels insatisfaits!)
Mais plutôt que de partir nez dans le guidon et cheveux au vent, mettons tout d'abord les choses au clair: malgré ce que pourrait laisser présager ce début de chronique, non, Intelligent Design n’est pas un pur album de Nawak metal. A vrai dire l’amateur de metal progressif et avant-gardiste n’ayant pas peur de se frotter à un peu de gros décibels extrêmes se sentira même ici plus à son aise que l’irréductible bunglolâtre amateur de parenthèses foraines et de zébulonneries cartoonesques. C’est que les toutes premières minutes de « A Terrible Way To Use A Sword » semblent être extraites du Nothingface de Voivod plutôt que de California. Et ce côté progressif d’être tantôt couplé à de bons gros growls et à des guitares velues pour évoquer S.U.P., tantôt mêlé à un rock espiègle évoquant Toehider, tantôt diffusé en douces plages planantes atmo-Floydiennes… Ce qui dans l’absolu n’est pas un mal, mais pourra laisser les nawakophiles un peu frustrés. Dans le genre d’ailleurs, le très chamallow « The Face Insecurity Killed » est particulièrement casse-bonbons – si l’on excepte un sursaut final qui rattrape in extremis les pots cassés. Plus stimulant, « Radio Feeler » ne rassasiera cependant pas non plus les porteurs de gros nez rouges, pas plus que le long final « The First Half of Yesterday » qui tient assez peu au corps – si l’on excepte, encore une fois, les 2 dernières minutes.
M’enfin maintenant que voilà balayés d’un revers de main les 3 morceaux les moins Youpla de l’opus, le gros paquet qui nous reste entre les oreilles s'avère sacrément bandant! Car outre Voivod et Toehider (des putain de références quand même!), au sein de « A Terrible Way To Use A Sword » on croisera Mr Bungle et Carnival in Coal, si si! Sur le long, épique et merveilleux « Choreographer of Fate » – très Toehideresque dans l’esprit lui aussi – se succèderont orchestrations majestueuses, accès de death metal primaire, accordéon et belles mélodies envoutantes. « Escaping The Absynthe » se révèlera quant à lui plus mordant et accrocheur, tandis que les quelques accents Polkadot Cadaveriens que l’on avait décelés sur « Catastrophic Obedience » confirmeront leur présence avec évidence et bonheur sur « Fall, Rise, Laugh… Fall » (qui caresse à la façon d’un « Haunted Holiday » ou d’un « Chloroform Girl » avant de partir jouer les Techno Allah à 2:27), puis sur l’excellentissime « A Story Lives Forever » qui nous promène de plaisirs nawak en claques metal, de velours FaithNoMorien en amples orchestrations…
L’amateur de metal progressivo-avant-gardiste barré collera sans doute un bon 9/10 à cet album aussi intelligemment atypique qu’ambitieux et tarabiscoté. Par contre les quelques errances évoquées plus haut pousseront le nawak freak à tempérer un petit poil ses ardeurs – ce qui ne l'empêchera pas de porter haut dans son estime cet acte de naissance longue durée sacrément appétissant. D’ailleurs gardons un peu de cet appétit pour le chapitre 2 de « A La Recherche Du Temple Shaolin Perdu », à suivre bientôt-plus-tard…
La chronique, version courte: premier album longue durée de l’un des grands noms du metal barré, Intelligent Design est tout autant – voire plus – progressif et avant-gardiste que purement Nawak… Et plus extrême aussi (quoique pas excessivement non plus… ‘fin j’me comprends!). Du coup c’est l’album idéal pour ceux qui apprécient à la fois Toehider, Opeth, Polkadot Cadaver, Sleepytime Gorilla Museum et le rock prog.
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