Entombed A.d. + Aborted + Baest le 12/11/2019, Ubu, RENNES (35)

Entombed A.d. + Aborted + Baest (report)

On termine ce petit triathlon de concerts rennais, encore une fois en petit comité, mais cette fois dans une salle autrement plus adaptée, à savoir l'Ubu. Une très bonne chose car il est toujours plus agréable de sentir la chaleur et la sueur de ses voisins. Et vu que le programme ne donne pas dans la dentelle ce soir, j'en ai eu pour mon argent en terme de fluides et odeurs corporelles. Avec même quelques bonus qui vont bien, on y reviendra par la suite, preuve éminente que la soirée était placée sous un signe plus enjoué et fun que la semaine précédente. Parce que bon, le black metal, c'est violent et sympa mais il faut admettre que niveau ambiance globale en fosse, c'est plutôt glaçant et pisse-froid. A contrario du death où l'agressivité est beaucoup plus chaleureuse et bon enfant. Ce que l'on a retrouvé pleinement tout le long de ce mardi soir, qu'importe que l'on soit en présence de jeunes loups ou de vieux briscards.

 

Il en revient à de la jeune pousse d'entamer les hostilités qui, par ailleurs, commencent assez tôt (vers 20h20). Baest délaisse son petit espace merch' qu'il n'a d'ailleurs jamais laissé vacant de toute la soirée – que ce soit à l'arrivée sur les lieux dès l'ouverture des portes ou après leur prestation – pour monter sur les planches. Première constatation : les Danois ont beau avoir formé leur combo il y a quatre ans seulement, ce n'est pas pour cela qu'ils s'emmerdent avec le moindre chichi plus ou moins moderne. Les mecs ont pris leur bain dans les vieux bouillons comme Obélix dans la potion magique et ils comptent bien nous le faire savoir. Le death mélo à la In Flames, c'est pour les tapettes et on ne parlera pas de toute cette vague modern metal et/ou deathcore pour boutonneux... Non, là, ça donne dans du old-school, qui ne réinvente pas la poudre certes, ce qui ne l'empêche pas par ailleurs d'être efficace et brise-nuque en live. Baest ne se cache pas de ses influences, allant même jusqu'à reprendre un titre d'une des plus fameuses figures de proue du style en hommage à Chuck Schuldiner Death donc, pour les ignares – le tout avec une envie d'en découdre et énergie qui font plaisir. Il finit même progressivement à décoincer une assistance plutôt timide. Ou encore en phase de digestion, c'est selon, toujours est-il qu'elle n'ose pas trop s'approcher de la scène dans un premier temps, craignant d'être secoués par les éventuels premiers pogos qui n'arriveront que, très gentiment, vers la fin de set. Histoire de fêter comme il se doit l'arrivée de Svencho d'Arboted venu taper la causette entre amis. Oui, je le disais, le death, c'est chaleureux, un peu comme un barbecue entre potes dans une moite soirée d'été, la bousculade en plus.

 

Ça tombe bien, car les Belges d'Aborted prennent la suite et nous tendent joyeusement les saucisses, les merguez et les côtelettes par palettes entières. L'assistance, définitivement réveillée et au taquet dès les premières secondes, a tôt fait de fournir les braises en se bousculant joyeusement. Certains d'ailleurs ont même une belle petite réserve d'alcool à brûler dans le gosier et mettent définitivement le feu aux poudres, n'hésitant pas à flirter avec la case « danger ». En témoigne un malheureux qui a quelque peu loupé l'atterrissage de son stage diving vers la fin de set, et même si pour le coup, il faisait bonne figure, on le sentait quelque peu refroidi pour la tête d'affiche, la chute d'adrénaline d'entre-deux sets ravivant par le même temps une possible clavicule démise. Un peu avant ça, un dérapage de pogo sur le grand costaud qui me servait de bouclier humain de fortune m'a valu un coup de coude accidentel en plein pif. Ce qui aura valu une narine saignante, et un passage éclair d'une dizaine de secondes pour élaborer un tampon de fortune aux toilettes. Action, réaction, comme on dit mais ce n'est pas ce genre de petit incident de parcours sans grande gravité qui aura eu raison de mon plaisir, bien au contraire. Après tout, c'était en quelque sorte, mettre en image concrète (on remerciera également le groupe d'avoir choisi des titres dont l'intitulé sont très révélateurs du menu qu'ils nous proposent, cf. setlist), la bonne côte de bœuf qu'Aborted n'a cessé de nous tendre : bien saignante et juteuse comme les Français l'aiment. J'avoue personnellement avoir une petite préférence pour nos compatriotes de Benighted en terme de death brutal, que ce soit sur disque comme en live, mais il faudrait toutefois être de sacré mauvaise foi pour ne pas admettre que les voisins belges déméritent. Ça y va pied au plancher, c'est brutal, c'est dynamique et jamais ça ne perd en intensité. Jubilatoire en somme, qu'importe que ça joue du vieux matos ou de la nouveauté. Ou que l'on soit à deux ou une narine. Les mecs ne mégotent pas, la scène, c'est une seconde nature pour eux et il n'y a rien à redire. C'est carré, pro mais sans non plus que ça paraisse trop rodé/automatique pour autant (Cannibal Corpse, m'entends-tu...), en témoigne l'arrivée en scène du vocaliste de Baest, venu répondre à la discussion commencée précédemment, qui ajoute une petite touche de spontanéité bienvenue. Bref, à ce niveau, ce n'était plus la fête mais carrément la foire où une bonne partie de l'assistance en ressort lessivé (et pas toujours très indemne).

 

 

Setlist

 

  • Intro
  • TerrorVision
  • Deep Red
  • Necrotic Manifesto
  • Hecatomb
  • Cadaverous Banquet
  • Bathos
  • Retrogore
  • Serpent Of Disease
  • The Holocaust Incarnate
  • Coffin Upon Coffin
  • A Whore D'œuvre Macabre
  • Sanguine Verses (… Of Extirpation)
  • The Saw And The Carnage Done
  • Outro

 

 

On remercie la petite attention belge de nous avoir bien gavé en barbaques juteuses et en frites. De la même qu'on remercie les Suédois d'Entombed A.D. de monter à son tour sur les planches pour nous distribuer une bonne rincette de bourbon. Par palettes lui aussi. Qu'on ne se le cache pas, de tout ce petit marathon concerts, c'était bel et bien eux que j'attendais le plus. Autant par affect global que pour enfoncer le clou que sa dernière caissette de bouteilles, Bowels On Earth, est issue d'un millésime cinq étoiles. Et si Cromy l'a encensé de belle manière dans sa version studio, je ne peux qu'enfoncer le clou dans son rendu live : les nouveaux morceaux – sans surprise – sont une tuerie sans précédent. De la même teneur que les vieux classiques issus du tandem doré Left Hand Path / Clandestine. Tant dans l'approche musicale que dans la qualité. Et ça, les bougres le savent et ont pleinement confiance en ce nouveau « vieux » méfait puisqu'on entend, à la louche, pas moins des trois quart le composant. Ajoutez à cela les vieux classiques desdits albums référentiels d'antan et vous obtenez un show bien swedeath des cavernes où la facette death'n roll n'est que très ponctuellement abordée (« Second To None » issu du précédent album, « Serpent Speech » d'Hollowman et bien sûr l'incontournable « Wolverine Blues »). Autant dire : les fans de la facette extrême peuvent être aux anges et craquer du cou comme il se doit. Ce que j'ai fait avec réjouissance – toutes mes excuses aux voisins de derrière pour les différents fouettages – allant parfois même à tenter de rivaliser avec les headbangs du bassiste dont la longue et lisse tignasse doit faire pâlir de jalousie bien des donzelles à quelques centimètres d'intervalle (la joie du premier rang sans crash barrières). Et de ce que je voyais parfois derrière moi, était suivi du reste de l'assistance, moins prompte à la bousculade cette fois – mais lorsque ça pogotait, ça n'y allait pas à moitié – mais toute aussi enjouée que précédemment. Moins de dynamisme certes mais de la bonne humeur qui rompt les cous et les cordes vocales. Encore une fois, le chanteur de Baest, décidément toujours au taquet, finit par s'incruster gentiment pour se taper le bout de gras. Parce que c'est ça le death metal : une chaleureuse réunion entre potes et c'est tout aussi valable en fosse que sur les planches. Jusqu'à finir par un ultime « Supposed To Rot » qu'Entombed A.D. , toujours simple et humble à l'image de sa prestation, achève par une généreuse distribution de poignées de mains. Un nouvel album tuerie pour de nouvelles dates toutes aussi efficaces et ravageuses. Emballé, c'est pesé, les difficultés du lendemain à dénouer la tignasse et les cervicales bien endolories, c'est cadeau. Merci à vous les gars, au plaisir ! Rendez-vous sous la Altar au Hellfest peut-être en juin prochain ? Si c'est le cas, il y a de fortes chances que le rendez-vous soit pris, aucun doute là-dessus !

 

 

Setlist

 

  • Elimination
  • Fit For A King
  • I For An Eye
  • Bowels Of Earth
  • Torment Remains
  • Chaos Breed
  • Second To None
  • Through The Eyes Of God
  • Bourbon Nightmare
  • Stranger Aeons
  • Revel In Flesh
  • Wolverine Blues
  • Left Hand Path
  • Serpent Speech (Rappel)
  • Supposed To Rot (Rappel)
photo de Margoth
le 17/12/2019

9 COMMENTAIRES

Seisachtheion

Seisachtheion le 17/12/2019 à 09:56:04

Encore un report ! Nice !
Ton automne musical a été bien chargé et absolument délicieux...!

Margoth

Margoth le 17/12/2019 à 14:53:53

Ce n'est pas encore tout à fait fini, je termine l'année par Ghost (ce qui sonnera comme beaucoup moins délicieux pour certains mais bon) à Nantes demain ;)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/12/2019 à 23:31:55

T'as croisé Sepult ? Car le dernier Entombed, il le kife plus que toute la disco de WASP. c'est dire…

Margoth

Margoth le 23/12/2019 à 14:45:00

Non, il y était ? (enfin bon, je ne sais même pas à quoi il ressemble non plus...)

sepulturastaman

sepulturastaman le 23/12/2019 à 17:25:13

...Pourtant tu ne pouvais pas me manquer j'ai les cheveux longs, je m'habille en noir et je tire la tronche.

Margoth

Margoth le 23/12/2019 à 17:52:12

... et tu bois de la bière je suppose ? ;)

sepulturastaman

sepulturastaman le 23/12/2019 à 18:17:01

J'ai oublié de dire que je suis seXy, sinon c'est exactement moi.

Margoth

Margoth le 23/12/2019 à 18:19:53

Sexy ? Bah voilà, tu étais trop lumineux pour que je te vois :P

sepulturastaman

sepulturastaman le 23/12/2019 à 20:36:04

sXe donc pas de bière ; à part pour le bidon, mais ça c'est mon côté moelleux premium.

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