Festival Art Sonic (Headcharger + Gojira + Les Sales Majestés + The Inspector Cluzo + Misconduct) le 22/07/2011, Festival Art Sonic, Briouze

Headcharger + Gojira + Les Sales Majestés + The Inspector Cluzo + Misconduct (report)
Quand on revient d’un front tel que celui de Dour 2011, aller à la bataille de Briouze semble être une promenade de santé. Alors quand on me dit : « Hé mais il ne va pas faire très beau, c’est un peu roots », je me gausse. Tout y est plus simple, plus facile et surtout moins grand. Et c’est ça qui y est plaisant : un petit festival champêtre avec une affiche tout de même costaude.

La journée de vendredi commence relativement tard, premier concert à 19h30. Tant mieux, cela laisse le temps de s’imprégner de l’ambiance, bon enfant. Le public est assez jeune et on ne va pas se mentir, il est là pour se mettre cartable à coup de gros son.
Les choses sérieuses commencent avec le show de Headcharger. Tout en testostérone, les caennais livrent un concert à l’expérience. On sent le poids d’une tournée qui les a vus jouer avec les plus grands dans toute l’Europe. Son au top, jeu de scène sobre mais fichtrement efficace, c’est toujours un plaisir de les voir malgré la cinq ou sixième fois que je les vois… Sébastien, le chanteur montre bien qu’il est en pleine possession de ses moyens. Le public, bien que pas tout à fait à même de rendre au groupe tout ce qu’il donne à voir, se réveille petit à petit. Headcharger est un groupe rock’n’roll, une mécanique bien huilée que rien n’enraye, même lorsque Anthony, le guitariste, se casse littéralement le nez sur scène sur sa guitare ! Rock’n’roll, je vous dis : à l’image de leur reprise de Led Zeppelin (« Communication Breakdown »), même limite vocalement, le groupe joue à l’énergie. 45 minutes qui passent agréablement vite.
Autre fait marquant de cette soirée, le concert des suédois de Misconduct. Même un peu hors d’âge, leur punk rock mélodique ultra pêchu est une démonstration de maîtrise. Ils prouvent qu’avec même des riffs déjà entendus mille fois et des gimmicks presque pompés, on peut faire du punk rock sincère et efficace. Le chanteur est visiblement aux anges de jouer en France (pays qu’ils ont déjà traversé avec notamment les Satanic Surfers), il harangue la foule, bref il se donne à fond. Bonne pioche pour un festival dont les racines sont clairement ancrées dans la mouvance punk.

Passons très vite sur le concert de Raggasonic, vu de loin pour cause de grosse fringale… C’est quand même fun d’entendre les punchlines « chauffé comme une lame… » !

C’est maintenant au tour de The Inspector Cluzo de monter sur scène. Les landais sont réputés pour être des bêtes de scène. Leur fusion de funk et de rock énergique est hautement inflammable. Même en tant que duo, ce groupe remue tout le monde, même les plus sceptiques. Si le public ne bouge pas assez, ils menacent de tout arrêter pour faire un ballade pourrie (dixit le chanteur) intitulée « I Want To Fuck The Wife Of The French President » et au moment ou le public réagit ils repartent sur un gros riff metal ! Suit alors une autre pitrerie : la danse du peigne-cul ! « Vous êtes des bouseux, on est des bouseux, prouvez-le ! ». Complètement déglingué, parodique et jubilatoire, The Inspector Cluzo revendique de ne pas jouer avec un bassiste, « pire espèce de la création ». Ces globe-trotters du rock’n’roll, affichant pas moins de 400 dates sur les deux dernières années, confirment que le rock en France est encore capable de sortir d’excellents groupes originaux. Dommage, qu’ils ne soient reconnus chez nous que sur le tard. Si vous avez l’occasion de les voir par chez vous, courrez-y, vous ne le regretterez pas !

Ça y est, la soirée est bien lancée, l’heure est maintenant aux autres landais de la soirée. De l’aveu de The Inspector Cluzo, c’est carrément Mont-De-Marsan qui débarque en Normandie puisque Gojira répétait dans les mêmes locaux ! Proposer un groupe de death metal comme tête d’affiche d’un festival à vocation éclectique, c’est franchement un véritable pari ! Le show du gang des frères Duplantier en impose. Puissant, c’est le mot. Pendant plus d’une heure, Gojira va dérouler un set qui prouvera bel et bien que le groupe n’a pas usurpé sa place d’ambassadeur du metal français. Même s’il n’évolue pas dans un style que j’affectionne de prime abord, il faut tout de même avouer que Gojira maîtrise l’art du shred avec excellence. Toujours est-il qu’il est difficile de tenir sur la distance et garder la foule en haleine sur des titres plus post hardcore est un exercice compliqué. Sans parler de la fosse qui ne sait pas pitter, sorte de pogo pour chevaux. Je dois vous avouer que je n’ai pas su rester de bout en bout. Toujours est il que d’assister à une des rares dates du groupe en France est un privilège plutôt sympa, sur une superbe scène qui plus est.
Il est 2h00, les concerts se terminent. Les DJ sets prennent le relai. Beataucue et Brusco en l’occurrence. Boom boom boom. Tchak tchak tchak. Pouêt pouêt pouêt…

La journée du samedi s’annonce un peu longuette, à l’inverse de la nuit. Il va falloir attendre jusqu’à 17h pour pouvoir assister au premier concert. Heureusement, la petite fraîcheur est là. Et puis les organisateurs du festival ont eu une idée excellente. J’en appelle à tous les organisateurs d’évènements, parce que c’est tout bonnement génial. Simple mais génial : installer un stand de jeux de société sur le site du camping. Carrément convivial, ça permet de rencontrer du monde en plus ! Mon après-midi en fut sauvé.
Certes, le line up de cette deuxième journée m’attire nettement moins. La place est belle pour le rock indie et la pop, voire même la variété. Donc, vous imaginez mon entrain. Je vous passerai les groupes confidentiels, pas franchement convaincant tels que The Lanskies ou The Jesus Christ Fashion Barbe (ceci dit, j’adore le nom !). Ce qui m’a quelque peu sorti de la torpeur est peut-être le show de l’indéboulonnable Katerine. Toujours aussi ahuri et surréaliste, avec son crew de pom pom girls qui plus est ! Du foutage de gueule assumé à regarder au 8ème degré ! Et ça ne sonne pas trop mal, en plus !
Je vous serai également gré de ne pas parler des concerts de Broussaï et Cali, au risque de me faire jeter des cailloux. On me dit dans l’oreillette que c’était franchement bof. Alors je préfère passer mon temps avec les Joséphine Street (private joke !), décidément en grande forme ce samedi soir.

Il a donc fallu attendre les douze coups de minuits pour apercevoir les vétérans du punk français. J’ai nommé Les Sales Majestés. Ils ont pris quelques rides. Leur musique aussi. Mais force est de constater qu’ils n’ont en rien perdu de leur verve. Toujours aussi incisifs, j’ai l’impression qu’ils jouent et qu’ils sonnent exactement de la même façon qu’il y a 20 ans ! Les Sales Majestés, une machine à remonter le temps. Le temps des squats, du rock alternatif qui voulait dire quelque chose et qui ne prenait pas des pincettes. Des mecs vrais quoi. Il est toujours agréable de voir des anciens avec autant de kilomètres au compteur se faire ainsi plaisir.

C’est alors sur cette « crête révolution » que se terminent les concerts qui laissent place aux traditionnels DJ sets. Sauf que ce soir, c’est Beat Torrent et ce n’est pas la même histoire ! Maîtrisant le remix comme très peu, chauffant le dancefloor comme jamais, le duo balance un electro dansant et (enfin) efficace, le tout avec un light show des plus puissants. De quoi terminer en fanfare un bon festival, frais et convivial. Car il est pour moi temps de rentrer à la maison, exit alors les Justice normands : Christine.

Ce fut donc une bonne cuvée 2011 pour le festival Art Sonic, peut être légèrement en deçà de celle de 2010. Mais bon, ce festival a su garder intact un esprit farouchement indépendant et surtout une qualité d’accueil qui fait franchement plaisir. Une formule qui, espérons-le, fasse que ce « festival des bocages » perdure. Merci alors à toute l’équipe et à l’année prochaine !
photo de Geoffrey Fatbastard
le 18/08/2011

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