Sigh - In Somniphobia

Chronique CD album (01:04:43)

chronique Sigh - In Somniphobia

Depuis le temps que je traque le metal non conventionnel sous toutes ses formes, je n’avais jamais eu l’occasion d’observer des rejetons de la chapelle black laisser libre cours à leurs penchants les plus expérimentaux autrement que drapés dans la cape de l’élitisme « avant-garde ». C'est que, si les diablotins peinturlurés s’accordent eux aussi le droit de s’affranchir des strictes limites de leur genre de prédilection, en général ils se refusent à abandonner tout à fait la posture « Don't mess with me, dude! » pour endosser le costume de bouffon du roi, jouer les vicomtes Von Der Bungle, ou faire dans le 2nd degré type Spinal Black. Résultat: le beumeu original est soit frigo-électro-intello, soit théâtralico-grotesquo-chemise-à-jabot, soit dandy-cravate-tongue-in-cheek (euh... gothico-chico-Monty Pytho?). Et dans les faits, c'est vrai que ça ne rigole pas des masses chez les Ulver, Arcturus, Vulture Industries, Ebony Lake, Solefald, Dødheimsgard & co.

 

...Bon, tant pis: on tire une croix sur un hypothétique "déglingo BM", et pour se consoler on se repasse « The Lady and the Dormant Sponge » de Carnival in Coal...

 

C’était sans compter sur la folie nippone des pourtant plus tous jeunes Sigh. C’est vrai qu’un premier contact – via le titre « Ready For The Final War », en 1996, sur la compilation Black End – aurait pourtant dû nous mettre la puce à l’oreille. M’enfin à l'époque, on restait encore dans l’« avant-garde » évoquée ci-dessus, avec une approche pas si éloignée que ça de leurs collègues de compil’ Moonspell (eh oui), Fleurety, Ved Buens Ende ou Havohej. Mais du chemin a été parcouru depuis, et avec In Somniphobia, il est enfin possible d'associer les termes « nawak » et « black » pour décrire le style d’un album chroniqué en ces colonnes. Joie et hell-égresse!!

 

Quelles cabrioles nous réserve donc ce 9e album de Sigh? Eh bien quelque chose de pas trop éloigné de ce qu’aurait pu composer Mr Bungle s’il était parti avec son sac de rando à l'assaut de la Route des Psychotropes Orientaux afin de puiser l’inspiration nécessaire à la confection d’un album de prog-heavy-speed blackisant… Si si. D'ailleurs nos loustics annoncent direct’ la couleur sur « Purgatorium », hymne grandiose et speedé de happy hobbit metal tout de shrieks vêtu – un peu comme du Bewitched sous euphorisant qui aurait convié Charlie Oleg, des violonneux et un harpiste (ouaip!) à venir faire la teuf. Et les affreux persistent et signent sur « The Transfiguration Fear », en chargeant même encore un peu plus la mule de chœurs « Whou-ouh-ouuuuuuuuh »-isants, de percus, de passages youpi-clap-your-hands, d’un solo de saxo et d’un final sifflé digne du meilleur "cowboy metal" Ufychien.

 

A ce stade – et vu le niveau d’accroche incroyable du bousin – je peux vous dire que le cglaume n’est plus que bave, sueur et fluides séminaux…

 

Mais diantre, « Opening Theme: Lucid Nightmare » semble vouloir renouer avec la pompe sympho black? Tu parles Charles: c’est juste histoire de faire une fausse joie aux irréductibles trves qui auraient supporté l’affront jusqu’ici, brisant leurs derniers espoirs dès l'entame de « Somniphobia », OVNI world-black-psyché-doom indescriptible et merveilleux, contenant passages franchement Bungle, instruments traditionnels (probablement indiens) et autres folles et superbes nawakeries! Je vous épargne la description du reste de l’album en mode track-by-track... Sachez juste qu’il est construit sur l’enchevêtrement inextricable d’un raw heavy speed blackisant, de vapeurs psyché/prog, de sonorités épicées diverses puisées en majorité en orient, de guitares leads et d’un orgue peu avares en soli, ainsi que de nombreuses incongruités trouvant toujours parfaitement leur place. Sans compter qu'on a l’impression d’entendre un morceau des Doors (shrieks exclus) sur « L’excommunication à Minuit » ...Puis qu'on fait une pause dans une boîte de blues & jazz sur « Amnesia » ...Et qu'on croise pêle-mêle, sur la suite des évènements, le Pink Floyd de The Wall, Sleepytime Gorilla Museum, Ancient, des ambiances « Versailles & perruques » (« Equale »), ou encore l’accordéon du « I’ve Seen That Face Before » de Grace Johns (« Among The Phantoms Of Abandoned Tumbrils »)… Je vous laisse imaginer la grosse ‘touze!

Le plus beau, c’est qu'en plus d'oser à tout va, non seulement Sigh réussit à rendre tout cela incroyablement cohérent, mais il se paie en prime le luxe de faire dans l’accrocheur, le mémorable – l’entêtant même! Et ceci malgré des morceaux relativement longs, et de nombreuses interludes / saynètes situées en fin de morceaux. La grande classe...!

 

Résultat? Cet album nous colle la banane des grands jours. Innovant, touffu, pétillant, effronté, et - le plus important - catchy et « metal as hell »: In Somniphobia figure d’ores et déjà dans mon top 2012!

 

PS: pour la petite histoire, Kam Lee (Massacre) et Metatron (The Meads of Asphodel) participent à cette fête en tant qu'invités. 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte:  un mélange complètement dingue et carrément réussi de heavy, de black, de musiques prog, exotiques et psyché, dans un mixture fourmillante et à tout moment imprévisible. Le tout premier album de nawak black de l’histoire?

photo de Cglaume
le 02/03/2012

4 COMMENTAIRES

Lord Orgazmo

Lord Orgazmo le 02/03/2012 à 13:15:37

Les extraits que j'ai pu entendre promettent du très grand niveau et la chronique donne encore plus envie
A voir ce que ça donne à l'écoute mais cet album semble vouloir renouer avec l'état d'esprit d'Imaginary Sonicscape qui est mon album préféré de Sigh (pour l'instant)
Déjà pré-commandé et j'ai vraiment hâte qu'il arrive

cglaume

cglaume le 02/03/2012 à 13:37:31

Effectivement, Mirai compare ce petit dernier à "Imaginary Sonicscape" ou encore " "Hail Horror Hail" en terme d'approche. (itw à venir ...)

Gwenn

Gwenn le 03/04/2012 à 08:48:48

Excellente chronique, stylée, enlevée... Ohhh combien je souhaiterais en lire des pareilles plus souvent... Voilà quelqu'un qui maîtrise un courant musical dans son époque et qui a dépassé le stade "cacafreudien" du TNBM or not to be...

cglaume

cglaume le 03/04/2012 à 09:29:29

Eh bien, si ce n'est pas du 2nd degré, merci bien !! :)

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