Sepultura - Morbid Visions

Voici réunis et remasterisés sur un seul cd par la RoadRunner le premier LP et EP de Sepultura, les 2 disques étant sortis auparavant chez Cogumelo Production en 1985 pour Bestial Devastation (ep) et 1986 pour Morbid Vision (lp).

Le line-up n'a pas grand chose à voir avec celui de nos jours, puisque seul Paulo accompagne Sepultura depuis le début, et faut voir la dégaine du groupe : jeans slim, perfecto, grosses baskets montantes, ceinture-cartouchière et gants à clous sont surmontés de coupes très classe : c'est sur que ça frise et qu'il y a du volume, mais dans une tradition thrash, pas glam ; voici pour plumage.

Parlons maintenant du ramage, et heureusement qu'ils sont dans le courant de l'époque car ces productions rament beaucoup. Je vais commencer dans l'ordre chronologique, c'est à dire Bestial Devastation où tout est "root" (au sens raw, true, necro ; pas leur cd de 1996). Sur cet ep, seul "Necromancer" est à sauver car plus inspiré (le riff principal de l'ep est le meilleur du disque, sa rythmique se veut plus lourde que speed, La voix de Max et plus naturelle et a moins de reverb, la batterie est aussi plus travaillée, la composition de ce morceau tient en entier la route, c'est la moins primaire. Seul le solo est comment dirais-je : ..."bon, tant pis"...) que les très très primaires "Bestial Devastation" (et son intro "The curse" façon grosse voix qui surgit plus de la cave que des comptes de la crypte tellement c'est mal fait) ou le très pauvre "Antichrist" (quelle recherche et originalité dans le titre du morceau), où le seul passage intéressant est le pont très death metal avant le "solo", qui lui est franchement brouillon (improvisé ???) et chiant, en plus d'être long. Je vais évoquer le titre "Warrior Of Death" sans enthousiasme, le morceau contient de bonnes idées mais reste trop répétitif. Je n'ai pas parlé du son : la batterie sonne un peu cheap, les guitares sont étoufées, Max a de l'écho pour grossir sa voix, effet foiré car beaucoup trop propre et synthétique.

On passe une année et Sepultura sort Morbid Vision, à la pochette toujours aussi "artisitique". Déjà premier point, le son est nettement meilleur, la batterie a une prise de son convenable (ou alors merci la remasterisation) ; Igor Cavalera semble jouer plus vite que sur leur premier ep : son jeu est moins linéaire, avec enfin une vraie double-pédale assurée comme il se doit. les guitares ont aussi progressé ; sur le son c'est sûr, elles sonnent beaucoup plus agressives, les solo semblent enfin réfléchis même s'ils restent partiellement brouillons. Les riffs restent primaires dans une veine punk-black de base. Un mélange de MotorHead et de Venom, ils ne sont pas révolutionnaire, mais ont au moins le mérite d'être plus riche que sur l'EP précédent. L'ensemble est aussi beaucoup mieux fagoté que sur Bestial Devastation. Ici, on ne pense même pas un simple et désuet instant la mélodie, les compositions sont brutes de décoffrage et simplement directes. Seul le jeu d'Igor Cavalera me semble moderne.

Mais le problème de ces albums, surtout pour Morbid Vision (considérons Bestial Devastation comme une démo), c'est que l'on est déjà en 1986, et que Venom tourne déjà en rond, que Quorthon est de moins en moins inspiré. Et Metallica a déjà tracé distinctement la frontière entre ce qui sera le thrash moderne et le Black-Metal (Thrash-primaire, black-thrash, ou encore TRVE Black-metal old-school) avec son "Ride The Lightning" et le "Master of Puppets", et leurs compositions beaucoup plus mélodiques qu'a l'accoutumée. Mais surtout, Slayer et son "Reign In Blood", va poser les jalons (voire même étaloner) un Thrash résolument moderne tout en restant sauvage, avec des solos névrosés joués sur des compositions non plus primaire mais définitevement efficaces ; mélant rapidité et vélocité. Dans ces conditions Sepultura ne peux pas lutter avec ces deux groupes, ce qui reflète la note finale.

Sepulturastaman

le 19/07/2009