HELLFEST 2012 - Le report de Carcinos

Les plus :

- L'organisation du Festival s'est renforcée, et j'étais heureux de pouvoir poser ma pêche dans des chiottes qui ne sentaient pas. Il fallait juste savoir qu'elles étaient nettoyées chaque matin.

- Les banques à jetons, qui se sont multipliées : même au début du festival, plus besoin de faire la queue pendant une heure, il y avait environ 6 ou 7 points de retrait, ce qui était largement suffisant.

- La décoration, et le nouvel aménagement qui ne manquait de rien. Le coin derrière la Warzone avec au bout le bar à vins permettait de sortir un peu de l'atmosphère bruyante du fest et de prendre un peu de bon temps.

- Les endroits pour s'asseoir, et non pas par terre ! C'était judicieux, ces espèces de bancs-lampadaires.

- L'ambiance, les gens, qui malgré la surpopulation sont restés tout à fait agréables à fréquenter, je dirais même plus que ça s'est amélioré au fil des années.

- La programmation, qu'on peut réellement qualifier d'éclectique, derrière laquelle on sent toute l'identité du festival se profiler dans son authenticité.

Les moins :

- J'ai mangé une tartiflette sur le site. C'est horriblement dégueulasse : un goût de médicament chimique mélangé à du jus de slip.

- Le son des mainstages, qui n'est pas terrible. Je sais bien que c'est difficile de sonoriser une telle surface en plein air, mais il doit bien y avoir des moyens d'améliorer ça.

- Rien n'a été fait pour recouvrir le sol boueux après la pluie. Par exemple, on aurait pu recouvrir ça de copeaux de paille, pour que ça absorbe... De plus, le point d'eau des toilettes à côté de la Valley a créé un ruisseau dans lequel se sont barbouillé tous les crados du fest...

- Il y a beaucoup trop de monde... C'est normal, il faut développer le fest pour lui permettre de se produire dans sa dimension la plus large (des petits groupes aux têtes d'affiches), ce qui permet de ramener des groupes inédits sur la scène (comme King Diamond, même si je n'aime pas je comprends la "beauté" de la démarche). Mais c'est dur à supporter.

- Le parking et camping qui sont pleins dès le Jeudi soir. Il serait souhaitable de privilégier l'accès du camping au festival en terme de distance, par exemple entourer le site du fest de campings, de manière à donner plusieurs accès au fest.

- Le jeu de barrières pour clôturer les espaces... Inutile de barricader le camping, c'est se battre contre des moulins à vent...

Vendredi  15 Juin

Belenos : Heureux de voir que des potes s'étaient incrusté dans le line up d'un tel groupe, je voulais voir Marc le Gall (HUH) et Antoine, voir comment ils s'en sortent. Et force m'est de constater que c'était classieux. Le Black Metal n'est franchement pas ma tasse de thé, mais Belenos propose quelque chose qui ne s'encombre pas trop de blast beats et cherche plutôt la mélodie avant tout. Les chœurs ou voix claires manquaient de justesse mais étaient cependant parfaitement bien pensés dans la musique de Belenos.

Thou : C'est très simple : au départ, j'arrive au fond de la tente de la Valley. Thou me donne alors l'impression de faire un espèce de Sludge avec une voix black/hardcore très criarde qui ne m'enchante guère, dans l'idée de gueuler pour gueuler. Je m'approche un peu plus, et le son devient différent : la voix est moins forte, et les basses semblent monter. De plus, quelques riffs sludge bien sentis déferlent sur ma couenne. Je suis alors convaincu, et m'approche encore plus près pour un final décapant. Thou était l'une des grosses surprises de ce fest.

Brain Police : Je n'avais pas prévu de les voir. Mais ce fut la seconde surprise de ce fest. Brain Police nous vient d'Islande, et ils nous le font savoir avec un drapeau Islandais agité fièrement tout au long du set. Ces poilus à cheveux longs et blonds nous desservent un Rock'n roll digne de Led Zeppelin, ne serait-ce qu'à considérer le jeu du batteur typique d'un Bonham (sur un de leurs morceaux on retrouve exactement la même introduction de "Rock'n roll" de Led Zeppelin, et même son solo m'a fait penser à "Moby Dick"). La voix était quant à elle remarquable, haut perché à la façon de Clutch, mais avec un timbre ressemblant plus à celui de Garcia (Kyuss). Un excellent concert, une excellent prestation.

The atomic Bitchwax : Troisième surprise de ce fest. J'avais entendu de nom ce groupe mais jamais je n'y avait posé une oreille. Ce fut fait. Et, comment dire, c'est génial, les gus enchaînent des riffs proprement inhumains avec une vélocité et un groove hors du commun. Le travail du bassiste et du gratteux, tant sur leur manche que sur leurs cordes vocales est incroyable. Le tout paraît cependant très dense et on a l'impression de se faire éjaculer sur la face tellement les milliards de notes qui composent leurs riffs sortent comme des goutelettes de sperme de leurs manches. Ils ont, à la fin de leur set, repris Pink Floyd et l'excellent "Pigs". C'est un groupe que j'aimerais revoir, rien que pour leur énorme son de leur basse (j’appelle ça un "coin coin").

Orange Goblin : Un set plein de nouveaux morceaux, assez brutal (comme les metalleux l'aiment) mais qui s'éloigne de la veine Stoner planant que j'aime tant chez eux. Il est vrai que depuis quelques albums, Orange Goblin est passé à un Rock bourrin qui frappe. C'était donc moins ma came, j'ai lâché l'affaire à la moitié du set.

Colour Haze : Est-ce parce que j'avais enchaîné déjà pas mal de concerts ou parce que la fatigue de mes jambes me tenait déjà, quoi qu'il en soit je n'ai absolument rien retenu de ce groupe. Rien de mauvais à dire d'eux, mais ils n'ont absolument pas marqué mon esprit. Peut-être que le trip Psyché manquait parfois d'intensité et d'effets ?

Lynyrd Skynyrd : C'est sous le couvert de railleries que je me dirigeais vers ces dinosaures du Rock'n roll, ou plutôt ce qu'il en reste. "Il n'y a plus qu'un seul membre d'origine, ils sont vieux", etc. Je n'ai pourtant pas boudé mon plaisir à voir "Gimme back my bullet", "Simple man", "Sweet home Alabama", et surtout j'ai réellement tiré ma larme sur "Free bird". J'emmerde les critiques, Sans ces nouveaux membres, je n'aurais jamais pu voir un tel groupe provenant directement de l'âge d'or. Peut être que le set était trop classique, trop "plat", mais rien ne peut cependant défaire mon plaisir de les avoir vu.

Hank 3 : Là, c'était vraiment la fatigue qui m'a fait quitter le concert de Hank 3. Après avoir vu le drapeau sudiste flotter devant Lynyrd Skynyrd, je le retrouve encore dans la Valley. Une invasion ! Hank 3 avait tout de même le mérite d'être le groupe le moins attaché à la scène metal de tout le festival. Leur Country un peu bizarre dégageait cette ambiance de pub Irlandais où l'on tape du pied sous l'air des violons et autres Banjos. Je constatais alors que tous les festivaliers de la Valley ne pouvaient s'empêcher de sautiller en rythme, parfois même contre leur gré, ce qui était particulièrement comique.

Samedi 16 Juin

Big Business : Ce n'est pas ma came, et malgré l'enthousiasme de mes compagnons à aller voir ce groupe je n'ai pas réussi à rentrer dans l'ambiance un peu clownesque de ce groupe. La reprise des Melvins clôturant le set m'est tout de même restée dans la tête toute la journée.

Ufomammut : J'avais été déçu par leur passage au même festival en 2009 : le son était très mauvais,
leur ampli avait pété à un moment crucial (le premier morceau de Idolum, le break juste avant de mettre la grosse purée). Là, j'ai bien senti qu'ils voulaient se rattrapper : ils ont commencé leur set exactement avec ce même morceau, cette fois avec du GREEN derrière eux, et oui effectivement la sauce a bien pris. Le reste des morceaux, nouveaux, m'a moins plu cependant, je trouve que ça manquait d'énergie. Mais le son était lui au rendez-vous, c'est déjà une bonne raison pour moi de renouer un peu avec leur musique.

Unsane : La même chose que pour Big Business : je n'accroche pas du tout à cette musique, tout simplement. Je suis resté en dehors de la tente.

Yob : tout devant, juste un peu déçu par la basse qui crachait un peu et gâchait le mix de l'ensemble, au détriment de la guitare. Les morceaux aussi étaient nouveaux, j'aurai bien aimé voir "Quantum Mystic", à la même manière que pour Ufomammut je trouvais que ces morceaux manquaient d'accroche... Peut-être est-ce tout simplement dû au fait que je les écoutaient pour la première fois.

Saint Vitus : Comment dire... Même pioche : de nouveaux morceaux, et donc une baisse du niveau par rapport aux anciens (toute la setlist ne faisait pas le poids comparé au magistral "Born too late" qui clôturait le concert). Le groupe était en forme en tout cas. C'est juste que... Dave Chandler. Voilà. Ce type a un charisme énorme sur scène, mais ça ne l'empêche pas de faire des solos tout pourris (la technique "je touille mon manche" mériterait d'être brevetée à son avantage). Mais cela n'a en rien terni la bonne ambiance qui se dégage du concert, et voir l'entousiathme de Chandler à jouer dans la foule, brandissant de temps en temps (quand il pouvait) sa guitare au milieu de la foule, et voir Wino demander aux reste du groupe de finir là le morceau ("sinon on en a pour des heures"), c'était juste excellent. Je ne peux m'empêcher d'imaginer un groupe Lee Dorian meets Dave Chandler...

Entombed : HUH. Excellent, de bout en bout, carré et bourrin. Voilà un excellent groupe de Metal avec un grand M, qui n'a rien à envier à personne. Ce groupe a mit tout le monde d'accord.

Dimanche 17 Juin

Alcest : Ce metal atmosphérique tient plus de la Pop que du Metal, c'est évident. Certains passages ne manquaient plus que de quelques accord d'un the Edge pour ressembler à du U2. Dans l'absolu, c'est agréable à écouter, mais leur musique manque totalement d'originalité.

Monkey 3 : assez bon concert avec une ambiance et des sons psychédéliques à souhait, entièrement instrumental, ce groupe ne joue cependant pas sur un terrain "Stoner" et s'en détache d'autant plus pour tout de même servir une musique planante.

Black label Society : Le son était potable, les morceaux passaient bien et cette fois Zakk Wilde n'avait pas de bronchite. Je me suis dit que puisque Zakk Wilde ne pouvait pas jouer aussi longtemps que à son dernier passage, il se passerait alors sans doute de ses solos interminables. C'était raté. Je trouve cela pitoyable qu'un seul homme tienne la scène pendant que le reste des musiciens partent boire un coup. On est où là ? Le Rock'n roll, il est où là dedans bordel ?

Acid King : Acid King est un groupe qui s'apprécie non pas tout devant la barrière à scander leur nom comme des tarés, mais plutôt en retrait, assis à rouler des cigarettes magiques. Je tiens juste à dire qu'il est bien dommage que leur "2 wheels nation" soit joué si rapidement. Ca n'est ni judicieux, ni facile à faire, et en gros tout le monde y perd, le groupe lui même avait du mal à suivre son propre rythme imposé. A croire qu'ils ont oublié comment jouer au ralenti ? Que nenni, les hymnes tels que "Silent Circle", "Electric Machine", et surtout "Buse Woods" m'ont tout simplement enchanté.

Devil driver : Non je ne voulais pas les voir. En fait je ne connaissais même pas. J'ai détesté. J'étais là pour attendre le set de Blue Oyster cult. Qu'est-ce que c'est pourri dis donc. Le batteur ne sait pas jouer, le chanteur ne sait même pas hurler correctement. C'est insupportable. Je conchie.

Blue Oyster cult : Excellent set groovy et rempli de bons classiques, les vieux brisquards savent encore tenir leur manche et n'auront pas raté l'occasion du Hellfest pour convaincre de nouveaux fans.

Pentagram : Excellent prestation du groupe, c'est juste un peu pénible de subir les solos FM à chaque morceaux. Mais la setlist était excellente, que des classiques. Un grand moment avec Bobby qui jouait avec son dentier. Mortel.

Suffocation : N'étant pas adepte du Death Metal, je voulais tout de même découvrir ce groupe considéré comme l'un des pilliers du genre. Seul problème : on entend la batterie par dessus n'importe quel instrument et les riffs complexes en étaient devenus pour moi totalement incompréhensibles. Je pense qu'il faut avoir écouté le groupe sur disque avant de se plonger dans un de leurs concerts.

The Obsessed : Je suis arrivé sur la fin du set, j'ai vu la reprise d'Iron Horse. Excellent groupe, très bon son, et je suppose que Wino était plus à l'aise qu'avec Saint Vitus en ce qui concerne les solos de guitare.

Sunn O))) : Le final du Festival, un grand moment. Sunn O))) ne fait pas l'unanimité, pour la bonne raison que leur démarche artistique n'est qu'à 50% musicale (et encore), le reste étant axé sur la puissance du son et des infra-basses. L'ambiance quant à elle était rituelle comme jamais et le chant d'Atilla m'a marqué au fer à brûler. Quelques techniques de Khôomi et un peu de chant grégorien, liturgique ont servi au reste des emburés un support à leur débauche de Drone. Un set maîtrisé, insaisissable et une prestation grandiose.

Carcinos

le 13/07/2012