Hellfest 2017 - Le week-end de Cglaume - troisième partie

Hellfest 2017 Le week-end de Cglaume - troisième partie (dossier)
 

 

Dimanche

 

 

Un Hellfest réussi n’est jamais vraiment complet sans une petite interview de l’un de ces groupes dont on espère que ses membres sont aussi sympas que leur musique est bonne (… comment ça : vous ne vous livrez pas à ce genre d’exercice vous ?). Et cette année le plaisir promettait d’être double, le groupe interviewé étant Skindred, et l’équipe d’interviewers CoreAndCo-iens incluant en ses rangs Flo’ de 6:33. Eh oui ! Mais laissons cela à la rubrique « Interviews » où vous pourrez retrouver le résultat de cette pétillante rencontre… Du coup, entre les préparatifs de cette entrevue, la rencontre elle-même et un désagréable épisode de « Putain j’ai paumé mon portefeuille : AAAAAAAARGH » (qui, ouf, se finira bien), cette matinée dominicale se fera sans un poil de son live. Et tant pis pour Mortuary que j’aurais pourtant bien aimé voir…

 

Le retour dans l’action live se fera donc uniquement à 12h50, pour assister au concert de Prong. Carrément convaincu par leur prestation donnée lors de l’édition 2013, et joliment émoustillé par les très bons X – No Absolutes et Ruining Lives, il aurait été stupide de ne pas être au rendez-vous devant la Main Stage 2. D’autant que c’est justement « Ultimate Authority », le titre ouvrant l’album de 2016, qui vient nous a-mosher les gencives en guise de bienvenue. Plus grassement mid-tempo, plus juteux, et plus enthousiasmant encore, « Beg To Differ » nous rappelle ensuite que, putain, ça passe vite 27 ans ! Et puisqu’on cause de vieillerie qui a encore toute sa place en 2017, c’est à présent « Unconditional » qui débarque avec ses saccades Djent-friendly (pour les nerds), sa basse groovy (pour les Fusion freaks) et ses accès plus punky (pour les vilains). Bordel, c’est qu’on en danserait ! Et le groupe de continuer à nous prouver qu’ils sont du côté du bon grain et non de l’ivraie en se refusant – bien qu’il y aurait eu matière, par exemple sur « Lost and Found » – à demander au public d’entonner des « Hey ! Hey ! » à la con, les Américains n’ayant pas besoin de ça pour communiquer de manière réellement complice avec nous autres. Ruining Lives se voit ensuite représenté par le presque joyeux « Turnover » – lors duquel un nuage de poussière se lèvera du fait d’un circle pit mouvementé – avant que la formation revienne à son dernier album en date via le tube « Cut & Dry ». Mais un show de Prong ne peut se terminer sans un dernier virage par le culte Cleansing. D’où une doublette « Whose Fist… » / « Snap Your Fingers… » déjà vu, mais toujours aussi bon !

 

Le concert de Skindred qui s’annonçait ensuite à 14h20 allait nous obliger à remettre en œuvre la technique du « Je zappe un concert pour squatter devant les barrières ». Parce qu’il y a des moments qu’on ne savoure vraiment à plein que bien calé aux abords de la scène. Du coup la suite du programme se résuma à une séance de pied de grue qui n’aurait pas dénoté sur un chantier Eiffage. Enfin plus pour la grue que pour le béton, car en fait de béton c’est une musique en carton qu’il faudra supporter pendant les 40 minutes du set de Motionless in White, groupe d’Electro-Marylin Manson-core (ou de Wave Your Hands In The Air Metal si vous préférez) qui se gave (et nous gave !) à tous les râteliers : Djent, Deathcore, passages en chant clair tout meugnoooon & co. Avec un frontman tatoué comme un yakuza à cartable, une zombinette à la basse et tout le décorum gothico-rebelle de série, on aura eu droit au grand feu d’artifice pré-pubère !

 

Mais il est temps de revenir à des choses plus mûres, plus dodues et plus chaleureuses. Avec le quintet de Newport et son zébulon de frontman, qui vont enchaîner les tubes au cours d’une setlist plus généreuse qu’en 2013. Ça démarre sur une version Dubounette de l’arrivée de Darth Vador pour débouler sur « Under Attack », puis continuer très fort sur l’hymne « Rat Race », au cours duquel Benji trublionne en profitant du départ programmé des photographes de presse pour balancer des « Fuck photographers » espiègles. En apôtres de l’Anti-discrimination et de l’Amour de son prochain (avec la langue ?), le leader profite de son répertoire très coloré pour pousser le public à dépasser les clivages et à se donner corps et âme à sa musique. Et si le discours peut sembler parfois un poil lourdingue – d’autant qu’on sent que ce concert n’est pas le premier et que l’on n’est plus ici dans la fraîcheur adolescente – et que l’on n’a pas systématiquement envie de lever les bras en l’air ainsi que l’on y est exhorté, le message passe d’autant mieux que la musique est terriblement accrocheuse. De toutes façons, quand on se prend dans les dents un « Doom Riff » (Who-ô O-ô O-ô O-ô-ô !), ou la séquence « Sound the Siren » / « Kill the Power » / « Pressure » / « Warning », on pourrait tout accepter. Y compris cette nuée de slammeurs qui viendront quasiment non-stop essayer de nous déloger la casquette du dessus du crâne.

 

Après cette grosse dose de bronzette musicale, on se retrouvait particulièrement bien disposé pour juger de l’interaction entre l’astre solaire et le site. Et de réaliser que, s’il existe encore des pistes d’amélioration pour le festival, elles pourraient inclure le déploiement de plus de zones couvertes, ce qui aurait le mérite d’offrir

1) plus d’ombre en cas de gros cagnard

2) plus d’abris en cas de pluie

Ce qui par rebond permettrait de désengorger les tentes – Altar, Temple et Valley – dont le public gonfle artificiellement quand la météo fait des siennes.

 

Mais ce sont sous des cieux « techniques » qu’il nous faut à présent nous rendre, la fête du Technodeath démarrée avec Carcariass devant aujourd’hui trouver une double prolongation. Et celle-ci commencera avec les Canadiens de Beyond Creation, qui ont planté leurs hosties et leurs calices sous l’Altar. C’est uniquement armé de la connaissance de Earthborn Evolution que je rentre dans le set, tous les auspices et les indicateurs étant de ce fait au vert. Premier constat : les bougres sont jeunes et enthousiastes, ce qui apporte toujours un gros plus comparé aux prestations de certaines vieilles ganaches statiques (…là, ne vous méprenez pas, je n’évoque absolument pas les Français précédemment évoqués). Et heureusement, du coup, car cet aspect va compenser un peu la médiocre qualité du son – en même temps, c’est vrai, j’aurais peut-être dû éviter les abords de la colonne d’enceintes de gauche, face à laquelle on ne profite pas des morceaux dans les meilleures conditions. Après un morceau de moi inconnu – certainement extrait de The Aura, leur premier album –, le groupe s’attaque à un beau trio tout droit emprunté à leur 2e album avec, à la queue-leu-leu, « Sous la lueur de l'Empereur », « Earthborn Evolution » et « Theatrical Delirium ». On se choppe des frissons sur des séances de tapping à n’en plus finir, on sent la tempête se lever sur des déflagrations aussi brutales que finement ciselées, on lève les sourcils sur des samples osés (du saxo !), on sourit lors des interventions orales pleines de cet accent baignant dans les hormones de caribous : bref, c’est la fête ! Puis retour à un titre du 1er album (« Coexistence » a priori) permettant de profiter de toujours plus de ces exercices de tapping délicats, avant de finir en grand sur « Fundamental Process ». De la grande orfèvrerie, de la modestie doublée de franche jovialité, de la puissance… Comment élargir encore plus le sourire ? Avec de la bière gratuite, ce que 2 metalheads israéliens me procureront alors que, manifestement, ils commençaient à caler sur leur pichet de Skøll. Le Québec reste un très grand pays du Metal technic, tââbernac’ !

 

La suite immédiate du programme dominical n’excitant que faiblement mon thermomètre métallique, je décidais d’en profiter pour tenter quelques découvertes. Mon dévolu se portera alors sur Sanctuary, formation qui – à l’origine – rassembla le noyau dur Warrel Dane / Jim Sheppard / Jeff Loomis qui formera par la suite Nevermore. Cette dernière formation étant dorénavant enterrée au cimetière des zélés fans, c’est aujourd’hui sous l’étendard du Sanctuaire qu’on retrouve un Warrel Dane usé, vieux cowboy qui, vu d’en bas, donne l’impression de salement se faire chier… Et c’est malheureux, mais cela déteint sur le public, surtout quand – à l’instar de ma pomme – on passe en touriste prendre la température en espérant se prendre un coup de chaud. Pour le coup ce sera plutôt une douche froide… On n’avait pas évoqué des formations de « vieilles ganaches statiques » il y a un paragraphe de ça ?

 

Pas plus émoustillé que ça par les Alter Bridge, Equilibrium et autres Trapped Under Ice, la fin d’après-midi fut consacrée à des retrouvailles, notamment avec un ancien photographe Hellfesteur du ‘zine – Clément Mahoudeau, dont vous avez pu apprécier les photos à l’occasion du report de l’édition 2015 – et, par transitivité, avec une partie du line-up des fou-f[o]usionneurs de Toumaï. Du coup, de bières en glandouille aux abords de l’Altar, c’est ensemble, devant l’écran accroché à l’entrée de la tente, que l’on suivra le set des légendaires Nostromo. Pas grave d’être aussi loin de la scène, meuuuh non : ce n’est que sur le tard que j’ai découvert le très bon Ecce Lex, il y a néanmoins suffisamment longtemps pour que je ne me rappelle plus que vaguement de la chose… Du coup l’emplacement était parfait, sans slammeurs pour nous écraser la courge, sans pogoteur pour nous déplacer les côtes, et avec suffisamment d’espace pour se trémousser sur ce Metal aussi méchamment râblé que carrément dansant. Ce sera d’ailleurs l’occasion pour le collègue des Eternels avec lequel je partageais ce périple de 5 jours de s’adonner à autant d’improbables pas de danse qu’à de taquineries magnifiquement lourdes auxquels le public de passage répondra en général de manière stoïque – le gabarit et la dégaine dudit collègue y faisant sans doute pour beaucoup. Restera une (autre !) image forte de ce concert : les yeux halluciné du frontman, sorte de Tony Parker blanc dont le dernier shot de dope restera tout au long du set inscrit en rouge vif aux fond de ses prunelles dilatées.

 

Prophets of Rage dites-vous ? Trop de monde, trop loin, trop « recomposé ». On laissera ça à Margoth, qui vous en parle bien mieux que moi dans la colonne voisine. Non, malgré les fiascos Pretty Maids, Trust et Sanctuary, c’est à nouveau dans les vieux pots qu’on va tenter de se faire une douce soupe métallique en assistant au concert de Metal Church. Et vu que je ne connais que leurs 2 premiers albums – dont le plus récent a quand même plus de 30 ans – et qu’entre-temps ils ont semble-t-il sacrément coupé leur vin avec de la flotte, tous les éléments étaient réunis pour que ça se passe une fois encore des plus mal… Eh bien pas complètement Fernand. Mais un peu quand même Willem. En même temps, le contraire eut été étonnant. En démarrant avec « Fake Healer » – vieillerie à l’approche martiale bien enlevée, séduisante même pour un béotien – les Américains mettent astucieusement leur public de bonne humeur : en effet, pas besoin de maîtriser le titre pour l’apprécier, l’accroche est immédiate. Du coup on a le sourire aux lèvres, et l’esprit suffisamment libre et bien disposé pour jauger le groupe sans être pollué par des a priori injustement négatifs. Ce choix s’explique aussi par le fait que le chanteur actuel était déjà là à l’époque de Blessing In Disguise, album dont est extrait le morceau. On note que ledit Mike Howe a un côté un brin efféminé, et que c’est un vrai performer, qui sait occuper la scène et a conservé une belle voix. Le 2e morceau continue dans le old school relativement pêchu, puis « Needle and Suture » nous démontre que le registre récent du groupe reste solidement ancré dans le Heavy / Thrash costaud. Mais il faut attendre « Start the Fire » pour que, justement, on retrouve le feu qui nous animait à l’époque de The Dark. Et pour le coup, le Mike nous bluffe vraiment par sa capacité à rentrer dans les bottes de feu-David Wayne, même s’il manque sans doute un chouia de fiel dans la façon dont il restitue les lignes de chant. Suit une nouvelle salve de titres de moi inconnu, dont – renseignement pris – un « Gods of Second Chance » à la ligne de basse bien tendue, et un autre titre récent, « Killing Your Time », dont j’aurais juré qu’il datait des 80s ! Et comme le groupe semble bien décidé à donner un peu de bonheur à chacun de ses fans, il revient enfin dans le passé pour ressusciter l’album éponyme le temps d’un « Beyond The Black » franchement énorme. Par la suite par contre, c’est de nouveau la disette en mode touriste avec un avant-dernier titre heavy sympa mais générique en première approche, et un final aussi éloigné des 2 premiers albums que Sarkozy d’un panier de basket… Du coup ce premier rendez-vous tardif avec les Californiens, s’il fut relativement sympathique, laisse quand même un sévère goût d’inachevé.

 

Ayant gardé un bon souvenir de la prestation d’Emperor en 2014, mais n’étant pas non plus un fanatique de 666 Metal, je décidais d’appliquer une fois de plus la règle du « 1 concert zappé = 1 concert aux premières loges » en ne suivant la prestation des Norvégiens que de loin, et comatant aux alentours des barrières, histoire de me préparer un show de Coroner dans les meilleures conditions. C’est par contre un peu triste de constater que ces 2 formations cultes bénéficiaient il y a encore quelques années du faste des Main Stages, mais qu’il leur faut à présent se contenter de tentes plus « confidentielles »… En même temps cela facilite le placement vers l’avant en éliminant une bonne quantité de Jean-Michel-qui-squatte-pour-voir-Kiss-ah-bon-c’est-pas-cette-année, donc on ne bougonnera pas trop non plus… Minuit, l’heure de la séance d’hypnose Techno-Thrash arrive enfin ! Démarrage « en douceur » avec « Golden cashmere sleeper, part 1 », avant l’arrivée de l’excellent « Internal Conflicts ». Mais ouais, moi aussi « I feel like doing it ». Griiiiiiiiiiin ! Et quand on se sent aussi bien sur un disque, il sera dommage de ne pas s’y attarder, surtout quand on a une perle de groove saccadé comme “Serpent Moves” dans son répertoire! D’ailleurs mais…. C’est quoi ces conneries ? L’Altar n’est même pas remplie ? N’allez pas me faire croire que c’est Linkin Park qui détourne les métalleux du droit chemin quand même ??? Un pas chronologique en arrière, un supplément de chaos dans la rythmique, un poil de plus de barbelé dans le riffing : c’est bien Mental Vortex qui se voit à présent fêté, avec d’abord « Divine Step », puis un « titre qui parle de terroristes », « Semtex Revolution », dont les contretemps hypnotiques ne peuvent que brancher les fans de Mes Choux Gras. Encore un pas en arrière avec « Tunnel of Pain » – qui nous semblera un peu longuet, notre niveau de fatigue s’accommodant assez mal avec les parties planantes et les solos narcotiques –, puis un 2e vers Punishment for Decadence avec l’énorme « Masked Jackal ». Que c’est bon ! Puis le retour vers le premier album patientera le temps d’un « Grin » magique, syncopé et magistral, pour ensuite s’incarner en un « Reborn Through Hate » suivi de « Die By My Hand ». Mais arrivé aussi loin on ne pense plus trop à noter aucune autre info que la setlist, tout autre détail n’étant qu’accessoire, et désagréable interruption de ce long kiff musical… Est-il besoin de préciser s’il valait mieux être là ou vissé sous sa casquette devant le « Park » ?

 

Vu que le groupe va cesser toute activité, qu’ils sont franchement excellents et qu’on est quand même à Clisson pour s’en mettre plein les oreilles, j’aurais dû courir vers la Warzone pour me faire Dillingeriser la tête à grand coup de Mathcore Pop/hystéro. Sauf que le dimanche, tard, on a envie de faire un dernier bisou mouillé aux copains, de se dire « à l’année prochaine vieille baderne », toutes ces choses qui sentent fort le vestiaire d’après-match, bière incluse mais savonnette-sous-la-douche non. Du coup je profitais de la proximité Altar—VIP pour aller serrer des louches et vider des mousses. Sauf que tout un tas de copinous étant déjà partis, et vu que sans musique la fête est moins folle, je me ré-extrayais de l’antre aux privilégiés pour aller voir si un fan d’Igorrr et de The Algorithm aurait pu se laisser séduire par le rose fluo de la Synthwave de Perturbator. Gros jeux de lights façon Jean-Michel Jarre de la génération Texto, costume de moine et Techno à gros néon : cette sortie de Hellfest était encore bien plus zarb que celle effectuée il y a quelques années de ça sur Punish Yourself. C’est que ça ondulait du shorty aux alentours de la Temple, qu’on se serait cru dans une Rave Party ! Parce que si certains morceaux posaient des nappes de synthé flashy sur du pseudo-Indus costaud du beat, d’autres titres franchement rose bonbon faisaient plus penser à de la Dance / Disco façon Véronique & Davina. Sans parler d’une 3e catégorie de compos qui jouaient sur une nostalgie née de similarités mélodiques et sonores avec les vieux génériques de série, Airwolf et Tonnerre Mécanique en tête. Un peu décalé pour finir la teuf du Metal en grand ! J’aurais peut-être dû pousser jusqu’à Slayer tout compte fait…

 

 

Bilan

 

 

Moins déséquilibré que certaines années par des têtes d’affiche trop protubérantes, le Hellfest 2017 a su s’améliorer à tous les niveaux sans se perdre dans le Grand-Public-A-Tous-Prix (oui, Linkin Park, je sais…). S’il devient dur de faire des reproches à l’orga’, on pourra quand même lui conseiller de multiplier les toiles et autres structures pouvant procurer, selon le cas, ombre ou abri contre la pluie, ce qui réduira les engorgements artificiels des Altar, Temple et autres Valley en cas de météo agressive. Et pour en revenir à des considérations plus nombrilo-centrées, sur l’échelle du kiff-ou-suck, on retiendra de cette cuvée 2017 1) les excellents prestations de Coroner, Avatar, Igorrr, Suicidal Tendencies, Skindred, Prong et Carcariass, 2) la semi-déception Devin Townsend, 3) le rendez-vous loupé avec Primus, 4) et la géronto-cata Trust. On s’rappelle on s’fait une bouffe en 2018, Hellfest ?

photo de Cglaume
le 18/11/2017

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