Hellfest 2017 - Le week-end de Cglaume - première partie

Hellfest 2017 Le week-end de Cglaume - première partie (dossier)
 

 

Jeudi

 

 

… Non mais c’est quoi cet insupportable 2-poids-2-mesures ? Tandis que certains bénéficient d’un emplacement clairement délimité avec prise électrique privative et place où poser leur Twingo tunée, la paire de webzineux que le grincheux du site d’en face et moi-même formons doit planter ses tentes dans un no man’s land bordélique, tirer ses 15 mètres de câble jusqu’à une borne qu’on ne peut accéder que grâce à un métalleux prévoyant et généreux doté d’une multiprise, et se garer à l’autre bout de la planète Clisson, là où les forces de l’ordre ont promis de ne pas faire d’enlèvement de carrosse à la sauvage. Appelez-moi le Directeur du Camping municipal !

Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qu’on fout là alors que le fest’ propose son propre campement ? Oui alors bon : marre des « Apéroooooooo ! » beuglés à 4h du mat’ ! Le lapin-reporter prend désormais soin de sa vieille carcasse et de son sommeil fragile loin des Blue/Blanc/Red Camps, à l’ombre des arbres millénaires (… on enjolive pour faire plus épique) du Camping du Moulin. Sauf que, manifestement, il semblerait qu’il nous reste un peu de marge de manœuvre pour être encore mieux lotis l’année prochaine, en demandant cette fois explicitement à bénéficier d’un emplacement individuel. A creuser...

 

Mais on n’est pas là pour causer duvet et brosse à dent. Arrivés sur les lieux du crime musical pour retirer nos pass, il nous apparait vite évident que la déco a encore fait un « level up », l’entrée du site ayant manifestement été cette fois sponsorisée par Marshall vu que de gigantesques amplis servent de Portes des Enfers à l’impressionnante marée humaine déjà arrivée en ce jeudi après-midi. Pas de changement majeur sur la Main Street du Hell City Square, si ce n’est un stand de rétro gaming et une scène sur laquelle des groupes concurrencent (ou presque) ceux du Metal Corner. De longues files humaines signalent le stand de recharge des cashless (le bon plan c’est plutôt d’aller faire le plein au Metal Corner, mais chuuuut) ainsi que la boutique d’achat des billets pour l’édition 2018 (mazette, déjà ?!). Arrivés juste à temps pour entendre les dernières notes de la prestation de Tina Turner Fraiseur, on constate que la tente du Metal Corner a refait sa déco extérieure façon Tigrou (gloups… Pour être en phase avec la déco des Main Stages des 2 précédentes éditions ?). Mais la soif, la faim et le froid (jusqu’au bout de la nuit en T-shirt only ? Taratata : achat d’un sweat Voivod au Metal Market) nous tiendront encore quelques temps éloignés des formations qui jouent pour les ej-hellfesteurs précoces du jeudi. Nous n’y reviendrons que pour voir Iron Bastards, groupe de Boogie Woogie Motörhead Metal sympa, idéal pour vider nos godets en musique. D’ailleurs en parlant de « tise », dommage que le bar le plus proche ne propose que Kro et Skøll pour nous rafraîchir le gosier… C’est moi ou il y avait de la Grim’ l’an dernier ? Quoiqu’il en soit ça remue bien sous la tente, où – il faut dire – le public est encouragé par des gars de la sécurité qui brandissent carrément des pancartes « Slam ♡ Recommandé » ! Après les Alsaciens Lemmylophiles, place au Death / Thrash rugueux des Parisiens de Bleed dont on retiendra surtout que le pauvre batteur a eu des problèmes de retours pendant toute la durée du set, le groupe s’en plaignant après chaque morceau. Pas foncièrement captivé par la prestation, on s’éloignera à nouveau de la tente pour n’y repasser qu’en coup de vent lorsque les coreux de Born To Burn viendront y prêcher les bienfaits de la violence urbaine et du pogo viril. Pour finir, on se focalisera bientôt plus que sur les saintes missions constituant 1) à épuiser les déssoiffeurs déjà présents sur le site, et 2) à engouffrer des monstruosités graisseuses dégoulinant de bons lipides. Puis dodo pas trop tard, histoire d’être frais et dispo’ pour le vrai début des hostilités… A demain Enfer Métallique !

 

 

Vendredi

 

 

Le vendredi, au chant du coq, le Hellfesteur désorienté dispose d’une petite demi-heure avant les concerts pour apprivoiser la nouvelle configuration du site. L’ex-estropié que je suis (cf. le PMR-report de l’année dernière) remarque assez vite que cette année les éclopés sont mieux lotis que lors de l’édition précédente. Un accès au niveau du SUPER-VIP pour assister aux concerts sur les Main Stages, un espace dans le fond pour ne plus se briser la nuque et les tympans au pied de la Temple et de l’Altar : j’ai décidément mal choisi mon édition pour me fouler la patte l’année dernière ! A croire que Ben Barbaud et ses barbettes ont tenu compte de nos observations (… il ne prendrait pas l’melon le lapin là ?). Autre sujet sur lequel nous n’avions jadis de cesse de cracher de la bile : la déco ridicule des Main Stages… Envolée, les 2 scènes sont dorénavant encadrées de larges écrans géants bien plus pratiques et adaptés au confort du festivalier perdu en fond de site. Par ailleurs on peut également constater la réalité des autres aménagements annoncés par l’orga’ : un espace agrandi devant les Main stages – qui ont donc, mécaniquement et logiquement, été reculées –, ainsi que le déplacement de l’entrée du VIP au-delà de la Temple. Les abonnés aux Main Stage râleront peut-être, sauf que 1) quand on est plus adepte de la Temple, de l’Altar ou de la Valley, ce n’est pas un souci, 2) la circulation est bien meilleure, notamment lors des concerts des poids lourds, 3) l’espace sonore est un peu moins irrespirable quand il s’agit d’effectuer une interview. Bien vu Ben le Barbu !

 

10:30, ne loupons pas notre premier rencard ! On commence en France, avec des pionniers de l’extrême hexagonal (26 printemps dans les pattes quand même) : Putrid Offal. Blouses de bouchers de laboratoire, goutte-à-goutte jaune et rouge de part et d’autre du micro, décor de chambre mortuaire avec casiers ouverts : on baigne en pleine ambiance « early Carcass » / Exhumed ! Sauf que… Hey, ça ne serait pas Benji de Skindred à la batterie ? Mouais… Mike Smith de Suffocation serait une référence plus judicieuse ! Autre hallucination visuelle : damned, mais c’est une version « oldy » de Peter Tägtgren qui s’active à la guitare, non ? Allez, cessons là notre partie de jeu des 7 différences, et ouvrons plutôt les oreilles. La musique des Nordistes est un gros Death qui sait être très méchant, mais pas que, le groupe injectant tantôt des accents Grind, tantôt du bon gros groove dans sa tambouille. M’enfin l’arrière-goût le plus évident reste celui de Carcass. Bien que très sympa, la prestation peine à motiver un public assez apathique qui mettra beaucoup de temps avant d’offrir enfin un pauvre circle pit et un slam au groupe. N’empêche : il faudra se pencher sur l’EP récemment reçu par CoreAndCo, car nos papys en ont encore sous le scalpel !

 

La suite des évènements se passe en mission spéciale au VIP, dont il a été dit à l’avance monts et merveilles… Et bordel : ils ne mentaient pas les zoziaux ! Jardins à la française (ou presque), fontaine et sculpture, espace couvert façon « Galerie des Glaces » sans glaces mais garnies d’une déco tout droit sortie des Catacombes : c’est GRAN-DIOSE ! En plus il est de nouveau possible d’y acheter de la Grim’ (quoi ? Si, c’est important !).

 

Et pour continuer à s’en mettre plein les mirettes, la stratégie du moment nous conduisit à enchaîner avec le show de Myrath sur la Main Stage 2, vu que le groupe tunisien avait récolté de belles chroniques pour son avant-dernier album (… plus mitigé l’avis sur le dernier, non ?), et qu’il était connu pour laisser percer un peu de ses origines au sein de sa musique. Ce qui n’est pas pour nous déplaire, l’exercice donnant parfois des magnifiques résultats (cf. Khalas, Orphaned Land, Acyl et leurs amis). Sur notre route vers de séduisants carnages et Carthage musicaux, nous tombons sur la fin du show de Sidilarsen. Le mélange Indus / Dance / Metal des Toulousains a de quoi motiver les plus clubbers des métalleux déjà présents sur le site, ce qui explique que le premier des Wall of Death auxquels on assistera cette année se fera au son d’un titre de « Dancefloor Ministry » particulièrement dansant. Mais nos yeux se braquent à nouveau rapidement vers la gauche pour embrasser le décor oriental déployé pour le groupe d’après. Certes, tout ça sent le palais des 1001 nuits en carton-pâte, mais l’écrin ne jure pas trop quand démarre la première séance de danse du ventre / voile de ce set d’une demi-heure. Quand arrive enfin le groupe – dans des costumes au diapason des décors – et que résonne « Believer », le doute n’est plus possible : Myrath veut s’imposer comme le Angra du Sud méditerranéen. Ou tout au moins ce Heavy léché mais gentiment aseptisé et la préciosité de Zaher, le chanteur, font fortement penser aux Brésiliens. Pour ce qui est des influences orientales, elles ne sont que légères, et si l’on fait abstraction des falbalas décoratifs, il ne reste que quelques nappes de clavier typées, plus quelques moments où le chant « muezzinise » pour tenter d’évoquer les sables méridionaux. Dommage. Dernier élément douche-froide du set : « Beyond The Stars » est l’occasion pour le groupe de nous exhorter à jumper-jumper-jumper… Mouôrf. Petite déception, donc, côté lapin jaune.

 

Mais le Hellfest c’est aussi des rencontres. L’Après-Myrath sera donc l’occasion de rencontrer pour la 1e fois ma collègue Margoth, Nantaise en vadrouille à domicile qui a tellement kiffé le PMR report de l’année dernière qu’elle a décidé d’en écrire l’épisode 2 en accompagnant une amie en fauteuil roulant. Alors, dis Margoth : elles sont vraiment aussi bien qu’elles en ont l’air, cette année, les installations dédiées à nos amis metalestropiés ?

 

Puis c’est en regardant sans conviction la fin du set de Betraying The Martyrs que l’on attendra de pied ferme les Hollandais de Textures, nos Prog/Djent-stars assurant ici l’un de leurs tout derniers shows d’avant split. L’ambiance était donc au Youpi&Snif en ce début d’après-midi… C’est sur une intro complètement Nawak que la formation annonce sa venue (…m’enfin ?), avant d’enchaîner sur le metal caoutchouc accrocheur de « Drive », extrait de Drawing Circles. Puis le groupe de continuer sur le même album avec l’excellent « Regenesis ». Afin que leurs au-revoir s’adressent au plus grand nombre, les Hollandais piocheront dans un peu toute leur discographie (premier album excepté), le petit dernier étant rapidement représenté par « New Horizons » (Riiiiiiiiise above  the skyyyyy !) et le beaucoup plus Meshugguy « Shaping A Single Grain Of Sand ». Bon, pour être honnête, de Dualism on aurait voulu entendre « Reaching Home », plutôt qu’un « Singularity » que le groupe – blasphème de mauvais goût parmi les blasphèmes – introduit sur ces « Hey ! Hey ! Hey ! » que tout lapin jaune normalement constitué abhorre. Non, c’est vrai Daniël : c’est pas parce que tu as de faux airs de Robb Flynn bedonnant qu’il faut tomber dans les gimmicks live faciles… M’enfin bon, on s’en reprendrait bien une dernière dose quand même lors de l’un des 3 derniers sets français prévus en novembre. RIP Textures !

 

Pas le temps de respirer, la fête du Djent continue avec Animals As Leaders sur la Main Stage 1, option « technical & instrumental » cette fois. Et ce coup-ci le programme c’est plein-les-yeux-plein-les-oreilles, le public non-initié s’apprêtant à recevoir une démonstration de ce que signifie être un guitar hero à l’heure de Facebook et de la réalité augmentée. Pour démarrer les festivités, Tosin et ses boys nous ramènent au tout premier titre du tout premier album : celui qui nous avait alors fait ouvrir de grands yeux incrédules. Et l’effet reste le même 8 ans après. Quoi qu’il est vrai qu’autant sur une petite scène, le côté statique de notre trio ne gêne pas, autant sur une Main Stage, malgré l’excellence de la musique, on finit par trouver que tout ça manque un peu d’un vrai « entertainer » aux commandes. Heureusement pour ce show où la musique était le seul élément qui comptait vraiment, le son fut irréprochable, ou presque. Du coup notre appréciation de la prestation des Américains ne souffrira pas trop de leur statisme. On passe rapidement sur le dernier album avec la pulsation orientale de « Arithmophobia ». De là on ne quittera plus les 2 derniers opus, ce qui est dommage tant Weightless est meilleur que The Joy of Motion. Mais peut-être les Américains ont-ils eu peur que la froideur de celui-ci ne gèle une assemblée par forcément acquise à sa cause ? Heureusement le groupe interprétera parmi les meilleurs morceaux de l’avant-dernier (« Physical Education », « The Woven Web »… manquait juste « Mind-Spun » !). Les mâchoires ne tarderont pas à se décrocher et heurter les poitrines velues devant les séances de tapping twin non-stop, de guitares slappées et de virtuosité hypnotique. C’est d’ailleurs sans aucun doute au vu de nos faces hébétées que les guitaristes lâcheront à la moitié du set une infrabasse de manière parfaitement synchronisée, ce qui ébouriffera physiquement les métalleux situés en face des enceintes. L’ambiance étant au recueillement respectueux, de tout le concert on ne verra passer qu’un slammer, le conclusif « CAFO » lui-même n’ayant pas réussi à transformer les geeks présents en furies de fond de pit. Ce qui n’a rien d’anormal vu la nature de la musique proposée.

 

On ne s’éloignera pas trop longtemps des Main Stages, histoire de bénéficier d’une place sympa pour LE seul groupe du fest’ (… à part Primus ? Et Devin ?) pouvant réclamer son affiliation officielle à la grande famille Nawak Metal : j’ai nommé Avatar. C’est que Feathers & Flesh – leur petit dernier – ayant fini sur mon podium des meilleurs albums 2016, il était inenvisageable d’assister à leur prestation autrement que dans les meilleures conditions possibles. Du coup l’attente induite fut l’occasion de se prendre quelques petites salves de lance à incendie en pleine poire, le public amassé devant les barrières pour Evergrey commençant à nécessiter un arrosage régulier pour éviter la sahel-isation avancée. C’est avec un poilounet de retard que retentit enfin « Hail The Apocalypse », morceau-porte-étendard de l’avant-dernière sortie du groupe. Bien que ne maîtrisant pas ce titre, difficile de ne pas voir à quel point celui-ci présente toutes les caractéristiques du bon vieux tube comme on les aime. Même constat avec « Paint Me Red », qui remonte d’un album encore et attrape naturellement l’audience par la nuque sans qu’il soit besoin de lui demander explicitement la moindre participation. Sur scène, le groupe est à l’image de la vitrine visuelle qu’il offre via ses clips et photos : burlesque, extravagant, cintré, le seul problème étant peut-être que tout ça sent parfois un peu le plastique, le manque de spontanéité. Mais un peu de folie, même calibrée, ne fait jamais de mal, surtout quand elle est le terreau de compos aussi sympas ! Puis arrive enfin le premier extrait du dernier album, « New Land », superbe épopée magnifiquement portée par le Mr Loyal gothique tenant le micro. Passé un 4e titre aussi rythmé que costaud, « Bloody Angel », on revient vers Feathers & Flesh avec l’excellent « The Eagle Has Landed », pour une prestation qui nous fera réaliser à quel point visuellement le groupe s’affiche comme les nouveaux Alice Cooper. Puis les Suédois enchaînent avec « Tooth, Beak & Claw » et son début qui développe de faux airs de « Sweating Bullet » (Megadeth – un peu quand même, non ? Allez quoi…). Et s’en est terminé du dernier album (Ouiiiiin : et « For The Swarm » alors ?), la fin du show étant dédiée aux fans de Black Waltz avec 2 titres extraits de l’album. Et il s’avère que l’exercice plaira tout particulièrement aux toons de l’assistance, une bonne moitié des héros du dessin animé Scoubidou ayant slammé pendant le dernier titre. Quel panard mes aïeux !

 

La journée continuera encore et toujours sous le signe des Main Stage, l’appel du Dieu Devin Townsend – prévu pour le goûter – agissant comme un aimant sur le lapinAndCo. C’est qu’on se reprendrait bien un peu du concert donné fin janvier au Bataclan en compagnie de Leprous ! L’attente suivante sera par ailleurs l’occasion de tenter de faire renaître un peu de ces émotions qui, à l’époque du lycée, nous avaient ramolli le palpitant, quand la K7 d’Operation Mindcrime tournait en boucle dans notre gros walkman rouge autoreverse. Bon alors OK, on connait les écœurants déboires judiciaires dans lesquels le groupe et Geoff Tate ont baigné. Et on se doutait bien que tout ça ne serait plus jamais pareil, surtout après autant d’années. Sauf que derrière son faux air de Blaze Bayley jeune (décidemment, remplaçant un jour…), Todd La Torre s’en sort excellemment bien, le lascar étant tout simplement le parfait sosie vocal de Geoff. Du coup, les yeux fermés, ce fut un vrai régal de goûter aux « I Don’t Believe In Love », « Operation : Mindcrime » et autres « Eyes of a Stranger ». Operation « Retour au lycée » une fois encore parfaitement réussi pour la Machine à Voyager dans le Temps clissonnaise !

 

Mais voilà enfin que se pointe le malicieux lutin canadien sur la Main Stage 1. C’est la fête aux « modern’ progueux » décidément aujourd’hui ! Démarrant les « hostilités » sur le sympathique mais un peu trop crémeux « Rejoice », Devin Townsend annonce la couleur : le présent set va être fermement ancré dans les toutes dernières sorties de l’artiste. Mais que le programme nous enthousiasme ou non, il est difficile de résister à la bonne humeur communicative et la modestie de l’artiste, qui nous enjoint à taper dans les mains : « … Vous n’êtes pas obligés hein, mais si vous le faites, vous gagnez 5 bites canadiennes ! ». Avec « Stormbending », on continue dans le récent et le roudoudou. Pas désagréable (Aaaah ces « Tiiiiiiime, after tiime »…), mais ça manque de poils tout ça ! Issu du même album, « Failure » n’est quant à lui pas du même tonneau : on y retrouve les martiales saccades empruntées à Ziltoïd, et cette grandeur que l’on attend tous des productions townsendiennes. Défaut par contre : placé trop près des enceintes, le solo sera complètement inaudible. « Ça va ? Nous on est à l’ombre : tant pis pour vos gueules ! ». Ah le sacripant ! C’est vrai qu’il fait chaud, et d’ailleurs ce ne sont pas les occasionnels accès de pesanteur Gojiresque de « Deadhead » qui vont soulager notre accablement. Du coup, sage comma rarement (et abruti par le soleil ?), le public rentre en communion avec le Canadien. « For ladies ! » : à présent place à « Supercrush ! » et son refrain imparable qui nous renvoient – toujours en douceur – aux jours heureux de Addicted. Et profitant de ce regain d’intensité, Devin balance l’un des tous meilleurs morceaux de Z2, « March of the Poozers », puis profite de « Kindom » pour faire plaisir à la fois aux plus récents et aux plus vieux de ses fans. Bordel de Tabernacle : quel morceau !!!! Enfin retour final vers Transcendence avec la « Romantic Canadian song » « Higher » qui fait en effet partie du haut du panier de la dernière livraison townsendienne, et qui remplit parfaitement son rôle de tomber de rideau. Le set de ce vendredi sera donc très semblable à celui donné au Bataclan, en version courte, l’impression étant toutefois encore un poil plus tiède… En fait, il apparait de plus en plus clairement que, bien que pour certains très bons, il manque un petit quelque-chose (la niaque ?) aux morceaux des derniers albums pour pouvoir véritablement rivaliser avec les titres les plus anciens du chauve génie. Ce qui engendre une certaine frustration quand, en fin de concert, on se rend compte qu’on n’a pas vraiment eu la dose de frissons attendue, que l’expérience s’avère plus sympathiquement cool que terrassante… M’enfin loin de moi l’idée de cracher dans la soupe : s’il ne fut pas légendaire, ce concert n’en reste pas moins un bon moment !

 

C’est à présent Firespawn qui nous donne l’occasion de quitter le grill à ciel ouvert des abords des Main Stages pour retourner à l’abri de l’Altar. C’est que The Reprobate nous a carrément bottés cette année, et qu’il serait donc dommage de louper une occasion de se faire virilement botter les fesses, surtout après la séance de bisous-bisous qui vient de s’achever. Le show démarrant sur un ancien morceau, on en profite pour se concentrer sur les musiciens plus que sur la musique. Et l’on se rend compte qu’en effet, Lars réussit à reproduire ce growl guttural qui le rend presque méconnaissable sur le petit dernier. Diantre ! Par contre il conserve cette attitude décontract’/rigolarde qui tranche franchement avec la touche evil de Victor – l’un des gratteux – et du bassiste, ce dernier arborant un beau tatouage facial. Le set continue sur un 2e titre toujours issu du back catalogue du groupe… Et celui-ci s’avère assez bof bof, ce qui confirme les réserve de mon Crom Cruach de collègue. Et ce n’est pas ce pit amorphe et ces pitoyables appels à entonner des « Hey ! Hey ! » qui risquent d’infléchir mon jugement. Il faudra attendre le 4e morceau, « Full of Hate », pour retrouver le dernier album et du bon gros Death gras, méchant et catchy… Avant de retomber sur un 5e titre un peu mou, sur lequel Lars se donne à fond, au risque d’avoir l’air un peu ridicule. Bouôrf dites-donc, cette prestation, comparée à la bonne tenue du petit dernier ! On revient ensuite à The Reprobate avec un morceau-titre aussi gras que pesant. Se pourrait-il que Lars ait du mal avec les morceaux les plus virulents, et qu’il préfère donc se vautrer dans les mosheries grasses du bide ? C’est vrai qu’il a l’air relativement KO, et qu’il accueille avec joie la bière qu’on lui amène en lieu et place de la flotte présente sur scène. Au 8e titre, l’intro reconnaissable entre mille de « Serpent of the Ocean » nous affole enfin la cage à testostérone en faisant appel à nos instincts les plus héroïquement barbares. Puis on replonge à nouveau dans un demi-marasme que ne brisera que le dernier titre, « Ruination », bien brutal. Mouais… L’un dans l’autre on sortira plutôt déçu de la prestation des Suédois.

 

La suite des aventures musicales de ce vendredi devant continuer sous l’Altar, on profitera de l’ombre amicale par elle procurée pour rencontrer les collègues et amis des Eternels, en écoutant, au loin – et d’une demi-oreille ! –, les protestations industrielles de Ministry.

 

Bon alors, avec au compteur une dizaine d’écoutes de And Then You’ll Beg (… pas sorti de son boîtier cristal depuis 2000 !) et une connaissance potable de None So Vile, le lapin réussira-t-il à prendre son pied devant Cryptopsy ? Vu l’accueil fielleux réservé à l’avant-dernier album, celui plus nuancé du petit dernier, et ne sachant plus trop ce qu’il en est du poste de growleur dans le groupe, les chances étaient grandes pour que l’on assiste ce soir à une prestation en demi-teinte… Oh ‘di Diou, excellent : le backdrop en place sur scène indique que l’accent va être mis sur None So Vile. Yeeeeees ! Mais il faudra avant cela écouter 3 titres issus respectivement du récent éponyme, du dernier EP et du petit premier. On en profite pour constater que Matt, le « nouveau chanteur » (… depuis 10 ans quand même), a l’air bien jeune, et qu’il a la caractéristique de devoir se mettre le clapet de travers pour pouvoir accéder aux borborygmes les plus grumeleux. Flo Mounier est quant à lui toujours fidèle derrière les fûts. Puis c’est la grande giclée de Death, la boucherie hyper blastée, le retournement de cervicales le sourire aux lèvres… Rhâââââ ! Et ce panard modèle 48 sur « Phobophile » crénom !!

 

C’est donc rechargé à bloc qu’on retournera voir si le VIP est toujours aussi beau une fois le soir tombé. Et la réponse est évidemment : OUI. Ce sera également l’occasion de tomber sur un ancien collègue de la presse écrite – ze legendary Olivier « Zoltar » Badin – avec lequel on se délectera de jactances tournant essentiellement autour de la scène Swedeath (… comme c’est bizarre !). Et c’est armé de la compagnie de cet expert ès-gros son que l’on ira prendre un bain de boue dans la fosse à purin redneck ouverte sous l’Altar le temps de la prestation d’Obituary. Gras, groovy, baveux, sale, pesant, bête, inquiétant, parfois à la limite du D-beat, mais jamais au grand jamais dans le blast : s’il devait y avoir un équivalent américain à la scène « old school » de Stockholm, il n’y aurait pas besoin de chercher beaucoup plus loin que les plus célèbres des nécrologues floridiens pour en trouver la tête de pont. Avec une bonne moitié de Slowly We Rot (« Internal Bleeding », le morceau titre, « 'Til Death » j’en passe et des plus grassouillets), un bon vieux « Chopped in Half » ainsi qu’un « Dying » pour fêter Cause of Death, mais aussi armé d’un trio d’extraits du petit dernier – histoire que les acquéreurs ne se sentent pas floués –, les vétérans auront comblé sans mal notre soif de lipides putridement groovy. Et c’est pour ne pas gâcher ces bonnes impressions que l’on clôturera cette journée bien remplie auprès de comparses passablement éméchés, à comparer les bienfaits respectifs du rhum et de la bière « locaux ». Hips…

photo de Cglaume
le 18/11/2017

3 COMMENTAIRES

Margoth

Margoth le 04/12/2017 à 20:14:09

Il fut un temps où j'habitais à Nantes... mais ça, c'était avant (fort malheureusement, ça rendrait le trajet vachement moins fastidieux, surtout le retour) ! Pour l'espace "Pattes folles / jambes de bois / déambulateurs et autres sièges à roulettes", je ne pourrais pas trop te dire. Ma pote a beau être en fauteuil roulant, elle reste très "valide" et indépendante, ce qui explique qu'à partir du début d'après-midi, je n'ai fait que la revoir au camping et la croiser de temps à autre sur le site et elle n'a jamais profité des installations PMR du weekend d'ailleurs.

Bon au final, je n'osais parler de ma trop grosse fatigue pour Dillinger (et je m'en mords énormément les doigts), soulagée de voir que je n'étais pas la seule à avoir manqué au devoir ;)

cglaume

cglaume le 04/12/2017 à 21:14:59

Arf, j'ai une bataille de retard sur ta localisation géographique. M'enfin en tant que vieille qui a elle aussi loupé Dillinger, tu pardonneras mes absences :)

Margoth

Margoth le 06/12/2017 à 12:07:40

Les déménagements et changements de domiciliation, c'est l'histoire de ma vie... J'avoue, il n'y a qu'à mes 18 printemps que j'ai eu le courage de suivre le tout dernier concert du dimanche soir (Opeth, assise dans la boue, en mode SDF du Vietnam, un grand moment !). C'est que la trentaine qui approche commence à se faire ressentir... Ou le manque de confort d'un camping extrêmement rudimentaire (un matelas, pour quoi faire ?) au Red Camp. Ou le fait d'arriver à chaque fois de plus en plus tôt (mercredi pour cette année). ;)

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