HELLFEST 2019 - Le week-end de Tookie - Seconde partie

HELLFEST 2019 Le week-end de Tookie - Seconde partie (dossier)
 

 

HELLFEST JOUR 2

 


Cher journal,

Après un bon dodo et un petit déjeuner pété de glucides, la meilleure journée s’annonce :

Au programme Coilguns (dont j’ai déjà dit beaucoup de bien pour les albums ici et en live) et Fiend.
Je raterai finalement complètement le premier (et ses croissants), puis une grosse partie du second, étant arrivé trop tard.. après avoir trouvé une place…sur le parking des Impôts à 1.2kms de là.

Le premier gros morceau de la journée c’est Will Haven.
Les Américains ne sont peut-être pas les plus populaires de la journée, d’ailleurs la Valley n’est pas hyper remplie pendant leur set, mais depuis plus de 20 ans, ces mecs continuent à faire trembler les fosses avec leurs guitares super lourdes et les hurlements glaçants d’un chanteur dont l’amabilité (sur scène) est proche de 0. Et je suis super heureux de les voir enfin.
L’ennui, c’est que leur dernier album m’a moyennement convaincu (chronique ici) et que j’ai pas mal tergiversé avant de me forger une opinion un peu rude (mais toujours pas définitive) ainsi résumée : « c’est un album sympa dont il ne restera rien ».
En live, c’est le même sentiment qui me traverse…jusqu’à ce que le groupe se mette à enchaîner les vieux morceaux. Le public semble être sur la même longueur d’ondes, ne se bougeant pas sur les morceaux d’après 2010…
Sur le coup et dans les minutes qui suivent le concert, on est encore sous le coup d’un live vibrant, violent, direct, brutal, mais qui laisse, avec le recul, un petit peu sur sa faim.

Pour Allegaeon, s’il y a bien une part de frustration, c’est de ne pas avoir un son à la hauteur de la qualité. Margoth avait vendu du rêve (chronique) mais même sans ce qui fait sa finesse (et finalement son intérêt), quand on connaît les compos du groupe et quand on aime que ça bourrine, Allegaeon a fait le job en jouant intégralement la moitié de la profondeur de ses compositions (tu suis ?). Mais Cglaume et Margoth en parleront bien mieux que moi.

Après avoir vu de loin Punish Yourself (et ne pas avoir accroché), c’est Archspire qui vient mettre une branlée. Sauf que Archspire souffre du même syndrome qu’Allegaeon mais puissance 1000 : en studio ça passe, même si ça peut coller une migraine. En revanche, en live, c’est « pfiou » .



Tout est hyper syncopé, brutal, agressif, hyper-changeant, bourré de notes, de technique et c’est extrêmement difficile à suivre si l’on n’a pas déjà assimilé l’album. Dans le cas contraire, on est paumé. Ça joue fort, très vite, c’est assez impressionnant, ça joue plus de notes que tous les autres groupes cumulés sur les trois jours, mais c’en est presque trop.
Ça reste aussi un excellent souvenir live (ambiance, présence, prestation) bien qu’un peu…indigeste.

Commence alors le camping sous la Valley :

-Cave In : Plus de 20 ans de « rock hardcore alternatif » au compteur pour un groupe dont les membres ont lancé et/ou inspiré des tas de bandes prodiges dans le genre (Mutoid Man, Converge etc.) qui doit surmonter le deuil de Caleb Scofield et propose un dernier album fraîchement sorti. Cave In c’est la classe incarnée.
C’est aussi sous une tente à moitié vide.
C’était excellent.
Un public d’amateurs, de connaisseurs et finalement une setlist équilibrée, une interprétation parfaite, de l’émotion, un moment qui transpire la passion : il y avait une touche « d’authenticité » rarement palpable (surtout dans les grands fests) qui a offert à ce concert une atmosphère particulière.

-The Ocean : je t’avais parlé du dernier album ici avec une légère amertume. Un sentiment qui ne m’a pas quitté durant ce concert qui a fait bouger des foules particulièrement motivées. Avec un public chaud comme la braise, le groupe s’est senti poussé des ailes et a donné un très bon concert, fait preuve d’une belle présence avec, en tête, Loïc Rosetti excellent frontman, super interprète…
Le souci de The Ocean depuis 10 ans, c’est qu’il fait de bons albums massifs avec un chant très mélodique…mais dont les compos souvent riches peuvent aussi paraître interchangeables. C’est flagrant en live quand le groupe n’explore que ses albums depuis Precambrian comme ce fut le cas ce jour-là.
Un bon moment malgré tout, une excellente ambiance, un très bon son, teinté d'un étrange goût d’inachevé…comparable à celui laissé par leurs albums.

-Envy :

Le contexte perso : Envy est dans le TOP5 des groupes de ma vie. Pas vu depuis le Hellfest 2015. J’ai mal vécu les diverses histoires du groupe (pensant comme tout le monde, pendant longtemps, à une inéluctable séparation). Grosse ENORME attente.
Le contexte du groupe : Envy, c’est Dallas ces dernières années. Des départs, des retours, des rebondissements. Tetsuya est revenu au micro et derrière beaucoup de changements. Un line-up rajeuni qui n’a pas eu énormément de concerts pour tout maîtriser, mais une furieuse envie de continuer à exister.

Le concert :
LE MEILLEUR DE TOUTE MA CHIENNASSE DE VIE.

Cette heure de perfection on la doit à une setlist magnifique entre scream, violence, envolées lyriques, spoken words et post-rock muet. Tous les meilleurs titres n’y sont pas, mais ils explorent de nombreux albums du groupe tout en nous poussant à croire au futur avec la réussite « Dawn and gaze ».
C’est aussi une réussite technique : il aurait été difficile de tirer meilleur son que celui qu’on a eu. Sur scène, même si ce fut, à quelques reprises, un peu laborieux à la batterie tout était parfait.
Le reste, c’est parce que c’est Envy et que je n’étais pas le seul connard à les attendre.
Sur scène, on aurait pu croire que c’était le dernier concert de leur vie, ou la fougue d’un premier. Il y avait autant de professionnalisme que d’amour, d’innocence et de plaisir. Les compos étaient magnifiées, elles étaient jouées avec le cœur. Mais vraiment. Ce n’est pas une affirmation cul-cul : c’est un fait. Tetsuya balançait ses bras dans tous les sens, se contorsionnait et faisait ce qu’il sait faire de mieux : crier au désespoir, au désarroi, crier toute sa tristesse, tous ses espoirs déçus, il évacuait toute cette pression sociale et sociétale, partageait ce sentiment de ne jamais trouver sa place.
J’ai mis des années avant de me pencher sur les paroles d’Envy : pas besoin, chaque cri, arpège, riff parlait mon langage, me parlait. Ce soir-là, nous parlions tous la même langue, avions les mêmes douleurs, les mêmes valises à trimballer. Si je n’avais pas eu les canaux lacrymaux séchés depuis la mort de mon chat en 2014, sans déconner, j’aurais fait comme mon voisin de pit : j’aurais chialé.
Léa Salamé aurait pu appeler ça « un moment de grâce » sans passer pour une conne.

Tous les névrosés  dans mon genre doivent écouter Envy, ça te libère quelque chose, ça te tape dans la poitrine, ça t’éveille, ça te fait souffrir pour te rendre plus heureux.
Je passais le concert au second rang, avec les autres névrosés qui devaient cracher quelque chose. (Tu sais ce qui m’inquiète ? C’est qu’on est à chaque fois de plus en plus nombreux). Sitôt les lumières rallumées, j’allais m’asseoir, épuisé nerveusement, après une décharge émotionnelle (ouais j’ai un discours de fragile) aussi forte, contre les barrières du « carré son ».
« Tu viens voir Kiss ? » me demande un ami.
Il a passé un excellent moment mais ne vois pas que je viens de vivre un des moments les plus intenses de ma vie de fan de musique. Sans doute même le plus fort.
Envy a fait pleurer quelques spectateurs, a secoué des milliers d’autres et va devenir en l’espace de quelques heures LA sensation de la seconde journée, LE groupe qu’il ne fallait pas manquer.
Après un tel concert, je n’avais plus qu’une seule crainte : que tout me paraisse désormais fade.

Grosse ambiance festive sous la valley après le passage du typhon Envy

Setlist :
Chain Wandering Deeply
Marginalized Thread
Footsteps in the Distance
Two Isolated Souls
Scene
Left Hand Worn Heels and the Hands We Hold
Go Mad and Mark
Dawn and Gaz 
A Warm Room
Farewell to Words

-Cult of Luna :

Si je goûte assez peu au privilège de l’espace VIP, je dois bien avouer qu’il fut une pause salvatrice avant d’aller voir Cult of Luna. L’occasion d’y voir des gonzesses à moitié à poil jouer avec du feu, ce qui n’a pas manqué d’exciter les photographes parce que ça fait de jolis clichés (mais qui, du coup, se ressemblaient tous…) et surtout de se remettre les idées en place dans un coin supposé ne pas être aussi bondé sur le reste du site. Loupé : entre ceux qui ne partent jamais de ce havre de paix et le fait que les pass VIP soient donnés à n’importe quel chroniqueur à peine alphabétisé ou partenaire financier du fest, ça fait du monde qui veut son petit carré de pelouse synthétique à instagramer pour rendre jaloux les copains.

Allez, retour sur Cult of Luna qui m’a rappelé que les lumières pour un concert étaient extrêmement importantes. Du rouge, du vert, du bleu : à chaque titre son ambiance. Gros budget fumée aussi…
6 titres à rallonge dont deux du prochain, autant dire qu’il y a eu des déçus chez les fans de Salvation. Mais CoL est passé à autre chose depuis longtemps et offre désormais pour chaque morceau une déflagration sonore et des vibrations à retourner les tripes. Ça te fout une ambiance à plomber un mariage et c’est magnifique. Avec une attitude froide face au public (pas un bonjour, merci ou au revoir), les Scandinaves sont fidèles à eux-mêmes et jouent parfaitement en phase avec leur musique : dans la fumée, très peu mobiles. On s’en prend plein la gueule, on reste hypnotisé pour finalement se retrouver con : il semble ne rien se passer et pourtant, on reste jusqu’au bout, admiratif et retourné par la puissance de la bande.
« Gna gna gna, j’vois pas l’intérêt d’une deuxième batterie, ça sert jamais à rien » me dira un camarade dont je protégerai l’anonymat en le présentant sous le pseudo : ijdip »
Une opinion qu’il accepta de revoir dès le concert terminé.

La setlist :
The Silent Man 
Owlwood
Finland
Ghost Trail
Nightwalkers (qui fut présenté en avant-première)
Disharmonia
In Awe Of

Elle ne semble pourtant pas si excitante sur le papier, mais les Suédois, en ne faisant rien, font le show avec l’appui considérable d’une équipe technique hyper efficace : le son et les lumières étaient parfaits. Un spectacle millimétré qui n’avait rien sans doute rien d’emballant pour celui/celle qui découvrait / passait par là, mais un concert passionnant pour un public déjà conquis.

Après avoir quitté la Valley, je vois le feu d’artifice de Kiss qui casse encore une guitare sur scène. Et j’entame, loin de la foule, le concert d’Architects.
J’ai beaucoup aimé les Anglais jusqu’à ce qu’ils prennent un virage un peu trop mélodique sur le dernier album, mais leur metalcore moderne est hyper efficace. J’étais assez curieux de voir ce que ça donnait sur scène, surtout de nuit, surtout au Hellfest, surtout en tête d’affiche.
Si je n’ai pas fait le concert dans son intégralité, je dois avouer avoir été impressionné par les qualités du groupe : sa capacité à foutre l’ambiance, sa présence sur une si grande scène (marquante même pour moi qui en était très loin) et surtout, un gros gros son. J’ai aussi vu d’énormes pogos et l’impression qu’après les groupes mythiques pour (grands-)darons (ZZ TOP, KISS, Def Leppard, Whitesnake) Architects venait mettre un peu de jeunisme en MS sur lesquelles on avait jusqu’alors trouvé autant de bières que de couches Tena pour adultes.

 

photo de Tookie
le 28/10/2019

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