HELLFEST 2019 - Le week-end de Cglaume - Troisième partie

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Dimanche 23 juin
En ce joli petit dimanche matin de post-cuite, c'est piteux mais soucieux de me rattraper que je commençais la journée. Las, le cerveau fonctionnant manifestement encore au ralenti, je réalisais en approchant des abords du site que j'avais oublié d'emporter de quoi prendre des notes... Non mais quel %$£@#!! Détour obligé vers le Leclerc, donc, afin de remédier au problème, la conséquence malheureuse de ce passage chez Édouard étant le zappage total de la prestation d'Embryonic Cells, ainsi que d'un bout du show d'Insanity Alert... Scrogneugneu !! Arrivé sur des « Fuck Iron Maiden ! Fuck Metallica ! » suivis de 3 secondes de riff slayerien, la bonne humeur potache des Autrichiens me fait vite oublier cette déconvenue – même s'il est vrai que le groupe en fait parfois (souvent!) un peu trop. Gros pétard gignolesque brandi pour interpréter « Weedgrinder », Clamp ! Clamp ! à la Archspire (cf. le concert de la veille) sur « Confessions Of A Crabman »... On en oublierait presque d'écouter la zic, jusqu'à ce qu'un « Macaroni Maniac » très Municipal Wastien nous remette dans le droit chemin. « Quoi ? Qu'est-ce qu'il dit ? Que le prochain titre parle de danser nu avec une console Nintendo dans le cul ? Non, non, t'inquiète : je pense que tu as parfaitement compris ». Et « All Mosh/No Brain » de dévaler l'espace qui nous sépare des enceintes pour balayer les restes de cérumen matinal, et nos yeux de réaliser enfin qu'avec sa touffe improbable, le guitariste a de vrais faux-airs (si si, ça se dit) de Dan Lilker, ce qui est raccord avec le lien stylistique qui lie la formation à Nuclear Assault. Arrive ensuite le moment de la variante locale du show, avec un peu de blabla peu clair en Français, puis le final sur un maidenien « Run ToThe Pit » où le chanteur part au contact du public pour enflammer le refrain. Gros bordel, mais grosse ambiance !
La suite se passera sous l'Altar pour accueillir les « Tasmaniacs » de Psycroptic, dont le récent As the Kingdom Drowns ne nous a pas laissés insensibles. C'est devant un parterre relativement calme – mais obéissant sagement aux injonctions de faire des circle pits – que le groupe exécute son Thrash / Death encorifié mais aux leads néanmoins joliment mélodiques. Le groupe s'avère peut-être un peu trop statique, mais on ne peut lui en vouloir vu la chaleur accablante qui règne – d'ailleurs on est drôlement mieux ici que devant les scènes extérieures ! On se régale du riff saccadé, sonnant limite Groove metal dans ces conditions, et bien efficace, de « As the Kingdom Drowns » – même si la gratte n’est pas suffisamment en avant dans le mix. Puis on se laisse ensuite couler tranquillement dans « Ob(Servant) », et ainsi de suite de titre en titre, jusqu’à la fin du set, sans qu’aucun morceau – on maîtrise assez mal la disco du groupe – ne nous marque ni ne nous indispose plus qu’un autre.
On zappera Municipal Waste, parce que ça fait un bail qu’on n’a pas écouté leurs dernières sorties, et parce qu’on avait déjà eu notre dose de Pouët Thrash avec Insanity Alert, pour ne retourner sur le champs de bataille qu’au moment du concert de Revocation, autre de ces nouveaux barons (cf. Beyond Creation, Alkaloid, Virvum, Fallujah…) qui ont rapidement gagné beaucoup de galons auprès d’un public féru de belles bœuteries joliment tarabiscotées. Et au concours de « Aldo la classe », ce sont sans doute les Américains qui auraient remporté le prix de la meilleure introduction, le Mr Loyal chargé de les présenter n’étant autre que Gene Hoglan ! L’avantage avec Revocation, c’est que même si on n’a pas révisé leur discographie – voire même si on ne connaît pas leurs albums – on rentre super facilement dans le show tant leur Metal est propre, clair et carré. La grosse basse qui slappe apporte le petit plus sexy qui manque à d’autre, et un accent particulier mis sur la mélodie plutôt que la démonstration pure permet au groupe de mettre dans sa poche même les plus indécis. Le show passe très vite, trop vite, pour finir sur un « Communion » explosif sprintant dans un esprit wild Thrash des plus jouissifs. Miam ! Mais bon, il semblerait que le jour soit levé à l’extérieur. Voyons voir… Ah ouais ça cogne ! Du coup ce petit vent n’est pas de trop. Ainsi caressé par des éléments bienveillants on se rend vers la Main Stage 2 pour aller jeter un coup d’œil à Death Angel. Oui, mais bof. Après la claque précédente, la lame des vieux de la vieille semble émoussée. On profitera d’une autre occasion, avec un meilleur timing, pour s’en reprendre une tranche live moins tiède.
Là, la bonne idée aurait été d’aller se remotiver au calme, autour d’une Tartine de l’Enfer ou d’un pichet avec des potos. Sauf que le nom Devourment clignotait en lettres de sang coagulé sur mon programme. « Ouais, pourquoi pas : je passe en coup de vent, ce sera l’occasion de glisser une ou deux phrases sarcastiques dans mon report ! »… Qu’il pensait, l’innocent. Non parce que, je vous explique : le Slam Death, ça ne m’a jamais profondément passionné. Et mon impression finale, après avoir acheté et écouté moult fois 1.3.8 (la « compil » qui renferme l’intégralité de Molesting the Decapitated) n’a jamais été plus enthousiaste qu’un bête Mouairf… Sauf que le groupe jouit d’une certaine aura. Et que, nom de dieu : je suis resté tout le long du set au final ! C’est que ce Death groovy plein de miasmes pour gorille décérébré peut s’avérer hypnotisant. Et derrière les gruik-gruik monocordes et le riffing basaltique qui donnent une impression première de monochromie auditive, on se met à distinguer des nuances et à agiter le popotin ! Cette espèce de fascination qui vous retient contre votre gré, cela m’a rappelé l’« effet Butchered At Birth », à l’époque de la découverte de ce dernier quand, malgré des grimaces et des Non… éberlués, je ne pouvais m’empêcher de me repasser la galette. Il faut dire que quelques éléments positifs se sont ajoutés à la prestation, sur et hors scène, pour rendre l’expérience encore plus sympa : le passage de potes musiciens – venus chercher de l’inspiration pour les lyrics de leur prochain album, mouarf – et les sympathiques bouffonneries du groupe lui-même, le guitariste revêtant un masque de lion pour « Choking on Bile » – leur côté Slipknot, certainement. C’est typiquement dans ces moments qu’on comprend pleinement ce que signifie la « magie du festival ».
Puis après une longue pause régénératrice, il fut temps de rattraper le crime de lèse-Frisco Thrash commis lors de la prestation de Death Angel en allant voir leurs collègues de Testament (pour la XXXeme fois). Sur scène, pas de surprise : Chuck Billy continue de grandir dans toutes les dimensions sauf la verticale, toujours accompagné de sa fidèle amie air guitar – pas tout à fait « air » d’ailleurs, si l’on considère que c’est le micro qui sert de substitut instrumental au chanteur dans ce cas précis. Démarrant leur set par 2 morceaux de leur petit dernier, Brotherhood of the Snake, les Américains peinent à nous emmener à ébullition. Néanmoins il faut au moins reconnaître que le son est carrément potable, car même placés loin de la scène et malgré le vent, on profite bien des morceaux. Arrive « Practice What You Preach » et le smile nous revient enfin. M’enfin on a toujours un peu l’impression d’entendre les mêmes – « The New Order », « Into The Pit » (pendant lequel surviennent deux coupures de son intempestives), « Disciples of The Watch »… Trop de The New Order et pas assez de ses deux voisins dans la disco du groupe (« Over The Wall » quand même) ! Pour la « nouveauté » on aura droit à « Electric Crown », issu du décrié The Ritual, suivi d’un Happy Birthday Chuck. Puis la copie sera rendue avec « The Formation of Damnation » – pas de quoi permettre à un lapin de se briser la nuque quoi. Dites donc, ça fait sacrément longtemps que la bande à Alex Skolnick ne nous a pas réellement refait la déco à neuf !
Qui pourra donc sauver les copains thrasheux du marasme alors ? Anthrax bien sûr ! D’autant qu’il a la bonne idée de démarrer son set sur de puissantes alarmes annonçant l’arrivée de … « Cowboy From Hell » ! Décidément, entre la prestation de Display of Power le jeudi soir et cette intro excellemment décalée, il semblerait que les dieux du Metal essaient de nous dire quelque-chose là non ? Et contrairement à Testament qui fait des choix de setlist contestables (par les vieux grincheux comme moi), le groupe de Scott Ian aligne une série de folie où ne manque aucun tube : « Caught in a Mosh », « I Am The Law », « Indians », « Efilnikufesin », « Now It’s Dark »… Plus « In The End », extrait de Worship Music. Et le groupe de rester modeste en rappelant, après la parenthèse initiale Pantera, qu’il s’est aussi construit sur quelques reprises bien senties, telles « Got The Time » et le toujours très apprécié par ici « Antisocial ». A noter, pour la touche « j’y étais », une mésaventure qui se finit moins mal que d’habitude pendant « Now It’s Dark » : un voleur de portable se fait chopper la main dans le sac et malmener par des metalleux bien décidés à ne pas laisser filer le gus sans qu’il ait répondu de ses actes. Autre à côté pas gé-gé, bien qu’on commence à y être habitué : pas un coup d’œil échangé entre Scott Ian et Joe Belladonna pendant l’ensemble du concert, ces deux-là continuant apparemment de se détester cordialement.
Puis il fallut courir vers l’Altar pour assister à un concert que j’attendais d’autant plus que j’ai adoré le premier album sorti cette même année : Vltimas, mené par sa Majesté David Vincent, nous attendait pour la grand-messe. Et logiquement le concert démarre sur la grosse bombe mise plus particulièrement en avant lors de la sortie de l'opus : le morceau-titre « Something Wicked Marches In ». Le feeling est bon, on y croit, l’effet va être transformé! Mr Vincent joue à fond le rôle du Grand Maître de cérémonie avec son stetson noir et sa morgue naturelle. On enchaîne comme sur l’album avec « Praevalidus », et le spectateur de s’apercevoir alors que les voix claires passent assez mal : problème de son, eh, ami ingénieur ! Autre aspect pas génial : Son altesse sérénissime disparaît après chaque morceau – ça lui déchirerait la gueule de nous passer le bonjour, c’est ça ? Mais « Total Destroy! » nous remet en jambes… Par contre ils ne se sont pas cassés : on va écouter tous les titres dans l’ordre, comme sur l'album ? Eh oui. Et non, ça ne communique pas des masses avec le public. Et dites : on l’aurait pas un peu mauvaise dans le public ? Si, en effet, même si, côté musique, le groupe assure autant que sur CD. Mais il va falloir meubler, car l’album est court, et le temps alloué long. D’où une reprise de « Black Sabbath », qui voit le groupe se transformer en Vlti[Candle]mas. Et je dois vous avouer que, bien que David soit très en forme vocalement, ce virage m’a profondément ennuyé. Et le set de se terminer mollement, de manière lancinante, après un dernier « Thank You. Good Night » nous laissant une amertume certaine dans la bouche. Essai non transformé.
Pour finir le fest' avec application et exhaustivité, il aurait fallu inscrire Emperor et Slayer au programme de la soirée. Mais pour finir ces 3 jours de festin, plutôt que de commander île flottante, tarte à la fraise, clafoutis et kouign-amann, on se contentera d'un double dessert classique mais éprouvé, sans surprise ni risque de déception : la mousse au gore-colat Cannibal Corpse, suivie de la poire Belle-Zébuth Deicide, le tout bien évidemment servi sous l'Altar. La setlist et le jeu de scène des premiers ne surprendra que Jordan, 11 ans, dont c'était le premier concert : quelques titres datant de la dernière décennie qu'on écoute poliment en attendant la suite – mais sans non plus s'emmerder, je n'ai pas dit ça –, une collection de classiques efficaces sur lesquels on se racle vilainement la gorge en faisant semblant de savoir growler (parmi lesquels « Devoured by Vermin », « Unleashing the Bloodthirsty », « I Cum Blood », « Stripped, Raped and Strangled »), un concours de headbang perdu d'avance contre George « Coup d'auroch » Fisher... Et pour la 1001e fois l'éternelle conclusion « Hammer Smashed Face ». Un tout petit poil moins souvent présent en festoche, et fort d'un dernier album qu'on a beaucoup apprécié, on attendait Deicide avec la jauge à routine un poil moins dans le rouge. Pas de backdrop en fond de scène, une tente assez peu remplie (Slayer joue encore sur la Main Stage 2), le début du show s'avère sans fioriture ni grandes pompes. Et les absents vont cette fois encore avoir tort parce que c'est un Glen Benton en très grande forme vocale qui attaque les hostilités par le coup de fouet « Dead By Dawn », rapidement suivi du nom moins fielleux « Once Upon the Cross ». Pause dans la série des classiques avec le plus récent « In the Minds of Evil », puis « Homage for Satan » extrait du meilleur album de mi-parcours The Stench of Redemption. Puis ce sera cartouche sur cartouche, avec uniquement des classiques extraits des 4 premiers albums. Côté public, des petits malins brûlent une bible dans la fosse, histoire de bien se faire voir du grand prêtre barbu... Ce qui aura peut-être attiré un peu sa sympathie, le groupe finissant son set en distribuant des médiators dans un esprit presque bon enfant. C'est ce qu'on appelle un show net et sans bavure. Une leçon même, si l'on considère l'âge des gugusses. On regrettera quand même l'absence de titres extraits de Overtures of Blasphemy (… pour une fois qu'on tient ce type de propos!), mais pas de quoi être déçu de ce magistral point final. Dehors, c'est une grand-messe d'un autre type qui se tient, Tool étant en train de transformer la Main Stage 1 en son et lumières impressionnant mais un peu froid. J'y jette un œil de loin... Mais vite barbé par le spectacle, je termine le pèlerinage annuel en terres clissonnaises de manière classique, autour d'une dernière bière avec des potes. On ne va pas laisser le premier groupe venu changer nos habitudes de festivalier fossilisé par Tooltatis !
Palmarès de l'édition 2019 :
* Prix du Debilus le plus Maximus : Joe la Mouk
* Prix du Tympan le plus agréablement perforé : ex aequo Sublime Cadaveric Decomposition & Devourment
* Prix du Trop de Nawak Tue le Nawak : Trollfest
* Prix de l'Endive Tiède : Impaled Nazarene
* Prix du Steak pas assez saignant : Vltimas
* Prix du Old School & Toujours aussi cool : ex aequo Pestilence, Carcass & Deicide
* Prix du meilleur Air Guitar / Air Drum / Air Micro : Manowar
* Prix de la Surprise qui Rhaalovelise : Shaârghot
* Prix du Groove & du Swing-sa-mère : Trepalium
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