HELLFEST 2019 - Le week-end de Cglaume - Première partie

HELLFEST 2019 Le week-end de Cglaume - Première partie (dossier)
 

 

Jeudi 20 juin

 

A chaque Hellfest, les préliminaires se jouent selon la même partition. Arrivée le jeudi sur site, la tribu du lapin jaune sent l'excitation monter comme une veille de Noël, d'abord en croisant de sombres T-shirts sur l'autoroute, puis en posant ses bagages dans son temporaire clapier. Arrive la remise du pass, et ce mélange de soulagement (mon accred' n'a pas fini paumée au fond d'un disque dur !!) et de plénitude quand les portes du Hell City Square sont enfin franchies. Puis c'est le jeu des 7 différences en constatant les premières modifications du site, suivi de parties de cache-cache dans la foule du Metal Corner avec ces potes à qui on donne rendez-vous via des messageries qui soudainement semblent ne plus rien avoir d'instantanées. Mais cette année la séquence s'est vue augmentée d'un petit détour supplémentaire, le Knotfest ayant quelque peu décalé le calendrier usuel. C'est ainsi dès ce jeudi 20 juin que, après avoir pénétré sur un site amputé de la Valley, de l'Altar et de la Temple (j'imagine qu'il en était de même pour la Warzone) on constate avec un hochement de tête approbateur que de l'herbe synthétique tapisse dorénavant l'espace restauration. Petit tour devant le chapiteau temporaire monté afin d'exposer de la breloque slipknotienne (intérêt zéro, à part pour les fans hardcore), petit bain de Ministry dont les barbelés métalliques s'agitaient à quelques encablures de là devant un public tout de même relativement fourni... Oui mais non : on ne se laissera pas aussi facilement distraire, l'affiche sentant quand même un poil trop le Fast Food Fest pour qu'on abandonne notre pèlerinage traditionnel aux limites du camping. D'autant que s'il y avait un lieu à redécouvrir en ce jeudi soir, c'était bien le Metal Corner, celui-ci ayant été pas mal reconfiguré aux entournures. Adieu l'ancienne tente avec ses tablées de métalleux bâfrant comme des barbares, celle-ci ayant laissé la place à deux nouveaux hauts-lieux de la fiesta nocturne, la Fury Tent et la Party Tent – 2 salles 2 ambiances – ainsi qu'à quelques tables en extérieur. Moins judicieux pour le soiffard qui aime avoir le choix, le bar qui jouxtait immédiatement la scène se voit remplacer par de tristes consignes – sans doute très utiles, mais crénom : les désoiffeurs ne remplacent pas un bon petit bar convivial à l'offre variée. Et puisqu'on parle de déconvenue, mentionnons aussi le fait que – à moins qu'on ait vraiment mal cherché – cette année nul stand ne proposait de « Pisse debout » à l'achat, ce qui nous a privé de l'occasion de faire de chouettes cadeaux aux collègues de bureau. Côté musique, nulle déception par contre : la fin du set de V?id, groupe dont le Black'n'Roll a carrément convaincu Xuaterc, s'est avéré carrément sympa. M'enfin on aurait dû se programmer une alarme dédiée, car on n'en a vu que quelques toutes petites minutes – trop peu pour se faire un avis tranché. En fait la seule vraie pause prévue sous la tente en ce premier soir était à l'occasion du passage de Joe la Mouk. C'est donc dès la fin du set des Lyonnais de Destinity (Raaah, gros son bien brouillon...) que l'on s'en rendu devant la scène pour voir ce que ces affreux jojos – dont certains s'agitent également dans Hardcore Anal Hydrogen – proposaient de beau. Et on peut dire qu'uniquement armé de notre connaissance de l'EP Heavy Mouk, on s'est vraiment pris un gros coup de bambouk ! Car les affreux pratiquent un Prout mongolito Grind pas piqué des ânes-thons (drôle de croisement), comme Gronibar, oui c'est ça, mais en encore moins fin (heiiiiin? C'est possible??). Sauf que c'est tellement con que ça en devient bon. Entre un vrai-faux morceau de Johnny, un faux solo de batterie, un faux-vrai concours de beauté entre les 2 guitaristes en présence, et de nombreuses variations customisées sur le thème du « You Suffer » de Napalm Death, eh bien on n'a pas eu le droit à beaucoup de vraie musique en fait – hormis certains titres de l'EP, comme « La Bagarre dans les Bars » et un « Ta Gueule ! » étendu à la gent masculine. Mais même si tout ça patauge allègrement dans le bite-couilles-poil le plus gras, nom d'un chien, ça tire fort sur les zygomatiques! Et du coup ça s'est bien poilé dans le public. Par là-dessus, la prog' nous a proposé un petit coup de Display of Power, histoire de se donner l'impression d'avoir vu Pantera live une fois dans sa vie, invitation que l'on a accepté avec plaisir avant de s'en retourner méditer au bercail sur la condition de l'homme moderne dans une société hyper-connectée tendant à diluer la notion d'altérité dans la bière tiéde et la fébrilité d'échanges désincarnés...

 

 

 

Vendredi 21 juin

 

Cette année, c'est Arno Strobl et Freitot qui se sont dégotés le créneau de rêve : l'ouverture des hostilités à la fraîche sous l'Altar, quand tout le monde est encore (relativement) en forme et a soif de s'envoyer une bonne pluie de décibels. Et c'est exactement le genre de démarrage qu'il nous fallait alors, du gros son, de l'expérience et de la décontraction. « Mission » commence gras et lourd, les nuques acquiescent, les sourires apparaissent : c'est parti ! Comme à la maison, devant un large parterre de potes et de fans acquis à sa cause, Arno badine, menace de se barrer au bout de 3 morceaux, et prend manifestement du bon temps. Etienne Sarthou, derrière sa batterie, a quant à lui plus que jamais de faux airs de Steven Wilson. L'hypnotique « The Last Room on the Left » passe très bien l'épreuve des planches, tout comme « Father », qui ne m'avait que moyennement convaincu sur CD, mais dont la lourdeur et les pieds qui traînent prennent une autre ampleur sous chapiteau. Le public montre son approbation via d'enthousiastes circle pits (qu'un pitre matinal prend un malin plaisir à éventrer de son sabre), enthousiasme dont le groupe va profiter en demandant au public de sortir les smartphones pour filmer le dernier morceau, « The Human Drawer », sous tous les angles possibles, afin d'en tirer un clip. Là, ça y est, l'Altar est chaude : c'est parti pour 3 jours !

 

Et l'on ne lèvera d'ailleurs pas le camp tout de suite, car la France qui se bleuargle tôt continue d'envoyer parmi ses plus fiers représentants en ces lieux, avec pour la suite Sublime Cadaveric Decomposition, terroristes parmi les plus réputés de la scène Grind-et-ses-amis hexagonale (aux côtés des Blockheads et Inhumate). Alors, Grind as fuck ? Groovy'n'crusty ? Grind'n'Roll ? Où le SCD cuvée 2019 va-t-il nous emmener ? Eh bien dans un subtile – euh, sublime – mélange de tout ça. Breaks de tueurs, groove'n'gruik, bonne humeur, énergie Punk et envie d'en découdre sont au menu d'un set pendant lequel – faut pas déconner mec, on cause Grind là – on n'entendra pas des masses la basse. Et tant qu'on a les oreilles en mode attaque-de-frelons, autant continuer avec Cult Leader, que je découvrais pour l'occasion. Alors autant SCD a le Grind roots, fessu et amical, autant les Américains envisagent plutôt le chaos sonore à la façon Relapse Records, comme un trip noisy peu avenant conçu pour créer de l'inconfort plutôt que des sourires satisfaits. Mouais... Le Bruit et Leader, c'est clairement trop chaotique pour un lapin. 'préfère décidément les gangs d'anarcho-grooveux à ces disciples du white noise d'Outre-Atlantique moi. Passons...

 

Mais un festival de début d'été, ça ne doit pas se vivre que sous une tente. Le passage de Lofofora sur la Main Stage 2 (consacrée le temps d'une journée à la scène française) était donc l'occasion toute indiquée pour sortir en extérieur goûter la brûlante caresse des rayons du soleil. Et c'est devant un backdrop digital (le bon vieux drap usuel est remplacé par de la vidéo, ce qui permet de proposer un visuel différent pour chaque titre... C'est beau le progrès) que l'on retrouve Reuno et sa bande, le chanteur s'avérant toujours aussi halluciné et joueur après toutes ces années. « On ne va pas faire de reprise de Johnny comme un vrai groupe de Metal », « On n'a pas de danseuse »... Quelques petits tacles (pan dans ton James H.), ça ne peut pas faire de mal ! D'autant que ça passe crème au milieu des vieilleries rageuses extraites de Peuh! que sont « Envie de Tuer » et « Arraché ». En guise de nouveauté, le groupe nous propose « Le Futur », extrait de l'album à venir, qui s'avère un bon petit morceau de Punk Rock bien sympa. Mais il n'allait par être possible de s'éterniser sur la pelouse car le seul groupe un peu Nawak du week-end, Trollfest, se produisait à 15h05 sous la Temple. Extrait de Carmina Burana en guise d'intro (comme Ludwig von 88 sur Houlala 2, c'est ça), puis tempo cartoonesque de Nawak Humppa Metal et costumes parfaitement débiles (de princesses, pour beaucoup des zicos, ainsi qu'un couvre-chef-ballons pour Jostein, le chanteur, encore plus exubérant que celui régulièrement arboré par le leader de Psychostick), accordéon, saxo, trompette... La messe du grand n'importe quoi peut commencer ! Pour être honnête, entre le crowdsurfing incessant et un son bordélique bien trop saturé, c'est dur de vraiment en profiter. Pas facile dans tout ce bordel de reconnaître les titres du très bon Helluva, à part « Professor Otto » ou « Steel Sarah »... Alors oui, il faut reconnaître que tout ça déborde d'une grosse énergie bondissante, mais la chose s'avère quand même un poil too much / too beauf' parfois, avec ce même côté lourdingue (rhaaaa, la chenille géante derrière le bassiste) qui fait que les festivaliers déguisés en bite ou en pikachu, à force ça finit par nous sortir par les trous de nez. Mi-molle, du coup, au final...

 

Pour la suite, retour au VIP afin d'aider à mettre en boîte 2 interviews, l'une avec les Dead Bones Bunny et l'autre avec Daughters (Pidji, qui avait été voir leur set, n'en menait pas large au vu de la prestation violente donnée par Alexis lors de celui-ci. Heureusement le gars s'est avéré être une crème). Puis retour sous les tentes avec, pour commencer, Pestilence. Pour l'occasion c'était une riche idée que de venir un peu en avance, non seulement pour pouvoir profiter du show aux premières loges, mais également pour écouter le célèbre « Am I Evil », popularisé par Metallica, mais ici interprété par l'original, autrement dit Diamond Head, depuis la Temple toute proche... Nostalgie ! Et nostalgie aussi sous l'Altar, car pour fêter les 30 ans de Consuming Impulse la scène arbore un backdrop affichant un visage cette fois non plus recouvert de fourmis, mais de vers, encore plus intrusifs et dégueulasses que leurs consœurs. Le ton est donné, c'est donc un set old school qui va nous être livré... Même si le look de Patrick Mameli, méconnaissable, est lui résolument new school, loin de son apparence d'alors, beaucoup plus bodybuildé et rasé. Bon, « old school » il faut le dire vite, parce que le set démarre sur « Non Physical Existent », extrait du tout dernier album. Mais la suite va s'avérer bien plus jouissivement régressive, avec les 2 tiers de leur second album (dont le tube « Out of The Body », évidemment) mêlés à des extraits de Testimony of the Ancients comme « The Secrecies of Horror », l'excellent « Twisted Truth », ainsi que « Land of Tears ». Le rêve pour un vieux schnock comme moi, d'autant qu'en vieillissant la voix de Patrick se rapproche de plus en plus de celle de feu Chuck Schuldinner ! Et pour continuer de se faire laminer les conduits par des vieux de la vieille, rien de plus simple qu'une translation sur la droite pour rejoindre la Temple où est alors attendu Impaled Nazarene, dont la précédente prestation en ces lieux avait été plutôt convaincante, mais trop peu généreuse en gros hits qui butent. Recouverts de 666 et de croix renversées effectués au marqueur à même la trogne, Mika semble toujours aussi mauvais, quoiqu'un peu ridicule, il faut bien le dire... Et au final le troll maléfique s'est avéré « relativement » assagi, la véhémence dégagée par celui-ci n'étant plus que relative. Hormis son habituelle virulence vocale et quelques grimaces (plus grotesques qu'autre chose), le frontman donnait l'impression qu'il aurait été plus à son aise peinard dans une chaise, à pécher au bord d'une rivière, qu'à s'égosiller en face d'une assemblée de poilus dégoulinants. D'ailleurs le public semble le sentir, celui-ci étant bien plus statique que lors de la prestation de Pestilence – alors qu'Impaled en live, nom de dieu, ce devrait être la guerre ! On sera content d'entendre « 1999: Karmageddon Warriors » et « Armageddon Death Squad », mais globalement on sortira déçu de ce concert qui semble indiquer que Satan vieillit assez mal finalement...

 

En parlant de vieux, après 2 concerts à s'en prendre plein les feuilles notre vieille charpente nous intimera l'ordre d'aller souffler un peu à l'ombre plutôt que de continuer à zouker devant Ultra Vomit. Tant pis, même si habituellement on est plutôt client des one man show et autres spectacles comiques. D'ailleurs la thématique vieux croulants ne s'arrêtera pas là puisqu'à 22h00 arrivait l'heure d'aller voire la légende Possessed sur scène. Car c'est carrément du fond d'un fauteuil roulant que Jeff Becerra donne tous ses concerts depuis maintenant 20 ans, depuis qu'il a pris une mauvaise balle (… et vivent la NRA et les USA!). Et le gars, sourire planté sur le visage, semble éternellement reconnaissant de pouvoir continuer à faire ce qu'il fait dans sa situation. Problème pour le lapin qui vous parle : situé en toute bordure de pit, la lutte pour ma survie fut trop intense pour que je puisse avoir toute ma tête et mes oreilles concentrées sur la musique. Tu parles d'un plaisir ! Ce fut par contre l'occasion d'assister à une scène irréelle, un petit groupe s'étant formé en plein milieu du moshpit pour protéger un zig qui, tranquillement assis parterre au milieu de la tourmente, se roulait un bédo comme si de rien n'était ! C'est aussi pour ça qu'on aime les fests ! Las, malgré les éléments hostiles, on pu profiter d'un tout nouveau titre, de facture assez slayerienne, qui semble indiquer que certains vieux semblent plus en forme – bien que moins mobiles – que d'autres !

 

23:00 : cela aura normalement dû être l'heure des glaives scintillants au-dessus des peaux de bête, de la fraternité Heavy Metal et des guitares of fire and steel. Mais Manowar ayant décidé de faire un gros caca nerveux, c'est tous naturellement que l'on changea nos plans pour partir recharger la citerne à houblon avant d'aller pratiquer l'autopsie death metallique lors d'un dernier tour sous l'Altar. Car Carcass c'est non seulement l'assurance du remplacement de votre pare-brise dans les meilleurs délais (oui je sais, cette blague commence à être aussi fraîche que celle du fou qui repeint son plafond), mais c'est aussi la garantie d'un set implacable de puissance et d'efficacité. Et c'est sans temps mort aucun, en succession quasi-ininterrompue que les chirurgiens anglais nous balanceront parmi leurs meilleurs morceaux de barbaque, toutes époques confondues. En commençant par des extraits du dernier (« 1985 » et « 316L Grade Surgical Steel »), pour repartir à reculons vers Heartwork (« Buried Dreams »), Symphonies of Sickness (« Exhume to Consume ») jusqu'à Reek of Putrefaction (avec le morceau-titre). Puis une fois arrivés à l'autre extrémité de la frise chronologique, il ne s'agit plus pour les gugusses que de balancer un feu d'artifice de tubes (« Incarnated Solvent Abuse », « This Mortal Coil », « Black Star », « Keep On Rotting in the Free World », « Corporal Jigsore Quandary »...) ainsi que deux derniers extraits de Surgical Steel, parmi les tous meilleurs – les moins tièdes ? – autrement dit « Unfit for Human Consumption » et « Cadaver Pouch Conveyor System ». Et c'est bien involontairement que l'on terminera la journée en prolongeant la thématique bidoche faisandée / poubelles d'abattoir de ce dernier concert en atterrissant près de la fontaine du VIP, celle-ci ayant décidé d'exhaler d'inamicales odeurs de chiottes bouchées. Hé Benny : pour demain, il va falloir penser au Destop !

photo de Cglaume
le 28/10/2019

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