Hellfest 2018 - Le week-end de Margoth - Première partie

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Cela faisait deux ans que j'écrivais mes petits reports en tant que simple festivalière. Cette année a été donc la première avec un bracelet « presse » autour du poignet. Et franchement, hormis le fait de voir mes camarades de CoreAndCo au VIP et lors de certains concerts menés en commun avec Lapin et le confrère Sain (sein?) Phonique des Eternels dont son bandana-souvenir accompagne maintenant mes randonnées, d'assister à davantage de concerts que les années précédentes, ça ne rajoute pas forcément grand-chose au schmilblick.
Ce n'est d'ailleurs pas parce que j'affiche un autre statut que je me permets d'être, pour cette édition, beaucoup plus critique. C'est un fait indéniable : cette édition 2018 a représenté à mes yeux comme un tournant pour le festival et son ambiance. Celui de basculer dans le mauvais côté de la pente en ce qui concerne le fait d'attirer toujours plus de monde, avec toujours plus d'ouverture et la conservation d'une ambiance caractéristique. Cette année, j'ai vraiment eu l'impression de me retrouver dans un gros festival rock/metal lambda générique et non au Hellfest spécifiquement, c'est un fait. Alors oui, bien sûr, c'était bien. Mais pas foufou comme ça a toujours été le cas pour moi. La faute peut-être à un matraquage médiatique sur les metalleux hyper aguicheur qui a dû expliquer un nombre assez important de touristes sponsorisés Decathlon, présents par simple curiosité. En soi, le fait que le Hellfest s'ouvre à des non-metalleux ne m'a jamais foncièrement dérangée, tant qu'ils cherchent à s'intégrer et adopter les us et coutumes locaux avec tolérance et jovialité. Ce que je n'ai pas forcément retrouvé cette année avec une partie de cette tranche du public : ça bougonnait comme des petites vieilles attendant cinq minutes de trop aux caisses des supermarchés dans les files d'attente encombrantes du merch' en pestant sur tous ceux qui désirent simplement circuler sur le site – j'admets que les temps d'attente ont affiché des records cette année mais personne ne leur a foutu de flingue sur la tempe pour prendre un t-shirt sur place et non sur le store internet – ça va en plein cœur des hostilités et s'offusque dès lors qu'un début de pogo ou de slam éclate – quand on n'aime pas ça, on se place là où il n'y en a pas – et surtout, ça reste dans son coin tels des autistes sans jamais essayer de lier de quelconques contacts. Ce qui a donné une ambiance moins festive que d'accoutumée (tant sur le site qu'aux campings) en plus de rendre par moments les Mainstages décourageantes, voire impraticables, les ignorants se contentant de nourrir leur exotisme qu'avec les grosses pointures.
A côté de cela, les autres scènes plus petites ne se révèlent que plus agréables en terme de confort de concert à cause d'une fréquentation moins soutenue, à quelques exceptions près. A tel point que l'on se demande s'il ne vaut pas plus le coup de se la jouer contre-festival en restant focalisé sur le trio Altar/Temple/Valley – la Warzone n'étant vraiment pas ma tasse de thé en règle générale – au détriment des grosses scènes. Malheureusement, c'est également prendre des risques sur le confort sonore tant ça a posé problème cette année alors que je n'avais pas été confrontée à ce genre de problématique en 2016 et 2017. A tel point que Megadeth en a fait les frais de manière plus que consternante. Ce serait d'ailleurs ma doléance envers l'organisation pour cette année : maintenant que les investissements d'écran pour les Mainstages sont fait, pourquoi ne pas s'attarder sur le matériel sonore en façade (plus de baffles en cascade, par exemple) des trois scènes couvertes ? Parce que s'il y a des choses qu'on amputera pas à l'organisation, c'est ce bon goût dans une programmation large et variée (même si l'affiche me parlait moins que les deux dernières années mais cela ne tient qu'à mes goûts personnels) et d'être ouverte aux critiques afin d'agir en conséquence. Preuve en est des files d'attente frustrantes à la Cathédrale et aux stands de rechargement Cashless qui ne sont plus que de lointains souvenirs. Et d'offrir toujours plus d'attractivité, quitte à lorgner vers les grosses machines de pointe, américaines dans l'esprit. Chose, qui, honnêtement, me laisse totalement de marbre. Les beaux trailers pètes-aux-yeux, ça ne m'enjaille pas (on imagine que Michael Bay aurait signé le montage si Metallica aurait été annoncé), les invités spéciaux qui disent 3 mots dans le micro pour des fins publicitaires non plus (et cela aurait été autant valable si ça aurait été Jimmy Page en lieu et place d'Hodor de Game Of Throne). Ni même les petites clubs n'incitant qu'à consommer plus en payant son droit d'entrée comme le Cult. Mais ça semble parler à d'autres néanmoins, tant mieux pour eux.
Dans tous les cas, à l'heure où j'écris ces lignes, je sais que je me rendrai dans une dizaine de jours au Motocultor, affichant plus de simplicité, et une taille plus humaine, peut-être que cela me confirmera ce que j'attends finalement d'un festival : de beaux moments musicaux et de la bonne ambiance conviviale sur site et camping. Rien de moins mais surtout, rien forcément de plus. Voilà peut-être le pourquoi du comment du goût curieux, un peu amer, que j'ai en bouche quant à cette édition 2018 du Hellfest qui partait, cette fois, peut-être un poil trop loin. Ce qui n'a en rien empêché d'avoir vécu des bons moments au fil de cette semaine (étant arrivée en terre clissonnaise dès le mardi), qu'on se rassure.
Journée du vendredi
C'est avec tout mon sérieux et professionnalisme que j'entame cette édition 2018... en me réveillant en retard ! Non sans agacement envers moi-même, je torche bien vite la petite part de préparatifs d'avant-départ pour le site. N'étant heureusement pas une princesse, je quitte bien vite le camp en grandes foulées. Moi qui voulais voir Malemort, il ne fait aucun doute que c'était un poil râpé pour cette fois mais cela n'empêche pas de se hâter, histoire de grappiller, bon gré mal gré, ne serait-ce que le dernier titre. En vain puisque j'arrive devant les Mainstages alors que Mos Generator entame son set. Même si le heavy rock bluesy aux petits relents de stoner des Américains n'étaient pas forcément prévus dans mon programme, je décide toutefois de rester, histoire de rattraper un peu le coup. Il faut dire que, même précipité, j'étais encore un peu dans ma phase de réveil, autant dire que le registre se portait fort bien à la terminer en douceur. Le groupe fait tout, d'ailleurs, afin que ce ne soit pas non plus trop intense tant le trio joue la carte de la sobriété scénique tout en gardant l'application et investissement nécessaires afin que l'assistance ne s'emmerde et retourne au pays des songes. Ajoutez à cela un répertoire bien sympa dans le style, pas original pour deux sous mais doté d'un indiscutable feeling et l'on en ressort satisfait, motivé et la tête toute fraîche afin d'appréhender cette première journée de festivités.
Après ce petit café gentillet, il y a juste besoin de se décaler un chouïa pour voir arriver les croissants, à savoir Bukowski. Où je prends une sacrée piqûre de rattrapage vu que je ne m'étais attardée que sur ses débuts discographiques et ne suis pas très au fait de ses activités récentes. Mais au moins cela m'a permis de les voir en live pour la première fois. Les Parisiens m'auront d'ailleurs permis d'achever le réveil avec un son bien plus lourd et mastoc, quand bien même le stoner des débuts soit plus effacé au profit de nuances rock dans ses titres plus récents, que la prestation précédente. Et un dynamisme scénique bienvenue. Malheureusement, ils n'auront pas été forcément gâtés par la technique vidéo où il n'est pas rare que les écrans s'éteignent intempestivement. Mais il en faut bien plus à Bukowski qui nous envoie sa sauce à la figure, de belle manière. Et honnêtement, cela aurait pu être une petite claque toute gentillette si le public n'avait pas été aussi amorphe, se contentant simplement de remuer un peu la tête et d'applaudir chaleureusement. Certes, le combo ne joue pas sur les mêmes plates-bandes que Mass Hysteria mais méritait sans doute, vu les efforts qu'il a déployé, une assistance un peu plus fofolle. Petit détail dommageable qui n'enlève en rien le fait que Bukowski nous a livré là une excellente prestation, aussi carrée que maîtrisée.
Même si Darkenhöld m'intéressait, j'en fais l'impasse au vu du contexte que je trouve un peu hors-sujet. Voilà bien un groupe qui mérite davantage à être vu dans l'obscurité et la promiscuité d'une salle et non en festival lorsque le soleil est à son zénith. Du coup, il en va sans dire que la bière promise avec la Team CoreAndCo se révélait plus alléchante. Pour en ressortir avec un lapinou, non pas jaune mais plutôt blanc comme un cul – on lui souhaite que le soleil asiatique aura effacé le bain de javel – , afin de rallier l'Altar pour Misanthrope. A contrario de mon compère pour qui les vieux briscards du metal extrême avant-gardiste berçait ses concerts d'adolescents, il s'agit pour moi d'une première... Presque première tout du moins vu les circonstances peu optimales lors de leur passage au Conquérant Metal Fest en fin d'année dernière. Pas de regret donc de les retrouver aujourd'hui. Le son n'est d'ailleurs pas encore au top cette fois-ci, mais quand même autrement plus audible que la bouillie sonore extra-forte qui m'avait fait fuir en octobre dernier. En revanche, les voir avec un public acquis à sa cause, fait drôlement plaisir et ne fait que rendre la prestation agréable. Même si elle n'est pas parfaite, notamment au niveau de la double pédale imprécise ou quelques choix de setlist pas toujours très adapté au contexte festival. Parce que si le dernier album en date (« La Fabrique Du Fataliste » et « Noyade Abyssale ») que j'avais adoré passe sans surprise très bien le cap de la scène ainsi que l'indéboulonnable classique qu'est « Bâtisseurs De Cathédrale », d'autres titres plus directs auraient mérité d'être sortis de la besace. Mais bon, ne boudons pas trop non plus, le show restait quand même excellent et Misanthrope montre qu'il est encore loin d'être aigri et rabougri.
Courte pause d'un set avant d'aller prendre ma dernière dose de violence avant une suite d'après-midi placée sous des hospices sonores plus tranquilles. Benighted entre en scène sous une Altar bien garnie. Il faut dire que les Stéphanois sont attendus de pied ferme avec une énergie survoltée d'une assistance qui ne demande qu'à vider totalement ses batteries remplies à ras la gueule. Chose qu'elle a bien faite et ce, dès l'apparition du combo et des premières notes de « Reptilian ». Un Necrobreed fortement représenté d'ailleurs aujourd'hui, même si les mecs n'en oublient pas de jouer la carte du « cadeau surprise » fort appréciable. Black Bomb A étant présent sur le festival, c'est tout naturellement qu'Arno finit par monter sur les planches afin d'interpréter « Cum With Disgust » joué pour la toute première fois en live. Et contrairement à l'intitulé du titre, aucun dégoût vis-à-vis de la sauce crachée et ce, durant tout le set qui n'a de défaut que sa trop courte durée. En même temps, les protections étaient là comme en attestent les nombreux ballons-capotes qui voltigeaient au-dessus des têtes de-ci, de-là. De quoi se perdre en moshpits ou en wall of death en toute sécurité. Bref, Benighted est venu et Benighted a vaincu. Comme à son habitude quoi !
Passons d'emblée du coq à l'âne en retournant au soleil avec Rose Tattoo sur la Mainstage 1. Les oreilles encore toutes cramoisies, on admettra qu'il est quand fort difficile de passer de l'un à l'autre comme ça, sans transition préalable. Surtout que c'est un groupe, malgré tout le prestige de son statut, sur lequel je ne me suis jamais attardée jusqu'à maintenant. Ce qui n'empêche que j'étais fort curieuse de les voir, pour la culture. Sans surprise, il était fort compliqué de rentrer dans le mouv' hard rock bluesy des Australiens. D'autant plus que le début de show était quand même bien mollasson. C'est qu'ils ne sont plus tout jeunes les papys quand même, il faut un peu de temps de chauffe ! Chose qui s'arrange heureusement vite vu que les mecs ont tôt fait de prendre leurs aises et se montrer encore bien rock'n roll. Avec, de plus, un Angry Anderson tout plein de jovialité et de gentillesse qui nous fait amèrement regretter de ne pas l'avoir comme grand-père. Les Australiens ne s'encombrent pas de brics et de brocs et y vont sans chichis, à l'image de leur scène, dépouillée au minimum syndical, afin de laisser la musique parler d'elle-même. C'est qu'après tout, le rock'n roll, c'est ça, on joue, on reste cool et on s'amuse en sifflant lentement et sûrement sa bouteille de whisky. Il y a un problème technique ? Pas grave, on s'en envoie une bonne lapée et on meuble le temps en présentant ses petits camarades aux instruments de manière complètement improvisée afin de meubler. Et on continue comme si de rien n'était. De la bonne attitude à l'ancienne dont certains plus jeunes – ou moins jeunes d'ailleurs – feraient peut-être bien de s'inspirer en lieu et place du rôle de rockstarlettes bright de bas étage. Bref, une agréable leçon historique de rock'n roll que voilà.
Autre figure du rock'n roll de l'ancien temps mais quand même plus récent, Joan Jett & The Blackhearts dont je suis bien plus au fait du répertoire. Mes parents me haïssent au passage d'ailleurs. Et pourtant, maman aurait sans doute détesté encore davantage Joan Jett de si bien traverser les affres de la vieillesse. Physiquement tout d'abord même si on voit bien qu'il y a eu comme un peu de bistouri-triche. Mais surtout en dynamisme scénique et en performance vocale. Là encore, l'adage que « c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes » se vérifie. Je craignais un peu ce concert autant que je l'attendais et je n'en suis vraiment pas déçue. Joan a encore une jolie pêche, en impose et donne elle aussi une bonne leçon de rock'n roll. Notamment celle de laisser son backing band s'exprimer pleinement, n'hésitant pas à s'effacer pour leur laisser la place alors que tout le monde n'a pourtant les yeux rivés que sur elle. La présence de nombreuses reprises, autres que celles des Runaways (seuls « Cherry Bomb » et « Drive Me Wild » de son premier groupe sont interprétés), comme Bruce Springsteen ou encore Gary Glitter, montre également cette volonté de cohésion véritable de groupe et non d'un simple rassemblement de musiciens de session le temps d'une tournée. Les titres s'enchaînent et le fun s'installe d'emblée jusqu'au dénouement. Qu'ils soient vieux (« Bad Reputation »), plus récents (l'excellent « Fetish » tiré de Sinner sorti en 2006) ou très neufs (le nouveau single « Fresh Start » dont la performance apparaîtra sur leur futur documentaire qui sortira à la rentrée). Ou carrément mythiques avec l'incontournable « I Rock Rock'n Roll » qui aura fait brailler toutes les gorges présentes, quelque soit sa génération.
C'est que mes deux derniers concerts étaient quand même doucerets, les deux qui suivront ne seront pas forcément mieux en la matière, il me fallait donc une bonne dose d'agressivité. Et si, en plus, de la modernité se greffe, c'est encore mieux. Ça tombe bien, j'avais juste à me décaler de quelques centimètres – tout l'avantage du placement stratégique sur le côté au niveau de l'écran central entre les deux Mainstage – et Meshuggah a tôt fait de nous envoyer son mathcore – ou djent selon les préférences de vocabulaire de chacun – en pleine face. Une transition bien abrupte qui aura sans doute étonné plus d'un touriste sponsorisé par Decathlon qui fait le pied de grue ici en attendant gentiment leur deuxième piqûre nostalgique que représente Europe. Un concert que j'attendais d'ailleurs pas mal. Mais qui m'aura autant impressionnée que déçue. Impressionnée car il n'y a pas à sourciller, les mecs envoient leur pâtée hyper technique avec une incroyable précision. Ce qui dégoûtera et découragera sans doute plus d'un musicien en herbe qui se perd un peu dans son apprentissage. Et le public ne s'y trompe pas tant il est garni de connaisseurs, totalement à fond dedans. Quand bien même une meilleure obscurité aurait sans doute servi davantage les Suédois qui aurait pu jouir d'un meilleur lightshow, plus en adéquation avec l'ambiance globale de leur répertoire. Allez savoir si c'est ce petit détail de contexte qui m'a un peu dérangée (moi, à titre personnel donc, tous les autres autour de moi étaient dans leur transe orgiaque) ou si c'est le déroulement global de la performance : oui, c'était très cool, ça t'en fout plein les mirettes, ça fracasse et ça tricote sec mais c'est typiquement le genre de truc qui manquait cruellement d'humanité. En gros, un show bien carré et rôdé, sans pain technique, ni mot de travers... qui l'est peut-être trop. Bref, il y avait un petit truc qui me manquait sans que je ne puisse réellement le déterminer ce qui m'aura empêcher d'être à fond dedans.
Nouveau pas de côté pour retourner dans la catégorie senior avec Europe. Quoique, on aura tôt fait de se rendre compte que les mecs ne sont pas si grabataires qu'on aimerait bien le penser tant ils affichent une grande forme. Je l'admets, je ne suis pas trop au fait de leur répertoire post-80's, je suis davantage ici pour la culture sans que je n'en attende quoique ce soit de spécial. Mes parents me détestent encore plus d'ailleurs. Et j'avoue que les Suédois m'auront plus qu'agréablement surprise au même titre que Joan Jett un peu plus tôt. Certes, Joey Tempest est un putain de poseur qui semble sexuellement déviant aux objectifs photos et vidéos mais la performance globale a dégagé une telle pêche et un tel fun qu'on pardonnera facilement ses nombreux flirts avec appareils et surtout caméras semblant parfois un brin excessifs. Et surtout, j'ai pu découvrir quelques titres post-reformation au cours des années 2000 à la qualité plus qu'enviable. À d'ailleurs se demander pourquoi il n'y a pas plus d'yeux rivés aujourd'hui sur eux, hormis pour leur reconnaître la paternité de « The Final Countdown » tant ils arrivent à sortir des albums bien plus inspirés que beaucoup d'autres vieilles icônes plus reconnues qui se contentent du minimum syndical. Il n'y a qu'à entendre des « Firebox » et « Hole In My Pocket » (tirés de Bag Of Bones sorti en 2012) ou encore l'enchaînement de début de show « Walk The Earth » et « The Siege » du petit dernier sorti l'année dernière pour se convaincre que la discographie actuelle est loin d'être dégueu dans un genre « à l'ancienne revisité avec assez de modernité pour balayer tout le kitsch de l'has-been ». Et honnêtement, il valait sans doute mieux être au fait des années 2000 tant Europe a davantage articulé sa setlist autour de ça et non sur sa première partie de carrière. Même s'il n'a pas boudé en bout de course les plus qu'attendus « Sherokee » et « The Final Countdown » acclamés comme de véritables messies par l'assistance.
J'attendais ensuite Steven Wilson au tournant bien comme il faut. A l'inverse de mes voisins espagnols qui se demandaient bien sur qui ils avaient pu tomber avant de vite s'apercevoir que c'était très loin d'être leur came. En même temps, quand on voit son dernier opus, To The Bone, quand même hyper pop, l'organisation du Hellfest s'était quand même montré bien ambitieuse en l'invitant. Alors oui, il y a eu certains titres qui y sont issus qui ont bien été mis rapidement à l'honneur (la vitrine « Pariah » et le pêchu « People Who Can Eat Darkness »), une audace que j'ai fortement apprécié tant j'ai adoré cet album. Mais hormis ce petit tandem, le maître de cérémonie, aussi sympathique que charismatique, l'a lui-même admis : « Je suis conscient que l'on est loin d'être le plus metal de tout ce qui a bien pu passer auparavant, j'ai malgré tout tenté de piocher dans le plus lourd, même si ça signifie que je dois partir vers du Porcupine Tree ». Il n'en fallait pas plus pour qu'une bonne frange de l'auditoire lui mange dans la main. Parce qu'en toute honnêteté, Steven Wilson, malgré le petit côté hors-sujet de sa place sur l'affiche, a été ma plus grosse claque de la journée. De bout en bout, sa musique a posé et a captivé de par cette succession émotionnelle typée montagnes russes. C'est toute cette palette d'émotions que j'adore chez cet artiste (tant en solo, qu'avec Porcupine Tree ou encore les premiers Blackfield lorsqu'il était encore impliqué dans l'écriture) et dont je craignais de ne pas voir transmis à sa juste valeur en configuration live, surtout dans un contexte aussi délicat qu'un festival orienté vers des choses un peu plus franches du collier. Ce qu'il est parvenu à faire haut la main. Avec une passion palpable, à mille lieux de toutes les suppositions d'opportunisme qui ont fleuri à la sortie de To The Bone, et surtout énormément de simplicité tant l'homme reste humble malgré son statut référentiel dans le rock progressif et sa carrière de producteur/ingénieur du son plus que reconnue.
Malgré la non-implication de mes voisins espagnols durant Steven Wilson, j'ai vite compris le pourquoi ils étaient restés là quand même tant une des donzelles de leur bande était au bord de la syncope hystérique lorsque Johnny Deep est entré en scène de la Mainstage 1 en compagnie de Joe Perry (Aerosmith) et Alice Cooper dans le cadre d'Hollywood Vampires. Bon, je ne dirais pas le contraire, cette adrénaline d'hystérie, je l'ai un peu ressentie mais uniquement sur le fait de retrouver face à moi ce très cher Vincent Furnier – que j'aurais franchement amplement préféré dans le cadre d'un show classique mais faute de mieux hein... – et non ce fameux Jack Sparrow modèle rock'n roll. Ce dernier qui n'était d'ailleurs pas très frais niveau état. Désolée mesdemoiselles de briser un peu vos rêves et vous aurez beau me déblatérer l'argument que « c'est parce qu'il jouait un cancéreux dans son dernier tournage et qu'il conserve encore des restes physiques du rôle », ça ne prendra pas. Le fait d'être un peu à la ramasse en terme rythmique à certains moments et quelques errements dans les textes sur un titre où il prend le micro, ce n'est sûrement pas une conséquence de régime drastique pour les besoins d'un tournage mais bel et bien d'un léger excédent d'alcool (ou autre) dans le sang. Et aborder l'image de rockstar façon acteur comme il l'a fait, ça ne fonctionne pas soit dit en passant, tant l'image caricaturale de mauvais goût n'est pas loin. Par chance, le bougre n'étant pas entouré de débutants niveau musique, ses camarades ont gentiment réagi comme ils pouvaient pour sauver les meubles lors des petits pains ponctuels de l'acteur et ainsi nourrir l'illusion que tout ce passe sans heurts. Camarades dont il n'y a pas grand-chose à redire niveau prestation scénique tant il n'était pas désagréable de voir un Alice Cooper plus humain même s'il n'écarte pas pour autant ses petits gimmicks théâtraux, et un Joe Perry appliqué, surtout sur les solos. Ce qui fait que cet état éthylique douteux n'a pas réellement été préjudiciable pour cette prestation de reprises somme toute sympathique. Parce que la camaraderie entre les compères est sans équivoque. Et qu'il y a eu pas mal de bons choix niveau des titres repris, même si l'exercice n'a pas revêtu d'un grand intérêt en terme revisite. Et puis, j'ai eu « I'm Eighteen » et surtout « School's Out », je ne vais pas cracher dans la soupe non plus. Bref, c'était un side-project pour le fun, sans prise de tête et il faut le voir comme tel sans rien attendre de plus. Mais qui doit se cantonner uniquement dans le cadre d'un festival et non sur une tournée en tête d'affiche, qu'il en soit bien clair. Et s'il se cantonne à un côté éphémère, ça serait sans doute la cerise sur le gâteau tant il est difficile de voir l'intérêt de voir l'exercice s'étaler sur plusieurs tournées et albums... Parce que la première fois peut se revêtir de son petit côté divertissant mais elle n'est tellement pas si ouf qu'on n'ira pas forcément en reprendre pour le dessert.
Il était temps de prendre une petite pause syndicale après ces quelques concerts enchaînés sans temps mort. Afin de se remplir l'estomac, se balader et voir débouler un Lapinou, un Sain Phonique des Eternels et autres confrères de Thrashocore sauvages tiraillés plus ou moins selon les cas par l'ivresse. Le temps de partager un verre et nous voilà repartis en raid pour Napalm Death sous l'Altar en passant devant un Satyricon en fin de set qui ne m'a pas semblé très folichon... Dont je serai apparemment la seule rescapée. La jeunesse partiellement sobre a vaincu donc. Un Napalm Death qui n'a pas démérité, comme à son habitude. C'est d'ailleurs, pour ceux qui n'auraient jamais vu les Britanniques, une curiosité à voir en live au moins une fois, qu'on soit fan de grind ou pas, ne serait-ce que pour voir un Barney dans son numéro de pantin hystérique à la limite de la désarticulation. Et quand on voit son âge avancé – il atteindra le cap de la cinquantaine l'année prochaine quand même – et qu'il ne perd en rien de son énergie dès lors qu'il foule une scène – ce que le groupe fait de manière soutenue et régulière – voilà qui ne peut que laisser sur le cul. On espère que Benighted vieillira de la même manière ! Alors certes, les plus conservateurs regretteront peut-être encore l'absence de Mitch Harris mais son remplaçant fait quand même plus que bien son taf. D'autant plus que l'excellent Apex Predator, fraîchement sorti de l'utérus, passe fort bien le cap du live sans dénoter du reste des indispensables qu'on se prend en plein dans notre face, non sans exploser quelques quenottes au passage. Et nous laisser quand même pas mal sur les rotules.
Ça tombe bien, je n'ai pas très loin à ramper sur mes petits genoux pour finir cette première journée de festivités. Quelques mètres et me voilà sous la Temple à attendre Therion. Parce que c'est un groupe qui est un peu une énigme : je n'ai jamais réussi à en apprécier ne serait-ce qu'un seul album... Et pourtant, je ne bronche aucunement à aller les voir en configuration live dès lors que je vais à un festival où ils figurent à l'affiche. Sur les planches, c'est vraiment autre chose ! Plus simple, moins grandiloquent en terme symphonique, le tout avec un rendu qui laisse quand même sur le cul tant les arrangements pour une restitution plus digeste de leur répertoire n'est pas non plus à la portée du premier manchot venu. Et qu'en plus, les voir toute la petite troupe haranguer la foule au pied des retours en rythme a quelque chose d'à la fois classe et grisant à regarder. En plus de tous les autres gimmicks scéniques qui savent toujours donner dans le théâtral sans jamais faire too much. Et surtout, « To Mega Therion », toujours vibrant à écouter et à brailler à gorge déployée (on regrettera l'absence de « Summertime City » en revanche), ce que mes voisins de concert n'ont pas hésité à faire savoir à chaque interlude de morceau tellement ils n'avaient que ces trois mots à la bouche. Bref, un excellent moment qui pose, même si le charisme de Snowy Shaw m'a quand même énormément manquée, avant de rentrer au camping avec sérénité.
1 COMMENTAIRE
cglaume le 06/11/2018 à 11:41:14
Je proteste: tous les culs ne sont pas blancs, voyons (surtout après 3 jours de Hellfest sans épilation postérieure :D)
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