Hellfest 2018 - Le week-end de Margoth - Seconde partie

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Journée du samedi
Serein est le réveil en ce samedi matin. Il faut dire qu'avec un Mike Patton qui se profilait en ce jour, j'étais remontée comme un coucou suisse, même s'il faut que je prenne mon mal en patience jusqu'au soir. Point de panne cette fois-ci, je peux aller sur le site d'un pas tranquille, me prendre ma petite Sköll du matin – parce que la fraîcheur citronnée passe quand même bien mieux au petit déjeuner, il faut l'admettre – avant de rallier l'Altar où sont déjà amassés Lapin, Fred, notre photographe de l'extrême, et Sain Phonique, bien plus frais et pimpants que la veille au soir. J'avais tellement entendu du bien des Rennais d'Hexecutor – que j'aurais pu avoir l'occasion de voir à quelques kilomètres de chez moi durant mon marathon concerts de la fin d'année dernière si la salle qui les accueillait n'avait pas purement et simplement fermé ses portes précipitamment pour non-respect des normes de sécurité à quelques jours dudit concert – que j'étais fort curieuse de voir de moi-même ce qu'il en découlait. Au vu des matinaux irréductibles affublés de vestes à patchs « comme au bon vieux temps », il était clair que le thrash qui allait être envoyé n'allait pas forcément s'inscrire dans la modernité. Et lorsqu'on voit les mecs qui déboulent sur scène, arborant le même genre de dégaine malgré leur jeune âge, tout est dit : c'est du bon old-school ma bonne dame. Même si je ne m'attendais pas forcément à un registre aussi speed, ce qui n'était pas un mal afin d'épousseter les dernières brumes de l'esprit. Une sköll, un Hexecutor et ça repart comme on pourrait dire ! Après, il est clair que le propos est tout sauf original mais a au moins le mérite d'agir comme une réelle machine à remonter dans le temps hyper crédible et solide. Les mecs se donnent à fond malgré l'horaire matinal – même si certains m'ont soufflé par la suite qu'ils étaient un peu plus calme que d'ordinaire – et y croient dur comme fer. Même si pour ça, il faut jouer avec les vieux gimmicks flirtant dangereusement avec le ridicule cocasse (« La Sorcièèèèèèère Du Marais »!), tels une réincarnation inopinée de Cronos (Venom) version française dopé à la cocaïne sous fond musical majoritairement emprunt d'école allemande (Destruction / Kreator) avec quelques relents de Bay Area (les premiers Metallica). Le son, en revanche, commence à montrer les premiers signes alarmants alors qu'il n'y avait pas forcément eu de gros problèmes de ce côté-là la veille. Par chance, dans ce cas précis, il ne se révélera pas trop gênant étant donné le registre, le côté brouillon ne donnant que plus d'authenticité à ce thrash old-school plutôt sauvage et râpeux.
Histoire de ne pas y aller trop fort d'emblée, nous nous octroyons une petite pause désaltérante à l'espace VIP où nous tapons un petit brin de causette avec un certain Arno Strobl... avant de s'atteler à un atelier cadrage du pauvre avec le compère des Eternels afin de prendre cette fameuse fontaine sous son meilleur jour. Parce qu'il vaut mieux créer l'illusion qu'elle remplisse plutôt nos gobelets de Grimbergen plutôt que ce jus de framboise extrêmement douteux que n'importe quel Lestat fuirait farouchement. Ces activités ludiques étant faites, il était temps de repartir à l'assaut de Black Bomb A sur la Mainstage 2. En croisant au passage, Pensées Nocturnes, sur sa dernière ligne droite, sous la Temple, où les images vidéo montrant un zombie bougeant tranquillement avec sa trompette, ce qui me donne la puce à l'oreille que j'aurais loupé une curiosité intéressante. Tant pis, une prochaine fois peut-être... En tout cas, l'heure n'était pas au black metal dans nos considérations du moment et nous voici devant la seconde scène principale, honorablement garnie compte tenu du fait qu'on était en fin de matinée. Et si des gens commençaient leur journée avec la bande à Arno, Poun et Hervé (Coquerel / Loudblast), il est clair qu'ils n'avaient pas besoin de plus pour émerger des songes latents. Black Bomb A ne nous fait en effet pas de quartier. Ça bouge, ça harangue la foule à tout bout de champ. La setlist nous donne une belle vision best-of et j'ai tôt fait de nourrir l'illusion d'avoir retrouver mon adolescence perdue où l'on faisait subir à tout le quartier ce hardcore jouissif qui parlait tant aux djeun'z en mal de sensations fortes que les moins djeun'z. Bref, ce concert file à toute allure et j'ai à peine le temps de dire « ouf » qu'ils sont déjà repartis, laissant l'auditoire à genoux, en nage mais heureux de s'être mangé une bonne mandale avant l'heure du déjeuner.
Nouvelle petite pause avant de me diriger pour la première fois depuis le début du festival sous la Valley. J'avais entendu beaucoup de choses sur Jessica93 qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire, « ne vient pas du 9-3 mais du 7-5 » (dixit le groupe lui-même). Ce qui en soit, ne fait pas de grandes différences, la région parisienne reste la région parisienne, qu'importe que vous ayez des poules dans votre jardin ou non... Bon, au final, on s'en fout un peu en fait. Mais là où la Provinciale que je suis s'en fout moins, c'est sur cette mise en son qui ne flatte pas beaucoup le groupe, d'autant plus que ce dernier s'adonne à l'enregistrement de boucles en direct, ce qui empire le délire et hache un peu trop le rythme de la prestation. Un peu dommage car le grunge/new wave, un peu doucereux par rapport à la programmation globale du Hellfest certes (rafraîchissant pour les tympans néanmoins), se révèle intéressante sur bien des points et sait jouer sur quelques ambiances/subtilités fortement psychés qui transportent littéralement. Certains disent que Jessica93 en aurait perdu depuis quelques temps mais je vous avoue que je n'en ai que cure de ces considérations de connaisseurs, étant donné que cette prestation sonnait pour moi comme une découverte. Que je n'ai nullement regretté malgré ces soucis sonores d'ordre technique. A se pencher sur disques, au calme, et pourquoi pas, au travers d'autres concerts, histoire de confirmer ces bonnes impressions.
Histoire de continuer cette petite pause hors des sentiers metalliques, me voici en train de rejoindre la Mainstage 1 avec mon burger « Hell'Potatoe » (mon meilleur compagnon coupe-faim de ces trois jours tant ça cale pour pas cher et s'obtient en un temps record vu que les files d'attente sont loin d'être aussi impressionnantes que celles des coins repas en plein coup de feu) pour voir les riot girls des L7. Que je voulais entrevoir pour la culture et surtout, m'offrir un côté déjeuner-spectacle... qui fut honnêtement plus divertissant que prévu. Alors que je ne comptais m'y arrêter qu'une partie et me balader un peu sur les autres scènes de manière hasardeuse, j'y suis finalement restée jusqu'au bout. Déjà, parce que c'est cocasse de voir des figures féministes dans un festival comme le Hellfest qui est quand même, reconnaissons-le, peuplé de pas mal de beaufs plus ou moins second degré, quand bien même l'organisation nous prouve cette année qu'elle laisse de plus en plus de place à la gente féminine pour autre chose que d'offrir un spectacle de tétons qui pointent après-concours de t-shirt mouillé ou autre tenue sulfureuse cuir/fouet/topless. D'autant plus amusant lorsqu'on se souvient de l'édition dernière où Steel Panther avait su faire baver bien des mâles en dépoilant toutes les femmes de l'assistance motivées à monter sur la scène – ne voyez rien de critique dans ces deux dernières phrases, croyez-moi que je suis très loin d'être une militante de madmoizelle.com. Soit, les L7 n'ont pas forcément l'air de trop prendre la mouche sur ce constat et s'exécutent avec beaucoup de bonne volonté et jovialité, sans se la jouer femen intégriste pour deux sous. Et sans se foutre à poil. Alors, certes, le registre est, là encore, gentillet mais il a le mérite d'être guilleret et entraînant. Et finalement prenant jusqu'à son dénouement où sont joués les tubes 90's qui ont fait leur renommée éphémère à large échelle. Pas non plus transcendant certes, mais une petite pause transitoire légère et sympathique.
On passe à quelque chose de plus sérieux... Sans trop vraiment l'être à vrai dire. Les Toulousains de Psykup sont dans la moiteur de l'Altar et nous assènent leur sauce fusion tendance nawak avec joie et bonne humeur, arborant sourires et chemises colorées. Un peu comme si la Compagnie Créole se retrouverait à jouer du metal dans une dimension parallèle. À contrario de la table de mixage, pas vraiment décidée à nous offrir du bon son, ce qui gâche un peu la fiesta. Cela n'empêche néanmoins pas la smala présente, à une densité plus qu'honorable vis-à-vis de l'identité particulière du combo et qu'à côté de cela, un Rise Of The Northstar, plutôt populaire dans son style, s'affaire du côté des Mainstages, d'accueillir joyeusement le quintet. Ce dernier le lui rend bien en distribuant énergiquement de la bonne humeur concentrée, tantôt sautillante, tantôt pogotante, tantôt dansante. Et même si l'on n'est pas très au fait, ni particulièrement adorateur des frasques sonores bigarrées, l'aspect contagieux est là et ne peut donner qu'envie de bouger, quand bien même elles ne soient pas montrées sous leur jour le plus flatteur en terme de son pur et dur. Ce qui n'empêche pas qu'elles passent le cap du live comme une lettre à la poste. À se demander si, dans un contexte optimal, cela ne passerait finalement pas mieux sur les planches que sur galette...
Oranssi Pazuzu était un cas qui m'intriguait grandement, d'autant plus que l'on m'a soufflé dans l'oreillette à diverses reprises que cela valait largement le coup d'oreille. En même temps, du black metal psychédélique, voilà qui est tout sauf commun ! C'est ainsi que je me suis déportée vers la Temple... Que j'ai eu tôt fait de fuir. Il faut dire que se prendre une bouillie sonore envoyée à un volume infernal dépassant allègrement la limite de décibels autorisée, quelque soit là où l'on se place – que ce soit dans les premiers rangs, en milieu de fosse et même au niveau des écrans en entrée de hangar – il n'y a pas à hésiter tant l'instinct de survie prend vite le pas. Courage, fuyons et ne remercions pas les techos d'une telle plantade en terme de sonorisation, tout en étant désolée pour les Finlandais qui n'y sont malheureusement pour rien.
Je craignais le cas Jonathan Davis énormément. J'adore Korn et je ne pouvais décemment pas louper cela, même si je n'avais prêté aucune oreille préalable à son album solo, Black Labyrinth, sorti à peine un mois auparavant. J'avais peur d'avoir affaire à une sorte de compilations de chutes de studio de Korn sans intérêt, sa voix caractéristique ne pouvant qu'appuyer d'autant plus ce genre de travers. Finalement, cela n'a vraiment pas été le cas. Le frontman semble décidé d'explorer d'autres voies que le groupe qui l'a fait connaître, même si on ne retirera pas le fait qu'on retrouve des caractéristiques communes indéniables. Malgré tout, le fait qu'il y ait une forte volonté de dimension orchestrale représentée sur les planches de manière organique (du vrai violon et une contrebasse notamment). Ce qui rappelle un peu l'approche de l'album live acoustique MTV Unplugged de Korn (plutôt controversé d'ailleurs). Et franchement, il y a de la matière et de l'idée dans ce que le charismatique vocaliste nous propose là. Même s'il s'avère difficile de digérer la chose directement en condition live. Le public, au même titre que moi, semble un peu dans cette même position de mauvais élève n'ayant pas préparé correctement sa leçon. Il écoute posément, de façon statique et ne se contente que du minimum de politesse. Certains cas jouant bien le jeu de la découverte. D'autres, moins curieux, ne prenant leur mal en patience que par espoir de voir un titre de Korn émerger. Ce qu'ils n'auront pas. Un parti-pris aussi extrême qu'intègre qui divise sans doute mais que je prends de mon côté de façon plutôt positive : oui, ça m'aurait fait plaisir d'entendre un classique, je le nierai pas, mais y aurait-il vraiment eu de l'intérêt à l'exercice sur un temps de jeu aussi court ? Surtout pour quelqu'un qui avait assisté à leur prestation best of magistrale de 2016, ce souvenir latent aurait tout de suite amené plus de fadeur et d'amertume en bouche. Bref, voir cette escapade en solitaire n'a rien de transcendant, plus par méconnaissance de la matière présentée qu'autre chose, mais au moins, elle s'avère justifiée par de réelles motivations artistiques. Ouf !
J'ai bien fait un tour à la Valley pour voir Dälek par simple curiosité. Mais le son aussi effroyable que celui d'Oranssi Pazuzu a eu tôt fait de me faire changer de plan. A se demander d'ailleurs si les ingés-son pensent naïvement qu'il suffit de foutre tous les potards au maximum afin d'insonoriser un groupe un brin expérimental/psychédélique. Ce qui m'a un peu fait craindre pour le son de Dead Cross qui foulera cette même scène quelques heures plus tard. Bref, dommage mais pas trop de regrets dans le sens où j'ai entendu par la suite pas mal de retours négatifs. Non pas pour son côté hors-sujet (il suffisait d'aller voir les réseaux sociaux avant même d'aller au festival pour ça) mais pour un sérieux manque d'entrain. Ce qui est quand même bien problématique pour du hip-hop, on en conviendra.
Je ne suis pas trop portée par le folk en règle générale, un peu plus en revanche par le pagan black. Ce qui fait que j'apprécie particulièrement l'évolution discographique des Russes d'Arkona qui délaisse le folk pour des délires plus extrêmes, païens, mélancoliques et chiadés. Je doute fortement en revanche que tout le peuple radiné devant la Temple pleine comme un œuf, soit du même avis. Une diversité qui n'est pas spécialement problématique vu que les Russes ont décidé de donner à manger à tout le monde en articulant son set en deux temps. La première moitié faisant la part belle à son côté plus pagan black, intégralement puisé de leur excellent nouvel album, Khram. Ce qui m'a ravi les esgourdes. La seconde moitié, dans sa veine plus folk, accueillie de manière plus festive par l'assistance qui n'avait pas énormément de représentants du genre à se mettre sous la dent cette année, contrairement à l'édition 2017. Qui, sans surprise, m'a laissée un chouïa plus froide quand bien même il faut reconnaître ce petit côté inimitable qu'on ne retrouve pas chez la concurrence. Et surtout, une Masha, charismatique au possible, qui impose le respect, tant sur la prestation technique (au chant comme au tambour) que scénique (cette énergie !). Même si, encore une fois, on pestera sur le son, qui fera par moments des caprices en terme de mixage, surtout en première partie de set, plus complexe à appréhender, qui ne demandait pourtant qu'un son optimal pour être véritablement sublimée.
J'écoute un peu de loin et rapidement Orange Goblin qui m'aurait bien fait plaisir de revoir tant les Anglais m'avaient foutu une jolie claque au Motocultor 2013, ce qui ne fait qu'ajouter de la frustration supplémentaire au fait que j'ai préféré privilégier Body Count. Et si, mes comparses de CoreAndCo semblent un peu plus blasés sur l'appréhension de la performance, prétextant qu'elle ne pourra jamais être aussi bien qu'en 2015, je préfère le prendre avec un peu plus d'entrain et d'innocence due à la première fois. Une fois la foule présente en Mainstage affrontée, le supplice des derniers moments de Bullet For My Valentine que je n'ai jamais pu voir en peinture passé, l'intro tournée autour du « Raining Blood / Postmortem 2017 » de Slayer retentit. Et il n'y a pas besoin de plus d'une dizaine de minutes de show pour épousseter Prophets Of Rage d'un revers de main tant ils paraissent bien fadasses et mollassons en comparaison. Parce que Body Count, ça envoie sec, avec cette même insolence que leur excellent dernier album, Bloodlust. Qui n'est pas plus représenté que sur l'entame des hostilités. Ce qui n'est malheureusement pas le seul défaut du show : l'absence de quelques classiques de la setlist et surtout un Ice-T VRAIMENT trop blablateux. On le sait d'ordinaire bavard mais là, il a vraiment poussé mémé dans les orties et on aurait apprécié un ou deux titres supplémentaires en lieu et place de quelques brides d'interminables tirades. Ce qui n'enlève en revanche rien de son charisme et de sa sympathie (faire monter ses enfants sur scène, c'est quand même très classe, on le reconnaîtra). Des problèmes qu'on pardonnera d'ailleurs très rapidement dès lors que la musique reprend ses droits. Jusqu'au dénouement qui arrive bien (trop) rapidement. Au final, Body Count nous aura bien enflammés. Peut-être pas autant qu'en 2015 selon mes collègues mais l'allumette a quand même été bien craquée.
Je prends ensuite Enslaved aux abords de la Temple en cours de route. Première constatation : les Norvégiens sont gâtés niveau son tant ils jouissent certainement d'un des meilleurs de toute cette édition. Ce qui est tant mieux afin de profiter pleinement de leur black progressif qui s'est révélé absolument magistral et transcendant. Enslaved m'aura autant frustrée de ne pas avoir eu l'occasion de voir son show dans son entièreté qu'il m'a transporté bien loin. Tout particulièrement sur ses délires shamaniques de leur dernier album, E, qui prennent une dimension supplémentaire en live (« Sacred Horse », quel bijou !). Même si je reste un peu perplexe d'avoir entraperçu des éclatements de moshpits – sérieux les mecs, sur du black prog' ? – alors que les Norvégiens n'ont aucunement puisé dans leur première partie de carrière, plus frontale.
La petite pause norvégienne bourrée d'évasion a fait grand bien et je m'engouffre dans la Valley gonflée à bloc. Parce que, voyez-vous, je l'aime bien, moi, Mike Patton. Dixit la nana qui s'est quand même coltinée pendant l'année les chroniques de la discographie de Mr. Bungle. Bon, ok, je l'admets, ce n'est qu'un euphémisme : Mike Patton est certainement l'un des acteurs musicaux que j'affectionne et respecte le plus, rien de plus, rien de moins et le voir ce soir avec Dead Cross représente ma toute première fois en live avec lui. Même si, à choisir, j'aurais largement préféré que cela soit avec Faith No More. Enfin, bon, on ne va pas cracher dans la soupe et on va prendre ce qui vient, d'autant plus que ce nouveau projet signé Dave Lombardo (ex-Slayer) sur lequel Patton s'est greffé à la dernière minute est très loin d'être dégueulasse à écouter. Et du punk hardcore quelque peu allumé du ciboulot, cela ne peut que passer le cap de la scène comme une lettre à la poste. C'est ainsi que Dead Cross entre en scène sur fond de gros larsen. Et le son qui suivra ne sera franchement pas hyper transcendant mais n'ira pas non plus impacter la prestation de manière négative tant le style exige un minimum de cracra pour être crédible. Les premiers titres filent à vive allure, et on n'aura jamais vu Patton autant brailler ses tripes dans son micro – la légende raconte que les roadies en ont ramassé durant le changement de plateau – et l'on sent le combo quelque peu méfiant vis-à-vis du public. Il faut dire que la semaine précédente, au Download parisien, le groupe a tellement bidé en terme d'affluence qu'il n'en avait même pas terminé sa prestation, une situation regrettable qui se serait à priori reproduit sur quelques autres festivals précédents. Et qu'on est également à mille lieux des délires psyché-désertiques de la Valley. Et pourtant, même si l'assistance reste restreinte, elle n'en demeure pas moins complètement réceptive. Ce qui semble soulager et détendre les mecs sur scène vu que Patton finira vite par se montrer beaucoup plus jovial (« Quoi ? Vous êtes vraiment venu pour nous en fait ? ») et communicatif. A tel point qu'il finit même, entre deux boutades sur Johnny Depp (à tel point qu'on se demande s'il n'a pas une dent contre l'acteur d'ailleurs), à faire monter un gamin sur scène pour screamer et s'insulter de concert. Niveau musique, ça file à vive allure, tambour battant, sans jamais que la violence ne faiblisse. Tout le premier album éponyme pour ainsi dire y passe mais ce dernier étant tellement court (une demi-heure) que le groupe s'en trouve obligé de broder avec quelques reprises (The Stooges et les Dead Kennedys notamment). Sans surprise – et sans aucune objectivité – Patton s'est montré magistral derrière le micro, de la même manière que la section rythmique avec un Lombardo qui a bien maltraité ses fûts et un Justin Pearson à la basse d'une précision chirurgicale. Avant de finir un brin sournoisement par un court « Raining Blood X Epic » que chaque fan de Faith No More ou Slayer n'espérait attendre. Et j'en ressors véritablement rincée, avec une bonne partie des cordes vocales en moins. LE meilleur concert de cette édition, ni plus ni moins !
Après une telle claque, me voilà posée aux abords de la Temple afin de regarder aux travers de l'écran les Suédois de Watain. Un peu ardu de se plonger dedans vu la prestation précédente mais il faut admettre qu'il n'y a pas non plus très longtemps à attendre pour que la magie opère et que le spectacle offert ne se montre véritablement fascinant. D'autant plus que l'horaire s'y prête bien vu que l'obscurité est présente. Difficile de décoller les yeux de ce qui est offert sur scène : entre le décor, la mise en scène entre sang et flammes, les mouvements de plus en plus désarticulés du frontman, il y a de quoi voir, sans que les yeux ne sourcillent un instant. Un peu comme si le combo avait véritablement lancé un sort de possession sur l'assistance. Ou plutôt une multitude d'ensorcellement au cas par cas. Parce que franchement, des voisins autour de nous, on a tôt fait de s'en foutre et de les oublier. Les Suédois nous ont aspiré dans leur univers et chacun s'y retrouve avec une dévotion obsédante, tant pour le côté visuel macabre et poisseux que musical. Bref, un spectacle très intéressant à vivre, avec des sensations qui m'ont un peu rappelé celles d'une performance de Shining (les Suédois) sur lequel on aurait greffé une dimension Broadway d'outre-tombe.
On se déporte sur l'Altar pour Nile. Que je ne verrai pas entièrement, la cause à un gros coup de fatigue et d'ennui. Pas sur la musique mais plutôt pour le son pas très glorieux qui ne flatte en rien la technicité de leur death un brin égyptien. Et voir, de plus, l'assistance se réduire au fur-et-à-mesure des chansons qui s'enchaînent finit par me convaincre de déclarer forfait pour aujourd'hui. Tant pis pour Dimmu Borgir que j'aurais été curieuse de voir mais il faut néanmoins reconnaître qu'une douzaine de concerts pour ce samedi, c'est un score loin d'être dégueulasse. Qui m'aura permis de rejoindre le camping et m'étaler directement de sommeil dans ma tente sans même prendre le temps de prendre une dernière mousse, c'est dire...
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