HELLFEST 2022 - Le week-end de Margoth - Troisième partie

HELLFEST 2022 Le week-end de Margoth - Troisième partie (dossier)
 

 

Journée du dimanche

 

Par chance, une nuit les pieds à l'air et le matin, ils étaient quasiment comme neuf. De quoi aborder le dimanche avec plus de légèreté. La météo également se montre bien plus clémente en cet ultime jour de festivités : quand bien même la grisaille s'invite avec quelques petits moments pluvieux des plus ponctuels en début de matinée, on appréciera à sa juste valeur la chute d'une bonne vingtaine de degrés qui va avec. Ajoutons ça, un planning beaucoup plus chargé – beaucoup des groupes les plus attendus de cette édition sont concentrés aujourd'hui – autant dire que la motivation est à bloc malgré la fatigue dangereusement accumulée. C'est bien simple, le maître mot était de tout donner, tant la cashless aux désoiffeurs tout le long de la journée (mais sans se  torcher la tronche pour autant), que l'énergie lors des concerts.

 

Petit luxe toutefois de se permettre d'arriver un brin plus tard, histoire de terminer notre petit déjeuner de champion alors que les Québécois de Deadly Apples grimpent sur les planches de la première Mainstage (les grandes scènes où se passent une majorité de notre journée d'ailleurs) vers 11h sous un déluge de fumées violacées. Qui s'est révélé être une excellente surprise/découverte ! Entre neo et indus' de très bonne facture, ça assure à tous les niveaux. Et surtout, cela transmet totalement l'émotion d'être là pour la première fois en France dans un contexte des plus enviables. Tout particulièrement Alex Martel qui n'a de cesse de balancer ses micro et pied de micro dans une bonne humeur rageuse et le claviériste sortant de temps à autre de son rang pour bouger son boule. De vrais gosses dans un magasin de jouets pour lesquels on s'attache vite, surtout que le registre prépare finalement bien les plus grosses étapes du jour, à savoir Korn puis Killing Joke en tête d'affiche.

 

Première petite pause dans le programme, bien que nous restons dans les environs lors de la prestation de Tempt juste à côté. De quoi hérisser les poils de ma comparse anti-musiques de vieux, bien que la moyenne âge affichée sur scène était plutôt jeune. Contrairement à certains choix capillaires (le mulet !)... Rien à signaler, le heavy rock tirant franchement sur le hard est bon, la prestation énergique. Ça donne envie de bouger en live mais on sait pertinemment que c'est beaucoup trop passe-partout pour qu'on s'y intéresse en dehors.

 

A contrario de ce qui suit, ce genre d'audace de programmation qui fait qu'on finit finalement toujours par revenir au Hellfest, même si son évolution n'est pas forcément en adéquation avec ce qu'on pourrait bien en vouloir, à savoir Kontrust. Du nawak qui passe certes assez tôt en journée mais en Mainstage 1 tout de même s'il vous plaît. Si je ne suis pas forcément à fond derrière les Autrichiens sur album – des moments à boire et à manger globalement je trouve – il ne faisait en revanche aucun doute qu'en live, ça ne pouvait qu'être de la bonne claquasse énergétique concentrée. Et comme ça commence sur « Dance », le ton était donné d'emblée. Et de tout du long, le combo, tout de vêtements traditionnels vêtus, a su miser sur leurs frasques les plus phares, funs et exubérantes, histoire de ne pas perdre de points. Pour Kontrust, resté plutôt discret depuis le Covid, c'était aussi l'occasion de présenter son line-up new look (avec une chanteuse parmi les rangs du sang neuf) qui fonctionne fort bien. Bref, on a sauté, on a dansé et on a tapé dans les mains, les 30 minutes filant à trop vive allure. Et c'est à ce moment précis que j'ai fortement apprécié d'en ressortir trempée et lessivée par excès d'exercice et non à cause de la moiteur abusée ambiante où l'on jouait plus volontiers les limaces statiques.

 

Pas le temps pourtant de niaiser, il fallait se rendre sous la Valley au pas de course afin de ne pas trop louper du show de Lysistrata. Encore un truc « post-machin » dont la curiosité a été titillé via tous les mots doux que Tookie a pu leur susurrer au sein de ces colonnes. Mais pour le coup, du « post-machin » qui a été tout sauf chiant. Peut-être parce que ça a simplement été rock finalement. Un choix de setlist qui s'est tourné vers des titres plus directs, sans que la part la plus planante des atmosphères ne viennent tourner en boucle trop longtemps. Les petits gars de Saintes sont sortis aujourd'hui de leur hiatus forcé par le Covid en en ayant gros sur la patate, la rage au corps et surtout la rage sur scène en transmettant une bonne dose d'énergie concentrée en barre, malgré la contrainte d'avoir un chant assumé par le batteur. D'ailleurs, l'assistance s'est bien déchaînée, les slams et pogos étant légions, ce qui est plutôt rare au sein de la Valley, attirant généralement les esprits les plus posés.

 

Nouvelle petite course pour revenir aux Mainstage afin de retrouver les Transalpins de Lacuna Coil. Qui remet une dernière fois les pendules à l'heure : le metal sympho n'est plus qu'une page d'un passé lointain qui ne cesse d'être tournée. A se demander si on ne cherche pas non plus carrément à l'arracher, vu ce qui commence à sortir de l'espèce de remake de Comalies où le combo revient sur son opus le plus emblématique de « l'ancien temps » en l'abordant avec son nouveau style se situant bien plus dans l'alternatif metalcoresque. Par chance, dans le peu de Comalies joué (à savoir les classiques « Swamped » et « Heaven's A Lie »), nous aurons le droit à la version nostalgique, on les en remerciera. Du reste, Lacuna Coil reste droit dans ses bottes et assume son virage plus franco amorcé depuis Delirium : Andrea Ferro braille plus qu'il ne chante de façon lyrique, ce qui finalement amène une dualité plus nette avec sa comparse Cristina Scabbia – qui ne semble pas prendre les conséquences du temps. Paradoxalement, cela nous mène vers une approche plus éculée (la méchante voix gruntée masculine et la jolie voix angélique féminine). Pas de surprises, l'agressivité arrive quand elle doit arriver, la mélodie également, le tout pour un rendu global plutôt consensuel. Mais étrangement difficile à attaquer car efficace. On en fera le même constat pour la prestation scénique : c'est calibré et carré, les Italiens ont bien appris leurs gammes aux States. On appréciera ou on détestera, c'est selon. De mon côté, c'était sympa sans forcément que ça n'aille plus loin, ne percevant aucune saveur particulière en plus entre aujourd'hui et leur show en salle capté à Angers en 2017. Le même genre de construction de show, de rythme ou d'interventions. Bref, c'est calibré et carré, sans surprises, sans audace.

 

D'autant plus que lorsque l'on subit Battle Beast par la suite, on se dit que ça aurait pu franchement être pire. Les Mainstages commençant à se remplir dangereusement, il valait en effet mieux rester dans les environs.

 

Reprise du vrai programme en Mainstage 2 avec Doro. Parce que ma comparse a beau ne pas trop aimer « les trucs de vieux », je voulais lui faire subir celui-là. Parce que niveau charisme et prestance, l'Allemande est quand même un cas à part. Voir un concert de Doro, ça a toujours été quelque chose de positif et de bienveillant. De réconfortant même. Un peu comme le chocolat chaud du goûter chez Mamie après s'être caillé les miches dehors un après-midi hivernal. La frontwoman dégueule d'amour pour son art et son public, cela se voit et surtout, cela ne sonne par du tout comme du chiqué. D'autant plus, tant en solo qu'avec Warlock, il y a quand même un beau paquet de classiques à déballer. Et ça a bien déballé, sans trop de surprises encore ici certes, mais il se dégage tout de même de plus spontané et emprunt de passion.

 

On continue en se décalant sur la scène juste à côté avec un changement net d'ambiances. Jinjer arrive en mode rouleau compresseur. Plus d'agressivité donc mais également tout autant d'amour d'un autre genre à dégueuler. L'Ukraine, la guerre, toussa, toussa... Il n'en faut pas moins pour rameuter quasi tout le site, par compassion et solidarité, me donnant un curieux sentiment doux amer. Sans forcément vouloir m'étendre sur le pourquoi du comment de la part de malaise de ce sentiment, il faut reconnaître que d'un simple point de vue musical, Jinjer mérite une audience aussi large, qu'importe qu'elle soit venue pour ça ou pour autre chose. Malheureusement pour le combo, la prestation souffrira d'un souci technique qui l'ampute de diffusion sur les écrans, une situation qui n'a pas dû être facile à vivre pour le public plus reculé. Du reste, l'émotion est palpable pour le groupe qui n'était même pas sûr de pouvoir venir et le contexte aussi inédit que malheureux n'a pas eu raison des compétences du combo. Ça joue bien, ça se pose comme un bol d'air frais novateur en terme de compositions qui n'hésitent pas à sortir des sentiers battus en métissant sa base metalcore d'autres éléments plus exotiques, le tout avec charisme.

 

Nouveau créneau de respiration mis à profit pour se frayer un chemin jusqu'aux toilettes les plus proches tandis que ma comparse se désolidarise, histoire d'aller voir ce qu'il se passe sur les autres scènes. Quand bien même Jinjer parti, la zone se dépleuple, l'épreuve n'en fut pas moins longue et laborieuse. Ce n'est que dans les derniers moments de Mickael Schenker que je parviens à me placer de manière satisfaisante dans les premiers rangs de la Mainstage 1.

 

De quoi se prendre le tsunami Maximum The Hormone de plein fouet. Déjà vu en terres clissonnaises lors de leur dernier passage en 2011, je savais pertinemment dans quoi je mettais les pieds. Et j'y suis retournée dans la joie et la bonne humeur pour un show qui n'en était qu'encore meilleur ! C'est bien simple : les Japonais ont remporté tous les suffrages et ont clairement retourné tout le festival. Gros déluge nawakien entre base punk/neo metal sentant bon le début des années 2000 avec masse autres petits éléments plus exotiques (notamment les influences du Soleil Levant) dans les oreilles. Mais surtout du gros nawak sur les planches et au sein de la foule. Le combo est survolté – notamment grâce à sa charismatique batteuse dont le régime alimentaire semble plébisciter le steak de lion à chaque petit déjeuner – et plus qu'heureux d'être enfin de retour après onze ans. D'autant plus aujourd'hui, le Japon étant encore en proie à énormément de contraintes sanitaires. Notamment, selon leurs dires (en franglais plus qu'approximatif mais on appréciera l'effort de communication), « au Japon, on n'a plus le droit de pogoter ni rien ». Il n'en fallait pas plus pour que la fosse lui réponde en faisant un joyeux foutoir. Y compris de mon côté, faussement plus calme, où l'on s'est amusé en mode « contresoirée » dans un pogo en petit comité tout doux et bon enfant quasi tout du long. Bref, joie, bonne humeur et surtout le concert le plus jouissif de ce premier weekend à n'en point douter !

 

Je retrouve ensuite ma comparse visiblement déçue de ne pas avoir profiter du tsunami hormonal dans son intégralité (pas faute de lui avoir rabâcher que c'était inloupable) sous fond de Down. Cela fait peut-être la troisième fois que je les vois de loin négligemment et ce n'est toujours pas cette fois-ci que j'arriverai à adhérer. Bien que le départ d'Anselmo en mode « je m'arrête brutalement, je jette mon micro rageusement et je me casse en m'en battant complètement les couilles de cette belle masse d'enculés en face de moi » était fort cocasse. Un moment de creux qui aura quand même été utile pour se remettre des émotions précédentes et surtout se placer pour Korn.

 

Un placement au cœur de la foule auquel on ne m'y reprendra plus. Car visiblement, je deviens sans doute trop vieille pour ces conneries. Ou alors il aurait valu s'équiper de rétroviseurs. Car tout du long, ça a été la foire aux slammeurs, toujours les quelques mêmes têtes d'ailleurs qui ont passé tout leur temps à faire des allers-retours, à se demander s'il n'y avait pas une petite queue comme à un manège au sein d'un par d'attractions. Ce qui a vite fini par être extrêmement pénible, allant même jusqu'à voir deux ou trois slammeurs quasi empilés les uns sur les autres dans les « moments de pointe ». Difficile de suivre donc ce qui pouvait bien se passer devant. C'est qu'au final, on en aurait presque oublier qu'il y avait un concert. Mais même si l'on occultait le souci en fosse, il fallait reconnaître que ce crû Hellfest 2022 de Korn a été un brin décevant. Le son était perfectible (volume trop faible notamment soulignant au passage quelques soucis de mixage global) et l'on sent que le groupe mitraille en mode semi-automatique où la seule audace aura été de sortir un gâteau d'anniversaire pour Mario Duplantier de Gojira. En revanche, difficile d'attaquer la setlist qui, à défaut de prouver qu'un nouvel album est sorti il n'y a pourtant pas si longtemps, a été un best of jouissif et nostalgique de la première partie de carrière du gang de Baskerfield. Mention spéciale au petit medley où l'on n'aurait jamais pu penser réentendre les efficaces « It's On » (morceau d'entame de Follow The Leader) et « Trash » (tiré de Issues). Enfin, cela aurait été d'autant plus jouissif si les slammeurs compulsifs pouvaient nous lâcher la grappe afin que l'on puisse profiter de ce qu'il se passe pleinement. Jusqu'à carrément s'enjailler d'en voir une que l'on a sans doute porté une dizaine de fois auparavant se péter la gueule (sans bobos), les bras des uns et des autres faiblissant fatalement et surtout, le foule devenant plus inconsistante à cause de divers pogos. Tant pis pour elle , en espérant que ça lui aura fait apprendre à la dure qu'à un moment, il faut arrêter d'abuser des bonnes choses. Au moins cela aura-t-il permis d'arrêter le ballet des portés même si cela aura été de courte durée vu que le « Blind » final se fait entendre. Bref, j'attendais Korn avec impatience, dommage que la question d'une frange du public là uniquement pour se prendre les sensations fortes exotiques des pratiques metalliques en surconsommation comme un weekend à Disneyland me l'aura gâché. Au moins, j'aurais eu confirmation que les mainstages dans les horaires de très grande affluence ne sont plus vraiment pour moi maintenant.

 

Pas de regrets à quitter définitivement (et difficilement) les grosses scènes pour cette année, la suite du programme se concentrant à la Valley. Petit détour par la Altar au passage toutefois pour aller voir ce qu'il se passe du côté de Devin Townsend. On n'y restera malheureusement pas très longtemps, le son se révélant calamiteux (chant à peine audible notamment, c'est dire le gâchis vu la technique du monsieur), qu'importe où l'on pouvait bien se placer.

 

Autant fuir que de graver une très mauvaise impression – à charge de revanche toutefois – et rejoindre la Valley pour Perturbator. Changement d'ambiance totale où l'on passe joyeusement en mode dancefloor fort agréable. Et surtout sans slammeurs (ouf !). Il ne manquait que les lunettes lumineuses et le tableau aurait été complet. On fera de sans malheureusement, ce qui n'empêche pas que l'on profite à fond de ce petit aparté bien moins metal que le reste mais non moins mystique et captivante.

 

La fatigue commence à bien se faire sentir. Mais surtout la faim, pas forcément beaucoup sustentée aujourd'hui. Il était temps d'aller en mission bouffe afin de récupérer les dernières forces nécessaires afin d'appréhender l'ultime concert du programme sans que ça ne finisse en drama. Le repas était salutaire, pris tranquillement, en entendant de loin un Alcest que je reverrai plus sérieusement deux mois plus tard au Motocultor dans des conditions non moins optimales. Tandis que ma comparse se désolidarise afin d'aller voir Gojira.

 

Retour à la Valley, loin d'être la destination fédératrice. Bien dommage car Killing Joke reste quand même un gros morceau. La foule n'est donc pas forcément très fournie, ce qui n'a finalement pas été un mal après avoir subi la foule des mainstages une grande partie de la journée. Ce qui n'a pas empêché que cette prestation a été un grand moment, où j'ai réellement donné toutes mes dernières forces. La faible affluence en plus du côté feutré de la scène sous hangar donnait comme une saveur intimiste hyper charmante. Que l'on ne retrouvera sans doute pas la semaine suivante où Jaz Coleman et sa bande sont de nouveau programmés, en Mainstage et de jour. J'avoue méconnaître beaucoup la discographie plutôt conséquente du combo, un gros regret tant sa place est plutôt à part au sein de la scène indus' avec ses ambiances beaucoup plus atmosphériques et planantes. Le charme opère instantanément, Coleman est d'un charisme monumental, la musique transcendante. A côté de moi, je m'amuse d'un mec que je pensais à tort en fort état éthylique qui était en réalité en plein trip sonore. Avant de moi aussi pleinement m’immerger dans un état similaire, n'ayant même pas remarqué le retour de ma comparse. C'était pour moi une première en terme de concert de Killing Joke. J'ose espérer que ce ne soit pas la dernière !

 

Fin du show, plus de force pour assister à l'une des ultimes prestations de clôture. Dommage car Watain semblait avoir fait le show sous la Temple en jetant une torche enflammée sur le public, comme ça, au calme, sans raison. Malgré tout, nous voyons le petit feu d'artifice surprise (n'ayant pas pu être tiré la veille comme c'était prévu à cause de la chaleur). Sans doute l'un des plus beaux qui m'ait été donné de voir. Encore une fois, le Hellfest ne fait pas les choses à moitié. Pour le pire mais surtout le meilleur. Et c'est exténuées mais bien haut sur notre nuage que nous retournons au camping. Où la soirée a vite battu son plein qu'elle ne s'est arrêté qu'au petit matin. Une bonne nuit blanche, histoire de bien enfoncer le clou que la reprise du boulot dès le lendemain allait être tendue. Tant pis, on n'a qu'une vie après tout !

photo de Margoth
le 24/12/2022

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 24/12/2022 à 17:29:56

Qu’est-ce que j’aurais aimé être là pour Kontrust et Maximum The Hormones ❤️❤️

Freaks

Freaks le 25/12/2022 à 03:08:53

Je m'aligne sur le lapin pour Maximum the hormone.. et le report aussi.. Tellement metal/hardcore friendly..
Des hippies noirs comme on aime.. un des groupes qui passe pas souvent et qui doit être vu sous peine d'être exclu de l'Histoire de la musique réenchantante..

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