HELLFEST 2022 - Le week-end de Cglaume - Seconde partie

HELLFEST 2022 Le week-end de Cglaume - Seconde partie (dossier)
 

 

Vendredi 24/06/2022

 

Qui a dit qu'une chambre dans un gite permet de mieux dormir qu'une tente dans le camping du fest' ? Ronflements de mon co-piaule, fiesta bruyante de voisins meuglant jusqu'au bout de la nuit, salopard de moustique affamé... Ils se sont tous ligués pour être bien sûrs que même sur un matelas confortable, une nuit de festivalier reste une nuit de festivalier !

 

Pas de grasse mat' ce matin : Pidji, boss de CoreAndco, a prévu d'interviewer As a New Revolt dans la journée, et ceci avec l'assistance du lapin, au cas où l'entretien virerait au nawak. Il était donc de bon ton d'aller assister à leur concert à 11:00 sous la Valley, d'autant que d'après la chronique de 8oris, le groupe pratique un genre de fusion Rap Metal bien grasse qui risque de flatter nos terminaisons nerveuses. Vérification faite, les gugusses pratiquent effectivement un mélange méchant de Rap, d'Electro/Indus et de Rock (ils ont ajouté une batterie pour le côté organique) qu'on pourrait situer quelque-part entre No One Is Innocent, les Beastie Boys et Senser. Comme le pressentait mon 8o8o de collègue, en live tout ça accouche d'un putain de gros son : les infrabasses font d'ailleurs vibrer la cage thoracique. Et le set passe super bien, ce genre de musique ayant un impact fort et immédiat. D'ailleurs la tente est relativement bien remplie, la touche crado / noisy des Grenoblois ayant effectivement tout ce qu'il faut pour convaincre les métalleux alternatifs présents sur le site. En conséquence, bien que le show ait été de relativement courte durée, on restera avec leur « One for the show, Two for the freak show » pendant quelque temps en tête...

 

Tout juste le temps d'effectuer une petite pause « aïe ouille mal au dos » salvatrice qu'un premier choix se présentait à nous : Fractal Universe, Death Prog/Tech classieux ou Crisix, Happy Punchy Thrash ? C'est sur le premier qu'aurait dû se porter mon choix, vu que je ne les avais encore jamais vus. Mais une nuit moyennement réparatrice et une envie de fun et de Main Stage me poussa finalement devant les joyeux Espagnols à patches. Et je ne fus pas déçu de mon choix. Pourtant ce n'était pas gagné, car le batteur du groupe n'avait pas pu accompagner ses comparses pour cause de Covid carabiné. Sauf que le groupe a participé au Hellfest Warm-up tour, pendant lequel il a eu l'occasion de sympathiser avec les Tagada Jones. C'est donc le batteur de ces derniers qui va se charger de jouer des baguettes sur des tempos plus Thrash qu'à son habitude. Mais pas tout le long du set : car nos amis sont multifonctions, bien qu'ils ne soient ni suisses, ni couteaux. Et c'est donc l'un des guitaristes qui ira par la suite lui aussi taper sur des bambous. Puis, peu après, ce sera au tour du Monsieur Tempo d'un autre groupe de potes : Gama Bomb. Alors si c'est dans l'adversité qu'on reconnaît les grands groupes, on peut dire que Crisix en est définitivement un, ces galères ne lui ayant fait perdre ni son humour (et vas-y que j'interromps l'intro par un violent débranchage de câble – simulé, évidemment) ni son efficacité. Car on s'est pris de belles branlées sur « The Great Metal Motherfucker », « Ultra Thrash », ou ce genre de medley qui nous avait déjà régalés en 2018, avec au menu cette fois « Hit The Light » / « Walk » / « Antisocial ». Pour finir, Crisix ne pouvant décidément pas tenir en place, comme 4 ans plus tôt ce sont pas moins de deux membres du groupe qui termineront le set au beau milieu du pit. Alors OK, ce show était un peu beaucoup calqué sur celui auquel on avait assisté en 2018 sous l'Altar, mais pas sûr qu'on aurait eu la banane aussi régulièrement tatouée sur la trombine ce matin si l'on était resté, justement, sous l'Altar, en effectuant l'autre choix qui se présentait à nous...

 

Mais la pluie ayant décidé de se manifester de manière insistante via de grosses trombes d'eau, c'est planqué dans la tente Presse que l'on décidera de se réfugier pour y déguster une crêpe-saucisse, le temps que ça se calme... Puis, quitte à se mettre à l'abri, on troquera bientôt notre siège de privilégié pour la station debout sous la Temple, pas tant pour écouter le Black Metal de Gaerea, qui m'en a bougé une sans toucher l'autre, mais pour se placer directement derrière les barrières histoire d'être aux premières loges pour le concert tant attendu (… et pourtant pas le premier!) de Dirty Shirt, « biggest band » jamais reçu par le Hellfest – même si là on parle des effectifs (plus de vingt avec les techos !) et pas de renommée. Y a-t-il un groupe plus approprié à une scène de festival que ces Roumains ? Pas sûr. Festive, accrocheuse, participative, variée, musclée, souriante, sautillante, et évidemment truffée d'instruments et de sonorités tradi' est-européennes, leur musique est la quintessence de ce que le Metal a de plus positif et de plus efficace – sans que cela ne les conduise pour autant à sombrer dans les beauferies des pires groupes de Kermesse-core. Alors c’est vrai, certaines mélodies de violons n'étaient pas toujours audibles, et Rini a connu quelques petits problèmes de micro par moments, mais cela n'a pas empêché le groupe de tout retourner, leur setlist n'étant composée que de tueries (« Put It On », « Bad Apples »...), dont une première partie principalement composée d'extraits du nouvel album (« Pretty Faces », « Geamparalele »...). Et le plaisir fut clairement partagé, les choristes s'offrant même une séance prolongée de crowd surfing pour fêter ça. C’est clairement le genre de prestation (et de configuration) qui nécessitera une Main Stage la prochaine fois !

 

Mais pas le temps de laisser germer les étoiles qui s’agitent encore au fond de nos yeux : c’est maintenant qu’il nous faut retrouver Pidji pour interviewer Manu et Julien de As A New Revolt, deux zicos super sympas dont vous pouvez lire les propos un peu plus loin sur ce site (… je suis sûr que vous allez trouver). Puis on enchaîne on enchaîne en retournant sous la Temple pour se repaître du concert de Witchery. Parce que, a long time ago, on avait bien apprécié le Heavy Black/Thrash de Symphony for the Devil. Malheureusement aucun retour vers le monde merveilleux d’un passé idéalisé ne se produira pendant ce set. Peut-être à cause du son un peu brouillon des grattes ? Peut-être à cause du côté Abbath guindé en redingote d’Angus Norder (non, voyons : quel est le rapport ?) ? Peut-être à cause de ces Hey ! Hey ! Hey ! moisis que le groupe encourage trop souvent ? En tous cas malgré la relative accessibilité des compos jouées, rien ne viendra effacer cette sensation de se faire un peu suer. Mais c’est vrai qu’on n'avait pas trouvé I Am Legion plus boulversifiant que ça non plus…

 

Et je vous le dis tout de Go : à partir de là le reste du vendredi va dérouler son fil de concert en concert, de groupes plutôt sympas en expériences plus ou moins hasardeuses, sans que jamais on n’atteigne plus les sommets du début de la journée. Pourtant ça commençait plutôt bien avec Benighted, dont la fête du gruiiiiiik est suffisamment intense et groovy pour qu’on n’ait pas envie de lâcher le morceau avant la fin. On s’enfilera donc leur set d’une traite, à opiner bovinement du chef sans plus vraiment connaître leur setlist (il est loin le temps de Insane Cephalic Production et Identisick !), en se demandant qui est ce batteur à cheveux et barbe longues… Putain c’est Kevin Paradis ? Il a changé par rapport à l’image que j’en gardais ‘di Diou ! Un concert de Benighted c’est un peu comme un concert de Napalm Death : on se prend une méga-rouste, on reconnait un bout de morceau de temps à autres à travers le mur de son, on se demande comment c’est possible nom-de-nom qu’ils fassent souffler toujours aussi fort l’ouragan décibellique après toute ces années… Par contre ce n’est pas comme si on avait pu siffloter une mélodie bien identifiée en temps réel. J’avoue que ce genre de groupe, j’en profite plus – musicalement parlant du moins – avec mon casque sur les oreilles…

 

La Main Stage 1 nous donnait ensuite une chance de nous laisser séduite par Killing Joke, groupe culte dont j’avoue ne connaître de loin que Night Time et Pandemonium. Et il faut croire que quelqu’un leur avait passé le mot, car c’est sur le rythme affolant et le synthé planant de « Love Like Blood » que leur show s’ouvrira. Par contre, aïe aïe aïe : l’interprétation du pauvre Jaz Coleman s’avérera passablement « décalée »… J’en avais mal pour lui ! Et malheureusement sa prestation vocale s’avèrera en phase avec son attitude scénique, celle-ci donnait l’impression de voir s’agiter un pauvre hère relativement à la rue (… mais peut-être est-ce le style du gars sur scène ?). Du coup, la pluie aidant, il fut vite question de quitter ce champ de bataille humide qui ternissait le beau souvenir que j’avais de cet album de mes années « pucelage ». C’est vers l’Altar que mes pas me guidèrent ensuite, le Thrash de Gama Bomb ayant cet avantage d’être joué sous une tente quand celui de Kreator – déjà apprécié quelque fois live, lui – demandait parapluie et bottes en caoutchouc pour être apprécié à sa juste valeur. En plus on peut dire que ça tombait bien : Sea Savage, leur petit dernier, m’avait carrément botté. Pour fêter leurs 20 ans d’existence, les Nord-Irlandais avaient décidé de faire les choses « bien »… En invitant sur scène une mascotte sympathiquement ridicule (aïe aïe le pauvre gars planqué là-dedans ! En plus il doit être payé des ‘cahuètes...) et en s’habillant carrément en pyjama (jaune et vert, du moins le chanteur…. Non ?). Mais ce n’est pas ce genre de détails qui font les bons ou les mauvais concerts, heureusement, et leur Heavy/Thrash joyeux et véloce s’avèrera carrément sympa. Bon, on aurait pu se passer de ces moments où le groupe n’a rien de mieux à faire que de nous demander « Say Yeah-eah » pendant 5 minutes, mais globalement les chantres du Happy Nimp’ Thrash nous auront fait passer un bon moment…

 

La pluie ayant décidé de transformer le site en publicité géante pour les douches Grohe, une traversée Altar → Valley, ou Altar → Main Stage semblait plus incongrue que jamais. Et ça tombe bien, Obscura était censé investir la même tente une heure plus tard. Alors pourquoi ne pas attendre ici, à l'abri, en jetant une oreille discrète aux Portugais de Moonspell ? D'autant qu'un petit « Alma Mater », c'est comme le « Love Like Blood » précédemment évoqué : ça a vite fait de vous faire perdre 30 piges pour retourner à cette époque où on utilisait encore des cabines téléphoniques et des Minitels. Blotties sur le bord de la Temple, deux des choristes de Dirty Shirt profitaient elles aussi du même trip gothico-régressif… L'occasion était trop belle pour ne pas aller les féliciter et leur montrer quelques-unes des photos prises lors de leur séances de slamming. Et l'initiative s'avérera d'autant plus judicieuse qu'elle sera récompensée par une franche accolade d'Alexandra à même de faire naître le rouge aux joues d'un lapin jaune ayant pour le coup viré à l'orange vif ! Mais l'heure des aurevoirs de Laurent Delahousse arrivant, celle du bonjour d'Obscura était imminente ! Sauf que non : des problèmes techniques insistants causèrent un loooong retard à l'allumage, les Allemands ayant au final plus de 20 minutes de retard. Cela nous permit certes de profiter du « Burning Inside » de Ministry, filtrant depuis la Main Stage 1, mais ce n'était pas le plan initial ! Christian Münzner et ses collègues finirent quand même par débarquer, mais avec un son de guitare assez peu audible. Heureusement tout finit enfin par se mettre en place, et l'on put profiter d'un show extrêmement léché qui nous fit oublier les cafouillages initiaux. Initialement remplie à craquer, la tente vit son taux de fréquentation revenir à la normale quand, à l'occasion d'une accalmie, le public la quitta en grande partie... Il semblait étonnant, effectivement, que le Tech Death attire soudainement à ce point les foules !

 

Ce vendredi aurait pu nous réserver encore quelques moments forts – il restait Nine Inch Nails, Megadeth et d'autres gros calibres à voir – sauf que le déluge devenait de plus en plus pénible à subir, eau et fatigue faisant assez mauvais ménage. D'autant qu'à cette occasion je découvrais que mon imperméable usurpait son nom et était en fait plus un coupe-vent qu'un repousse-pluie ! C'est donc trempé, piteux mais résolu à couper court au massacre que l'on se rendit au point de départ des navettes pour regagner nos pénates, l'un des passagers embarqués avec nous restant inconsolable de ne pas avoir pu assister au show d'Alice Cooper dans de bonnes conditions. Comble de pas de chance, ce coup de froid se transformera dans les heures qui suivirent immédiatement en mal de gorge, nez débordant et fièvre carabinée, la nuit promettant d'être un véritable enfer, ce qui était certes raccord avec le nom du fest', mais particulièrement casse-bonbons vécue depuis le fond de mon lit...

photo de Cglaume
le 24/12/2022

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