HELLFEST 2022 - Le week-end de Cglaume - Quatrième partie

HELLFEST 2022 Le week-end de Cglaume - Quatrième partie (dossier)
 

 

Dimanche 26/06/2022

 

A dimanche covidé, démarrage tardif des festivités. Ce n’est donc qu’à 13:25 que le lapin piteux se décidait à enfin se coller face à la Main Stage 1 pour une bonne petite séance de déjà-vu revigorante. Oui parce que c’était sur la scène jumelle, un poil plus tôt dans la matinée, qu’Angelus Apatrida avait joué en 2014. Et on en avait gardé un très bon souvenir – non non, pas seulement parce qu’à l’époque on était jeune et en bonne santé. Plombé par un son de gratte un peu brouillon, leur Thrash typé « Flotsam & Jetsam / Sacred Reich » ne nous a mis que progressivement le pied à l’étrier dominical, la vitesse de croisière n’étant atteinte que sur le second titre, « Indoctrinate ». Toujours plus vite, toujours plus fort, le riff de bourdon et le tempo élevé de « One of Us » fut le signe du démarrage d’un premier circle pit. Plus furieusement Crossover, « Violent Dawn » restera debout à pieds joints sur l’accélérateur jusqu’à un « We Stand Alone » aux allures de joyeux bolide Thrash US. La scène comportant aujourd’hui des avancées aménagées pour le show des 4 horsemen, celles-ci se voient exploitées par le groupe, tantôt pour demander un nouveau circle pit en allant au plus près du public, tantôt pour aller frimer lors d’un solo (sur « You Are Next »). Au final ces Espagnols auront confirmé en 40 minutes tout le bien que l’on pensait déjà d’eux.

 

Autre formation « Metal à patches » à ne pas manquer en ce dimanche, Midnight attendait ses fidèles sous la Temple à 14:55 pétante. On s’y rendit avec d’autant plus de plaisir que ce n’est pas le genre de groupe que l’on croise tous les 4 matins dans les salles hexagonales, et que Let There Be Witchery, son petit dernier, a su intelligemment nous caresser dans le sens de la nostalgie heureuse. C’est donc devant 3 nazguls encapuchonnés – dont un gratteux se démenant comme un beau diable pour assurer le show – qu’on se retrouve à headbanguer joyeusement. Bête, méchant, jouissivement punky, leur Metal est un concentré merveilleusement caricatural de tout ce qui fait kiffer le poilu. Enfin presque tout, le groupe manquant d’un petit backdrop outrancier sur lequel on se serait attendu à voir des boucs zombifiés ensemencer des succubes en tenue de nonne. Mais ça n’empêchera pas nos oreilles de se repaître de hits de « Motörhead Crust » sale sous les ongles, ainsi que de titres plus « evil pépères » – comme « Rebirth by Blasphemy » et « Sex Witchery » – parce qu’on n’est pas non plus chez Dark Funeral. Cette grosse séance Cuir & Cartouchières s’achèvera avec un Athenar monté debout sur la grosse caisse, frappant les cymbales comme un damné avant d’aller déchaîner les Dieux de la distorsion électrique une dernière fois afin que nos tympans ne repartent pas d’ici sans un sifflement résiduel offert par Satan lui-même.

 

On aurait alors pu enchaîner avec Vltimas, mais vu les températures affichées par notre thermomètre frontal (et étant donné qu’on avait déjà applaudi le groupe ici même pas plus tard que lors de la dernière édition), on s’orientera plutôt vers un stand de bouffe, avant d’aller se caler à l’autre bout du site pour assister par la gauche au concert donné par Ugly Kid Joe sur la Main Stage 1. Plus fan de l’attitude du groupe que connaisseur de ses albums, le but de la manœuvre était juste de prendre du bon temps. Et c’est exactement ce qui nous fut offert par un groupe décontracté (on aime le T-shirt Madonna – « logo-ifié » à la Metallica quand même – arboré par Klaus Eichstadt) dont le Happy Hard Rock’n’Roll sent bon le soleil. C’est donc en devisant gaiement avec des potos qu’on profite de « Cats in the Cradle », qu’on jumpe et déguste ces riffs funky et cette basse slapée. Après avoir poussé le public à lui donner la réplique sur un « Frère Jacques » par vraiment au Top de la Metallitude, le groupe finit en beauté – quoiqu’un peu trop là où on l’attendait – avec « Everything About You », quand même suivi d’un hommage à Lemmy via un petit « Ace of Spades » des familles, histoire de.

 

Mais pas le temps de s’éterniser : Pidji a prévu que l’on aille demander à Brendan Garrone d’Incendiary s’il juge qu’il a suffisamment mis le feu à la Warzone (vous pouvez voir quelles réponses celui-ci nous a données ici-même). Une fois l’interview en boîte, retour sur mes pas pour retourner devant la Main Stage 1. C’est qu’il fut un temps où le nom d’Avatar me dessinait un sourire niais sur le visage. C’était le temps de Feathers & Flesh. Avatar Country nous a ensuite permis de garder les zygomatiques vers le haut, quoiqu’une petite baisse de confiance ait alors commencé à s’amorcer. Hunter Gatherer dites-vous ? Les extraits ont tellement peu réussi à me convaincre que je l’ai zappé bel et bien. Or, quand ça commence à sentir le gaz entre un groupe et ses ex-fans, rien de tel que l’exercice du live pour se rabibocher. C’était évidemment l’idée qui me trottait en tête alors que le générique de début des Enfants de la Télé commençait à défiler sur l’écran des malheureux n’ayant rien de mieux à foutre à cette heure-ci. Alors ça, on peut dire que les Suédois n’ont pas mis le holà sur le grand guignol ciblé, le show commençant par une distribution de fleurs bleu-blanc-rouge effectué sur fond de Gainsbourg allant et venant entre les reins de Birkin. Le problème d’Avatar c’est qu’il faut rentrer dans son trip, sinon tout ce qu’il reste à voir sur scène c’est un Alice Cooper jeune et déjanté offrant quelques moments certes vraiment bons, mais perdus au milieu d’un set trop théâtral, trop maniéré, et bien trop verbeux (… honnêtement Johannes, épargne-nous les longs speeches inutiles – cf. le prologue à « Paint Me Red »). Il faudra attendre l’enchaînement « The Eagle Has Landed » / « For The Swarm » pour que je me déride enfin, ces pépites de mon album chéri étant suffisamment bonnes pour faire oublier le décorum un peu ridicule. Le son des guitares, fluctuant depuis mon point de chute (à cause du vent ?) et quelques pets de micro rajouteront quelques petites poignées supplémentaires de poil à gratter sur cette prestation certes nullement mauvaise, mais au parfum de « too much too creux » un peu trop prononcé pour un lapin n’adhérant plus vraiment au postulat avatarien…

 

Allez, direction l’Altar pour voir si les papys de Destruction sauront prolonger les bonnes vibes Thrash ressenties en début de journée. Un démarrage sous le signe « Curse the Gods » aurait pu être la garantie d’un show sans heurt et sans reproche. Mais un trop plein de classicisme et de déjà vu, allié à son puissant mais saturant péniblement empêchera le Stuka de décoller vraiment. A un point tel que je jetterai l’éponge sur le tortueux « Release From  Agony », au bout de 5 titres, le bilan étant sans appel : je me fais chier… (après tout on n’est pas là pour faire de la pub mais pour relater l’expérience du terrain !).

 

Pour remettre du fuel dans la machine, un concert de Napalm Death c’est un peu la solution de facilité. Comme un concert de Benighted en fait. On sait qu’on va se faire massacrer, qu’on ne va pas tout le temps comprendre ce qui se passe, mais que ça va être bon. Retour sous l’Altar, donc, pour un nouveau rendez-vous clissonnais avec les vétérans de Birmingham. Et il y en aura pour tout le monde : les amateurs du brillant dernier Throes… avec « Contagion », les irréductibles fans des débuts avec « Suffer The Children », « You Suffer », « Scum » et « Nazi Punk Fuck Off », et les amateurs de diatribes antisystèmes avec des « Refugees welcome » / « Les fabricants d’armes sont de beaux enculés » et « Laissez les femmes faire ce qu’elles veulent de leur corps »… Vous connaissez le topo, vous en avez déjà entendu des variantes par le passé, et si vous êtes revenus c’est que vous en voulez encore, ça et la chorégraphie de Quasimodo épileptique de Barney.

 

Voilà voilà… Sauf que même si on avait jusque là fait mine de ne pas accorder trop d’importance à la venue ici-même ce soir d’un certain groupe de San Francisco, ça commençait à devenir dur de continuer à faire comme si… Parce que, malgré la présence de Carcass – que j’adore, mais que j’avais vu il y a peu au même endroit – il allait être dur de faire l’impasse sur le concert de Metallica. Et pour ne pas en être réduit à le voir depuis le clocher d’un village des environs, il allait falloir commencer à se rapprocher un peu de la scène. D’où ce choix, à la limite du masochisme scarificateur, d’aller se planter à un endroit qui nous imposerait de nous enfiler le show de Sabaton. Eh oui. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour voir ces groupes qui ont mis le feu à nos walkmans de lycéens ! Alors non, ne me demandez pas de baver pendant des lignes sur le Grotesk Panzer Metal de ces teutons au succès commercial aussi enhooorme que leurs shows. On connait tous plus ou moins déjà le topo, sans même en avoir consommé de grandes louches : c’est du grand spectacle, du prêt à headbanguer fabriqué à l’usine, du grand refrain pour Metal brothers & sisters partageant un pack de 12 autour du barbec’ mis à disposition par le camping municipal. Il y a des clients pour ce genre de choses, donc, il faut croire. Grand bien leur fasse. N’empêche : James, Kirk, vous arrivez ou bien ?

 

Eh oui, ils finissent bien par arriver. Et par offrir un show assez énorme, tout en réussissant paradoxalement à conserver cette (relative) modestie, et cette (relative) proximité avec leur public… Au sens propre comme au sens figuré d’ailleurs, l’avancée dans le pit offerte par la scène permettant aux musiciens d’aller à touche-touche avec leurs fans. Bon enfant, prenant du plaisir, plaisantant même, James Hetfield et ses compères nous laissent cette impression qu’ils sont un peu de vieux potes qu’on croise trop peu souvent. Même si, en fait, ceux-ci voyagent en jet privé, et qu’ils seraient bien embêtés s’ils devaient partager notre canap’ le temps d’une soirée. N’empêche, cette apparente proximité est clairement l’un des secrets des plus grands, chose que ne comprendront sans doute jamais les Guns’n’Roses et autres formations à gros melon qui pensent que jouer les starlettes et changer trois fois de tenue pendant leur show leur apportent une quelconque aura supplémentaire. Mais revenons-en à la playlist, qui avait ce soir de quoi allécher un peu tout le monde. Avec du bon vieux matos old school, auquel le groupe a le bon goût de ne pas tourner le dos : « Whiplash », et « Seek & Destroy » pour clore le set avant les rappels. Mais aussi « Creeping Death », « For Whom The Bell Tolls » (pendant lequel Rob et Kirk vont chahuter), et « Fade to Black », précédé par un petit laïus de Tonton James qui rappelle aux gothiques de l’assistance que le suicide c’est pô bien. A l’opposée le groupe n’a pas hésité à exhumer un « Dirty Window » bien graisseux pour rappeler que St Anger ne peut pas se résumer qu’à un son de batterie pourri (… et le public ne lui a pas fait faux bond quand il lui a été demandé si l’album méritait un pouce levé ou un pouce baissé). Autres paris pas forcément gagnés d’avance avec « No Leaf Clover », extrait de S&M, et plus tard « Moth Into Flame », figurant sur Hardwired… To Self-Destruct. Evidemment ce serait mentir de dire que ce furent les moments les plus fiévreux du set des Américains, n’empêche ces morceaux étaient loin de faire pâle figure, et la « prise de risque » faisait plaisir à voir. Mais rien de comparable à l’impact de « Enter Sandman », « Sad But True » ou de la triplette de rappel « Damage Inc. » (ces frissons sur l’intro !!!) / « One » / « Master of Puppets » (… non, ne me demandez pas d’ajouter « Nothing Else Matters » et le solo de Kirk à cette liste, merci) ! Et comme c’est le cas à la fin de toute bonne parade d’Eurodisney qui se respecte, la fin du concert fut le point de départ d’un feu d’artifice fastueux, comme seuls les grands évènements savent en produire.

 

Alors, lapin : heureux ? Oui, dur de faire durablement la moue après un tel show, qu’on ait la gorge qui gratte, le nez qui coule, ou la volonté de jouer les blasés… Est-ce qu’on compte revenir l’année prochaine ? … Et comment !!!!!!

 

photo de Cglaume
le 24/12/2022

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 24/12/2022 à 16:23:48

… Bon, par contre cette conclusion mériterait un erratum, au vu de l’affiche peu stimulante de l’édition 2023…

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