HELLFEST 2022 - Le week-end de Vincent Bouvier

HELLFEST 2022 Le week-end de Vincent Bouvier (dossier)
 

 

Autant vous le dire de suite et ne pas tergiverser sur le sujet  dont vous avez sûrement eu vent si vous vous êtes quelque peu documenté sur le déroulement du premier week-end de cette exceptionnelle édition du Hellfest 2022. Oui, on a eu très chaud durant les deux premiers jours. Quand je dis très chaud, c’est très très chaud. Plusieurs litres d’eau par jours et un passage au Hellfresh après chaque live étaient indispensables pour ne pas dire vitaux. Même ces précautions prises ne m’auront pas empêché de modifier mon running order et  passer quelques groupes à la trappe parce qu’accablé par la chaleur. La moindre parcelle d’ombre était systématiquement prise d’assaut par une horde de gens en noir à la peau rouge vif. Samedi soir, 18h30, le thermomètre affichait 43° bruts, 46 à 47° en valeur ressentie. Je vous laisse imaginer la fournaise que pouvait être la Warzone, elle qui est particulièrement enclavée, tout au long de l’après-midi.

Maintenant que le point « Romejko » à été abordé, on va pouvoir rentrer dans le vif du sujet. Retour sur ces trois jours en enfer.

 

 

Vendredi 17 juin

 

Une organisation serrée me fait arriver sur Clisson pour 9h/30 au volant de mon fidèle camion. Résultat : difficile de trouver une place, les deux parkings dédiés ayant été pris d’assaut la veille. Je me faufile in extremis sur la parking du Super U, pile entre le East A et le East B. Ce n’est pas si mal, je reste toujours à 15min du site à pied et suis vite rejoint par d’autres vans en quête de place. Ledit parking deviendra une succursale officieuse et surtout plus calme que les parkings officiels. Et franchement, vu la fatigue accumulée durant ces trois jours, ce n’est pas plus mal.

 

Un petit café, beaucoup d’eau et je prends la direction du site en suintant déjà comme le slip de Morandini devant un collège. Voyez le niveau ? Il fait déjà très chaud. Arrivée sur le site et j’attaque directement sur la Valley pour me mettre en jambe avec Abrahma. Difficile tâche que d’ouvrir un festival. Le premier quart d’heure sera timide et étriqué, le public se contentant de répondre poliment aux appels des musiciens. Mais le défi de réveiller une foule encore hébétée des festivités de la veille ou du trajet de la matinée est relevé. La seconde partie du set se révèle beaucoup plus animée. L’énergie et le plaisir palpable des Parisiens de se retrouver ici à cet instant est communicatif. La frontalité de leur stoner/doom laissera donc un agréable souvenir. Pas le temps de niaiser car j’enchaîne sur la Temple avec d’autres Parisiens. Un tantinet plus sombres ceux-ci puisqu’il s’agit du groupe Mortis Mutilati, gagnant du tremplin Voice of Hell avec leur funeral black metal. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’arpenter les planches du Hellfest ne les a pas impressionné. Les ténébreux grimés ont attaqué leur set d’entrée de  jeu avec détermination et aisance. Un son bien calibré et puissant finira d’embellir leur prestation. Première bonne découverte du week-end. Un passage au point d’eau mis à disposition histoire de s’asperger la tronche et je file sur l’Altar pour voir Necrowretch. Les quatre gaziers ( on notera l’arrivée du frontman de Cadavaric Fumes à la basse, en live tout du moins ) font vraiment pas dans la dentelle. En même temps, il ne fallait pas s’attendre à autre chose. Leur death/black explose les conduits auditifs de chacune des personnes présentes ici. Et ça à l’air de les satisfaire. Le set passe extrêmement vite ; ce qui, en soi, est gage de plaisir et de satisfaction. A force de se prendre des torgnoles, on en oubli la notion du temps.

 

Petit instant hydratation au Hellfresh qui s’avère plus que bénéfique tellement le thermomètre ne fait que grimper. Il y a tellement de monde à vouloir passer sous ces douches géantes que cela me fait louper le début du set de Numen sous la Temple. Je ne sais pas si c’est dû au fait d’avoir loupé le début, mais l’immersion se fait plus difficile. Le set des basques espagnols, sans non plus me déplaire, n’arrive pas spécialement à me convaincre. Les six gaillards offrent une prestation sommes toutes honnête, dirons nous.

Bientôt 13h. L’heure du sanviche. J’essaye tant bien que mal de trouver à manger pour pas trop cher, mais c’est mission impossible. Je me rabats sur une galette saucisse à 7E50 et bois mes larmes en guise de dessert. Ça m’aura au moins permis de reprendre des forces pour un set attendu avec impatience. Celui des mystiques et discrets Mephorash. Il n’y aura là aucune surprise puisque c’est la quasi perfection. Les quatre suédois masqués, en tenue épiscopale et entouré d’un agglomérat de décorum enflammé nous livrent un set précis, millimétré et qualitatif. Leur dernier album est un chef d’œuvre ; le voir en live est une apothéose. La demi-heure passe extrêmement vite (ils nous ont habitué à des pistes de 10 minutes) en finissant par « Sanguinem »  qui n’aura pour seul finalité que de procurer un sentiment de plénitude à son auditoire.

Une pause dans le running order me permet de déambuler sur le site après un nouveau passage au Hellfresh. La chaleur est accentuée par le fait qu’il n’y ait absolument pas un pet de vent permettant de se rafraîchir. Je repose corps et esprit allongé dans l’herbe en observant le set d’Inspector Cluzo de loin. Le duo de fermiers nous lance leur blues/rock énergique saccadé de tirades écologistes et revendicatrices. Ce n’est franchement pas pour me déplaire. Cette petite heure de repos me permet d’affronter avec les armes nécessaires le quintet de Gatecreeper venu tout droit d’Arizona et ce, sous la bienvenue toiture de l’Altar. Ils nous proposent ici un set ravageur, ultra nerveux, munis de la toute la puissance du death. Se retrouvent ici condensés toute la rage et le désespoir d’un camé en désuétude, gueulant dans le désert californien. Et putain, ça fait du bien. Clairement cathartique.

 

Pas le temps de respirer que j’enchaîne avec les Bordelais de The Great Old Ones et leur post black sous la Temple. Le public s’est présenté en masse devant ce grand nom du BM français. Le set commence assez difficilement avec des problèmes de sons et particulièrement de balances. La voix de Benjamin Guerry est à peine audible quand ce n’est pas celle de son acolyte à six cordes. Ça ne les empêche pas d’exprimer un une grande satisfaction quant à se retrouver sur les planches face à un public qui la lui rends bien. La dernière demi-heure se déroule sans accroche et compense largement les mésaventures la précédant. Un réel plaisir d’en prendre plein les esgourdes.

 

the great old ones

 

Passage au Hellfresh, au bar puis je pars en quête d’un coin d’ombre pour reposer mon corps qui pâti sérieusement de la chaleur. Cette petite pause me permet de me rendre compte que la Sécurité Civile coure dans tout les sens et est appelée aux quatre coins du site. (J’apprendrai plus tard qu’il y a eu 800 malaises sur les deux premiers jours, dus à la chaleur). Je vous dis, on a eu très chaud.

Retour sous la Temple pour les Grecs de Rotting Christ. Pas de tergiversations possibles. La machine est rodée et efficace. Trente-cinq ans de concerts dans les pattes, ça se ressent un tantinet question prestance scénique :  Sakis Tolis est ici chez lui. La communication avec le public est établie d’entrée jeu. Le(s) gaillard(s ) d’Athènes lève(ent) les foules avec tant de facilité que s’en est presque beau à voir. Il faut dire que leur BM sauce « épique » (vous l’avez?) nappé d’ambiance se prête tout particulièrement à l’hystérie communiante. Une atmosphère particulière flottait dans la fosse. Ce genre d’atmosphère indescriptible qui, une fois que tu essaye de poser une réflexion dessus te fait prendre conscience que tu es pantois. Sonné d’avoir vu un excellent concert (ou tout autre évènement).

La chaleur sur le site devient suffocante. Je tape une galette saucisse et profite d’un creux dans la programmation pour m’allonger au camion, somnoler à l’ombre et à la fraîcheur d’un ventilo. Problème : ça fait beaucoup trop de bien et je loupe le set de Baroness sur la Valley. Je sais, c’est une lourde faute professionnelle. Je suis d’ailleurs convoqué en Conseil de Discipline par le rédac chef la semaine prochaine pour statuer sur mon sort.

J’arrive donc pour la fin de Baroness sur la Valley et profite du dernier quart d’heure de leur set, histoire de bien me faire regretter de pas être venu plus tôt puis file me positionner sur la Mainstage 1 pour Deftones afin de prendre mon âge grandissant en pleine tronche ; ou me rappeler mon adolescence. En fait, sûrement les deux. Et pour le coup, il n’y a pas que moi qui prends de l’âge. Chino Moreno s’est présenté bien fatigué pour ne pas dire essoufflé. Adieu les longs cris pleins de rage incontrôlée, puissants et frontaux. C’est terne et sans grande profondeur. A l’image de la prestation scénique générale. A part quelques sauts de cabris un peu forcés de la part de Moreno. Ça bouge pas beaucoup. Certes, Stephen Carpenter n’est pas de la partie pour la tournée européenne, mais je dois vous dire que ça se ressent largement dans la cohésion scénique du groupe. L’enchaînement des gros tubes n’y changera rien. C’est donc assez péniblement que passe cette heure et demie. C’est l’énorme déception de la journée (en fait, du week-end complet, mais je ne le sais pas encore).

Retour au camion dans la nuit noire mais franchement pas fraîche pour un repos amplement mérité et surtout réparateur afin d’affronter la deuxième journée qui, au vu du running order prévu, s’annonce très chargée.

 

 

Samedi 18

 

La fatigue est telle que je me réveille trop tard pour Point Mort qui débutait à 10h30 sur la Valley. Je crains sérieusement que la sentence de mon Conseil de Discipline soit sans appel. A défaut de prendre l’équivalent d’un café serré dans les oreilles avec le post-hardcore des Parisiens, je pars me prendre une tisane infusée avec les Palois d’Artùs sous la Temple. Le groupe, que je ne connaisais pas malgré leurs vingt ans de carrière, je l’avoue, anime le public d’une bonhommie et d’une ferveur sans nom. A coup de vielle à roue, violon, accordéon, le groupe enchaine un set communicatif. C’est le genre de groupe que tu vois jouer au pied d’un chêne millenaire, au cours d’un banquet, décontracté, a partager. Simplement partager. Et partager en toute simplicité.Vous voyez l’idée ? On est ici plongé dans un esprit folk/rock mais clairement infusé. Profond. Imprégné. Celui auquel tu adhères de suite avec des chants hypnotiques.

Il faudra aller sur la Valley pour se prendre l(e)’(r)éveil musical avec le stoner/sludge de Duel. J’y suis allé à l’aveugle et n’ai en rien regretté mn choix. Les garnements d’Heavy Psych Sound nous balancent à la tronche arrogance et fierté des 70’s avec une pointe de rage actuelle. En toute hônneteté, toute la hargne du frontman est partagée par un public conquis. Les solos s’enchainent, animant (endiablant?) la foule ;  le reste du groupe, bien entendu, se joignant à l’effervescence.

Le final étant une apothéose indescripptible, je repars de la Valley avec un nom de plus gravé sur ma liste des groupes à avoir vus en live. En toute honneteté, le final était mémorable. Je fais un détours au Hellfresh me pose pour me rasasier et regagne très vite la Temple pour Einhenjer.

Le set est hônnete et sans trop de folie excessive. Les fiffs heavy/black sont efficaces mais ne me permettent pas de dire que c’est un live de folie. Einhenjer fait du Einhenjer. Les cervicales sont de la partie sans être excessivement sollicitées. Cela dit, cela fait toujours plaisir d’entendre ces roulements de toms surmontés d’une voix rocailleuse. Ces trois quart d’heure seront tout de même plaisant pour tout amateur de black metak, nostalgique de la première vague.

Une petite heure de pause s’impose. La chaleur, la réhydratation, la bière tout ça...Mmmm voyez ?

Je me ressource donc d’une boisson houblonnée et me positionne sur la Mainstage 1 pour Heaven Shall Burn. Oui, efectivement, des relents adolescents sont venus s’intégrer à mon running order. Je ne pouvais ignorer le set de ces Allemands sur qui je n’ai cessé des briser mes cevicales, seul dans ma chambre du haut des mes  seize ans. Le ton est donné d’entrée de jeu avec un décor sudimensionné. Hérissons thèques, sacs de sables, barbelés mais CRS militarisés et guérittes en cartons pate sur toute la scène. Ce qui confère un aspect vraiment… … carton pate et peu crédible pour ne pas dire surfait. Mais l’énegie dégagée pendant ces trois quart d’heure nous fait clairement oublier ce petit pas de travers. Le traditionel wall of death sur ‘Voice of the voiceless ‘ (avec l’ambition habittuelle de faire le plus gros wall of death que le fest est connu, qu’importe le fest) animera clairement la fosse. On enchaine avec le plus grand circle pit que le hellfest ait connu. On ne peut pas dire que les Allemands manquent d’ambitions en terme de spectacles et d’animations. Entre l’animation de fosse, la pyrotechnie ( les gigantesques flammes qui s’élancent de la scène) et les rubans jetés sur la foules, on est servis. Mais… un peu comme dans un canapé. C’est spectaculaire, mais ça manque de tripe. Après tout, c’est un peu l’idée du Hellfest. Les Mainstages sont fait pour faire du spectacle, les quatre autres scène pour prendre aux tripes. C’est pourquoi je file sous la Valley pour Pelican. Histoire de prendre de l’instrumental en pleine ganache.

 

PELICANEt c’est une grosse claque. Le son est plus que propre ; les nuances sonores sont percepibles. Tout ce qu’on attends de Pelican est ici exprimé. Lourdeur, complexité et précision. Le set passe extrêmement vite, enveloppé dans la chaleur grandissante de la Valley. Pause repas (et fraicheur houblonnée) au camion pendant une petite heure afin de reprendre des forces pour les Italiens de Messa, venus nous présenter leur dernier opus Close, toujours sur la scène voisine de la cathédrale servant d’entrée. L’ambiance va de paire avec les conditions climatiques. On retrouve ici la chaleur latine qui nous irradie et la puissance du doom qui nous terrasse. La charismatique frontwoman apporte incontestablement de la sensualité à l’affaire. Envoutante dans ses danses et gesticulations, elle en fini même par être hypnotique.  L’orage qui se prépare confère à l’ensemble une atmoshpère surréaliste. Voir Messa en live, c’est s’assurer de faire un voyage musical tant dans ses influences historiques que multi-culurelles. Et ça fait énormément de bien.

 

Changement radical d’ambiance avec le heavy black folk d’Ensiferum sur la Temple qui aura autant d’effet qu’un sceau d’eau glacé jeté à la tronche. Le concert se passe sans annicroche. Les Finlandais déroulent leur set avec riguer et droiture. N’étant pas spécialement fan de tout ce qui gravite autour du style « épic », j’avoue prendre un réel plaisir à me laisser entrainer dans ces mélodies entêtantes et repars avec le sourire. Une nouvelle pause s’impose. Je retourne donc chercher une bière et m’allonge sous les arbres du Kingdom en tirant une croix sur Mono que je ne verrais donc pas. Malgré le vent qui se lève légèrement, le corps souffre et pâtit clairement de la chaleur. C’est donc une pause d’une heure et demi que je m’octroie et profite des animations pyrotechniques du site, discute avec Tatiana, la serveuse sympa et me positionne à la nuit tombée pour Envy toujours sous la Valley. Le public est là en masse et il flotte dans l’air une exitation et une forme d’impatience quasi palpable. Leur prestation de 2019 est au coeur de bon nombre de discutions autours de moi alors que les nippons s’affairent sur scène. On devine, seulement en les observant, rigueur et humilité. Le set commence… … et les emmerdes aussi. De sérieux problèmes de son viennent entacher la prestation du sextet. C’est une grosse déception de ne pouvoir correctement entendre l’honnêteté émotionnelle exprimée ici par une des plus grosse référence screamo mondiale. Je comprends maintenant pourquoi Tookie a fini en larmes lorsqu’il les a vu. Voir le charismatique Tetsuya Fukagawa sur scène relève de l’expérience. C’est un condensé d’émotions hônnetement et humblement exprimées ; des capsules qui explosent aléatoirement. Les problèmes de son persistent rendant par moment le chant inaudible, mais devant la qualité de la prestation, on passe outre. Le feu d’artifice pour la quinzième éditions du Hellfest initialement prévu le samedi soir est reporté au lendemain pour cause… … de canicule, vous l’aurez deviné. Le set d’Envy est donc rallongé d’une petite demi heure pour notre plus grand plaisir ce qui nous permet enfin de profiter d’un son correct. Et deverser sa larme. C’est complètement rincé que je sortirai de ce concert. Rincé de mettre fait émotionnelement trimbaler, triturer, manipuler. Rincé mais heureux. C’est donc le sourire aux lèvres et le coeur saignant que je vais me coucher après cette deuxième rude journée.

 

 

 

Dimanche 19 juin

 

La fatigue se faisant de plus en plus grande, parrallèlement les réveils se font de plus en plus tardifs. Je ne cherche même plus d’argumentaire pour ma défense lors du Conseil de Discipline qui m’attends à mon retour. Cette fois-ci, c’est Vile Creature qui saute. S’il y avait bien un groupe que je ne voulais louper durant ces trois jours, c’est bien Pénitence Onirique. J’enfile donc un falzar, un double café serré et cours me planter devant la scène de la Temple. Contrairement à ce que j’aurais pu imaginer,  les Chartrains attaquent de manière frontale avec « Souveraineté Suprême », histoire de nous prendre à la gorge instantanément. Pari réussi. La machine scènique, bien rôdée, est dévastatrice. Les six masqués se permettent de notables améliorations quant à leurs compositions ce qui nous permet d’avoir la satisfaction de re-découvir Vestige. Leur dernier album en date.  Le set est malheureusement bien trop court. La demi-heure passe extrêmement vite. Mon avis sera, à entendre ce qui se dit à la sortie du concert, assez partagé par le public.

 

Direction la Valley pour fair une petite pause solaire avec le math-rock de Lysistrata. Premier concert depuis la pandémie pour les Français qui nous communiquent ici toute leur joie d’être présents sur scène. Le trio nous présente Breathe In/Out avec beaucoup de ferveur. Les cinq minutes de battements entre les concerts me permettent tout juste  de regagner la Warzone pour Moscow Death Brigade. Découverts il y a maintenant une dizaine d’année, c’est avec grand plaisir que je me lance dans le set des moscovites cagoulés et de leur hardcore circle-pit hip hop antifasciste. Les quarantes minutes défilent dans le bruit et la fureur : le public répondant présent aux appels antimilitaristes, antifascistes et antipoutine que le groupe scande entre deux pistes. De « Dirty White Sneakers » à « Papers Please ! » en passant pas « Brother & Sisterhood », le public est servi et réponds clairement présent à coup de wall of death et de circle pit. Très bonne préstation des gaillards venus du froid, mais je n’en doutais pas qu’il en soit autrement. 14H20 et je file sous la Valley pour les Américains d’Inter Arma et leur sludgde black/death. Un seul mot me vient à l’esprit pour qualifier le set du quintet (transformé ici en sextet avec un gaillard au thérémine): vorace. Entre le frontman littéralement possédé et ses acolytes lui emboitant le pas, on a cette étrange sensation de se faire bouffer sur place par tant de hargne et de lourdeur. Franchement, j’aimerais pas être à la place des fûts de T.J. Childers dans ces moments là. Encore moins lorsqu’il se permet des moments d’expressions libres. On s’en régale les esgourdes, mais ça frappe fort, dur, longtemps.

 

regarde les hommes tomberOn continue avec Regarde Les Hommes Tomber jusqu’à seize heure sous une Temple pleine à craquer. La foule envahi même l’espace commun avec la Valley. Difficile donc de se frayer un chemin à l’avant de la fosse. Les Nantais nous présentent ici leur dernier album Ascension. Le set, teinté de mysticisme (qui en aurait douté, sérieusement?) est sensiblement le même que celui présenté lors de leur tournée d’automne 2021. Ce qui explique pourquoi il est impéccablement plaqué. La machine est rodée, le spectacle quasi chorégraphié. Les moments phares sont parfaitement mis en avant ce qui n’a pour seul but que d’infuser leur jeu de scène, durant ces quarante cinq minutes qui s’écoulent très vite, d’une efficacité redoutable. Même si le spectacle n’était pas une nouvauté pour moi, c’est avec grand plaisir que je me suis échauffé les cervicales. Je prends enfin une pause sanviche après avoir enchainé cinq sets d’une traite et déambule sur le site dans des conditions climatiques appréciables après, bien sûr, être passé voir Tatiana. Mon running order me laisse trois quarts d’heure de dispo et m’attarde un peu plus sur la décoration du site qui, je dois bien l’avouer, à bien évolué depuis ma dernière venue à Clisson. Les détracteurs du Hellfest diront que c’est devenu un Disneyland pour métalleux ; argument que je peux entendre parce que j’ai beau y réfléchir, je ne comprends toujours pas l’utilité d’une grande roue sur un festival de musique. A l’inverse, le decorum, les élements pyrotechniques dissimulés partout sur le site confèrent une atmosphère unique. Les infrastrucutes ont été judicieusement pensés. On réfléchissant un peu la question, j’en viens à me rendre compte qu’il y a une réelle politique du bien-être concernant les festivaliers. Où que l’on soit, on trouve toilette, bar et point d’eau. Durant les trois jours, il ne me semble pas avoir fait plus de trois minutes de queue pour l’une ou l’autre de ces questions. Et c’est, pour le coup, vraiment plaisant. Donc certes,  la place est chère ( nous entrons ici dans un autre débat concernant la démocratisation de l’accès au festival)  mais on a clairement le sentiment qu’il y a des investissements derrière et que le festivalier est choyé. Bref, ma réflexion me fait presque arriver en retard pour Jinjer sur la Mainstage 1. Oui, j’avoue que le metalcore des Ukrainiens est mon petit plaisir inavouable. Un tantinet commercial, ils arrivent toujours à nous porposer un mélange des genres adéquat et surprenant, en plus de maitriser ledit genre sur le bout des doigts. Vu le contexte politique actuel, il était assez évident qu’il y ait masse de monde à venir voir en live les quatre originaires de Donetsk ( qui au passage, ont reçu une autorisation spéciale de quitter le territoire ukrainien suite à la mobilisation générale dûe à la guerre). Plusieurs drapeaux ukrainiens flottent au dessus la foule, cette dernière s’étalant sur les deux Mainstages et se terminant sur l’espace central du site du festival. Autant vous dire qu’il y avait vraiment foule. La pression est telle que quelques mouvements de foules se font sentir assez vite. Le fait que le concert ne soit pas retransmis sur les écrans géants accentuera la chose, la foule se pressant vers l’avant dans l’optique d’apercevoir quelques bribres de la scène. Je ne sais toujours pas à l’heure où ces lignes sont écrites, si cela était dû à un problème technique ou un acte délibéré du groupe. J’arrive tout de même à avoir une bonne place et profite de l’enchainement des gros titres du groupe pendant ces trois quarts d’heure. Vu leur discographie, ils n’avaient que l’embarras du choix. De « Perennial » à « Pisces » en passant par « Teacher, Teacher » et bien sûr « Home Back » issu de Macro, composé suite à  l’annexion de la Crimée mais qui ici, résonne d’une manière bien plus nationale dirons nous. Inutile de vous préciser les multiples appels à la paix et slogans antiguerre que le groupe place régulièrement entre les titres. Appels auxquels, bien entendu, la foule répond.

 

Petit retour au camion histoire de se désaltérer, manger pour pas trop cher et se détendre les guiboles. Je tente par là même de rentrer en communication avec le reste du monde et particulièrement les autres membres de CoreandCo. Le point noir du festival, puisqu’il en faut bien un, reste le réseau absolument instable et peu fiable sur le site et ses alentours. Appels impossibles, textos envoyés et reçu avec des heures de retards ;  je ne vous parlerai donc même pas des mails. Assez problèmatique donc de se donner rendez-vous et de communiquer sur le festival. Un point qui, je pense devrais être amélioré pour les éditions à venir.

Le ventre plein et la soif étanchée, je repars donc pour enchainer les quatre derniers concert du festival en commençant par Korn, que je n’avais toujours pas vu. Ayant vu Deftones vendredi, j’étais donc déjà paré à prendre ma vieillesse en pleine tronche. Pour faire la comparaison entre ces deux groupes issus de la même époque, le premier n’a vraiment pas aussi mal vieilli que le second. Certes l’énergie du début de carrière n’est plus la même, mais je vois dans leur préstation une forme d’honnêteté et de sincérité. Korn, malgré l’absence de Fieldy, n’a pas perdu de sa hargne e t en cherche donc pas à s’en inventer une. Ils introduisent le set avec la traditionnelle cornemuse de « Dead » avant de balancer les gros titres période Untouchables ou Follow the Leader. Cinq ans que les Californiens n’étaient pas venus fouler la terre clissonnaise. Deux albums donc, qu’ils nous présentent sans tarder et avec le plus grand des plaisirs puis de revenir avec Take a look in the mirror. Une petite reprise de Queen avec le mashup de « Coming Undone » et retour aux sources avec Freak on a leash et Blind, entrecoupé d’une « expression libre » de la part de Ray Luzier. On terminera le set sur un happy birthday général venant de la foule pour les cinquante deux ans de Head. Ce fût donc un concert sincèrement plaisant serpantant entre plaisir, nostalgie et satisfaction de voir Korn encore intact malgré les années qui défilent.

La nuit tombe et les animations nocturnes se réveillent lentement. Je repasse voir Tatiana ( une manière indirecte de dire que je me prends une pinte, vous l’aurez compris) et me place sur la Warzone déjà bondée pour Walls of Jericho. Je vais pas y aller par quatre chemins. C’est l’énorme branlée pour ne pas dire que c’est la grosse branlée du week-end. Le quintet de Detroit nous balance un hardcore bien huilé et de manière plus que frontale. La fosse, pas loin de l’hystèrie, part en circle pit d’entrée de jeu. Il faut dire que Candace Kucsulain ne nous laisse pas le choix et déboule sur scène complètement remontée, en ayant clairement l’intention de nous exploser les conduits auditifs. La scène n’était clairement pas assez grande pour contenir toute la furie ici exprimée. A cela s’ajoute un son plus que propre. Combo gagnant. Concert de folie.

Je m’éclipse malheureusement avant la fin du set pour la Mainstage 1 et voir ce que donne Gojira. Sans surprise, les Landais ont mis les moyens, visuels et techniques. Entre la pyrothecnie, les jets de rubans et le travail audiovisuel diffusé en arrière plan, le festivaliers en ressort forcément avec un petit sourire de complaisance. La track-list, malgré une certaine variété, reste globalement récente, de Magma à Fortitude en passant par Another World. Ils nous offre même l’exclusivité de « New Found » joué ici pour la première fois en live. Autre exclusivité, pour les 41 ans de Mario, le groupe interprète une de ces compositions écrite alors qu’il était agé de 17 ans. Je dois vous avouer que la piste est plus qu’agréable à l’oreille malgré une double pédale un tantinet folle.

Je tiens à saluer ici le feeling de Tookie, qui, dès la sortie de l’album Fortitude imaginait le public reprendre en coeur, briquet à la main, les choeurs de « The Chant » (cf  les commantaires de la chronique). Visionnaire que tu es, ta prédiction s’est réalisée. Mieux (ou pire), c’est bien le groupe qui en est à l’initiative en donnant la note à la foule dès le début de la piste. Ca n’en est pas pour autant un concert déplaisant. La prestation est bien huilée, le spectacle aussi. Ca va de paire avec le Gojira actuel et son ouverture au mainstream. Ca plait aux initiés comme aux novices.

On termine cette édition avec Watain, sous la Temple venu nous présenter The Agony & Ectasy of Watain lors de sa messe païenne auquel s’intègreront des titres phares de sa discographie  comme l’indétrônable « Death’s Cold Dark » qui fait office d’introduction. Le public a répondu présent et s’amasse dans la fosse, absolument réceptif aux appels d’Erik Danielsson, qui pour le coup aura délégué sa basse à  Alvaro Lillo jouant ainsi en quartet. Sans tranisition aucune, je ne suis d’ordinaire que peu enclin à apprécier les feux d’artifices mais je dois vous avouer que celui que nous a réservé l’équipe du Hellfest pour la quinzième édition était plutôt démesuré, même si tiré en plein set de Watain (d’où mon absence de tranistion). A l’image du festival, on a vraiment le sentiment d’être choyé et au vu des exclamations du public, j’ai bien l’impression que mon avis est partagé par une grande partie des festivaliers. Retour à Watain, dont le son est plus que propre et nous permet de naviguer aisément et distinctement entre les ambiances froides, glacées, déchirées et chaleureuses, bouillonnantes du semblant de crypte installé sur scène. Les appels mystiques et l’attitude quasi chamanique de Danielsson entre les pistes (voire pendant les pistes) renforceront l’idée que voir Watain en live relève du pélerinage spirituel. Absolument parfait pour clore ces trois jours.

 

Je finis donc ce festival sur une excellente note et fonce au beau milieu de la nuit rejoindre mon lit avant de m’écrouler.

 

photo de Vincent Bouvier
le 24/12/2022

1 COMMENTAIRE

Freaks

Freaks le 03/01/2023 à 20:55:08

Le conseil de discipline que j'anime collégialement avec moi-même à tranché: "doit refaire ses preuves le jour du prochain examen" :p Jdeconne ton report est cool et puis vous pouviez pas être partout #Point mort...
Pénitence onirique RRRaaaa j'aurai vraiment aimé les voir...

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