Compilation - I Wish I Had a Horse's Head

Chronique CD album (01:11:48)

chronique Compilation - I Wish I Had a Horse's Head

De 1996 à 2009 en 5 albums, Mark Linkous a marqué les esprits avec son projet Sparklehorse. Le chanteur se suicide le 06 mars dernier. Chemin tortueux pour le chanteur, qui très vite va vivre sous l’influence de drogues. Une vie parallèle qu’il découvrira avec un groupe de motards durant son adolescence chahutée.  Il joue de la musique pour exorciser, pour extérioriser. Actif depuis 1985 au sein de Dancing Hoods, il commencera l’aventure Sparklehorse 10 ans plus tard. Mark Linkous a aussi été producteur-arrangeur pour Daniel Johnston ou encore Nina Persson des Cardigans.

Les Disques Normal prennent le pari de publier en août dernier une compilation en hommage  à l’artiste fragile. C’est pas moins de 19 groupes qui participent à l’effort.

 

A la question, faut-il bien connaître l’œuvre de Sparklehorse pour apprécier l’exercice, je répondrais par la négative en ce qui me concerne. Je choisis le parti de « me faire découvrir Sparklehorse » et j’en oublie volontairement l’éternel Good Morning Spider.

Band of Ghost débute la compilation avec le mal nommé Sunshine. De vaporeux, on frise l’évaporation tant la limite semble ténue.  La version de David Fakenahm (joli !) de Weird sisters nous ramène à l’époque du Lo-fi , minimaliste, mais habité. Mechanism for People magnifie littéralement Piano magic de leur electro-rock sombre, la dualité-rencontre entre les voix est un régal et emporte vraiment le morceau. Brillant. Plus loin, nous avons droit à des versions toutes respectueuses de la genèse au point parfois d’en être des décalques. La fausse nonchalance et vraie mélancolie de Linkous n’en est que plus révélée. Des groupes importent leur univers et souvent le mélange est payant. Une sensibilité pop parcoure aussi les sillages (Laudanum). Dire de ce disque qu’il est consensuel et révérencieux est une erreur d’appréciation. Platement, il peut apparaître comme une belle vitrine pour la maison, une belle carte de visite pour les groupes.  Finalement n’est-ce pas aussi le rôle d’un label ?

 

Centenaire nage à contre-courant pour nous remonter l’excellent Sea of teeth  en empruntant une electro un peu cheap mais raisonnable et addictive.  J’aime bien Tycho Brahé grâce à ses partages notamment sur nos confrères de RockPost. Il rend hommage à Linkous en tutoyant directement son père spirituel Tom Waits, sans complexes, chien et cheval à l’appui !

B R oad way propose une version prometteuse de gold day, libérée. On aurait espéré le vrai dérapage rock un moment, tant pis. Pour s’attaquer au magnifique it’s a wonderfull life (je sais j’ai dit que je n’entravais rien à Sparklehorse)  il faut aimer le risque. Hopen réalise le morceau (à écouter au casque absolument) minimal et touchant. Montgomery racle sur son passage des scories masciennes  pour almost lost my mind. En toute fin de disque, l’étrange Fi-Cel (avec Elfya de Mechanism for people) éteint la lumière avec le déroutant homecoming queen dans un exercice typiquement lynchien dans l’esprit.

 

Les Disques Normal, au final, proposent à travers les 19 relectures l’hommage à l’œuvre de Sparklehorse. Ils réussissent aussi à mettre en avant une scène oubliée dont la qualité des protagonistes se mesure à leurs personnalités.  Seul bémol, le disque est long et aurait mérité une double sortie. L’auditeur actuel, selon les statistiques, consacre 17 minutes à écouter de la musique avant de l’entendre. Mais qui c’est, à travers ce tour de force, l’accroche en sera plus grande.

photo de Eric D-Toorop
le 18/09/2010

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