Compilation - Combat Nasal vol.6

Chronique mp3 (73:01)

chronique Compilation - Combat Nasal vol.6

Qu'il est bon de pouvoir compter sur la constance et la solidité d'une poignée d'invariants inamovibles. C'est qu'aussi libre et avide de nouveautés soit l'homme, il retrouvera avec toujours autant de plaisir l'ami de 15 ans sur les sièges usés du troquet des copains, il ouvrira avec toujours le même soupir de contentement la canette glacée récompensant la grosse suée, il retournera avec toujours autant d'excitation humer l'odeur animale de l'oreiller de sa sex friend favorite (la mignonne petite brunette vicieuse). C'est que finalement, il a besoin de repères, d'autant plus de ceux de cette espèce, prometteurs de bonheurs - petits ou grands... mais quasi certains. Même chose pour le gourmet-allique: l'arrivée d'un nouveau Gorod, d'un nouveau Diablo Swing Orchestra, d'un nouvel Orphaned Land ou d'un nouveau Devin Townsend provoquera invariablement ce mélange de plaisir anticipé et de réconfort. Et à cette liste de galettes eupho-énergisantes, on pourra désormais ajouter les volumes de la compilation Combat Nasal. C'est qu'avant même de poser l'oreille dessus, on sait qu'on va y trouver une mine de groupes sortis de nulle part, parmi lesquels 2 bons tiers au moins vont nous caresser agréablement la nuque dans le sens du headbang, tandis qu'un juteux quart va carrément nous décoller la pulpe du fond. Et qu'il est doux d'avoir le luxe de cette systématique quasi-certitude, dans un monde musical où l'on court à longueur de temps derrière ce genre de poussées d'endorphine, mais où il n'est pas toujours aisé de trouver la bonne came, ni le bon dealer.

 

Tout ça pour vous dire que c'est avec une gourmandise renouvelée que j'ai accueilli l'arrivée de Combat Nasal volume 6. Et on peut dire qu'il y avait de quoi, parce qu'on tient là l'un des tous meilleurs crus que nous ait concocté la paire Mazak / Strobl. Pour commencer, cette fois, point (ou peu) de black, de stoner, ou de post-schmurtz. Le tome 6 tape dans les valeurs (à mes yeux) sûres: death, thrash & friends, modern trampoline-core et nawak metal. C'est bien connu: la salade de fruits est d'autant meilleure qu'elle est constituée d'ingrédients de qualité, frais, goûtus et dans la mesure du possible exotiques. Et c'est bien de ça dont il s'agit ici.

 

Que vous soyez ou non des habitués de la compil', vous serez sans doute contents d'apprendre que lcelle-ci renoue avec la tradition des démarrages qui en collent plein les mirettes, le titre de Decline of Humanity étant du genre à vous faire faire des saltos arrière dans le string. Ah ça, comme mise en bouche, cette grosse décharge d'un thrash/death rappelant le premier The Haunted en plus punk, mais aussi en plus groove'n'roll, ça vous met direct' en jambes! D'autant que ces petits français n'en restent pas là, variant les tempos, et allant jusqu'à s'offrir un pur passage stoner-psyché, ainsi qu'un cri aigu conclusif que ne renierait pas l'une de ces vieilles divas heavy métalliques à la Rob Halford. 'de dieu, ça donne faim! Et si après ça vous appréciez les groupes donnant dans la profusion mélodico-technique, vous allez méchamment kiffer Wormwood Prophecy et son heavy-melodeath façon Dark Tranquillity meets Rhapsody, avec synthé et chant "black US d'jeune" de série. De la grosse friandise les enfants! 

 

Forcément, après un tel début, on guette anxieusement la baisse d'intensité. Et le slow goth-death de Hardbanger semblerait tout indiqué pour jouer ce rôle peu reluisant. Sauf que "Neck" est un morceau aussi monstrueusement viscéral qu'incroyablement accrocheur, du style à vous faire oublier toute retenue et à headbanguer à vous en tamponer le nombril avec le front. 4e maillot en tête de peloton, Ad Patres suit avec son brutal death plus "classique" mais hyper bien fouttu, très accessible bien que ne lâchant quasi jamais la gachette de la sulfateuse. 

 

Et là ça fait chier, parce que comme d'hab', j'en ai écrit 10 fois trop alors qu'il reste tant à dire. Je passerai donc vite sur Feersum Engine dont le post-pop-rock et le chant tête à claques n'ont pas franchement ouvert de brèche dans ma cuirasse de critique sceptique. La suite est bien meilleure, avec Nowen, qui passe à 2 doigts du plagiat éhonté de "Land of Tears" (Pestilence), mais dont le death thrashy, varié et catchy finit par convaincre sans mal. L'excellent modern metal djenteux d'Innerty fait quant à lui preuve d'une rare intelligence (mais la chro de Tabula Rasa vous en dit plus ici).  Puis arrive Höllöw, qui n'est pas un side project de Öxxö XööX, non, mais un groupe de hard rock dont le très bon "Between The Lines" aurait tout à fait pu faire office de tube sur un album d'Ozzy. Le vénère chaotic-core à la TDEP de Milk White Throat n'est pas mal du tout si l'on est amateur du genre, par contre la brutasserie death vaguement-thrash-vaguement-mélodique de The End Of Six Thousand Years assure sans excessivement briller - en même temps, 'faut voir les voisins de tracklist... La comparaison ne joue pas en leur faveur! 

 

Arrivent alors ZE gros pic olympéen de la compil'. Et ça commence avec un extrait du Giggles, Garlands & Gallows de la paire Arno Strobl / 6:33, excellente épopée de dark nawak metal hyper catchy. Vous savez déjà tout le bien qu'on en pense ici... Puis le relais est passé à Mythosis qui, dès la première seconde de "The Pessimist", nous fait pêter en pleine poire un monstre de puissance, entre death polonais hyper carré (fleurant bon le old-Decapitated), influences plus "modern" et deathCORE technique sans pitié, à la québécoise (ça tombe bien!). Le genre de titre qu'on écoute en se tenant la tête, de peur que les coutures ne craquent. Et c'est enfin le tour des génialissimes Toehider, qui balancent une sorte d'hymne de Noël barré interprété par un hybride enjoué de Queen et de NanowaR: le genre de pépite qui vous redonne espoir en l'humanité pour au moins 3 mois (achat obligé!).

 

Forcément, après ça, le tortillons-core progressif de Greenpills donne plutôt envie d'essayer la pillule rouge. Et même l'excellence technique de Lacrimm - qui enverra sur un petit nuage les amoureux de Mekong Delta & co - semble plus fade, d'autant que leurs tours et détours ne se focalisent qu'en de rares occasions, et qu'un tel maestrom, sur presque 5 minutes, ça ne repose pas vraiment... C'est d'ailleurs pour ça que les 2 instigateurs de cette compil' nous offrent ensuite 1 minute 45 de "repos", via le grind punky et crasseux de Trepan' Dead, qui propose en prime, fondue dans la masse, l'une de ces bonnes petites mosh parts caoutchouteuses qui font du bien là où ça fait aïe!... Puis, pour réparer nos muscles endoloris, une bonne grosse (et looongue) séance de doom pesant et chamanique, offerte par Crown. (Décidément, après Öxxö Xööx et Wormfood, les fins de compil' sombres et lentes, ils aiment ça les bougres!).

 

Voilà, c'est fait, c'est dit: une fois de plus, le cglaume a pris un pied d'enfer à l'écoute de cette compil'. Le genre de panard intense qui ne pousse pas à décrire la bête dans une prose condensée et efficace (ça m'arrive quand même... non?). Le truc c'est que quasiment tous les morceaux réclamaient qu'on s'y arrête. Oh et puis zut hein, on ne va pas commencer à se justifier non plus. Allez plutôt télécharger cette petite merveille ici.

 

 

 

 

 

On ne va pas se quitter comme ça: si je me laissais aller à l'enthousiasme qui m'habite depuis le début de cette chronique (et avant cela, depuis la découverte de ce volume 6), je collerais un bon 8.5/10 à ce nouvel épisode de la saga Combat Nasal. M'enfin ce ne serait pas fairplay envers les très bons autres volumes, qui plafonnent traditionnellement à 8. N'empêche que crénom, ce volume 6 déboite méchamment !

photo de Cglaume
le 16/07/2012

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