Toehider - XII in XII #05 - Take on a Tank
Chronique Maxi-cd / EP (18:44)

- Style
Trve Heavy Metal légèrement décalé - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
1 décembre 2023 - écouter via bandcamp
LE PROJET « 12 IN 12 », MILLÉSIME 2023 / 2024
Explications préalables : entre mai 2009 et avril 2010, sa muse ayant alors manifestement besoin de coups de pied au train pour avancer, Mike Mills – Mr Toehider – s’est lancé dans un projet fou… Celui de livrer 12 EPs en 12 mois. Parce que certains sont comme ça : ils ont besoin de se fixer des objectifs inatteignables pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Résultat des courses : pari réussi ! Et de brillante façon qui plus est (vérifiez donc ici et là) ! Et comme ce genre d’expérience est de celles dont on ressort en se disant « Plus jamais ça ! », Mike n’a pas pu s’empêcher : il a fallu qu’il recommence ! Dès le 23 février 2023 pour ceux qui suivent le groupe sur Patreon. Et à partir de début août pour les autres.
MOIS 5 : TANK-HIDER !
“Panzer Division Mike Mills”. Voilà un sticker qui aurait eu de la gueule, collé en travers de la pochette de l'EP – si seulement ce dernier était proposé à la vente dans les bacs à CD de la FNAC (ça existe encore ? Les bacs à CD, pas la FNAC… sont-ils taquins !). Par contre ni Black Metal fulgurant à la Marduk, ni Death blindé à la Panzerchrist au programme de cette nouvelle sortie. Vous le savez : lorsque Toehider sort la grosse artillerie et fait tonner le canon, ça finit rarement dans les registres les plus extrêmes. C’est plutôt vers le bon vieux Heavy Metal qu’il s’en revient. On en a déjà fait l’expérience sur le titre « …But Mostly Metal » (figurant en bonus, à la fin de The First Six), via les plus récents « GO FULL BORE! » et « How Much For That Dragon Tooth? » (cf. I Like It!)… Et évidemment sur l’EP Metaltarsus, qui est d'ailleurs un peu le grand-frère naturel de ce Take on a Tank.
Quand Mike Mills décide de sortir sa guitare de son fourreau pour s’en aller bouter les dragons hors du royaume, il le fait de façon jusqu'au-boutiste, avec heaume sur le crâne et cotte de mailles moulant le poitrail. Sauf que vous le connaissez : il a du mal à réprimer ce sourire en coin constitutif de sa personnalité, sourire qui ne disparaît véritablement que sur les titres les plus crève-cœur, ou les plus doucement nostalgiques. Résultat logique de cette équation : Take on a Tank est un hommage sincère et érudit – mais également légèrement décalé – au Heavy/Power Metal des Manowar, Helloween & co. Ce très léger second degré se ressent surtout au niveau des textes (pour ceux qui s’y intéressent, et qui ne sont pas hermétiques à la « langue de Mr Bean »), mais également au niveau de la gestion tout en finesse des gimmicks endémiques, caricaturés juste comme il faut pour faire sourire sans toutefois sombrer dans le pastiche Nanowaresque.
... Mais passons donc en revue les troupes en présence.
« Meet Me at the Stronghol » est l’un de ces bolides qui auraient pu cavaler à la poursuite des seven keys de la bande à Michael Weikath et Markus Grosskopf. Ébouriffant et souriant à la fois, offrant de ces solos qui en collent plein les mirettes, il provoque également des sourires tout à la fois complices et approbateurs, tantôt du fait de ces petites outrances conclusives commises par des leads espiègles (à 1:42 et 1:51), tantôt en réaction à ces saccades qui suivent immédiatement, celles-ci étant martelées avec un très léger excès de zèle qui est tout sauf inopiné.
« Drown in the Moat » rétrograde de la 5e à la 4e vitesse pour conter les fougueux échanges de deux piliers de comptoir rivalisant de grande-gueuleries dans l’exposé de leurs exploits imaginaires. Sur cette piste la capote de la voiture a été relevée, la route s'avère belle : pourquoi faire galoper les guitares quand celles-ci peuvent trotter à bonne allure ? Le Heavy ici pratiqué s’offre donc des aérations plus Rock’n’Roll, parce que le cuir et les 'tiags, 'y a bon ! La narration est quant à elle toujours aussi truculente, Mike étalant tout son savoir-faire sur des couplets qui, dans leur première itération, emboîtent les lignes de chant en quinconce, pour un impact maximum.
Le morceau-titre voit ensuite Toehider ralentir encore un peu sa course – ô, à peine – pour gagner en profondeur. Peut-être cela est-il dû au fait que l’histoire qui y est narrée relate des conflits familiaux vérolant l'une des branches de l’arbre généalogique de Mike. Certains pourraient arguer que le morceau n’est pas à 200% Heavy, les éléments qui l’y raccrochent le plus sûrement étant surtout ce riff à grandes foulées qui ouvre le titre, et ce refrain qui part loin dans les aigus. Mais après tout, le genre ne se pratique pas uniquement l’épée tournoyant furieusement dans les airs : les moments de doute, le heaume redressé, les yeux à l’horizon, font aussi partie du décorum.
Et l’on finit cette croisade sur « You Love Heavy Metal.. Don't You? », spécimen over-the-topesque dont Joe DeMaio serait sans doute fier. Le but de Mike Mills est ici de faire plus fort et plus typé encore que « …But Mostly Metal » avant lui. Réussit-il à égaler l’ancien record ? Est-ce seulement possible ? Là n’est pas la question. En revanche, il est certain que cette compo mid tempo exsude le Metôôôl par tous ses pores. On est en effet ici dans un savant assemblage de clichés qui, pris individuellement, ne sont pas forcément de très bon goût. Sauf que, quand le pastiche est aussi bien ficelé et réalisé avec autant de conviction, on en profite à plein, sans craindre d’être par la suite démarché par le fan club de Sabaton.
Si les riffs mââles, la pensée trve et les maillots en poils de torse vous insupportent, malgré le talent et l’approche subtilement décalée de Mike, peu de chance que vous succombiez au charme de Take on a Tank. Si par contre vous aviez déjà craqué sur les précédents exercices de style Power/Speedesques du maestro, vous serez d’accord avec moi : cette mini-bible du genre ne mérite pas moins d’un 8/10. Ou d’un 7,666/10, pour en rajouter dans le cliché de circonstance.
La chronique, version courte : vous raffolez du Toehider ayant commis l’EP Metaltarsus, « GO FULL BORE! » et « …But Mostly Metal » ? Vous adorerez donc Take on a Tank, qui pastiche une fois de plus Manowar, Helloween et leurs amis, avec dans les yeux tout l’amour du vrai fan qui a trempé dans le genre dès ses plus tendres années.
6 COMMENTAIRES
Tookie le 12/01/2024 à 08:51:42
Bien que goûtant peu (en tout cas rarement volontairement) au heavy, et, néo-fan de Toehider (tout vient à point...ton matraquage donne des résultats), j'ai beaucoup aimé, comme tu le dis, pour ce pastiche léger, même si cet EP est surtout un nouveau cri d'amour pour le genre. Je suis en revanche surpris que tu cites si peu Dio dans les références (ça a dû t'arriver 2-3 fois sur l'ensemble des chros) alors qu'elle me semble (encore une fois, avec mes oreilles peu rompue au genre) prépondérante comme sur le morceau-titre ! C'est en tout cas un souvenir bien agréable qu'il ravive en moi.
cglaume le 12/01/2024 à 09:26:31
Tu as raison, pas de référence à Dio. Pour une bonne raison : je n'ai jamais écouté le Monsieur. Ni Tool. Ni Killswitch Engage. Ni Zappa. Ni Agnostic Front. Ni Burzum. Je suis Lacunes & Impasses 😅
cglaume le 12/01/2024 à 09:27:09
(Par contre bien content que tu sois néo-fan de Toehider 👍😁)
Crom-Cruach le 12/01/2024 à 19:29:50
Bon, Tool, c'est mou.
Burzum, c'est facho.
Agnostic Front : c'est moins facho (malgré les lacets blancs : c'est compliqué tout ça).
Zappa : pour briller en soirée
Crom-Cruach le 12/01/2024 à 19:30:26
Dans le doute :
WOLFBRIGADE
cglaume le 12/01/2024 à 19:35:21
Wolfbrigade, j'en ai à la maison 🙂 J'en ai même chroniqué chez New Noise 🤘🤘🤘
AJOUTER UN COMMENTAIRE