Toehider - XII in XII #04 - Horse

Chronique Maxi-cd / EP (19:55)

chronique Toehider - XII in XII #04 - Horse

LE PROJET « 12 IN 12 », MILLÉSIME 2023 / 2024

 

Explications préalables : entre mai 2009 et avril 2010, sa muse ayant alors manifestement besoin de coups de pied au train pour avancer, Mike Mills – Mr Toehider – s’est lancé dans un projet fou… Celui de livrer 12 EPs en 12 mois. Parce que certains sont comme ça : ils ont besoin de se fixer des objectifs inatteignables pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Résultat des courses : pari réussi ! Et de brillante façon qui plus est (vérifiez donc ici et ) ! Et comme ce genre d’expérience est de celles dont on ressort en se disant « Plus jamais ça ! », Mike n’a pas pu s’empêcher : il a fallu qu’il recommence ! Dès le 23 février 2023 pour ceux qui suivent le groupe sur Patreon. Et à partir de début août pour les autres.

 

MOIS 4 : TOE-RIDER !

« À pied, à cheval ou en voiture » dit l’expression. On se doutait qu’une formation ainsi nommée (pour ceux qui lisaient Titeuf en cours d'anglais, « toe » c’est l’orteil) ne pouvait que se sentir à l’aise sur les sentiers pédestres. On sait également depuis « GO FULL BORE! » (cf. I Like It!) que faire vroum vroum sur le bitoume est également un hobby du Miky. Restaient les chevalos à propos desquels on avait un doute : est-ce qu’un Toehider aurait fière allure, la bride à la main, à cavaler tagada-tagada à travers le bush ?

 

Horse allait forcément nous apporter une réponse à cette question quelque peu cavalière...

 

... Ou pas, vu que les canassons ne sont pas vraiment au cœur du 4e chapitre du projet XII in XII 2023, mais qu’ils constituent tout au plus une partie du socle thématique du tout premier titre. De fait Horse se trouve être de la même trempe que Quit Forever?, l’épisode #1 de la présente saga : c’est un EP gentiment fourre-tout, rassemblant du ceci et du cela, le talent de Mr Mills étant le seul liant évident entre tous les ingrédients de la tambouille de novembre (...de la tomme de novembre aurait été plus rigolo, mais sémantiquement moins pertinent - et puis on n'est pas là pour se marrer, oh hé !).

 

Qui dit méli-mélo en stéréo dit track-by-track monomaniaque (comme si on avait eu besoin de cette excuse pour procéder ainsi jusqu’à présent…). L’EP démarre logiquement sur un morceau-titre plein d’étalons-fantômes, de soucoupes volantes… Et de Lix également, personnage déjà croisé sur « Concerning Lix & Fairs » (cf. I Like It! là encore). Ce pavé de 6 minutes et demie est typiquement le genre d’épopée grandiose où Mike excelle en tant que narrateur passionné. Vu le caractère hautement chevalin du morceau, on n’est pas étonné d’y trouver une introduction purement Sergio Leonesque (spéciale dédicace à Jolly Jumper), du Power / Heavy pompier à l’allemande qui fait cataclop-cataclop sur le champ de bataille, ainsi que des traces de Country (du banjo, en milieu de morceau), parce que dans l’inconscient collectif occidental, cheval = Amérique profonde (… ça ferait marrer l’armée de Gengis Kahn, mais là n'est pas la question). Et comme il y est également question de fantômes, le titre s'achève sur une touche plus dââârk, plus lente, plus mystérieuse, afin que la musique colle avec les images. Bilan des courses (… sponsorisé par Bilto) : le titre est éminemment sympathique, typiquement toehiderien, plein d’énergie, et donne l’impression de déguster une version « western cartoon » de Sleepy Hollow.

 

L’autre gros morceau de Horse s’appelle « How Do I Dial it Down? », et arrive immédiatement après. Plus long encore que son prédécesseur, celui-ci n’a pourtant pas la dégaine de ces grandes fresques bariolées auxquelles on est habitué. Et pour prendre encore plus ses distances d’avec son prédécesseur, ce titre 1) abandonne complètement l’humour léger et farfelu, 2) voit Mike adopter un registre vocal qu’on ne lui connaissait pas (le gentleman-progueur mystérieux) le temps des deux premières minutes et des cahuètes. Ici ça joue sérieux, ça ferme les paupières et chante la main sur le cœur. Et pour accentuer encore un peu la solennité des sentiments exprimés, des parties orchestrales s’invitent, d’abord discrètement, puis de manière de plus en plus invasive, jusqu’à prendre toute le place sur plus de deux minutes allant crescendo et ménageant un grand final magnifique sur généreux tapis de double.

 

Voilà, vous savez tout de ce qui constitue la substantifique moelle de ce 4e EP.

Car c’est un fait : celui-ci est relativement déséquilibré.

Parce qu’honnêtement, les deux pistes suivantes – bien que nullement mauvaises – ne jouent pas vraiment dans la même cour.

 

Jugez plutôt : « Nobody Wants to Hear Another Song About Your Heart », à l’image de son titre qui constitue probablement un auto-clin d’œil, ne prétend pas être plus qu'une création mineure, légère et sans prise de tête. Un morceau de Folk Rock destiné aux Feelgood radios dont les auditeurs ne souhaitent qu'une chose : ménager leurs nerfs et se laver la tête au sortir du taf. Ça s’écoute au coin du feu, en grillant des côtelettes, avant d’aller piquer une tête dans le lac.

 

Quant à « E-Snout », il badine dans un registre plus léger encore : celui de la blagounette devenue chanson. Car cette minute quarante est consacrée à un appareil improbable qui permet de devenir cochon – la bête, pas le pervers. L’histoire est contée en mode Dark Synth Nawak Hip-Hop, avec écho de série, tension narrative à 3 balles, et sonorités synthétiques pas-cheap-mais-presque. Marrant, mais pas vraiment incontournable...

 

Alors oui, Horse est une pochette surprise avec dedans du Bon (les 2 premières pistes essentiellement), de la Brute (mouaif… allez: « E-Snout »), et du Truand (sur la 2nde moitié exclusivement). Ce qui reste finalement assez raccord avec le côté Western zarb’ / Mon Petit Poney que semble vouloir mettre en avant l’objet. Bref, l’EP est un peu bordélique, à l’image de cette conclusion. Mais il reste bonnard (… la comparaison avec la conclusion semble moins pertinente, d'un coup).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : tout comme Quit Forever? avant lui, Horse est un EP fourre-tout, sans véritable fil conducteur... Et tout comme Quit Forever? là encore, il n’est pas aussi uniformément kiffesque qu’on aurait pu le souhaiter. On peut même dire qu’il s’avère assez déséquilibré, entre une première moitié rassemblant deux beaux pavés rutilants, et une seconde mi-temps fait de bric léger et de broc blagounesque.

photo de Cglaume
le 02/01/2024

6 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/01/2024 à 11:45:10

Un peu comme si je mettais un petit 7,5 à Wolfbrigade... (ce qui est scientifiquement impossible).

cglaume

cglaume le 02/01/2024 à 12:51:51

J'ai déjà attribué moins à certains EP du groupe par le passé, si si 🙂

cglaume

cglaume le 02/01/2024 à 12:55:35

Et puis méfie toi de la science : il doit bien exister un référentiel non euclidien au sein duquel les dimensions d'une future sortie wolfbrigadienne s'avéreront plus courtes que ce à quoi tu es habitué 🙂

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/01/2024 à 17:58:24

(Encore un pseudo-scientifique pfffff...)

8oris

8oris le 03/01/2024 à 09:53:37

Sympatoche. Même si ce 4ème est effectivement un peu déséquilibré comme tu dis justement, il passe vite et (donc?) plutôt bien pour ma part.
En tout cas, il faudrait prévoir une chronique bilan de ces 12 albums (le mec sympa qui rajoute du taf), je ne suis pas un fan incontesté de ToeHider mais je suis ce long périple musical avec plaisir, aussi grâce à tes papiers.
Et quand je serai à la retraite, je ferai pareil avec les "Pikes" de Buckethead! XD XD

cglaume

cglaume le 03/01/2024 à 10:24:39

Oh putain, Buckethead !!!
Ouiiiiiii, bonne idée !!

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