Toehider - XII in XII #11 - Rediscovery

Chronique Maxi-cd / EP (32:33)

chronique Toehider - XII in XII #11 - Rediscovery

LE PROJET « 12 IN 12 », MILLÉSIME 2023 / 2024

 

Explications préalables : entre mai 2009 et avril 2010, sa muse ayant alors manifestement besoin de coups de pied au train pour avancer, Mike Mills – Mr Toehider – s’est lancé dans un projet fou… Celui de livrer 12 EPs en 12 mois. Parce que certains sont comme ça : ils ont besoin de se fixer des objectifs inatteignables pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Résultat des courses : pari réussi ! Et de brillante façon qui plus est (vérifiez donc ici et ) ! Et comme ce genre d’expérience est de celles dont on ressort en se disant « Plus jamais ça ! », Mike n’a pas pu s’empêcher : il a fallu qu’il recommence ! Dès le 23 février 2023 pour ceux qui suivent le groupe sur Patreon. Et à partir de début août pour les autres.

 

MOIS 11 : TOE-COVER

La réinterprétation de classiques : voilà un domaine dans lequel Toehider brille, et dont il n’a pourtant pas abusé. D’ailleurs, si je ne me fie qu’à ma mémoire – toutefois aidée de deux-trois clics – afin de trouver des antécédents, je me retrouve assez vite à sec. Parce qu’en dehors des génériques de dessins animés compilés sur les deux premiers Children of the Sun, de la chanson de Noël « Carol of the Bells » sur Under the Mistletoe ( + le single « All I Want For Christmas is You », histoire d'épuiser le filon Santa Claus), et de l’impressionnante cover de « Wuthering Heights », eh bien… OK, c’est vrai : ça fait déjà pas mal. Mais pas tant que ça, finalement, au vu de la luxuriante production du groupe. Surtout que celui-ci en est déjà à son deuxième projet « 12 in 12 », et que dans ce cadre, l’exercice s’avère tout à fait acceptable. Ce n’est pas non plus comme s’il s’agissait de sortir un véritable album trois ans après le précédent…

 

D’ailleurs, puisqu’on évoque le fameux projet, rappelons que l’une des contraintes imposées par celui-ci consiste à livrer un EP par mois. Et qu'a priori, sur la fin, les délais ont eu du mal à être tenus, du moins si j’en crois ce que j’ai lu ci et là. Et cela ne peut a priori pas être mis sur le dos des tournées européenne et américaine en première partie de Closure in Moscow, parce qu’étant donné le décalage entre les sorties publiques officielles et l’agenda réel d’exécution du projet – exclusivement suivi par les abonnés au Patreon du groupe – a priori le point final a dû être apposé avant que Mr Mills ne s’en aille chanter sur d’autres continents. Quoiqu’il en soit, oui, il semble qu’en fin de parcours, Mike se soit retrouvé devant un sablier ayant fini depuis belle lurette d’égrainer sa plage mensuelle. Et l’on ne peut en vouloir au maestro d’avoir cédé à cette solution de facilité consistant à sortir un EP n’offrant rien d’autre que des reprises…

 

« facilité » ? « rien d’autre » ? Vraiment ? Vous avez vu à quoi Mike Mills s’est attaqué ?

 

Que du lourd, quasiment. Lourd dans le sens « inabordable » pour le commun des artistes. Le commun des chanteurs, notamment. Sans déconner, avec « Chandelier » (de Sia, oui oui), on attaque du matos aussi solide que le fameux « Wuthering Heights », mais cette fois sans la poussière du grenier de Mamie. Derrière le micro, Mike est im-pres-sion-nant. Avec les tirets qui saucissonnent l’adjectif, parfaitement. Quelle putain de voix ! Alors évidemment, on perd la gouaille éraillée de l’originale, mais on y gagne le monde merveilleux (et organique, lui) de Toehider, une bonne vieille guitare … Ainsi que le gommage de la dimension Rap / RnB, ce qui n’est pas un mal. Tuerie absolue !

 

Deuxième titre, deuxième challenge de taille : « We don't need another hero (Thunderdome) ». La chanson de Mad Max 3, interprétée par zeWanAineOnly Tina Turner. Plus dur encore, pour Mike Mills, de jouer au coude à coude avec la diva. Celui-ci fait donc un pari : ralentir très légèrement le tempo, afin d’adopter une approche flirtant parfois, sur les couplets, avec un feeling à la Eric Serra, période Le Grand Bleu. C’est subtil. C’est beau. La guitare y remplace avantageusement la courte intervention de saxo, en 2e mi-temps. Et les tripes de Mike réussissent à compenser le croustillant du chant de Tina – que le nom des deux soient sanctifiés !

 

Sauf que Toehider – on a tendance à l’oublier à cause de ces pochettes loufoques et de ces sourires complices – c’est également du Prog pointu. Il n’était donc pas inadéquat de faire figurer dans ce "best of" des références qui correspondent à ce statut. D’où le « Inertiatic ESP » de The Mars Volta. J’avoue très honnêtement ne jamais avoir pratiqué ce titre auparavant. Mais pour avoir comparé les deux interprétations depuis, je puis vous dire que, tout en étant particulièrement fidèle à l’original (la touche vintage, et les gimmicks psychédélico-jazzy ont été conservés), Mike réussit à gonfler joliment le son, afin d’éviter à l’auditeur la sensation d’être un routard/brocanteur envoyé en mission dans le coffre à vinyle de grand-papa.

 

Vous n’ignorez pas que rares sont les groupes capables d’aussi brillamment singer que Toehider les structures à tiroir et les chœurs exaltés de Queen. Ce n’est pas un hasard : le groupe de Brian May et Freddie Mercury est l’influence majeure à l’origine de la création du Cacheur d’Orteil australien. Il semblait donc évident de profiter de cette occasion pour rendre hommage à la Reine anglaise. C’est chose faite à travers la reprise de « The Prophet’s Song » (cf. A Night at the Opera), morceau particulièrement épique, le plus long du répertoire du groupe, ménageant beaucoup de place aux chœurs. Si vous ne le connaissez pas, imaginez-vous un mix exalté de « Bohemian Rhapsody » et de « Flash ». Eh bien Toehider le revisite religieusement, en y apportant une touche plus actuelle, plus musclée, à laquelle s'ajoutent de subtiles accents à la Blind Guardian – les Allemands étant eux aussi friands de fresques over-the-top et de chœurs héroïques.

 

La fin de l’EP vient quant à elle réaffirmer la dimension Nawak du groupe. Avec l’exceptionnel réinterprétation de « Hocus Pocus » tout d’abord, folie sortie par Focus en 1971. Kaléidoscope fou, bariolé et sans pareil, le morceau avait déjà été brillamment revisité par Helloween sur son Metal Jukebox. Mike fait tout aussi bien – avec un niveau de metallitude toutefois légèrement moins élevé – en y injectant ses propres délires : des parasites technoïdes à partir de 4:17, une séance de sifflet foirée peu après, ainsi que des cordes vocales encore plus solides que celles de Thijs van Leer. Une vraie folie, vraiment ! Autre gage donnée aux nawakophiles, l’EP s’achève sur « Can You Picture That ? », morceau des Muppets qui offre une occasion à Salty de se saisir un temps du micro. Belle tranche de fun – bien que le challenge soit cette fois moins élevé que lors des cinq pistes précédentes.

 

Bon alors, en effet : Rediscovery n’est « rien d’autre » qu’un EP proposant des covers. Mais quelles covers, nom de nom ! Et pour ceux qui auraient eu la flemme de se taper la chronique dans son intégralité et seraient passés directement à la conclusion, petit conseil d'ami : afin d'aller droit au but et de souiller au plus vite le sopalin, écoutez en priorité « Chandelier » et « Hocus Pocus ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : Blablablah, Toehider cède à la facilité en torchant un EP constitué de reprises… « Facilité » ? Mais réussir de telles covers est bien plus compliqué que de bricoler une petite chansonnette Folk/Rock dans son garage ! Ce sont donc « Chandelier » de Sia (médaille d’or), « We Don’t Need Another Hero » de Tina Turner (médaille de bronze), « Hocus Pocus » de Focus (médaille d’or ex-aequo), « Inertiatic ESP » de The Mars Volta, « The Prophet’s Song » de Queen et « Can You Picture That ? » du Muppet Show qui vont vous tirer de OH ! et des AH ! sur ce 11e EP du projet « 12 IN 12 »…

 

 

 

 

photo de Cglaume
le 07/09/2024

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