Melvins - 26 Songs (réédition)

Chronique CD album (60:05)

chronique Melvins - 26 Songs (réédition)

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES

Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 31 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

 

Après les Mangled Demos, voici le tout premier disque des Melvins ! Premier EP sorti à l'époque (1986) sur le petit label C/Z Records, sous le nom 6 Songs, puis réédité sous le nom 8 Songs puis reréédité sous le nom 10 Songs et rereréédité sous le nom 26 Songs en 2003 par Ipecac. (Ha putain !) Cette dernière étant la version que je possède, trop occupé que j'étais, en 1986, à jouer avec mes legos et à vivre ma vie stupide d'enfant introverti et malhabile.

Trouve le pourquoi de ces changements de nom du disque et tu gagneras, à nouveau, mon respect éternel. Comme quoi, gagner mon respect, c'est pas bien compliqué.

Bref, c'est encore du vieux Melvins qui va passer ici à la moulinette.

 

Vingt-six chansons? Hon-hon : 10 titres en vérité, augmentés de 16 demos avec un son plus dépouillé et craspec, des versions alternatives pour les collectionneurs forcément déments (méfiez-vous de ces gens comme de la peste, ils peuvent très vite devenir dangereux).

 

Déjà, chose hallucinante, tout ici a été enregistré live en deux pistes seulement et ça sonne d'enfer. Le mastering moderne a peut-être fait du bien à ces bandes, mais je pense que l'enregistrement, à la base, s'il était cheap, devait déjà bien présenter. Brut, gras, l'ensemble est même doté d'une certaine ampleur, la batterie sonne grosse comme une montagne (toujours dans l'option cheap, hein...), ça écœurera bien des groupes amateurs d'aujourd'hui. Bigre! La voix à Buzzo est allongée d'un filet de saturation des plus crunchy qui sied à merveille à ces morceaux lourds mais virulents, difformes mais pas si inaccessibles. Dans le genre, ils feront pire sur Ozma.

 

Il y a même un tube, le premier titre : « Esay As It Was », qui figurera également au menu de Gluey Porch Treatments. Il recèle un refrain Punk en son centre, et des roulements de caisse typiques à Dale Crover : rustauds, gogols mais inventifs, avec son feeling groovy bien particulier. Joli faux départ, aussi.

 

Le tout est guère plus joyeux que du EyeHateGod avant EyeHateGod, mais c'est bien mieux joué. Nan, en fait, c'est pas du tout le même délire... Bref. « # 2 Pencil » sonne aussi rageur que dramatique, dans le genre tragédie chez les tueurs en série Texans. Glauque mais pas mou une seconde. Les Melvins avaient déjà un peu laissé tomber leur Punk-Hardcore des débuts (voir Mangled Demos, disais-je donc, et quelques rechutes sur Gluey Porch Treatments) et inventaient le visage lacéré et crasseux du Sludge. Malheureusement, la plupart de leurs disciples forceront le trait de la noirceur et de la crasse, pour cacher le fait avéré qu'ils ne savent pas composer.

 

Ici, on trouve aussi la première version du robot raide « At A Crawl » (voir Ozma, cette fois), souvent joué par le groupe en concert. La voix de Buzzo est un peu jeune, et il en fait des tonnes.

 

J'y reviens, mais si la lourdeur est bien installée, développant une certaine nonchalance désabusée et juvénile nihiliste, la dynamique taille en pièces toute velléité d'endormissement. Il s'agit bien d'un disque Punk, dans son sens large, libre des codes et des obligations formelles sclérosantes. D'ailleurs « Snake Appeal » fait monter le tempo, dans une certaine confusion, certes, Buzzo tapant même un solo à l'emporte-pièce. Greg Ginn, allô ? L'énervement trouve sa continuité dans le Punk-Metal sur l'intro de « Show Off Your Red Hands », avant de retomber dans la lourdeur obsessionnelle d'un T-Rex de plastique qui rêverait de gazelles dans la steppe, sans jamais pouvoir égratigner son idéal féminin. Du coup, il tourne en rond en beuglant et moi je raconte n'importe quoi. Fin avec voix gutturale et râpeuse, décidément ce disque est tout sauf gentil, les amis.

 

Son principal défaut serait que les morceaux se ressemblent, on a clairement entendu plus varié. Après, si tu veux te taper une bonne tranche de gras acide, les dix titres feront ton repas sans te laisser sur ta faim. Bon, c'est vrai que « Cray Fish » n'a ni queue ni tête et sonne un peu pataud...

 

Et que dire sur les versions alternatives qui augmentent copieusement cette énième réédition? Ben t'auras du grisouilli (?) de vinyle en prime et un son moins bon, plus sourd, pour des titres que t'auras déjà entendus quelques minutes avant. Pas grand intérêt là-dedans, encore une fois Ipecac fait ici un peu dans le documentaire. Pourquoi pas. Ah, il y a une version rampante de « Set Me Straight », qui figurera plus tard sur Houdini. Sauf que je n'ai jamais aimé ce morceau au refrain carrément chiant. J'ai jamais compris pourquoi ils s'accrochaient à ce machin.

Merde, y'a tout de même des inédits au milieu (du moins, en CD), « Operation Blessing », Punk Hardcore chaotique qui file à toute berzingue et se termine sans que t'aies rien compris. Marrant. Par contre, « Breakfast Of The Sly » n'apporte rien au moulin à moudre. Punk Hardcore encore, « Ever Since My Accident », le son est atroce. Puis blah-blah interminable de répète dont je n'ai strictement rien à foutre, avant un boeuf redneck avec harmonica complètement nase.

 

Donc. Ce disque vaut son achat (ou son téléchargement illégal) pour ses dix premiers morceaux arrogants à la rage rentrée. Du reste, on s'en tapera tranquillement le coquillage.

Comme de la note, je ne sais vraiment pas laquelle coller. Allez, je ferme les yeux et je sors de mon chapeau... 6,3.

Pouf pouf pouf, va pour 6,3.

photo de El Gep
le 05/02/2012

2 COMMENTAIRES

JohnDuff

JohnDuff le 05/02/2012 à 18:01:45

On dit : "on s'en tape le coquillard"

el gep

el gep le 05/02/2012 à 18:22:03

Je nique les mots. Comprendre: ce n'est pas une erreur de ma part, c'était voulu. Lalala.

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