Melvins - Gluey Porch Treatments

Chronique CD album (61:04)

chronique Melvins - Gluey Porch Treatments

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES

 

Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 22 -

 

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

 

Austérité grisâtre, pluvieuse, odeur de bière bon marché éventée, solitude et rancœur, découragement, fauchitude, voilà en gros ce que m'évoque ce premier album des Melvins après leur EP « Six Songs » (rallongé plus tard en « Eight Songs », puis « Ten Songs » et finalement re-re-édité par Ipecac dans la version « 26 Songs »).

 

Enfin voilà « Gluey Porch Treatments », ça c'est du titre. Il commençait par ce qui deviendra un de leurs classiques, le très Doom redneck « Eye Flys » : Blues Metal ralenti, glauque, austère, grisâtre, pluvieux, à l'odeur de bière bon marché éventée, puant également la solitude, la rancœur, le découragement et le pas de fric. Je me répète, c'était voulu.

 

C'est qu'il est difficile d'aborder ce disque, et difficile de le chroniquer.

C'est l'un des premiers disques des Melvins que j'aie possédé, avec « Electroretard » et « The Maggot » et ce n'est pas celui que j'ai le plus écouté. Ce n'est pas non plus celui que je préfère. Je suis cohérent, jusque là. Pourtant, je le remets assez souvent sur la platine, toujours curieux, toujours intéressé par ce flot de guitares grasses, de batterie déjà très présente, colosse dévorant les temps, un ogre. Ouais, bigre, Dale Crover joue comme un putain d'ogre.

 

Les structures des morceaux sont spécialement absurdes, tout comme dans l'album suivant (« Ozma »). Enchaînement de riffs Punk-Hardcore high-tech roulés dans la graisse, mises en place en cascades, la voix de Buzzo, alors juvénile, sonne comme celle de la marionnette qui, la nuit venue, tranche ses fils avec ses dents pour aller reprocher à son créateur son existence impossible. « Et si j'appuie là avec la lame, ça fait mal? Oui? Moi, je sens rien, tant pis pour toi.»

 

Oui, difficile de distinguer et mémoriser les morceaux, alternances de rapidité acide et de lourdeur autistique. Les titres se zappent sans course au concept unificateur, créant juste un magma de Rock très bizarre et nauséeux. Bizarre, ouais bordel, aujourd'hui ça sonne bizarre, alors en  86/87, de Dieu! J'ose pas imaginer la tronche du public égaré à un de leurs concerts.

Personne ne sonnait comme eux, Black Flag matheux copulant avec le bouc sur un fond métallique Doom.

 

Plusieurs titres font moins d'une minute, l'esprit Punk miniaturise le discours mais ne le simplifie en rien. En ressortiront quand-même les plus « fédérateurs » (ah-ha-ha!) « As it Was » (déjà sur « 6 Songs » sous le proche patronyme « Easy As It Was »), « Echo/Don't Piece Me », « Heater Moves And Eyes », « Influence Of Atmoshere » (beau délire d'effets échoïdes cheap à la fin) ou l'instrumental final « Over From Under The Excrement » (non, celui-là n'est pas fédérateur pour un rond, il est juste complètement incohérent, ça a son charme). « Glow God », autre instru', sonne comme du Heavy-Metal souffrant du syndrome d'Asperger et « Heaviness Of The Load » ressemble par moments à « Happy Birthday » joué au ralenti par un trio de clowns assassins bourrés. « Flex With You » et « Gluey Porch Treatments » seraient repris aujourd'hui par Converge, qu'on croirait qu'il s'agit de leurs propres compositions. Si, si, vraiment, allez, un peu d'imagination, merde!

 

Possédant l'édition actuelle du skeud (1999 chez Ipecac), je préciserai qu'on retrouve en bonus des versions (encore plus) demo de 12 titres: ça sonne comme une vielle cassette saturée, avec du graillon grave des plus marrants, du moins pour les déformés de la tête comme moi. Les Melvins Garage, quoi.

 

Galette au charme malade, charme d'un certain malaise de jeunesse, ce disque a quelque chose d'étrangement irrésistible, j'y reviendrai toujours avec comme un étonnement perpétuellement renouvelé. Peut-être est-ce dû justement à son côté live, archi-brut. Aussi, il est maniaque, complètement maniaque, ce bidule, c'est comme si chaque riff avait été étudié pour être tordu, déplacé, branque, bancal, à l'ouest, absurde. Maso, sado et maniaque, je vous dis.

Et putain, avoir un tel niveau et une telle personnalité si jeune, si tôt, c'est quand-même bluffant. Surtout que les Melvins devaient alors faire face à l'adversité d'un public absent ou carrément hostile. Dans les très intéressantes notes de pochette, King Buzzo raconte à quel point il était difficile pour eux de trouver des dates, de tourner (il évoque également des skinheads qui voulaient les tuer).

Bon, hé, après, clairement, ce n'est pas le mieux composé (rien à voir avec « A Senile Animal » ou « Stoner Witch », par exemple), les suites déstructurées pouvant même être rébarbatives sur la durée. Tout comme le jeune Buzz qui n'avait pas encore trouvé sa voix et la forçait un peu trop.

 

Un disque donc qui ne veut pas faire plaisir, réellement fou et complètement bizarre. Respect.

photo de El Gep
le 09/10/2011

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