Melvins - Basses Loaded

Chronique CD album (45:09)

chronique Melvins - Basses Loaded

CANADA BUZZ HAS A WAY OF SEEING THROUGH MY EYES

Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS - Chapitre 59 -

Pour tenter d'approcher une vague compréhension de l'obsession chronique à l'origine de ces textes vaniteux, se référer à l'introduction du chapitre 1...

 

Une chose est sûre, et ça rassure, car je me demandais parfois quand-même est-ce que c'est pas un peu fini tout ça, ou émoussé sur les coins des bordures, non je vous le dis : les Melvins sont toujours complètement cinglés. Ainsi, rassurés, disais-je, le sommes-nous vraiment ? Tous ceux qui, comme moi, ont sans doute une case ratatinée sur la gauche au fond du cervelet le seront certainement. Les autres... les autres vomiront compulsivement en jets ou partiront la queue entre les canettes frissonner tout verts-blancs-blêmes ailleurs, loin.

 

Allons droit au but : par exemple leur reprise des Beatles « I Want To Tell You » est HORRIBLE ! Cette guitare qui perce le mix (avec le mode percussion enclenché), elle rend complètement dingue (dixit ma femme qui, niveau dinguerie, est parfaitement placée pour en parler) ! Et ces plans Hard-Rock permanenté de « War Pussy », c'est complètement interdit !

Rien à battre, ils te balancent ça le sourire mauvais sur la face du bad mother joker, distillant le malaise sournois là où on l'attend le moins. Car oui leur reprise des Beatles est malsaine. Je repense à celle des Who sur The Bride Screamed Murder : pareil.

Ils ne sont pas forcément leurs morceaux les plus réussis mais, mais... Quelque chose ne tourne pas rond, non, vraiment pas.

 

Un album qui commence par un hymne Blues/Doom absolument magnifique et se termine sur une connerie au Bontempi n'a de toute manière rien pour rassurer. De même que les myriades de sons de guitare utilisées : certaines se transforment en pures choses organiques vivaces qui semblent jaillir des enceintes.

Non mais, « The Decay Of Lying », je m'en remets pas, ce n'est plus un tube c'est, oui !, un HYMNE total. Tout simple, mais de toute beauté, d'une qualité d'écriture exceptionnelle, une ouverture d'album prodigieuse les enfants ! Un morceau tragique où Buzzo le caméléon retrouve sa voix douce, celle où on peut se convaincre sans forcer que « oh, mais c'est qu'il a une très belle voix en fait, ce con ! ».

 

Rien à voir mais ainsi va la très haute qualité sur le suivant « Choco Plumbing », renversant Madame ! - et lui piquant son sac au passage - qui est un pur morceau Prog-Pop et Power Pop (Allô, c'est les Foo Fighters ? Pleurez vos mères!) complètement joyeux pour le coup, légèrement kitsch et d'une classe folle en même temps - faudra qu'on m'explique ! Queen, Devin Townsend, Toehider (coucou Lapin!) et tout le Glam-Rock de la terre sont appelés à la caisse centrale du grand supermarché cosmique ! Ils ont oublié leurs frangins d'Asperger dans le rayon Playmobil et ils ont foutu un bordel sans nom !

Plaf ! Avec ces deux premiers titres, le grand-écart aux limites du système Nawakien est consommé.

 

Avec son côté un peu plastique et rétro-futuriste, qui rebutera les pisse-glaçons ou en fera tout le charme, au choix, le disque s'enfonce profond dans un délire psychédélique plus ou moins cauchemardesque où les jouets prennent vie pour, maléfiques autant que malveillants, déclarer la guerre aux humains en commençant par s'en prendre aux enfants, menés par la vieille dame prêtresse du mal Buzz Osborne, Roi/Reine de la Manigance !

Oui, c'est bien cela, comme ces cauchemars débiles où un tas de choses idiotes, sans queue ni tête, arrivent, où d'ailleurs on ne vit pas que des choses horribles, mais où la tension est cependant permanente (comme le Hard de stade) - on SAIT qu'il va se passer un truc, et un truc pas cool, mais on ne sait jamais QUAND, vous voyez ? L'inconfort complet, quoi, jusqu'au réveil... où on se dit qu'on aurait bien aimé connaître la suite.

Ouaip, « Basses Loaded », la plupart du temps, c'est comme si la collection de jouets rétro du King Buzzo en chef était possédée par les démons de Boris. Écoutez-les chanter, écoutez-les jouer, écoutez-les hurler leurs ordres d'extinction de la race humaine ! Robots et Dinos tous unis pour nous démembrer !

Psychédélique très certainement aussi : ce groupe pas spécialement branché par la drogue a tout de même l'incroyable propension à te faire sentir salement secoué du dedans dans tous les sens. Ainsi « Beer Hippie », traversé de bruits blancs en continu (bonne et drôle d'idée!) tourne comme un manège éthylique dangereusement vomâtoire.

 

Le Thrash-Groove de vaisseau spatial en carton conduit par un commandant Buzzo parano (ces voix méchantes qui fustigent!) sous cocktail de Speed/LSD de « Hideous Woman » a un rendu assez inouï, alors que « Captain Come Down » comprend une accélération aux accents cruels qui rappellera la boucherie de The Maggot pendant quelques courts instants fugitifs avant de finir en du pur Le Massacre Du Client De 15 Heures bien crunchy.

Aoutch !

 

Au rayon des ronchonnements, je pourrais cependant faire quelques réserves. Autant j'appréciais beaucoup les morceaux traditionnels repris sur Tres Cabrones à l'aune du reste de l'album, autant ici « Shaving Cream » et « Take me out to the ballgame » font plus offices de simples stupides interludes. J'aime bien, ça me fait marrer mais j'aurai pas forcément envie de les écouter à chaque fois. Alors que la chanson de marins saouls « Maybe I'm Amused » avec Krist Novoselic passe toute seule. Et pourtant c'est peut-être bien une grande première pour eux, ce style de chanson classe... Avec de l'accordéon !

Et ensuite le côté Hard des années quatre-vingt me gonfle parfois. Parfois aussi ça me fait rire aux éclats. Ainsi, si « Phyllis Dillard » est quasi parodique, heureusement que tout fini dans le bruit, la stridence psychiatrique. Voilà encore bien une bizarrerie typique du groupe, un dérapage abrupte de plus, comme dans « Planet Destructo » qui vire du slow psyché au boeuf Jazz-Free sans prévenir...

 

Et bon, le fait qu'il y ait six bassistes différents ne se fait pas vraiment sentir, on s'en cogne un peu, car tout se tient plutôt bien, alors qu'il aurait pu s'agir plus d'un assemblage de singles et de différents EP's potentiels que d'un album, dans sa construction et son historique.

Faudrait pas se focaliser comme tout le monde sur cette histoire de bassistes ça occulterait un peu le fait qu'il s'agit encore d'un bon album, toujours pas l'un des plus grands mais un bon album quand-même, c'est déjà énorme, et en plus c'est un album bien MALADE, qui irritera son monde, qui en contentera quelques-uns et qui laissera les poseurs une fois de plus sur le carreau, sonnés par le laser micro-cryogénisant du mini robot fluo à tête de licorne borgne qui vient de faire irruption dans la soirée hip-hipstars de cette garce de Félicienne De Fongis.

 

Préparez-vous au massacre dans les paillettes et les cotillons, les Melvins ont ajouté des couleurs (vives!) dans leur Rock fantasque et lunatique.

photo de El Gep
le 28/06/2016

3 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 28/06/2016 à 12:36:00

Toehider ? Townsend ? Queen ? Tu le crois comme il racole l'autre ? :P
Bon, les références sont un poil aguicheuses au vu de ce que propose réellement "Choco Plumbing", n'empêche je suis d'accord: l'aéronef Melvins viole par moment l'espace aérien de Nawakland :)

el gep

el gep le 28/06/2016 à 23:51:56

Eheheh, le balançage de noms, c'est toujours abusif et c'est ça qui est bon!
Après, par exemple, Queen, le groupe lui-même reconnaît l'influence et ça s'entend parfois.
Le problème c'est que beaucoup de gens ont du mal à ressentir la qualité vibrrrrrrrante du groupe dans leurs meilleurs moments. Les Melvins, c'est la vie, mec.

José

José le 08/07/2016 à 01:22:24

Merci El Gep pour tes chroniques savoureuses que je cours apprécier à chaque nouvelle sortie des Melvins.

Je suis complètement d'accord avec toi, ces 6 bassistes on s'en tamponne bien, d'autant plus que c'est pour moi un album qui sonne vachement "entier" et un peu moins "bricolo" que les dernières sorties. Puis on prend notre ration de gros riffs vénères, ça fait bu bien.

Mentions spéciales pour "Choco Plumbing" (putain ça groove sa mère), et "Hideous Woman" (voire précédemment).

J'étais pas méga convaincu depuis Freak Puke, Sausages et Tres Cabrones, Hold It In m'as remis l'eau à la bouche, mais là la double claque Basses Loaded/Three Men and a Baby c'est revigorant.

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