Melvins - 1983

Chronique Maxi-cd / EP (14:00)

chronique Melvins - 1983

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES


Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS - Chapitre 46 -

Pour comprendre la démarche psychorigide autistique, se référer à l'introduction du chapitre 1...

Les Melvins sortent en 2012 un EP 4 titres nommé 1983. Passéisme ? Pas le genre des loulous. Par contre, il y a bien un concept Retour Vers Le Futur là-derrière : ils réembauchent le temps de ce disque et de quelques concerts leur ancien batteur, le tout premier, avant Dale Crover, un certain Mike Dillard. On ne pouvait l'entendre frapper des peaux que dans la réédition Mangled Demos From 1983 parue en 2005 chez Ipecac. Les premiers enregistrements du groupe parus sur des (petits) labels comportaient déjà Dale Crover à la batterie. Mais ils étaient jeunes, ils étaient potes et les Melvins n'oublient rien (contrairement à Dave Grohl, au hasard). Et les Melvins n'ont pas abusé des drogues et les Melvins ne sont pas encore des papys. En témoigne leur incroyable tournée de 51 dates en 51 jours dans 51 états (USA), qu'ils ont terminée il y a peu. Ça c'est des mecs motivés.
Revenons à 1983. Attention, il ne s'agit pas exactement d'une reformation du premier line-up pour autant, puisque le bassiste Matt Lukin (parti se malmener le foie chez Mudhoney peu après Gluey Porch Treatments) n'a pas été réintégré à la célébration. C'est donc Dale Crover qui se colle à la basse. L'homme n'a pas peur de sortir de derrière son kit pour manier les cordes, on le sait depuis son EP solo de 1992. Il malmène la guitare également dans son groupe Altamont et a servi de guitariste intérimaire pour Big Business plusieurs fois en tournée.
C'est donc une formation trio que l'on trouve sur ces quatre titres avenants et enthousiastes : King Buzzo, Mike Dillard, Dale Crover.
(Voilà un premier paragraphe vomitif à souhait et bourré de liens que vous vous êtes empressés d'ignorer, j'en suis sûr !)

Mais le concept ne s'arrête pas à la composition de l'orchestre, chère Madame. Car la musique-même pourrait être qualifiée de réinterprétation stylistique contextuelle, ou de transposition auto-référencée d'une vision artistique de 1983 à 2012. Hé ! Je vais bientôt sortir un bouquin chez Grasset et devenir pote avec cette face de pet de BHL, haha ! Bref, il s'agit donc d'un essai que j'imagine amusé et attendri, qui bénéficie de plus de vingt-cinq ans de recul !
Car les Melvins jouent ici une sorte de Hardcore Punk (attention, y paraît qu'on n'a pas le droit de dire Punk-Hardcore !) assez typé eighties, Black Flag, SST, tout ça. Donc une forme de Punk teintée d'un Metal qui ne connaissait pas encore la batterie triggée (honte, honte!), les productions sur-compressées-lissées qui font croire que ça chie et les distorsions à triple étage de gain toutes coquettes. Un Metal qui était encore underground, rien à voir avec cette sale pute que l'on connaît aujourd'hui. Ici, il s'agirait plutôt d'une musique métallique disposant d'assez d'espace, où les instruments ne se marchent pas sur la gueule en tentant de paraître le plus gros possible. Une musique qui sonne assez nature, en somme, malgré ses vices vicieux et ses fumées psychédéliques nauséeuses.

 

Mais pas de nostalgie exagérée ici ! Grâce à Satan, nan !
Ainsi "Psycho-Delic-Haze", le premier titre, me ferait presque mentir (j'aime me contredire, les contradictions, c'est ce qui fait toute la sève essentielle à la vie, en plus des frustrations à répétition et de la dépression nerveuse) : on sent comme une odeur de Houdini planer sur ce mid-tempo trapu et sataniste, sans pour autant se dissocier totalement de leurs plus récentes créations (Hard-Rock désaxé, étrangement psyché-délique sur les bords).
Mais, mais, mais ! Dale Crover NE JOUE PAS DE BATTERIE sur ce disque ! Ça change tout. Tout.
On ne répétera jamais assez que le pépère Crover possède un jeu unique autant irisé d'une classe folle que torturé par une bestialité sans nom, autant maîtrisé dans sa gestion des silences que désaxé par une mentalité autistique qui apporte la touche mongoloïde baveuse si savoureuse.
Or, Mike Dillard n'a pas son audace ou son aisance. Son jeu est très très basique, régulier et sans surprise, assurant le minimum tchac-poum classique.
Mais ! Mais ce n'est pas gênant, au contraire : ça apporte un autre regard sur la musique du groupe. Le feeling dégagé est immédiatement plus Punk, plus vintage, mec, bordel à moustaches ! Plus personne ne joue comme ça ! Ou presque...
Les titres jouent donc logiquement plus sur la répétition, la linéarité et l'autoroute Hardcore mélodique, du moins sur le cartoonesque "Walter's Lips" et surtout "Stick 'Em Up Bitch", très très Dead Kennedys. « Jello Biafra, allô ? Oui, tu avais un peu pourri les deux disques que tu avais co-réalisés avec les Melvins, alors écoute-ça, ils font pareil en mieux sans toi. Tes gamins vont adorer. »
Dans ce dernier, tout y est : le riff'n'roll qui tire tout droit en boucle, saoulé de sa propre tournerie, les chœurs à l'unisson sur les petits rototoms de batt', et la voix de poupée en colère de Buzzo sur les couplets arlequins.
Il est assez amusant, d'ailleurs, de constater que les morceaux sont organisés par paire. Le schéma est simple : (un mid-tempo sombre + un titre plus Punk enlevé et enjoué) X 2 = les 4 titres de 1983. Ça serait chiant sur la durée d'un album, là ça paraît tout bêtement logique.

Ainsi le groupe tape droit au but avec décontraction, sans faire d'effets de manche ni dévier dans ses habitudes expérimentalo-déglinguées (c'est pas Freak Puke, quoi). La patine minimal Punk apportée par Mike Dillard est finalement très plaisante sur cette courte durée et le train fantôme "Psycho-Delic Haze" est l'un des meilleurs morceaux que les Melvins aient sortis ces deux dernières années. Et Satan sait qu'ils en sortent des trucs, ces derniers temps !
D'ailleurs, 1983 était paru d 'abord en CD, puis en 10'' (à 30 dollars pièce le vinyle, comme y s'touchent!), mais plus rien n'est dispo chez Amphetamine Reptile Records, ce qui n'est pas vraiment une surprise quand on en sort 300 exemplaires seulement. Vous savez ce qu'il vous reste à faire, bande de sales pirates tueurs de musiciens ! Pire : c'est La Musique que vous tuez !

Alors, comme d'hab : vive la mort. Je vais faire une petite sieste, moi.

photo de El Gep
le 25/11/2012

2 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 25/11/2012 à 18:34:46

Je viens de remarquer que l'uni-tonal "Stick 'Em Up" est en fait une reprise de "Fascists Eat Donuts" de Pop-O-Pies et que "Walter's Lips" est de The Lewd. Je ne connais aucun de ces deux groupes. Voilà, voilà.

cglaume

cglaume le 25/11/2012 à 20:47:40

Vieux Morad que Jamel, comme on dit...

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