Melvins - Mangled Demos From 1983

Chronique CD album (43:39)

chronique Melvins - Mangled Demos From 1983

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES


Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 29 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

 

Ah la jeunesse des petites villes paumées, les bleds, les trous d'balle, les oubliettes.

Pas de filles sur qui fantasmer, une exceptée : inaccessible même en pensée, authentique vierge Marie de l'agneau agnostique ; les autres, tu pourras toujours imaginer divers scénettes incluant strangulation, humiliation et pisse chaude. Le taux de suicide est faussé par tous ces accidents de la route sous alcool qui taisent leur nom. Et ces boîtes de nuit minables qui regroupent toute la crème que tu vomis. Ces plans traînaille dans les bois, le terrain de basket à l'abandon, les arrêts de bus en bois d'arbre, les bords d'étang. Étang glacé dans lequel tu plonges en Avril dès les premiers rayons de soleil printanier, histoire de te taper des sensations et une impression d'aventure interdite. L'ennui endormi à coups de bière que tu supportes à peine, trois, quatre, cinq, ça y'est, t'es complet pompette et tu souris à ton seul pote qui se porte pas mieux. Ces embryons de morceaux ineptes que tu répètes avec lui dans sa chambre entre son lit et la commode, devant un poster de moto verte et une affiche sur les rapaces. Et plus tard, les cours du code de la route, t'y vas en biclou complètement raide (t'as l'impression d'aller plus vite, ouah-haa!, comme le décor défile!) et tu pouffes de rire tout le long d'la leçon en te gourant de cases à cocher. Puis la gnôle piquée aux parents, le ping-pong mou dans le garage et les rêves de vie meilleure, sur la route avec un groupe ou dans les bras de filles forcément superbes, intelligentes et drôles. Les premiers joints qui te font pas qu'du bien et réveillent ta parano. Et déjà une certitude qui pointe: si les ballades en forêts, ça te connaît, tu commences à piger que ce monde te débecte. Pas d'bol, bon con, y'en a pas d'autre. Car c'est pas une grande ville prétentieuse qui va te faire changer d'avis, si tu vois ce que je veux dire. Les gens n'y sont pas moins cons, on s'fait toujours autant chier, l'avenir paraît toujours aussi moche et y'a même pas de verdure désertée où poser son cul et fumer des clopes en sirotant de la Mützig tiède avec son frère jumeau spirituel.

Les ballades en forêt, respect. Le reste? Qu'ils crèvent.

 

Bordel, mais pourquoi j'écris toute cette merde?

Ben parce que ces Mangled Demos From 1983, ça cause un peu de ça, version ricaine. La bande à Buzzo (à l'époque : Matt Lukin, futur Mudhoney, à la basse et Mike Dillard à la batterie) se faisait chier en 1983 dans un petit trou paumé et a décidé de se sauver la life par le Punk. Autour d'eux, ennui mortel, gros cons plus ou moins dangereux, fantômes de gens gastéropodes, flics et nivellement scolaire par le bas. Buzz Osborne le raconte bien dans les notes de pochette assez intéressantes et plutôt amusantes. King Buzzo, un conteur qui s'ignore?

D'ailleurs, c'est assez frappant, j'y pense, de constater que ces dernières années, les Melvins ont fait « un effort en communication », comme pourraient dire les DRH. Oui, ils font des vrais interviews. Ils répondent aux questions. Ça n'a pas toujours été le cas, loin de là, et ils étaient très très forts dans l'Art de niquer un interview avec blagues privées, mensonges éhontés, noyades génocidaires de bancs complets de poissons et humour ultra-grinçant.

Bon, ils font leurs sérieux, désormais. Dommage, vous étiez bien rigolos et les interviews, tout le monde sait que ça ne sert à RIEN.

 

Où en étais-je ?

Ces démos inédites, ressorties pour la première fois par Ipecac en 2005, présentent un intérêt limité, tu l'auras compris, c'est les débuts d'un groupe qui n'avait pas encore forcément la vingtaine. Un groupe qui jouait un Punk-Hardcore des plus basiques, pas nul, pas totalement captivant, et surtout qui n'a pas grand-chose à voir avec le reste de leur discographie. Quoique... le Punk-Hardcore reste encore un des ingrédients de leur fantasque tambouille.

La plupart des titres ont un son étrangement bon vu l'époque et les moyens très limités (le remastering aurait-il fait des miracles?). En outre à binche, je vous mets au défi de comparer vos premières compos à celles-ci, très honorables. Ouais, OK, je ne sais pas depuis combien de temps exactement chaque membre du groupe pratiquait son instrument... Au moins, il n'y a pas de vraie faute de goût, c'est du Punk bien branleur et bien arrogant comme il faut, avec un côté gras (tiens donc!) en sucette-cadeau. Et déjà plutôt bien envoyé.

 

Notons que la première plage est une introduction interminable, une chanson country de gros beauf. Puis des présentateurs radio-de-beaufs blasant font des commentaires de gros beaufs sur le concert des Melvins, qu'ils sont venus capter et diffuser sur leur radio de beaufs, avec un petit interview-présentation beauf du groupe : « comment tu t'appelles et tu joues de quel instrument? », excuse, je suis un gros beauf et je fais des petits commentaires après les morceaux, «I think we're still alive, anyway », genre t'es un gros beauf qui veut revenir à une musique plus « traditionnelle » après avoir fait ta béa encanaille-beaufs auprès des jeunes cons de ta ville de merde de beaufs de merde.

Drôle.

 

Il y aura d'autres interludes (ça casse beaucoup trop le rythme, d'ailleurs), notamment « les bébés Snivlem boivent des bières et parlent de bières en répète », et le titre « Forgotten Principles » (leur tube de l'époque?) reviendra deux fois, une fois à la mauvaise vitesse ou alors la bande est restée au soleil derrière une vitre de voiture. Aussi, il y a déjà « You Set Me Straight » qui figurera sur Houdini dix ans plus tard avec Kuntbain-je-me-hais-moi-même-et-veux-mourir aux chœurs. D'ailleurs, il y a des prémices du Grunge là-dedans, on comprend pourquoi le blondinet précédemment cité a été pire fan du groupe, de ces débuts ci-chroniqués, jusqu'à son auto-mort à lui.

 

Aussi, sur le livret sont imprimés des extraits de paroles - je suppose - qui démontreraient que le père Osborne n'avait déjà pas sa langue de pute dans sa poche: « He has not so much brain as ear wax »; « I was searching for a fool when I found you » ou encore « More of your conversation would infect my brain ».

 

Hopla, donc: intérêt documentaire plus que purement musical, même si le Punk joué par les jeunes Melvins n'est ma foi pas dégueu. Par moment, c'est même carrément bien.

Les cons.

photo de El Gep
le 22/01/2012

4 COMMENTAIRES

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 22/01/2012 à 17:49:54

ça c'est de l'archive, padre... jamais entendu parler de ces démos avant.

el gep

el gep le 22/01/2012 à 18:33:07

Bah c'est pourtant de la sortie über-officielle: chez Ipecac. Ils en avaient même sur le stand en tournées françaises.
Je pense, par contre, faire des chroniques de trucs plus obscurs et/ou introuvables physiquement des mêmes Melvins enchanteurs.... Un peu plus tard.

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 23/01/2012 à 15:57:44

Quoi ! T'as déjà fini d'égailler nos dimanches là.. y'a plus de skeuds ??

el gep

el gep le 23/01/2012 à 19:58:45

Bah si! Y'en a encore: il reste quelques albums. Et donc je passerai ensuite à des 7'' et autres sortie parallèles. Il devrait y'en avoir encore pour un bout de temps...

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