Melvins - Hostile Ambient Takeover

Chronique CD album (46:26)

chronique Melvins - Hostile Ambient Takeover

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES


Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS - Chapitre 3 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

 


C'est sûr, ça en a amusé beaucoup, sortir un disque dont le titre commence par « Hostile », en balançant des ânes rouges sur fond rose en guise de pochette... La petite histoire ne dit pas si l'enregistrement s'est déroulé en milieu hostile, mais ce qui est sûr, c'est que ce disque ne met pas franchement à l'aise.
Tant mieux.
Les Melvins font rarement (jamais?) dans le tout-confort et le brossage de poils suceur. A cette époque, le bassiste-vieux-pourri Kevin Rutmanis (des dingos Cows) bataillait encore dans le groupe, avec comme armes sa basse crade, ses effets noisy et sa dégaine de toxico dangereux. Il participe certainement à l'acidité de ce disque schizophrène.  Car il n'a pas du tout le charisme débonnaire de ce sacré Jared Warren (le nounours de Big Business / Melvins actuels), c'est pas le même genre, vous l'aurez compris...

Acide, donc. C'est ce qui m'est toujours venu à l'esprit en écoutant ce disque. Dans le son, déjà, Toshi Kasaï (dernier guitariste en date de... Big Business, Altamont, label Deaf Nephews) à la prod sèche, à le fois naturelle et précise. Sauf que... ce damné David Scott Stone à lunettes participe au projet (premier guitariste de... Big Business, passé un moment dans The Locust, bosse aussi sous propre nom et autres), avec sa cargaison de pédales et de bricolages Noise. Adam Jones de Tool est passé faire un tour aussi, et on sait que ce dernier n'est pas en reste quand il s'agit de sortir des sons étranges.
Alors faut pas s'étonner que l'excellent « Black Stooges », qui commence comme un hymne Metal acide (ben oui), finisse dans un déluge Noise avec brebis électriques bêlant à la mort. Notons que, pendant un temps certain, Dale Crover joue un de ses improbables solos de caisse. Quelle entrée d'album! Un pattern de batterie seule (qui reviendra comme un fantôme en plein milieu du skeud) en tant que première plage totalement absconse, avant une deuxième non notée sur la jaquette (on passe de 1 à 3, c'est pas une erreur de ma part), qui constitue donc ce morceau particulièrement coléreux. Vous suivez? A la relecture, moi non plus. En tout cas, le morceau en question consiste en deux minutes de grand art du riff, avant plus de trois minutes de cataclysme.
Dans ta gueule.

Les petits slips du Rock à môman seront depuis longtemps partis se mettre à l'abri, quand un thème Country-Punk déboule à fond de cale (mais vraiment à fond!). « Dr Geek » poursuit la frénésie alors qu'on hallucine sur l'artwork complètement malade (réalisé par la femme de Buzz, Mackie Osborne), mélangeant allègrement publicités rétros, innocence enfantine détournée et portraits de masques monstrueux. « Little Judas Chongo » brûle plus qu'il ne pique les joues, on continue donc dans l'hostilité gratuite avec grésillements et  solos de larsen.

Tempos rapides, bruit, colère sans objet... Il fallait bien qu'ils varient. Fallait bien qu'ils partent en couilles. Fallait qu'ils s'expriment. Fallait bien qu'ils te mettent à genoux, puis te forcent la tête dans la fange. Fallait bien qu'ils dégainent un morceau lent tueur. Chose faite avec « The Fool, The Meddling Idiot », mythologique. Je me rappelle leur concert aux Eurockéennes, ils avaient commencé avec celui-là et une sirène insupportable pendant de longues minutes, histoire de faire fuir ceux qui ne méritent pas de rester. Tas de veaux aux oreilles en décomposition, retournez vous branler sur Health ! Après l'intro-mur, ils dérapent encore dans un groove retenu, voix (superbes!) en avant et ambiances psychés. Double fin pour double débilité: interlude electro kitsch puis retour du pattern de batterie fantôme. Insensé, mais tu viens de te taper un putain d'hymne, là, alors tu ne leur en veux pas, disons que ça aère...

Retour aux affaires Hard-Rock acide (j'insiste!), « The Brain Center At Whipples »  n'est pas pour autant avare en rebondissements. C'est ce qui est génial sur ce disque, ça te ballade par le bout du nez et tu piges pas tout. Décousu? Je préfère ça à cousu de fil blanc.

La Pop psyché acide, ils l'aiment depuis longtemps, les Melvins, et s'amusent à en rendre leur version, unique, au détour d'un album ou d'un autre. Ici, c'est au travers de « Foaming »...
Huh? Pop.
Gnnnnnnnnééé? Pop?
Tiiaaa! Ca y'est, le buvard est complètement passé dans le sang, là! C'est en pleine montée! Bordel, je croyais qu'il avait dit « pop ». POP!, bordel, POP! Je veux redescendre! Non, maman, je te jure, j'ai pas mangé de champ'! POP!, maman, nan, pas de buvard, non maman, je te jure, j'ai pas mangé de champ', je reveux la pop, POP IT UP! Pourquoi tout part en couilles? POP IT UP! Ze crois que zai vomi, maman, non j'ai pas pris de champ'! Rentrez les moutons! RENTREZ CES PUTAINS DE MOUTONS ELECTRIQUES! J'ai de la merde au cul et j'ai vomi, maman, maman, ma douce maman, je t'aime si fort maman, POP IT UP!, je veux rester pour toujours entre tes fesses, maman, maman, maman, tu es siiiiiii groooooosse, maman, tu gondoles, ouououououh, gondoles, gobilles, dégobilles, c'est le dernier morceau, t'es sûre, maman? Faut que ça se stoppe, rentrez les moutons, FAUT QUE CA SE STOPPE, MAMAN! MAMAN SALOPE! FAUT QUE CA SE STOPPE, MAMAN! MAMAN SALOPE!

Douce digression toxique...
Dernier morceau, « The Anti-Vermin Seed »: 16 minutes inénarrables, basées sur des séries d'atmosphères. Grand moment, grand voyage final, rêves d'héroïc fantasy seventies, tu es le Roi, tu vis ta Guerre, c'est fini.
Grand disque, encore.
Maintenant, redescends de cette chèvre, t'es ridicule... oui, ou de cet âne, j'm'en fous.

photo de El Gep
le 27/02/2011

4 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 28/02/2011 à 12:46:41

Cette chronique est livrée sans les lunettes 3D et sans les petites pilules...

frolll

frolll le 11/04/2011 à 08:50:41

Ca défouraille pas mal, mais y'a des longueurs, hein

Runaway

Runaway le 17/07/2011 à 12:00:48

Cat album, quand on l'écoute pour la première fois après avoir suivi tous les délires des Melvins jusque là, on comprend qu'on va y passer beaucoup de temps dessus avant de tout saisir (contrairement à pratiquement toutes leurs galettes précédentes).

Alors tu le réecoutes, une fois, deux fois dix fois. Tu te dis alors que c'est, certes loin des chefs d'oeuvre Sludge comme Bullhead ou The Maggot (je suis à la base un musicien fan de Sludge, d'où mon attache à cette étiquette), mais tu n'en as que faire parce que tu l'as enfin ton album qui ressemble à un album classique des Melvins mais qui reprend en compte toutes leurs facettes.

La fin de Black Stooges te rappelle Colossus of Destiny, The Meddling Idiot (qui porte bien son nom) les délires aléatoires façon livre d'images de Prick, aucun des pistes n'est de trop et peut être confondu avec une autre. Pour les fans de Sludge, Little Judas Chongo est juste incroyable, avec sa guitare pourtant peu présente à part au début et à la toute fin. Car tout est dans la mélodie de la basse, il n'y a pas besoin du son, juste de la musique. Mais c'est ça qui est incroyable avec les Melvins. Après 8 ans de guitare, c'est eux qui m'ont donné envie de me mettre à la basse, et c'est peu dire.

el gep

el gep le 02/08/2011 à 15:37:54

"façon livre d'images de Prick", ahahahaha, Prick c'est exactement ça, bien trouvé!
Pour la basse, faut dire qu'ils n'ont pas eu que des bassistes de merde les Meuhs: Rutmanis et le fameux Cowboy, ils assuraient, chacun dans leur genre.

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