Melvins - Eggnog EP

Chronique CD album (20:19)

chronique Melvins - Eggnog EP

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES

Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 5 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

1991 toujours, le EP Eggnog reprend là où Bullhead s'était arrêté: à la batterie seule et folle de Dale Crover. Sortir deux boulets pareil la même année, c'est l'état de grâce total, les enfants... Ouais enfin, la grâce, là-dedans, elle est dangereuse. Bullhead était plutôt malsain et sournois, même dans ses moments accrocheurs. Celui-ci est complètement niqué de la tête. Punk, très Punk, Metal sale, Rock noisy, tout ça en même temps, en se contredisant perpétuellement, du délire pur de musiciens en osmose, libres et vengeurs. 20 minutes où pas une note, pas un bruitage, pas un coup balancé n'est innocent. L'innocence n'a pas sa place dans le monde des Melvins. Elle est sans cesse raillée, violée, massacrée, profanée. Traitée à l'humour acide et/ou absurde, ces sales types l'exploitent souvent au travers de leurs visuels, et cet EP brandi fièrement sa pochette papier-cadeau immonde et dessins naïfs. Joyeuses Pâques, bande de cons: vous pouvez être sûrs qu'ils joueront aux osselets avec vos carcasses.

« I don't know but I don't feel so good ». « Wispy » tient vraiment de la maladie, intoxication à l'éthylène glycol, genre. Derniers moments de révolte de l'ivrogne qui pige qu'on vient de l'empoisonner. Alcool de bois, alcool de porc (produit essentiellement à Saint Rémy sous Barbuise), un truc pas net du tout, quoi.

[Vague souvenir d'être étalé dans la salle de bains, la tête sur le pèse personne]

Morceau court qui a le temps de partir dans tous les sens, « Wispy » contient des arrangements pas catholiques et le chant de Buzzo résonne effrayé à mes oreilles sensibles.

Malade? Prends donc ton « Antitoxidote », un de ces grands moments de rock indescriptible que nous offrent régulièrement les Melvins, propulsé par ce genre unique de riffage atypique, bâtard de Punk, Metal thrashy et de gros Rock déviant. Et s'il a des airs de famille, quelques traits, avec « It's Shoved » de « Bullhead », il s'agit certainement de son cousin germain. Vous savez, celui qu'on avait retrouvé en Allemagne, la main dans le sac, occupé à concocter des saucisses goût petite fille?

L'une des particularités de ce groupe, j'y repense, c'est quand-même leur propension à rester bloqués. Bloqués, bugués, comme un disque qui saute, comme un personnage de jeu vidéo qui répèterait sans cesse le même mouvement. Comme ces autistes qui se balancent d'avant en arrière, la bave aux lèvres et la tête dans le mur. Pong. Pong. Pong. Pong. C'est exactement ce qui arrivera, fatalement, sur les deux morceaux de la fin.

« Alcohol... is Good » nous dit un évangéliste incohérent mais enthousiaste. « We can go to church and you're naked […] And this, my friend, is my prayer for you ». « Hog Leg » débute dans la fanfaronnade inconvenante et une parodie de Bon Scott, puis s'emprisonne soudain dans une répétition à une note et des blocages noisy des plus aliénants. Retour de l'enfer de Bon Scott, obscène, pour un dernier tour de piste en tortillant son cul poilu et final dans le feedback.

Trois morceaux seulement et, pauvre mec, tu ne sais même pas ce qui vient de te tomber dessus. La suite ne va pas te rassurer. L'ultime « Charmicarmicat » dévore plus de la moitié du EP à lui tout seul. Lent, lent, lent, le truc se traîne sur le ventre, s'approche sans se presser, sûr de lui, sûr de te rattraper, sûr de t'attraper. Et une fois qu'il t'a eu, il te tord, te broie, te pète chaque putain d'os un par un. « C'est un morceau Sludge! » ; « Nan c'est du Sludge-Drone », diraient les colleurs d'étiquettes en culottes merdeuses et idées courtes (ou l'inverse). Mais pourquoi pas... La batterie joue plus de silences qu'elle ne met de frappes. Et quand elle frappe, ça vient d'en haut et ça s'écrase très violemment sur ta petite gueule. Après l'intro menaçante, le riff boiteux s'installe pour y rester, jusqu'au vertige, tout juste parfois déchiré en bouts de bruits stridents. Les tirés de cordes, bends lents et amples, puent le vice et resteront plantés dans ton crâne à se vriller, longtemps après que le disque se soit arrêté. Car ce titre te possède, mec. Comme le mâle en rut prend la femelle égarée, comme le démon prend la fillette.
T'étais p't'être pas d'accord, mais tu t'es bien fait défoncer.
_ Dis merci.
_ Merci Satan.
_ Bon petit.

photo de El Gep
le 27/03/2011

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Devil's DAY #2 à Barsac (33) les 18 et 19 mai 2024
  • Seisach' metal night #5 et les 20 ans de COREandCO !
  • Seisach' metal night #5 et les 20 ans de COREandCO !
  • Bongzilla + Tortuga + Godsleep à Paris, Glazart le 14 mai 2024

HASARDandCO

Odraza - Rzeczom
Chronique

Odraza - Rzeczom

Le 23/06/2020

Earthship - Exit Eden