Melvins - King Buzzo EP

Chronique Maxi-cd / EP (13:54)

chronique Melvins - King Buzzo EP

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES

Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 10 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

Alors oui, ils reprennent le délire de KISS et de leurs EP's solos, la fondation d'une « Kiss Army » formée de fans (ici, logiquement : « Join The Melvins Army »). Enfin, c'est ce que j'avais compris en lisant la presse musicale sur mes chiottes. Car pour ce que j'en ai à foutre de KISS, hein... (et de la presse musicale). Ouaip, les Melvins, trio alors composé de Buzz Osborne, Dale Crover et Joe Preston, décident de sortir eux aussi trois EP's pseudo-solos. Genre chacun confectionne le sien sous son nom, dans son coin, mais quand-même avec l'aide de l'un ou de l'autre. Ça sent la blague, quoi...
Je ferai le tour des trois disques en question, mais je commence ici par le premier (Khronologie, ach!), celui du Dikkktatööör Buzzo...

Quatre titres, moins de quinze minutes, c'est court. Mais c'est vrai que le EP, c'est quand-même un format sympa, concis, direct, et que tu peux te repasser deux fois à la chaîne si t'as vraiment un problème avec la segmentation du temps en demi-heure. Alors viens pas pleurer, accommode-toi de la division temporelle et mate les épisodes de la quatrième dimension pour te convaincre qu'un format d'à peine un quart d'heure, ça n'a rien de perturbant. Car le temps, mon ami... Eh bien, le temps n'existe pas.

Rien de perturbant ? Et pourtant, cette belle « Isabella » d'ouverture te fait bloquer sur son fondement, c'est à dire sur sa batterie obsessionnelle, pulsions bestiales qui t'amènent à la levrette, sodomie du pauvre.
Quelques riffs unitonaux et voix outrées plus tard, tu te retapes la répétition, Indus cette fois. Basée sur un sample qui saute, « Porg » devient de plus en plus malsain(E), à mesure que les grains tombent dans le putain de sablier. Tout s'embourbe progressivement, voix moqueuses saturées qui me font penser au plus désaxé de FISHBONE (« The Reality Of My Surroundings » et son clown hilare, et aussi ses cris du cul sur fond de coups de fouets colonialistes sexuels). T'as rien senti d'autre que cette atmosphère poisseuse, même pas un morceau, juste un truc vil qui passait par là. Du son dans tes oreilles pour influer sur ton cerveau et te faire sentir des choses au-dedans de ton corps de frustré de merde. Et pourtant, mec, ça vaut bien mieux que plein de compos rock inutiles.

Le mieux au-delà de ça, c'est que t'as pas encore pris un « Annum » dans la gueule. Que dire sur ce titre, l'un de plus beaux que la saga Melvinssienne puisse t'offrir? Sons de gratte wha-whatés, bulles de sensualité malmenée, voix d'une sensibilité rare (on n'a jamais entendu chanter Buzzo de façon aussi... sensible, émotionnelle) et vrai refrain Pop entraînant, complètement surprenant. Le contraste est fin et singulier avec la noirceur des couplets, faux instant d'espoir, vite bafoué, vite retombé dans la merde. Tellement beau que t'as envie d'applaudir, de te lever et de remercier ce groupe qui ne recule décidément devant rien, ne faisant exactement que ce qu'il a envie de faire, sans se soucier d'une crédibilité, d'une « scène » (mais qu'est-ce que ça veut dire?) ou d'une autre. Ou sans se soucier de ce que je peux en écrire presque vingt ans plus tard. Sans dec'?
Ce morceau me colle la putain de chair de poule, même si je ne sais toujours pas ce que « Annum » veut bien pouvoir dire. Et alors!, la musique n'a besoin que de sonorités, foutez-nous la paix avec vos messages achetés sur E-Buc-pue-du-luc et laissez-nous avec notre imagination! Imagination qui ira beaucoup plus loin que vos slogans vides et vos symboles morts, tas d'inertes théoriciens ratés de l'ancienne chair!
« Annum », l'un des plus beaux morceaux des Melvins, demeure intemporel telle une perle totalement unique en son genre (on dit « rare », me souffle-t-on à l'oreillette oubliette des lieux communs), et il faudra attendre l'album The Bootlicker [Ipecac/1999] pour entendre à nouveau la facette Pop géniale des Melvins. (Ce que je viens d'écrire est en partie faux, naviguez sur leurs albums entre 92 et 99, et vous verrez que cette fibre particulière est plus ou moins présente par fulgurances, au gré d'un album ou d'un autre...)

« So we're in Amsterdam... ». « Skeeter » voit Dave Grohl raconter une anecdote idiote dont les subtilités m'échappent encore, sur un air Hard'N'Roll des plus teigneux. C'est assez marrant de se rendre compte que la musique, derrière les mots parlés, semble raconter une histoire, elle aussi. En fait, elle SURTOUT.  Résolutions, tensions, les riffs qui s'enchaînent sont une vraie leçon de Rock au sens large. Comment jouer du Hard-Rock instrumental de qualité avec un branquignol racontant une histoire de bite dans la main, de punk magazine, d'ex-girl et de haschisch, puis amener la conclusion drôle ET frustrante à un EP qui était pourtant bien parti dans la noirceur pas marrante?
Comment font-ils?
Je ne sais pas.
Si un Wiseman passe par là, qu'il m'explique. Après tout, Buzz, ce qu'il a sur la tête, ça ressemble, de loin, à des rastas. King Buzzo, le nouveau Nègre blanc? En tout cas, son Je-et-Je sur ce vrai-faux EP solo connaît de grands moments de grâce... et de crasse.

photo de El Gep
le 05/06/2011

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