TOP albums 2021 metal, hardcore, rock - Les TOPs et FLOPs individuels de la rédaction, première partie

TOP albums 2021 metal, hardcore, rock Les TOPs et FLOPs individuels de la rédaction, première partie (dossier)
 

 

 

8oris - Cglaume - Crom-Cruach - Domino - El Gep - Eric D-Toorop - Freaks - Marc - Moland Fengkov

# 8oris

Très très belle année qu’aura été 2021. Beaucoup de très belles découvertes, notamment en hardcore, surtout du côté du Danemark et aussi chez nous.

 

TOP 10

  1. Pupil Slicer - Mirrors
    Pupil Slicer - MirrorsLA révélation ultime de l’année. Du vrai bon mathcore organique, chaotique, cathartique mais qui possède sa propre signature, pas un énième groupe dillingerien converti au Convergisme. Le tout distillé dans un album au mixage parfait signé Pedram Valiani de Frontierer.
  2. Junon - The Shadows Lenghten
    Junon - The Shadows LenghtenGrosse attente de ma part sur ce retour “déguisé” des anciens de General Lee et grosse claque à l’arrivée: une patte sonore qui n’arrête pas de se bonifier, une intensité dingue servi à merveille par un mixage hyper riche.
  3. Enola - Inner Ruins
    Enola - Inner RuinsÉnorme qualité d'écriture et grosse richesse stylistique pour ce groupe de hardcore toulousain qui surprend, fait des paris et s’en sort haut la main à chaque fois.
  4. Archspire - Bleed the Future
  5. Naw - Head Pain
  6. Fange - Pantocrator
  7. Lower Automation - Lower Automation
  8. The Grasshoper Lies Heavy - A Cult That Worships A God Of Death
  9. Frontierer - Oxidized
  10. As A New Revolt - FARES
  11. Another Bloodshed - Molotov

 

Flop 3:

  1. Gojira - Fortitude : Contrairement à beaucoup, un album que j’ai trouvé plat, mou, peu inspiré et dont le marketing mainstream avec son discours “le métal, c’est sympa” m’a gonflé au plus haut point. Gojira est passé du rayon d’épicerie bio à la tête de gondole de l’hypermarché.
  2. Genghis tron - Dream Weapon : Un retour raté pour un des groupes les plus originaux que je connaisse en termes d’écriture, de style. Certains fans ont su prendre le virage, moi je me suis pris un arbre et je n’arrive pas à cicatriser.
  3. Dvne - Etemen Ænka : Du gros ripp-off de Mastodon mais qui réussit à être ennuyeux et hyper convenu, du vu et revu qui ne surprend plus. Du prog qui cherche à naviguer entre les mers agitées du rock et du métal mais le fait dans un pédalo en plastique. Mais l’album a été reconnu par tous donc c’est sûrement moi qui n’y arrive pas.

 

Top "j'ai pas eu le temps de les chroniquer et c’est dommage":

  1. Nyt Liv - Den døde sol : Du hardcore/rock/punk danois très frais (encore) et hypra efficace.
  2. Orphan Donor - Unraveled : Du post hardcore/screamo surprenant.
  3. Alma- Time's Running Out : Du street hardcore à la française très efficace.

 

# Cglaume

TOP 16

  1. 6:33 - Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome
    6:33 - Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome6:33 fait partie de ces rares groupes 1) possédant une forte personnalité 2) qu'ils font évoluer doucement mais sûrement 3) sans jamais décevoir... Un rêve de fan ! Sur ce nouvel album, qui cette fois jette un regard nostalgique et bienveillant dans le rétro des 80s, le groupe porte plus haut que jamais les couleurs d'un Nawak Metal à la fois progressif, dansant, coloré et riche d'une vraie profondeur.
  2. Archspire - Bleed The Future
    Archspire - Bleed The FutureOn les croyait au sommet avec Relentless Mutation... Pauvres humains que nous sommes : il restait encore une marche à franchir ! Plus rapide et lumineux que la lumière elle-même, Archspire est devenu un étalon à l'aide duquel on mesure les autres groupes de Tech Death
  3. Sumo Cyco - Initiation
    Sumo Cyco - InitiationS'il y a bien un groupe détesté par la Police du bon goût, c'est Sumo Cyco. Et la meilleure façon de faire fermer leurs grandes gueules aux képis du Web et d'ailleurs, c'était en sortant un album de la trempe de Initiation !
  4. Ophidian I - Desolate
  5. Diablo Swing Orchestra - Swagger & Stroll Down The Rabbit Hole
  6. Thumpasaurus - Thumpaverse 
  7. Krav Boca - Barrikade
  8. First Fragment - Gloire Éternelle
  9. Demoniac - So It Goes
  10. Twelve Foot Ninja - Vengeance
  11. Grorr - Ddulden’s Last Flight
  12. Vola - Witness
  13. Loharano - LohArano
  14. Exodus To Infinity - Archetype Asylum
  15. Thank You Scientist - Plague Accommodations
  16. Uratsakidogi - Black Hop. Epos

 

FLOP 3

  1. Alien Weaponry - Tangaroa
  2. Pestilence - Exitivm
  3. At The Gates - The Nightmare Of Being


TOP "Les Coups de Coeur sur le Tard"

  1. Five Alarm Funk - Big Smoke
  2. Xoth - Interdimensional Invocations
  3. Navian - Reset
  4. Hellripper - The Affair Of The Poisons
  5. Bütcher - 666 Goats Carry My Chariot
  6. Ailiph Doepa - Plasma 〜The World〜

 

 


 

# Crom-Cruach

TOP 13

  1. Envig - Gutwound
    Envig - GutwoundPondre un telle leçon de swedeath avec un second album, moi, ça me troue le… nez
  2. Funeral Mist - Deiform
    Funeral Mist – DeiformComment faire du Black suédois à la fois très traditionnel mais complètement différent de ce qui s’est fait avant ? Aucune idée. Mais vous pouvez demander à Arioch.
  3. Enforced - Kill Grid
    Enforced - Kill GridD’apparence anodin, le skeud d’ Enforced désosse pourtant une bonne partie de la concurrence en matière de sauvagerie musicale. Thrash is ALIIIIIIVE !!!
  4. Blóð - Serpent
  5. Murge - S/T
  6. 1914 - Where Fear and Weapons Meet
  7. King of Asgard - Svartrviðr
  8. The Capaces - Zoetrope
  9. Monnier - Ep 2
  10. Gravesend - Methods Of Human Disposal
  11. Asphyx - Necroceros
  12. Thyrfing - Vanagandr
  13. S.N.A.F.U. - Exile//Banishment

 

Top "Les albums que j’ai loupés avant"

Jello Biafra and the Guantanamo School Of Medicine - Tea Party Revenge Porn : En plein confinement, j’avais autre chose à foutre que d’écouter du punk américain. Grave erreur mon bon Donald T., car Jello est toujours bien vivant, mordant, incisif et terriblement lucide.

 

 


 

# Domino

TOP 10

  1. Devil Sold His Soul - Loss
    Devil Sold His Soul - LossLa preuve concrète qu’on peut toujours aller plus loin sans trop en faire.
  2. Limp Bizkit - Still Sucks
    Limp Bizkit - Still SucksParce qu’il n’y a pas de plaisir coupable pour ce genre de choses. Tout est justifiable !
  3. Lingua Ignata - Sinner Get Ready
    Lingua Ignata - Sinner Get ReadyParce qu’il n’y a pas de plaisir coupable pour ce genre de choses. Tout est justifiable !
  4. Gojira - Fortitude
  5. Quicksand - Distant Populations
  6. Danny Elfman - Big Mess
  7. Tricot - Joudeki
  8. Mastodon - Hushed and Grim
  9. Iron Maiden - Senjutsu
  10. It It Anita - Sauvé

 

 


 

# El Gep

TOP 3

  1. Tropical Fuck Storm - Deep States
    Tropical Fuck Storm – Deep StatesMon Top 3, c'est toujours un peu ridicule. Surtout que là, c'est quasi le même que celui de 2019. Faut dire, que s'est-il passé ces deux dernières années ? Rien, rien, le temps s'est dilaté, contorsionné, suis tombé dans un trou noir, encore une année de merde, heureusement qu'il y a la musique. Formidable album à découvrir sur la durée et la multiplication des écoutes, une vraie planète coincée quelque part entre Nina Simone et le Noise Rock psyché. Superbe..
  2. Pauwels - Toli
    Pauwels – ToliLes gars de l'Est défoncent tout, de plus en plus. Encore un cran au-dessus du précédent, cet album est magnifique. Psyché-noisy-choucroute avec des accès de beauté saisissants. Allez, je tente le lancer de noms : entre Swans, The Ex, Can et Meteor 17. Faudra que je le chronique un jour, tout de même, merde !
  3. Melvins - Working With God
    Melvins – Working With GodPas le meilleur album de toute leur carrière, mais je l'ai beaucoup écouté et il me fait très plaisir et beaucoup rire. Pas le temps de découvrir des centaines de disques dans l'année car quand j'ai du temps pour moi, ben au lieu d'écouter de la musique, j'en fais. Ce groupe (comme les deux autres de ce top, d'ailleurs) m'a beaucoup aidé dans ce sens. C'était l'occasion de leur faire coucou, comme des vieux amis.

 

 


 

# Eric D-Toorop

TOP 10

  1. Bacchantes - S/T
    Bacchantes – Self titledRares sont les premiers albums où l'unicité atteint un tel rendez-vous. Les chants, la musique, la direction artistique, la puissance (que l'on ressent jusque dans les tripes), tout est harmonie. Bacchantes est plus qu'un super-groupe de filles bien en place (Mermonte, Fordamage, Sieur et Dame). Bacchantes est unique.
  2. Human Impact - EP01
    Human Impact - EP01Pas vraiment un album, encore moins un EP et bien plus qu'une sortie purement commerciale ; EP01 est un recueil à moitié confiné. En ce sens, on tient là, l'une des meilleures sorties en distanciel de l'année ! Le savoir-faire des gaillards est établi. Bien sûr le line-up dantesque n'en finit plus d'émoustiller les quadras. Cop Shoot Cop en a repris pour 30 ans de culte vénérable, tant l'apport de Jim Coleman est marquant. Et malgré tout ça, ces gens ont des choses à dire. Respect.
  3. La Compagnie la Mouche - De misère et d'amou
    La Compagnie la Mouche – De misère et d'amourLes textes corrosifs de Jehan-Rictus (auteur du 19e siècle) reposaient dans l'ombre de ces contemporains du Montmartre flamboyant et anarchiste (Alphonse Allais, Aristide Bruant, Charles Cros). C'était sans compter sur la ferveur et le talent de La Compagnie la Mouche. Prenant à corps une interprétation rigoureuse et décisive qui repose sur une électro douce-amère envoûtante. Un des albums des plus surprenants de l'année.
  4. Conger ! Conger ! - IV
  5. Sleafords Mods - Spare Ribs
  6. La Jungle - Fall of the Apex
  7. Alice Cooper - Detroit Stories
  8. Ministry - Moral Hygiene
  9. Whispering Sons - Several others
  10. Jac Berrocal feat Riverdog - Fallen Chrome
  11. Telex - This is Telex
  12. Horse Temple - Arh Abrah
  13. Arthur Satan - So far so good
  14. Echoplain - Polaroïd Malibu
  15. Front Line Assembly - Mechanical Soul

 


 

# Freaks

TOP 15

  1. Krav Boca - Barrikade
    Krav Boca – BarrikadeEmporté par un vent libertaire, Krav Boca continue d’avancer sur le terrain militant et musical. Le combo Occitano-internationaliste fait de sa musique métissée le catalyseur des luttes sociales à mener et nous fait partager amèrement une mélancolie qui naît de la répression et d’un idéalisme contrarié. Barrikade met en branle et en tension, avec la fougue musicale qu’on connaît aux zikos, les dimensions politiques, sociales et intimes. Un réalisme anarchiste et une maturité musicale savoureuse qui cultivent le goût de la subversion et de vies, dans des marges révolutionnaires. Un must absolu !
  2. Lorem Ipsum - Vivre Encore
    Lorem Ipsum – Vivre EncoreSortie Screamo Baroque atypique et aboutie, Vivre encore est l’album poignant et intimiste qui manquait à mon Top 2021. L’approche se veut acoustique, organique et sensible, tant au niveau des instruments employés que des thématiques abordées. La tragédie humaine dans ce qu’elle a de plus sublime et déchirante.
  3. Every Time I Die - Radical
    Every Time I Die – RadicalIls sont revenus de loin, personne ne les attendait à ce niveau-là. Radikal redonne de la fraîcheur à un groupe qui est rentré dans la postérité, il y a de ça bien longtemps. Surprise de l’année pour un combo qui a retrouvé tout le mordant et tout le feeling d’antan. Un Hardcore qui est aussi récréatif que conséquent. Des Beatdowns ramasse-dentiers, aux accents Pop discrets, en passant par le mathcore, l’équation proposée sur Radikal est complexe mais résolument excitante.
  4. Tenue - Territorios
  5. AmenRa - De Doorn
  6. Emma Ruth Rundle - Engine Of Hell
  7. Burning flag - Matador
  8. Nightwatchers - Common Crusades
  9. Oï Boys - Oï Boys
  10. Diablo Swing Orchestra - Swagger & Stroll Down The Rabbit Hole
  11. Tropical Fuck Storm - Deep States
  12. Monnier - Ep 2
  13. King Woman - Celestial Blues
  14. Burial Dance - Structures
  15. Capra - In Transmission

 

 


 

# Marc

TOP 10

  1. Hooded Menace - The Tritonus Bell
    Hooded Menace – The Tritonus BellCet album est pour moi la plus belle surprise de cette année, le doom death des finlandais rencontre les mélodies heavy et gothiques de Paradise Lost et le résultat est aussi superbe qu’addictif.
  2. Sordide - Les idées blanches
    Sordide – Les idées blanchesLes Rouennais exorcisent le populisme bête et méchant et les relents fétides du nationalisme bas du front par cet album acéré et urgent. Indispensable.
  3. John Sharkey III - Shoot out the cameras
    John Sharkey III – Shoot out the camerasL’ex Clockleaner (noise / swamp rock) signe ici un album de folk aux accents d’americana sobre et touchant. Superbe de bout en bout.
  4. Colonial Wound - Degradation : Ces trois titres pour moins de dix minutes au compteur n’ont rien d’original mais sont une formidable dose de rappel pour les amoureux de Kiss It Goodbye, Botch et Ken Mode.
  5. Quicksand - Distant Populations : Difficile de faire mieux que le splendide Interiors qui était mon album préféré de 2017, mais difficile de faire beaucoup mieux que ce très beau Distant populations cette année. Je ne suis plus objectif de toute façon avec tout ce que produit Walter Schreifels. 
  6. L’Effondras - Anabasis : Post-rock, rock minimaliste, blues ? Difficile de classer la musique de L’Effondras, toujours aussi élégante et évocatrice. Se perdre dans les méandres de leur musique est toujours aussi fascinant.
  7. Anika - Change : Les amateurs de son groupe Exploded View ne seront pas déboussolés par le timbre si particulier d’Anika Henderson qui livre ici un album encore une fois hypnotique.
  8. Eastwood - Antibiose : Le bruit et la fureur. Vingt minutes de grind / powerviolence furieux menés tambour battant, entrecoupés de samples de discours de Donald Trump. 
  9. Deafheaven - Infinite Granite : Deafheaven prend tout le monde à contre-pied et signe un magnifique album de shoegaze vaporeux mais toujours suffisamment tendu pour tenir l’auditeur en haleine.
  10. Emma Ruth Rundle - Engine Of Hell : Je ne peux rien dire d’objectif au sujet d’Emma Ruth Rundle tant son album Marked For Death m’avait bouleversé en 2016. Engine Of Hell est l’album le plus dépouillé et le plus fragile de sa discographie, le plus intime et le plus déprimant.


TOP "ls sont sortis en 2021 et ils auraient pu finir dans ce top de fin d’année"

  1. Carcass- Torn Arteries : grind / death metal, viande toujours aussi fraîche et pochette de l’année
  2. Soft Kill - Dead Kids RIP City : post-punk toujours aussi déprimant et mélancolique
  3. Laetita Sheriff - Stillness : rock tendu et mélodique
  4. Sanguisugabogg - Tortured Whole : death metal gras qui redouble sa SEGPA. Pour la troisième fois
  5. Nopes - Djörk : punk noise acide
  6. Enforced - Kill Grid : coup de pied au cul
  7. Isgherurd Morth - Helldruk : black metal tordu que l’on n’aimerait pas croiser au coin d’une ruelle
  8. Spectral Wound - A Diabolic Thirst : black metal glacial que l’on n’aimerait pas non plus croiser au coin d’une ruelle
  9. Human Impact - EP 01 : noise punk à rebondissements
  10. Pressed - Mirrored : noise rock de sangliers, pour les nostalgiques de Hawks
  11. Year Of No Light - Consolamentum : toujours aussi majestueux et glaciaux, superbe
  12. Big Water - And I’m Out of Shit to Fuck Up : punk / noise rock furieux et sans nuance
  13. Obsolete - Animate//Isolate : thrash technique intelligible
  14. Turnstile - Glow On : hardcore génial avec des fautes de goût
  15. Militarie Gun - All Roads Lead to the Gun : post hardcore braillard superbement bien composé
  16. Aerosol Jesus - Survive : noise rock, indus, post metal, sludge ? L’angoisse totale mise en musique
  17. Wharflurch - Psychedelic Realms ov Hell : Pas d’album de Blood Incantation cette année ? C’est pas grave
  18. Marissa Nadler - The Path of The Clouds : toujours aussi élégante et intemporelle
  19. Feral Season - Rotting Body in the Range of Light : black metal rêveur
  20. Sleafords Mods - Spare Ribs : fan club de Boris Johnson
  21. Superbloom - Pollen : le bon côté du grunge, celui éraillé et hirsute de Nirvana, pas la guimauve de Pearl Jam
  22. Pop.1280 - Museum on the Horizon : Synth punk sordide
  23. The Armed - Ultrapop : bordel sans nom mélodique
  24. Malignant Altar - Realms of Exquisite Morbidity : death metal, coup de coude dans les gencives et fourchette dans les yeux
  25. Cadaveric Fumes - Echoic Chambers of Soul : du death metal issu de la plus belle ville du monde - Rennes - riche, subtil et mélodiquement tordu
  26. Trigger Cut - Rogo : du noise rock tendu qui laisserait presque croire que Shellac est encore en vie.

 

Flop 3:

  1. Gojira - Fortitude : Pas pire que Magma, à peine mieux.

 


 

# Moland Fengkov

TOP 15

  1. Mastodon - Hushed and grim
    Mastodon - Hushed and grimL’album de l’année 2021, tous genres confondus, nous vient d’Atlanta, Géorgie, Etats-Unis, planète Terre, cosmos. Point barre, end of story, merci bonsoir. Hushed and grim, l’album le plus personnel, le plus fin et le plus nuancé à ce jour de Mastodon, traîne l’ombre du chagrin et du deuil mais ne s’y complaît pas. Il les affronte, les aborde, les embrasse avec courage et dignité. Il se montre beaucoup moins technique qu’à l’accoutumée, toutes proportions gardées, Mastodon préférant travailler ses mélodies, soigner ses ambiances, explorer le son. Sans jamais se déprendre de son sens inné du riffage extra-terrestre. Ça donne lieu à de surprenantes expérimentations vis-à-vis de son répertoire habituel. On peut estimer l’ensemble trop lisse. Ce serait alors passer à côté de toutes ses nuances. Car derrière la sobriété apparente se cache la profondeur du propos. Une sincérité dans la volonté d’exorciser la douleur provoquée par la perte pour mieux caresser une certaine forme de sérénité. Les ruptures au sein d’un même titre se font de manière fluide, et quand un morceau garde la même direction tout du long, il tire alors sa force de sa base, solide comme les racines de l’arbre de la pochette et inspirée comme un poète touché par la grâce. On peut souligner la pertinence de la tracklist, mais également la manière dont certaines pièces du puzzle fonctionnent carrément ensemble. Pas de long morceau de bravoure comme The Last Baron ? Qu’à cela ne tienne : écouter Gobblers of dregs et Eyes of serpents d’une traite revient à assembler 2 parties d’une pièce monumentale, mélancolique en diable, contemplative à vous faire accueillir la vie et la mort avec fierté. La densité de l’album y gagne alors en évidence et limpidité. La peine y devient solaire. Chef d’œuvre !
  2. Grey Aura - Zwart Vierkant
    Grey Aura : Zwart VierkantLes Bataves de Grey Aura auront occupé la 1e marche de notre podium durant quasiment toute l’année, avec un album concept parlant d’art qui, musicalement, propose un black metal expérimental emportant l’auditeur dans un maelstrom sans concession de chansons à la construction complexe, avec des ruptures en pagaille, alternant et alliant, dans un même mouvement, mélodies subtiles et fureur sauvage, le tout égayé par des arrangements aussi surprenants qu’inspirés.
  3. Papangu - Holoceno
    Papangu – HolocenoLes Brésiliens de Papangu et leur zeuhl metal progressif, technique, décomplexé, d’une inventivité et d’une liberté insolentes, réalisent le tour de force de placer leur tout 1e album parmi les meilleurs de 2021. Papangu ne cherche pas la surenchère technique, ne se perd pas sur moult chemins de traverse, surtout au sein d’un même titre, mais sur l’ensemble de ce 1e opus, varie plutôt les paysages que le trip auquel il nous convie cache, à chaque détour, chaque virage, chaque carrefour. Du reste, si sa musique fait penser à ses modèles (il se réclame de Mastodon, King Crimson et Magma, entre autres), le groupe se montre suffisamment inspiré pour prouver qu’il a bien digéré ses influences pour imposer sa touche personnelle. Une totale maîtrise qui force le respect. On pense donc au zeuhl de ses aînés, mais l’héritage de la rage de Mastodon, de son sens de la mélodie tombée du ciel et des ruptures d’une fluidité qui relève de l’évidence se manifeste subrepticement sur nombre des titres de l’album. Un bijou.
  4. Godspeed You Black Emperor - G_d’s Pee AT STATE’S END! : Godspeed You Black Emperor compte parmi ces groupes participant à cette grande entreprise universelle qui, fatalement, fera date : composer la BO de la Fin du monde. C’est sous ce prisme qu’il convient d’aborder "G_d's Pee at State's end !", sans doute l’un de ses meilleurs opus. Tout comme pour les meilleurs films de David Lynch, tenter de comprendre, c’est faire fausse route. Vous pouvez gloser sur le message des titres, vous n’en percerez pas davantage les arcanes des compos en question. Car le monde, on tente de le comprendre, de le dominer, mais au final, il nous glisse entre les doigts, nous échappe. La musique de GYBE fonctionne de la même façon. Elle reste aussi rétive et inclassable qu’une bête sauvage demeurera indomptée malgré tous vos efforts à lui servir sa soupe dans une écuelle d’argent. Aussi insaisissable et protéiforme que peut paraître l’horizon que l’Apocalypse agite sous notre nez, elle a ceci de génial qu’elle se montre à la fois limpide, apparemment lisible, et en même temps, dans un même mouvement, garde sa part d’ombre, jalousement, égoïstement. Elle dépeint à la fois le maelstrom de la merde dans laquelle nous baignons en la dévisageant fièrement et se replie sur elle-même dans une dynamique de préservation. Elle se montre alors endurante, résistante, forte. Noble, digne et belle. Elle habite un album qui s’inscrit plus que tout autre dans l’année qui le voit sortir de sa gestation. Une année qui se dresse comme l’ombre de la précédente, et comme la menace de la suivante. Elle devient la musique de la résilience et de la résonance.
  5. Big|Brave - Vital : Ici, on ne part pas dans tous les sens, on explore un même et unique territoire, celui de la désolation oppressante, sans emprunter de chemin de traverse, sans chercher à repousser les frontières, mais en se vautrant dans ses terres boueuses, en s’y contorsionnant tout en se scarifiant le cœur, comme après la rupture d’amours destructrices, pendant un deuil incurable ou encore durant les ultimes soubresauts au terme d’une longue maladie. Chaque titre se construit sur à peine plus d’un riff, avec pour la plupart, un accord ou deux, répétés à l’envi, martelés, traînés, triturés. On exagère, on force le trait, mais c’est bel et bien l’impression que donne l’écoute de cet album. Cette apparente épure relève du génie, puisque, nonobstant le peu de moyens invoqués, sans esbroufe, l’album se charge d’une énergie ample et puissante qui envahit l’espace.
  6. Cult of Dom Keller - They Carried The Dead In A UFO : Cult of Dom Keller, c'est un peu comme si les Swans avaient gobé des champis ou revenaient d'un périple dans les vapeurs opiacées du Tonle Sap. Pour servir un rock psychédélique torturé, intemporel et sombre. Point de revival 60’s ou 70’s, le groupe ne pastiche pas un genre et ne cherche pas à restituer un son suranné, mais s’invente le sien. Sa musique s’avère fiévreuse, sale, empoisonnée. Et totalement personnelle. Comme le sexe sous acide ou un coronavirus qui rode. On ne s’en rend pas compte d’emblée, comme les effets d’une substance psychotrope ne se manifestant pas dès l’ingestion. Elle nous entraîne au-delà des portes de la conscience pour un tutoiement de l’infini, ou plutôt des ténèbres. Quasiment chaque titre composant cette galette chargée de volutes métaphysiques agit de la même façon : des boucles répétitives visant la transe transpirante. Le tout enrichi d’arrangements flirtant avec les limites du malaise.
  7. Dvne - Etemen Aenka : L’un des albums contribuant à élever assurément 2021 au rang de millésime de bon aloi nous vient du pays du haggis et du kilt. La force de la musique de Dvne réside dans son côté avenant, sans céder pour autant à la putasserie des mélodies. Si celles-ci se montrent en apparence évidentes, elles le restent suffisamment pour ne pas abandonner en chemin l’auditeur, pour mieux le retenir dans les rets du morceau. Mais elles ne versent pas pour autant dans une pop facile.
  8. Mythic Sunship - Wildfire : La marque de fabrique du combo danois : engager des joutes entre ses instruments pour accoucher de petits bijoux interstellaires en apparence foutraques, mais qui en réalité, tutoient l’infini en réorganisant le chaos dont ils se font les démiurges. En clair, dès l’ouverture de « Wildfire », on comprend que cet album va nous emmener loin. Comme Nicolas Bouvier le disait si bien, on ne fait pas un voyage mais c’est le voyage qui nous fait. C’est exactement le cas ici. Une fois le « Maelstrom » lancé, impossible de s’arrêter en chemin ni effectuer une marche arrière. La température monte le long des veines, on perd tout contrôle et on ne peut que se laisser aller : lâcher prise. Les portes de la conscience s’ouvrent alors, en grand.
  9. Hawkwind - Somnia : Parmi les vieux de la vieille qui nous sortent un nouvel album, faisant fi des influences de notre époque, il y a Hawkwind. Avec "Somnia", on a droit à un album très varié et fourni, lorgnant du côté du blues, du dub, sans renier le psychédélisme de bon aloi auquel le combo apporte une touche de modernité bienvenue.
  10. AmenRa - De Doorn : De Doorn n’a jamais autant représenté la manifestation la plus concrète de tout un processus cathartique au sens propre du terme, mis en scène lors de notamment deux véritables rituels orchestrés autour des 20 ans d'Amenra. En allant travailler la poésie qui se niche dans les mots et les sonorités de sa propre langue, le groupe ajoute une dimension intimiste à sa musique. Ce travail sur le verbe exprime le passage douloureux de l’ombre à la lumière. Ce n’est pas un hasard si les titres d’ouverture et de clôture commencent tous deux dans un minimalisme introspectif qu’on peut placer en miroir. Entre les deux pièces emblématiques de cet opus, Amenra livre son visage le plus sincère, le plus authentique, le plus pur. Sa musique se veut montueuse : on l’aborde avec le poids de son propre bagage, et à l’issue de cette lente, longue et laborieuse ascension, on contemple avec quiétude les cendres de ses cicatrices.
  11. The Body + Big|Brave - Leaving None But Small Birds : Big|Brave, qui signe déjà un des albums de l'année 2021, s'associe à The Body, pour un split-album aux antipodes de ce qu'il sert d'habitude, à savoir une oeuvre aux accents folk, mais qui garde sa tendance aux répétitions hypnotiques, idéales pour une bonne séance de chamanisme. L’americana possédé qu’il livre rend hommage à une forme de tradition folklorique mais ne tombe jamais dans le piège du pastiche. Au contraire, l’extrême précision du travail d’arrangements sur les strates de sons en fait une œuvre résolument moderne où l’émotion transpire à chaque seconde et partant, indéniablement magistrale.
  12. Emma Ruth Rundle - Engine Of Hell : Voilà le parfait exemple d’artiste qui ne se repose jamais sur ses lauriers, qui va de l’avant, ne sert jamais la même soupe, sans pour autant compromettre ni son nom ni son âme. Engine of Hell parle de perte et de deuil, comme l’album de Mastodon, un autre bijou qui prend au cœur et aux tripes. Comme s’il avait été enregistré d’une traite, en une prise, sans filet, il cultive ses imperfections, sa fragilité et son authenticité. En somme, son humanité. On entend les doigts glisser sur le manche de son instrument pour exécuter des partitions minimalistes, mais qui palpitent, et la respiration de la chanteuse emplit l’espace. De cette sincérité se dégage une poésie d’une puissance universelle : la force qu’on acquiert dans la résilience, face à l’impossibilité de caresser le bonheur. 
  13. King Buffalo - The Burden of Restlessness : King Buffalo nous gratifie en 2021 de 2 albums, au fort pouvoir tantrique. Entre heavy stoner et space rock progressif, le trio se réinvente à chaque titre en poursuivant son exploration du cosmos. Et surtout, en nous entraînant à sa suite. C'est donc avec délice qu'on laisse son âme se dissoudre au gré du voyage.
  14. Sunnata - Burning in Heaven, Melting on Earth : Comment se montrer à la fois psyché, sensuel, groovy, pêchu et lourd dans une même dynamique ? Réponse avec l'album des Polonais de Sunnata, enfiévré, cosmique et chamanique.
  15. Neptunian Maximalism - Solar Drone Ceremony : Comment se montrer à la fois psyché, sensuel, chamanique, sombre et lourd dans une même dynamique ? Réponse avec l'album de Neptunian Maximalism composé d'un seul et unique titre de 52 minutes, soit un trip sans halte dont ne revient pas indemne. Chef d’œuvre.
photo de Pidji
le 17/01/2022

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